jeudi 28 juillet 2011

Matthieu 15:21-28 La femme cananéenne dimanche 14 août 2011 repris le 20 aoûr 2017



Matthieu /15-21 La foi d'une Cananéenne

21 Jésus partit de là et se retira vers la région de Tyr et de Sidon. 22 Une Cananéenne venue de ce territoire se mit à crier : Aie compassion de moi, Seigneur, Fils de David ! Ma fille est cruellement tourmentée par un démon. 23 Il ne lui répondit pas un mot ; ses disciples vinrent lui demander : Renvoie-la, car elle crie derrière nous. 24 Il répondit : Je n'ai été envoyé qu'aux moutons perdus de la maison d'Israël. 25 Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : Seigneur, viens à mon secours ! 26 Il répondit : Ce n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux chiens. 27— C'est vrai, Seigneur, dit-elle ; d'ailleurs les chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres... 28 Alors Jésus lui dit : O femme, grande est ta foi ; qu'il t'advienne ce que tu veux. Et dès ce moment même sa fille fut guérie.



Heureux celui ou celle qui sait que le Seigneur reste le maître des mystères de sa vie, car notre vie est pleine de mystères dont nous ne savons pas les origines et cela nous trouble. Quelles que soient les circonstances et quelles que soient ses origines le croyant sait qu’il y a indépendamment de lui des forces qui n’obéissent pas aux règles des hommes et qui donnent du sens à son existence. C’est Dieu qui se révèle ainsi. Cela relève de la foi, et cela devrait lui suffire. Mais ce n’est pas le cas.

Pour beaucoup, il apparaît comme un fait établi que Dieu aurait réglé les mystères de la vie selon des critères qui lui appartiennent, mais les hommes se croient suffisamment intelligents pour les découvrir et s’en emparer à son insu. A l‘opposé, d’autres vont jusqu’à penser que certains individus ou même certains peuples ont priorité sur les autres et détiennent dans leurs cultures les secrets de la vie. Comme cela semble apparemment être le cas du peuple juif.


On est en droit de penser que Jésus en tant que juif partage cette opinion qui le rend réticent pour écouter les doléances de cette femme. Cela peut sans doute nous choquer, mais Jésus est un homme de son temps, issu de la culture de son temps et il réagit avec les réserves des hommes de son temps. Mais tout cela n’est ici qu’une entrée en matière dont l’issue nous rapprochera de la vérité.

Même s’il reconnaît qu’il est venu pour donner priorité aux brebis perdues d’Israël, il ne dit pas qui sont ces brebis perdues. S’agit-il des Israélites qui ne reconnaissent pas en lui le messager de Dieu ? S’agit-il des non juifs qui n’ont aucune connaissance de Dieu ? Dans ce cas il s’agit d’une grande multitude de gens ! Alors grand est le nombre des brebis perdues de la maison d’Israël, même les petits chiens cananéens qui mendient les miettes en font partie.

En fait de miettes, il ne me paraît pas que la foi puisse se mesurer. Ici il s’agit de miettes, ailleurs il s’agit de grains de moutarde, il n’y a pas de mesure pour codifier les degrés de la foi. La foi est avant tout une certitude et un savoir. Elle relève d’un état et non d’un dosage. Elle repose sur une vérité que nous ressentons au fond de nous-mêmes selon laquelle notre vie ne nous appartient pas. Elle appartient à une réalité qui nous nous vient d’ailleurs et qui s’intègre en nous pour faire partie de nous-mêmes. Ce n’est ni la sagesse des hommes, ni la science que l’on pourrait avoir des Ecritures qui fait que notre vie a du sens ou qu’elle n’en a pas, c’est une vérité qui vient d’au de là de nous-mêmes.

En dépit de cela, depuis toujours les hommes ont cru pouvoir arracher les secrets de la vie à qui les possède : Dame nature dont nous faisons partie ou Dieu quand on y croit. Les savants ont tenté toutes sortes d’aventures pour parvenir à cette fin. Ils sont descendus jusqu’aux aux racines des continents dans les gouffres marins, ils sont montés plus haut que les cieux pour rejoindre les étoiles, mais leur avidité de connaissance ne leur a rien révélé sur notre âme.

Astrologues, sorciers, enchanteurs, mages et gourous ont aussi essayé d’arracher ces mêmes secrets à la matière dont nous sommes faits, mais l’élixir de vie, l’eau de jouvence ou la pierre philosophale n’ont jamais été trouvés et ne le seront sans doute jamais car les secrets de notre existence ne sont pas à notre portée.

Pour y arriver, il faudrait franchir les portes de la mort et perdre alors notre consistance physique pour découvrir qu’au delà de la mort il y a peut être un savoir sur la vie qui nous concerne, mais cette étape franchie  tout retour vers un état antérieur nous serait interdit. Notre découverte ne nous serait alors d’aucune utilité. Face à toutes ces espérances déçues, une pauvre femme dont on ne connaît pas le nom nous donne la seule leçon qui nous permette d’avancer.

Face au mystère de la vie, Dieu ne nous a pas laissés sans réponse. Face au questionnement universel des hommes, il y a une réponse que cette femme a trouvée en toute naïveté. Apparemment si cette femme a compris ce grand mystère qui est celui de la foi. Nous en serons, sans doute capables, nous aussi. Dieu nous a donné des miettes suffisantes pour apaiser notre faim de curiosité elles ne relèvent ni de la compétence des savants ni de celle des gourous. Ces miettes qui échappent à la sagesse des plus futés sont cependant à la portée de chacun.

Pour ce faire il nous faut suivre l’exemple de cette femme qui a déjà fait le point sur sa propre existence. Comme elle, nous n’avons sans doute pas plus d’importance que des petits chiens et nous espérons cependant que des miettes de la sagesse divine vont tomber jusqu’à nous. Cette sagesse qui va nourrir notre foi c’est l’espérance.

Cette femme espère. Elle ne sait sans doute pas quoi, mais elle est poussée par une force qui lui donne de l’audace. L’espérance est cette force qui nous habite et qui met en nous une soif de vie qui nous pousse à commettre des actes audacieux. Ces audaces dont nous sommes capables ne correspondent ni à une science ni à un savoir elles jaillissent du tréfonds de nous-mêmes et agissent comme un moteur de vie qui tire notre existence vers le haut. On pourrait les appeler en terme profane l’instinct de survie.

Cet appétit de la vie nous pousse à entreprendre des choses parfois irrationnelles ou insensées. Il ne porte pas toujours les fruits espérés, il échoue parfois lamentablement, mais il provoque en nous un dynamisme dont l’origine mystérieuse est en nous, mais ne vient pas de nous.

La femme cananéenne de ce récit a compris cela, elle n’a sans doute pas fait d’études avancées mais elle comprend que les pulsions de vie qui l’habitent viennent d’ailleurs que d’elle-même. Au contact de Jésus, ces pulsions de vie se sont mises en mouvement et elle comprend que c’est le Dieu dont Jésus parle qui en est à l’origine. Elle sait que c’est Dieu, qui en dépit des circonstances et des conventions sociales lui donne l’audace d’attirer l’attention de Jésus. Puisque Dieu provoque en elle cette espérance de vie, elle a alors raison d’insister.

Elle n’a pas eu besoin qu’on l’enseigne pour découvrir que l’espérance qui l’habite lui vient de ce Dieu qui a mis en elle un désir de vie. Il en va de même pour chacun de nous. Ce mystère ne nous appartient pas. On ne le trouvera ni en faisant des expériences élaborées ni en s’adonnant à des calculs compliqués, mais en constatant qu’il y a en nous une force de vie qui nous pousse à espérer.

Le miracle de la femme cananéenne ne réside pas tellement dans le fait que sa demande ait abouti, mais plutôt dans le fait qu’elle ait compris que l’audace qu’elle a eu d’importuner le maître pour quémander la vie, ne lui venait pas d’elle-même mais lui venait justement de celui qui donne la vie et qui la prend en charge, elle et sa fille.

L’espérance est donc cette force que Dieu a mis en nous depuis nos origines et qui nous pousse à toutes les audaces. Jésus s’est donné pour tâche de nous aider à identifier cette force et de lui donner un nom. Il reconnaît en elle le Seigneur dont il est le Fils. Il nous prend en charge comme le ferait un Père, il nous enveloppe d’amour comme le ferait une mère. Il nous ouvre un avenir de vie sans fin comme le ferait notre Dieu. C’est grâce à l’Esprit que Jésus souffle sur nous que nous arrivons à cette connaissance.

Lui seul a su aller jusque au bout de l’espérance. Même dans la mort, son espérance a pris la dimension de l’éternité qui est la seule réalité qui contienne toutes les dimensions de Dieu, c'est-à-dire l’amour, l’espérance et la vie. Ainsi croire en Jésus Christ consiste à avoir l’audace suprême de savoir que la vie ne peut pas nous abandonner car elle vient d’ailleurs, elle appartient à Dieu et Dieu a décidé de nous la donner en totalité.

Images Codex Egbert

mardi 26 juillet 2011

Matthieu 16:21-27 Qui préside à la destinée du monde ? - Dimanche 28 août 201

"Si quelqu'un veut me suivre, qu'il se charge de sa croix..."


Matthieu 16 :21-27

Dès lors Jésus commença à montrer à ses disciples qu'il lui fallait aller à Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et se réveiller le troisième jour. 22 Pierre le prit à part et se mit à le rabrouer, en disant : Dieu t'en préserve, Seigneur ! Cela ne t'arrivera jamais. 23 Mais lui se retourna et dit à Pierre : Va-t'en derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une cause de chute, car tu ne penses pas comme Dieu, mais comme les humains.

Comment suivre Jésus

24 Alors Jésus dit à ses disciples : Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive. 25 Car quiconque voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie à cause de moi la trouvera. 26 Et à quoi servira-t-il à un être humain de gagner le monde entier, s'il perd sa vie ? Ou bien, que donnera un être humain en échange de sa vie ? 27 Car le Fils de l'homme va venir dans la gloire de son Père, avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon sa manière d'agir. 28 Amen, je vous le dis, quelques-uns de ceux qui se tiennent ici ne goûteront pas la mort avant d'avoir vu le Fils de l'homme venant dans sa royauté.



Dans les moments, comme ceux que nous vivons, nous avons parfois l’impression que l’histoire s’accélère. C’est alors que nous nous interrogeons nous-mêmes pour savoir qui préside aux destinés du monde et qui donne du sens à l’histoire ? C’est une question récurrente qui n’est pas aussi banale qu’on le croit, car elle nous pose la question de Dieu et la réponse qu’on lui apporte implique que nous réfléchissions aux fondements de notre foi.

Dieu a-t-il donné le coup d’envoi au monde en lui assignant un programme précis ? Si oui, pourquoi ce programme ne semble-t-il pas être respecté à la lettre? Y a-t-il une autre puissance que celle de Dieu qui soit mise en cause dans cette affaire ? Même si cette manière de voir les choses ne reçoit pas notre adhésion immédiate, elle entre cependant dans notre conception. Cela se perçoit facilement dans nos propos habituels quand nous envisageons les choses avec fatalisme : « c’était écrit » dit-on, ou « c’était son destin ! Nous n’y pouvons rien, c’est la fatalité » ou encore « Inch’Allah., Dieu l’a voulu ». C’est ainsi que les choses se disent autour de nous sans pour autant que nous y voyons une option théologique arrêtée, mais notre inconscient est tributaire de cet état de fait. Nous éprouvons un  certain confort spirituel à penser que les événements, bons ou mauvais se produisent selon une logique programmée à l'avance. Mais la lecture des Ecritures ne nous conforte pas forcément dans ce  sens.

Si notre destin est programmé à l'avance et fait partie d’un processus déjà pré établi, notre liberté est gravement mise en cause. A l'inverse, faut-il que l’on se résigne à vivre dans un monde absurde dont personne ne contrôle les éléments et où l’action humaine peut être responsable du pire et du meilleur?

Nous cherchons alors à trouver un moyen terme entre l’hypothèse d’un contrôle de Dieu sur le monde et celle de notre totale liberté. C’est l’enjeu posé aujourd’hui par les questions concernant la sauvegarde de la planète. En fait si les choses évoluent comme elles sont engagées, ce n’est pas la planète qui est en danger, c’est l’humanité, car la planète s’adaptera toujours aux nouvelles conditions climatiques, mais pas forcément l’humanité. Dans ces conditions il nous souvient que l’Ecriture contient l’affirmation selon laquelle au jour « J » et à une heure connue de Dieu seul, celui-ci mettra un terme à notre humanité ? Alors pourquoi s’inquiéter, puisque tout est prévu ?

Tout cela est bel et bon, mais nous ne sommes pas si sûrs qu’il faille interpréter les choses de la sorte. Nous avons du mal à comprendre que Dieu puisse se servir de nos erreurs et de nos échecs pour accomplir ses projets. Nous pensons plutôt qu’au lieu de provoquer les événements catastrophiques, Dieu se contente d’accompagner l’histoire. Il se réserverait le rôle d’inspirer aux hommes les actions bonnes qu’ils entreprendraient en toute liberté.

Mais une telle vision des choses, si elle s’accorde avec les idées du moment, ne semble pourtant pas refléter complètement les données bibliques. La Bible laisse entendre qu’un certain nombre de choses seraient prédestinées à l’avance. Les récits des événements de la vie de Jésus nous sont rapportés dans ce sens par les Evangiles. Les actions que l’on prête au personnage de Judas, par exemple, semblent avoir été prévues de tout temps. Qui l'a manipulé pour qu'il agisse comme il l'a fait. Est-il né mauvais d'une manière irréversible? Qu'en est-il alors de la théologie de la grâce si chère à saint Paul?

Dans le texte proposé aujourd’hui, c’est la question de la clairvoyance de Jésus par rapport à son avenir qui nous interpelle. Il semble se comporter comme s’il chute par le péché originel . Selon était établi de toute éternité par Dieu qu’il devait mourir crucifié et que rien n’entraverait ce destin . C'est ce principe qu'a développé Saint Anselme en imaginant que pour sauver  l'humanité définitivement perdue à cause du péché originel,  Dieu aurait prévu de sacrifier son fils pour apaiser sa justice  offensée par le péché de l'homme. Cette théorie du Moyen Age glane de ci de là  une légitimité que la Bible ne lui reconnait pas. Pourtant une lecture trop rapide de ce texte nous permet de penser que Jésus va dans ce sens  quand il rabroue Pierre qui s'oppose à une telle vision des choses : « A Dieu ne plaise, cela ne se produira pas » avait-il dit.

Merci Pierre d’avoir réagi comme tu l’as fait ! Tu as as réagis sainement.  Tu as réagis comme tu l’as fait parce que tu ne penses pas que Dieu puisse être derrière un tel projet. Tu ne veux pas lier ta foi en Jésus à la conception d’un Dieu qui aurait programmé la souffrance et la mort de son propre fils.


En fait que conteste Pierre ? Il conteste que Jésus puisse mourir d’une mort violente. Quelques versets plus haut, il a reconnu Jésus comme étant le Messie, le Fils du Dieu vivant. En toute logique, il ne peut concevoir une fin dramatique à son Seigneur mais une telle conception des choses relève de sa logique à lui, pas de celle de Jésus. Mais cela implique--il un projet précis de Dieu? C’est cela qui fait problème.

Tout ça n’explique pas pourquoi Dieu aurait prévu une mort violente pour son fils. Cela nécessite qu’on s’y attarde. Jésus analyse la situation avec clairvoyance. Il se sait chargé d’un message pour l’humanité entière. Ce message remet en cause l’institution religieuse dans laquelle la société de son temps évolue. Il sait que ses propos ont déjà amassé beaucoup de haine sur sa tête et que ses adversaires envisagent déjà sa mort. Jésus montre par ses propos qu’il a choisi d’affronter la mort, car le message qu’il doit apporter nécessite une telle attitude pour être entendu et compris.

Les évangélistes  qui ont rapporté cet événement l’ont inséré dans le cadresacrificiel de cette époque. A ce moment du récit on n’en était pas encore là, mais le processus de mort était déjà enclenché par Jésus. Jusqu’au bout, Jésus restera maître de la situation, c’est pourquoi il programma le jour et l’heure de son arrestation et affronta la mort sans se dérober. Par une telle attitude il s’est conformé à la logique de sa situation. Jusqu’au bout il revendiquera être seul responsable des événements, même s’il connut à Gethsémani des moments de faiblesse et de doute.

Pour défendre les idées qui sont les siennes. Il défie les puissants pour  mettre en cause leurs privilèges et quiconque voudra le suivre sur cette voie devra s’attendre à partager son sort. Il faudra qu’il se charge de sa croix et le suive. Jésus n’a pas forcément, à ce moment précis, envisagé de mourir crucifié, comme ses propos le laissent entendre.

Certains théologiens ont envisagé que Jésus reprenait ici les propos d'Ezechiel qui demandait aux Israélites qui se voulaient fidèles à la Loi de se marquer du signe du Tau sur le front. Cette lettre hébraïque en forme de croix désignant la première lettre de la Tora. (1) Il aurait s’agi pour Jésus de donner priorité à la loi, telle qu’il s’était efforcé de l’interpréter depuis trois ans.

Ici Jésus ne faisait qu’analyser logiquement sa situation par fidélité à la mission qu'il s'était donnée. Cela signifiait qu'au point où il en était, Jésus ne pouvait faire autrement que d'envisager sa propre mort et l'organiser. Il ira volontairement à la mort puisque la situation présente l’exigeait. En se sens il était fidèle à Dieu, ce qui ne signifiait pas forcément que Dieu ait prévu sa mort  mais qu'il était cohérent avec tout ce qu'il avait prêché.  Ce sont les circonstances qui l’exigeaient et non la volonté de Dieu.

Les hommes ont tendance à se rattacher à l’idée selon laquelle Dieu aurait prévu un certain nombre de choses à l’avance. Cela leur permet d’accepter l’inacceptable, mais cela leur donne une fausse image de Dieu puisqu’elle priverait les hommes d’une partie de leur liberté. Il me semble plutôt que Dieu se révèle à nous comme un Dieu de bonté, qui aime les hommes, qui leur inspire des projets généreux et qui les guide, mais les laisse toujours libres de les mettre en œuvre. C’est donc librement que Jésus est allé à la mort, c’est librement que nous mettons nos pas dans les siens, et c’est librement que nous en assumons les conséquences. C'est ce que les théologiens catholiques ont retenu quand ils ont inscrit cette idées dans la liturgie de la Messe.

 C’est nous qui prenons la responsabilité des choix que nous faisons même si c’est Dieu qui nous les inspire, il ne nous contraint pas à les assumer.


(1) Ezechiel 9 :4

vendredi 22 juillet 2011

Matthieu 16:13-20 Tu es Pierre - Dimanche 27 août 2017 reprise du 21 août 2012



« Tu es Pierre » Ce sermon est une reprise de celui proposé le 26 août 2008

Texte : Matthieu 16/13-20

Jésus posa cette question à ses disciples : Au dire des gens qui suis-je, moi le fils de l’homme ? Ils répondirent : Les uns disent Jean Baptiste ; d’autres, Elie ; d’autres Jérémie, ou l’un des prophètes. Mais vous, leur dit-il, qui dites-vous : Simon Pierre répondit : tu es le Christ, le fils . du Dieu vivant

Jésus reprit la parole et lui dit : Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car ce n’est pas la chair et le sang qui te l’ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux
Et moi, je te dis que tu es Pierre et que sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle.


La dernière édition de la Bible pour les jeunes.

La Bible est la seule autorité qui nous sert de référence .


Qui dites-vous que je suis ?

Ce n’est qu’une simple question posée par Jésus à Pierre et aux autres. Depuis des siècles elle provoque chicanes et contestations entre les différentes fractions du monde chrétien. Les Eglises n’arrivent pas à tomber d’accord sur la signification profonde du dialogue qui s’est amorcé entre les deux interlocuteurs. Ce faisant, nous passons certainement à côté de ce qui est important. Ce qui est important ici, c’est que Pierre donne une bonne réponse, en tout cas une réponse qui convienne à Jésus. « Qui dites-vous que Je suis? Tu es le Christ le Fils du Dieu vivant »


C’est à cause de cette bonne réponse que Jésus tire des conclusions qui troublent les églises depuis lors. « Tu es Roc et sur cette roche je bâtirai mon Eglise, et les puissances de la mort n’auront point de force contre elle. Je te donnerai les clés du Royaume des cieux et tout ce que tu lieras sur terre sera lié au ciel... »

Les conclusions que Jésus tire de la bonne réponse de Pierre, sont les conséquences de cette réponse et ne s’adressent pas tellement à Pierre en tant que personnage distinct, mais s’adressent à quiconque fera la même bonne réponse que lui. Ce sera le cas des 12 apôtres présents ce jour là autour de Jésus, et ce sera le cas de quiconque après eux fera la même réponse, vous ou moi ou bien d’autres.

Il serait donc un peu rapide de dire, dans le contexte de cet évangile, que Pierre est mis à part d’une manière spéciale. La suite le montre puisque Jésus, dans les quelques lignes qui suivent l’identifie à Satan. Les paroles de Jésus concernent quiconque fera sienne la bonne réponse de Pierre. « Tu es le Christ »! Il s’agit donc pour nous d’inscrire Jésus dans notre relation à Dieu avec ce titre de Christ.

Mais quand nous affirmons que Jésus est le Christ, savons-nous vraiment à quoi nous nous engageons? Nous avons tellement l’habitude d’entendre cette expression qu’elle est devenue comme un automatisme, une réponse toute faite dont nous pesons mal la signification. Pourtant elle est lourde de sens.


En attribuant à Jésus le titre de Christ, nous lui conférons tous les pouvoirs, des pouvoirs semblables à ceux accordés jadis à l’empereur romain. C’est à dire que nous lui reconnaissons le droit de vie et de mort sur nous. Le droit  d'orienter  notre existence. Nous lui reconnaissons le droit de disposer de notre personne.

Au point où nous en sommes dans notre réflexion, il faut que nous nous interrogions pour savoir si notre vie est bien mise à la disposition de ce Christ que nous confessons et si nos choix de vie sont bien en accord avec lui. S’il est pour nous le Christ, c’est que nous lui donnons la possibilité de s’immiscer dans les recoins les plus intimes et les plus secrets de notre âme, c’est que nous accordons à l’Evangile autorité sur nos décisions. 

Cette dernière affirmation peut bien sûr provoquer des réactions de protestation en nous. Ainsi présenté, l’Evangile nous apparaît comme contraignant, puisque c'est en nous référant à lui que nous décidons des choix de notre vie, alors que nous nous plaisons à dire qu’il est libérateur. Nous affirmons habituellement qu’il est un moyen de référence mais qu’il n’est nullement une nouvelle loi que nous ajouterions à l’ancienne. Nous nous reconnaissons la liberté d’interpréter l’Evangile. Personne ne dit le contraire, pourtant Pierre va plus loin dans sa réponse il n’affirme pas seulement que Jésus est le Christ, il ajoute : « tu es le fils du Dieu vivant. » Pierre ne se situe plus au niveau des idées, il entre dans une relation vivante avec son Seigneur.

En parlant de relation vivante avec Jésus, Pierre exprime la nécessité de dépasser l’Evangile. Cela veut dire qu’il affirme non seulement que Dieu est vivant mais que notre vie se déroule en relation avec lui, c’est à dire qu’il a une action concrète sur nous. Cela veut dire aussi que son action est porteuse de vie . Cela veut dire que le Dieu auquel nous nous référons se lie à nous par un contrat de vie. Il se lie à nous dans un processus de vie dont Jésus est la seule référence. C’est en ce sens que Jésus est fils de Dieu. Le Fils, c’est celui qui manifeste la réalité du Père. Si nous faisons nôtres les paroles de Pierre, nous affirmons que par l’action de Jésus en nous, Dieu se permet d’intervenir continuellement dans nos vies.

Mais une telle affirmation est-elle rassurante pour autant? Elle rend la présence de Dieu si proche que nous en ressentons quelque chose d’inquiétant. A cause même d’une si grande proximité nous éprouvons le besoin de prendre un peu de recul. Mais peut-on reculer quand Dieu nous introduit aussi personnellement dans ses projets?

En fait, Dieu sait très bien qui nous sommes, et Pierre qui nous a introduit dans cette réflexion nous aide, à son corps défendant. Après avoir fait cette très belle confession de foi que nous faisons nôtre : « tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant », il va lui même se laisser aller à des initiatives personnelles à propos des quelles Jésus le rappellera à l’ordre durement en lui disant « arrière de moi, Satan.» Par cette intervention, nous découvrons que nous ne pouvons entrer dans le projet de Dieu que si Dieu lui-même nous y aide et en assume la responsabilité avec nous.

Il n’est pas en notre pouvoir de répondre par nos propres forces à l’exigence de la proximité de Dieu. C’est Dieu qui la veut et c’est Dieu qui l’accomplit avec nous et en nous. En effet, dès que Pierre va revenir à la réalité de ce monde, dès qu’il va se mettre à agir et à réagir, il va prendre l’initiative de contrecarrer les projets de Dieu au nom de sa logique humaine. Jésus réagit promptement. Pierre n’a pas encore compris que ses initiatives personnelles ne peuvent se faire que sous l’inspiration de Dieu. C’est lui qui lui donne force et énergie par son esprit. Ce qui est valable pour Pierre l’est à plus forte raison pour chacun de nous. La vie que Dieu met en nous ne se vit vraiment que si Dieu la vit avec nous.

Dieu nous demande donc cet élan du cœur qui fait que nous lui faisons entière confiance pour prendre en charge nos propres vies. Ces vies, inspirées par Dieu ne sont pas pour autant passives. Pour être vraiment vivantes elles sont faites de réflexions, de décisions et d’actions, et chacune de ces étapes doit être le reflet de Dieu qui vit en nous. C'est dire alors la place que doit prendre la prière dans nos relations avec Dieu. C’est lui qui accompagne nos projets de vie, il est présent dans les choix que nos faisons il est de partout dans ce que nous vivons.

Est-il besoin de dire qu’entre notre volonté de nous laisser envahir par lui et la réalité de notre existence il y a un immense fossé qui ne peut être comblé que par une accumulation de pardons qui consolident toujours les liens de vie qui nous unissent à Dieu. Le ciment qui rendra notre vie féconde sera fait de pardons donnés et de pardons reçus, et par voie de conséquence d’amour qui nous vient de Dieu mais qui ne prend de réalité que si nous le partageons en le donnant aux autres.

Les conséquences de tout cela, résident dans cette vocation qui nous est faite d’entraîner les hommes à notre suite vers le Royaume du Seigneur par une action constructive au jour le jour. Il s’agit alors de créer avec les hommes des liens qui visent à les rapprocher de Dieu. C’est sur la fidélité à notre foi que s’édifiera l’Eglise, et que l’Eglise deviendra un rempart contre les œuvres de mort. Jésus confie l’Eglise à Pierre qui confesse sa foi, comme il l'a dit dit, mais aussi, il confie son Eglise  à chacun de ceux qui confessent leur foi comme Pierre dans les mêmes termes que lui. Pierre n’est donc pas un homme qui est mis à part pour devenir l’unique chef  de toute l’Eglise, c’est un exemple qui est donné ici par Jésus, afin qu’on le répète à des millions, voire à des milliards d’exemplaires.

jeudi 14 juillet 2011

Matthieu 14: 22-33 Jésus marche sur les eaux - dimanche 7 août 2011



Matthieu 14 :22-33

22 Ensuite, il obligea les disciples à monter dans le bateau et à le précéder sur l'autre rive, pendant qu'il renverrait les foules. 23 Après avoir renvoyé les foules, il monta sur la montagne pour prier à l'écart ; le soir venu, il était encore là, seul.

24 Le bateau était déjà à plusieurs stades de la terre, malmené par les vagues ; car le vent était contraire. 25 A la quatrième veille de la nuit, il vint vers eux en marchant sur la mer. 26 Quand les disciples le virent marcher sur la mer, ils furent troublés et dirent : C'est un fantôme ! Et, dans leur crainte, ils poussèrent des cris. 27 Jésus leur dit aussitôt : Courage ! C'est moi, n'ayez pas peur ! 28 Pierre lui répondit : Si c'est toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. 29— Viens ! dit-il. Pierre descendit du bateau, marcha sur les eaux et vint vers Jésus. 30 Mais en voyant que le vent était fort, il eut peur, et, comme il commençait à couler, il s'écria : Seigneur, sauve-moi ! 31 Aussitôt Jésus tendit la main, le saisit et lui dit : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? 32 Ils montèrent dans le bateau, et le vent tomba. 33 Ceux qui étaient dans le bateau se prosternèrent devant lui et dirent : Tu es vraiment Fils de Dieu !


Les événements de notre vie  qui nous tiennent le plus à cœur sont  généralement tenus secrets dans le jardin de nos souvenirs et n'en sortent que rarement. Dans ce texte, ce n'est pas le miracle, mille fois ressassé qui  retiendra notre attention aujourd'hui, mais nous nous attarderons plus tôt sur la manière dont  Jésus vient dans nos âmes pour y apporter un baume apaisant.

Nous voila donc par la pensée sur la barque avec quelques disciples.  Les flots qui ont secoué la barque  pendant la nuit  se sont chargés du poids de nos angoisses et de nos soucis.  Maintenant le jour ne s’est pas encore levé, mais déjà pointe l’aurore. Les premiers rayons du soleil vont prendre encore beaucoup de temps pour se manifester, mais on devine déjà les lueurs de l’aube annonçant un jour nouveau. Les terreurs de la nuit sont en train de s’estomper et quelque chose de rassurant repousse les angoisses nocturnes. C’est sur cette impression où l’espérance commence à s’installer que se profile à l’horizon la silhouette du Seigneur, encore indistincte et nimbée dans la brume. Le Seigneur vient à la rencontre de ceux qui désespéraient d’un prochain secours. Est-ce lui ou est-ce une illusion ? Réalité ou fantôme ? Déjà on se met à espérer.

Les amis de Jésus ont embarqués de nuit sur le lac agité, ils sont poussés par un vent contraire qui soulève les vagues contre leur frêle esquif. Ils ont la peur au ventre, amplifié par la nuit sombre et le bruit des flots. Est-ce l’histoire d’une nuit unique passée sur le lac par 12 hommes en détresse, ou est-ce l’histoire mille fois répétée de tant de drames traversés dans notre vie d’hommes? Peu importe. En tout cas nous ne perdrons pas de vue le fait que cette histoire est avant tout, celle de tous ces gens qui se sentent menacés par des événements qu’ils ne maîtrisent plus. Ils éprouvent cette peur qu’inspire la maladie, la guerre, la pauvreté, l’indifférence des autres. C’est pourquoi chacun lira dans ce récit celui de ses propres détresses.

La leçon à retenir est que le Seigneur vient, il est toujours en train de venir et de chercher à monter sur notre embarcation, même si nous ne le reconnaissons pas et que son visage se confond avec celui de tous les fantômes qui font illusion. Il vient pour prendre en charge nos craintes. Il foule au pied nos terreurs, il marche sur nos angoisses comme il le fait ici en se déplaçant tout à son aise sur des flots hostiles. Il domine ainsi les tempêtes qui nous terrorisent. Le miracle de sa présence est une réalité dans nos vies, mais nous ne savons pas toujours le voir.


Quand nos regards se tournent vers lui, nous le voyons pas, toujours, nous ne percevons pas forcément sa présence, si bien que nous ne sommes pas vraiment rassurés. Nous ne ressentons que notre propre douleur, nous ne considérons que nos angoisses. Nous ne voyons pas d’issue à notre détresse. Nous ne voyons que la réalité immédiate de ce qui nous tourmente et les difficultés qui nous assaillent en cascade incessante. Bien audacieux alors sera celui qui saura discerner l’action du Seigneur et enseigner aux autres à le faire. On doute même que le Seigneur puisse faire quelque chose quand tout se dérobe sous nos pas.

Il est aisé au bien portant de dire au malade que sa guérison est pour bientôt. Il est facile de lui mentir en lui disant qu’il a bonne mine. Il n’en croit rien. Il est également audacieux de dire à celui dont les épreuves se succèdent que tous les problèmes vont désormais se résoudre et que le Seigneur prend tout en charge. La vague déferlante de nos soucis nous submerge. Elle ne nous laisse pas indemnes quand elle éclate et nous précipite sur les galets de la plage. La voix du Seigneur, même si elle retentit à nos oreilles ne nous libère pas de tout ce qui nous tourmente et ne nous délivre pas de tous les mauvais pas où nous sommes tombés.
Pourtant, le Seigneur n’est pas absent de notre drame, c’est l’aventure de Pierre qui va nous aider à y voir plus clair et nous mettre sur le chemin de la bonne réponse.

Dans ce récit, Pierre est comme les autres, il a peur. Comme les autres il doute, et il n’est pas sûr que ce soit le Seigneur qui vienne vers eux dans l’aube qui pointe, mais lui seul, Pierre, se permet de mettre le Seigneur au défi.

- « Si c’est toi fais que je marche sur l’eau »
- « Viens »

Il vient et il boit la tasse. Il boit la tasse au point de se mettre en danger de mort alors que jusqu’à maintenant il était sauf. Il a voulu mettre son Seigneur à l’épreuve de sa foi déficiente, sa petite foi de croyant pas encore éprouvée. Il ne croit pas encore au miracle, mais il veut que le Seigneur fasse un prodige, un tour de passe-passe qui dérogerait aux lois de la nature. Il veut que le Seigneur fasse quelque chose d’inutile, mais suffisamment spectaculaire pour conforter sa foi défaillante. Il veut que le Seigneur déroge aux lois de la nature pour lui plaire, et ça ne marche pas.

- Mais qui crois-tu être Pierre pour que Dieu, par la main de Jésus contredise ses propres lois, pour toi, pour toi tout seul ?

Nous en sommes tous là. Dans les moments tels que ceux qui sont ici évoqués, nous aimerions que le miracle souhaité se transforme en prodige. Nous aimerions que l’argent qui nous manque s’inscrive tout à coup sur notre compte en banque comme un gain subit à la loterie ou une dette que l’on ignorait et qui se trouverait remboursée sans prévenir. Plus sérieusement, nous aimerions que la maladie, jusqu’ici incurable, disparaisse sans laisser de traces. C’est cela que nous attendons de Dieu, mais ces occasions là, quand elles se produisent sont rares. Je ne dis pas qu’elles ne se produisent pas et qu’elles ne sont pas le fait de l’intervention de Dieu ! Qui serais-je pour en nier la possibilité ? Mais l’expérience nous apprend que malgré la foi immense de millions d’hommes et de femmes ce n’est pas la réponse que Dieu choisit habituellement pour manifester sa présence au monde.

Revenons à Pierre si vous le voulez bien. Quand il était dans la barque, il partageait la même angoisse que ses amis et il n’était pas plus en danger qu’eux, mais il se croyait plus capable qu’eux de contraindre le Seigneur à manifester sa puissance divine. Il croit qu’il peut entraîner son Seigneur à le suivre dans ses voies et à accomplir ses souhaits comme il le désire. Il croit que le Seigneur, par affection pour lui peut se mettre au service de son manque de foi.

Ce n’est pas le cas, le prodige ne se produit pas. Pourtant, si Pierre échappe à la noyade, c’est que le Seigneur veille. Pierre s’en sortira, mais il s’en sortira tout mouillé. C’est dire que l’expérience ne le laissera pas indemne. Il n’a pas été abandonné, mais l’intervention divine n’a pas été celle qu’il avait souhaitée, sa vie a été préservée, non pas par un prodige, mais grâce à la poigne solide de Jésus. Sa vie a été préservée et il en a fait l’expérience au prix d’une grande désillusion qu’il aurait pu éviter.

Pierre avait confondu prodige et miracle. Le souhait du prodige, nous l’avons vu, conduit à un échec et à la désillusion. Le miracle, par contre, porte en lui la certitude que notre vie toute entière est dans les mains de Dieu et que sa présence en nous est toujours bien réelle, même quand elle ne se sent pas. Cette présence provoque en nous l’espérance, et l’espérance fonctionne en nous comme un merveilleux moteur qui nous permet de réagir avec sagesse sous l’inspiration de l’Esprit saint.

L’espérance nous pousse à croire qu’aucune issue n’est définitivement bouchée, qu’aucune porte n’est fermée à clé, et que la mort, même si elle semble devoir l’emporter n’aura jamais le dernier mot.

Dans les moments où nous semblons perdre le sens de la vie, quand les épreuves ou l’angoisse sont trop fortes, il n’est pas facile de se cramponner à la foi et de laisser avec confiance l’espérance guider nos actions. Malgré tout, il nous faut chercher à percevoir la voix de Dieu qui nous dit : « tiens bon, ne lâche pas ». C’est pour cela que le texte que nous venons de méditer nous dit que l’intervention de Jésus se fait à la quatrième veille au moment où le jour va pointer, car la présence de Jésus en nous, c’est toujours comme un matin nouveau qui s’installe dans notre vie.

A chaque instant de notre existence, quand nous appelons le Seigneur, c’est comme si le jour qu’on ne voit pas encore commençait à se lever. Le Seigneur vient, défiant ce qui nous fait peur. Est-ce une illusion ? Aucune réponse affirmative, car c’est cela la foi. La foi nous dit dans quel sens il faut regarder, et cela c’est déjà le début du miracle.

mardi 12 juillet 2011

Matthieu 14:13-21 La multiplication des pains - où est vraiment le miracle ?- dimanche 31 juillet 2011






6 Or, pour l'anniversaire de la naissance d'Hérode, la fille d'Hérodiade dansa au milieu des convives et plut à Hérode, 7 tant et si bien qu'il s'engagea par serment à lui donner ce qu'elle demanderait. 8 A l'instigation de sa mère, elle dit : Donne-moi ici même, sur un plat, la tête de Jean le Baptiseur. 9 Attristé, à cause de ses serments et des convives, le roi commanda de la lui donner 10 et envoya décapiter Jean dans la prison. 11 On apporta sa tête sur un plat et on la donna à la jeune fille, qui la porta à sa mère. 12 Les disciples de Jean vinrent prendre son corps et l'ensevelirent. Et ils allèrent l'annoncer à Jésus.

Jésus nourrit cinq mille hommes

13 A cette nouvelle, Jésus prit un bateau pour se retirer à l'écart, dans un lieu désert ; les foules l'apprirent, quittèrent les villes et le suivirent à pied. 14 Quand il descendit du bateau, il vit une grande foule, et il en fut ému ; il guérit leurs malades.
15 Le soir venu, les disciples vinrent lui dire : Ce lieu est désert, et l'heure est déjà avancée ; renvoie les foules, pour qu'elles aillent s'acheter des vivres dans les villages. 16 Mais Jésus leur dit : Elles n'ont pas besoin de s'en aller ; donnez-leur vous-mêmes à manger. 17 Ils lui disent : Nous n'avons ici que cinq pains et deux poissons. 18 Et il dit : Apportez-les-moi ici. 19 Il ordonna aux foules de s'installer sur l'herbe, prit les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux vers le ciel et prononça la bénédiction. Puis il rompit les pains et les donna aux disciples, et les disciples en donnèrent aux foules. 20 Tous mangèrent et furent rassasiés, et on emporta douze paniers pleins des morceaux qui restaient. 21 Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants.



On rêverait bien volontiers de voir sa vie se dérouler paisiblement comme une promenade en bateau sur un lac tranquille avec Jésus aux commandes du navire. C’est sans doute cette impression de quiétude que nous souhaiterions retenir en lisant ce texte pour la première fois et nous aimerions partager ce sentiment que ressentent sans doute les amis de Jésus qui ont embarqué avec lui ce jour là pour l’accompagner vers un lieu désert afin de fuir ce monde qui ne leur apporte que déboires et chagrin. Ce voyage en bateau a été apparemment organisé par Jésus qui a mal supporté l’annonce de l’exécution de Jean Baptiste dont il vient d’apprendre la nouvelle.

En fait ce serait faire une erreur que d’apprécier la situation de cette façon. Jésus ne semble tenir aucun compte de la présence de ceux qui ont embarqué avec lui et ne fait état d’aucun sentiment particulier. C’est seulement la logique du texte qui nous pousse à conclure qu’ils sont avec lui sur le bateau, puisqu’ils seront avec lui dans la scène suivante. Ce n’est pas pour fuir la réalité du monde qu’il les a entraînés avec lui, mais c’est pour faire face à la situation telle qu’elle se présente.

Sans doute telle n’était pas la pensée des disciples de Jésus auxquels nous pourrions prêter nos propres pensées si nous étions dans leur situation. En effet, la crainte nous pousserait sans doute à nous tenir à l’écart pour laisser passer l’orage. Il y a fort à penser que s’ils ont embarqué sur le lac, c’est qu’ils espèrent mettre de la distance entre le roi qui a tué Jean Baptiste et eux. Ils espèrent ainsi passer de l’autre côté de la frontière sur une terre étrangère plus hospitalière.

Nous leur prêtons volontiers les sentiments de tant de croyants qui estiment que la fidélité à la foi les pousse à vivre à l’écart des remous du monde et de construire avec Jésus les bases d’une société nouvelle en attendant la venue du Royaume à l’abri de toutes les tentations.

Nous ne croyons pas si bien dire, car c’est justement quand nous nous croyons à l’abri des tentations que celles-ci surgissent sous nos pas, sans que nous en soyons conscients ? Jésus quant à lui a mis ses disciples en garde, sans qu’ils s’en aperçoivent. Ils se rendent avec lui dans un lieu désert, est-il dit. Mais le désert s’il apparaît comme un refuge est aussi un lieu redoutable où la tentation prend tous les aspects. N’oubliez pas que c’est quand il se réfugia au désert que Jésus fut le plus cruellement tenté. Ils sont donc avertis, même s’ils n’en sont pas conscients que s’ils se dirigent avec lui vers un lieu désert, ce n’est pas pour y être en sécurité, mais c’est pour faire face aux épreuves qui les y attendent.

La première tentation n’est –elle pas de vouloir fuir loin des hommes pour se mettre en sécurité ? Elle est dans le fait de croire que c’est la présence des autres qui nous met en danger, alors que les autres, dans ces temps troublés sont aussi en danger que nous-mêmes. On ne saurait si bien dire. A peine ont-ils mis le pied à terre que les autres sont là. Ils sont là avec leurs problèmes et leurs nécessités. Des hommes et des femmes de toute condition. Ils les ont devancés en marchant à pied.

Alors que les amis de Jésus pensaient fuir les turpitudes d’un monde qu’ils croyaient dangereux pour eux, c’est ce monde qui vient vers eux. Si Jésus les a entrainés sur les eaux du lac, c’est peut être pour s’écarter du tyran sanguinaire qui menaçait leur vie, mais ce n’était pas pour les mettre à l’écart des problèmes des hommes qui les ont rejoints.

La situation prend alors pour eux un aspect provoquant. C’est alors qu’ils se croyaient confortablement en train de fuir leurs problèmes en compagnie de leur Seigneur, que les autres arrivent avec leurs problèmes à pied par monts et par vaux. Ils étaient confortablement installés sur l’esquif qui glissait dans le clapotement des vagues, poussé par le vent doux qui soufflait dans les voiles alors que les autres, la foule, suaient sang et eaux vers la même destination. Ils étaient privilégiés et ne le savaient pas.

Avant d’aller plus loin, force nous est donnée de constater que parfois, alors que l’on se croit brimé par les événements, on se trouve en fait dans une situation de favorisé. Les amis de Jésus devront méditer cet état de fait dans les moments qui vont suivre. La situation va devenir provocante pour eux comme pour nous. Tant qu’ils se considéreront comme victimes des événements, ils resteront incapables de répondre à ce pour quoi le Seigneur les interpelle. Et nous avec.

La foule et là, à leur descente de bateau. C’est Jésus qu’ils cherchent, et puisque c’est lui qu’ils cherchent qu’il s’en occupe doivent-ils penser non sans dérision! C’est bien ce que fait Jésus, il s’occupe de tous ceux dont personne ne se soucie. Il prend soin de leurs problèmes, il guérit ceux qui sont malades, il console leurs âmes en tourments, il leur enseigne les chemins à suivre pour rejoindre Dieu. Il ne tient pas compte de la présence de ses disciples dont on sait bien qu’ils sont là, et dont on sait aussi l’inutilité. Rappelons-nous que les croyants que nous sommes sont sensés faire cause commune avec les disciples. Nous sommes dans leur rôle qui anticipe celui de l’Eglise.

Ce récit nous donne la description d’un monde où Dieu, par les mains de Jésus transformerait les situations de détresses en situation d’espérance. C’est lui qui fait tout. Ses amis ne font rien. Voila une description qui pourrait bien représenter la société d’aujourd’hui. Nous avons là l’image d’un monde où tout se passe bien sans que l’Eglise intervienne. Dieu y ferait son travail sans que nous, l’Eglise, n’ayons à nous en mêler. Les malades seraient soignés, les foules seraient enseignées et guéries. Nous avons là une anticipation de la société laïque contemporaine. Les disciples, c'est-à-dire l’Eglise, serait mise à l’écart du monde, n’interviendrait pas dans les affaires et se tairait.

En revenant à notre récit, nous constatons que les disciples se rendent compte du fait qu’ils sont tenus à l’écart, c’est pourquoi ils interviennent. Ils remarquent qu’il se fait tard et que le lieu est désert. Ils ont bien vu. Le désert est le lieu de toutes les tentations. Les difficultés auxquelles ces pauvres gens vont se trouver confrontés vont surgir. La question du gîte et du couvert va se poser.
"Qu’ils aillent ailleurs se faire prendre en charge par d’autres plus capables que nous disent-ils à Jésus ! Ils considèrent qu’il est de leur responsabilité de les éloigner, pas de s’occuper d’eux."

Le désert, lieu de tentation, est d’abord le lieu de tentation pour eux.

-« Puisque vous avez de bonnes idées, semble leur dire Jésus, mettez-les en pratique, nourrissez les vous-mêmes !
- Nous n’en avons pas les moyens leur répondent-ils. Tu nous demandes l’impossible ».

Comme ses disciples, ce sont aujourd’hui les croyants qui dans ce monde se déclarent incompétents. Pourtant, nous sommes invités à agir, alors que nous nous sentons inutiles dans un monde qui ne semble plus avoir besoin de nous. Le seul rôle que nous nous reconnaissons, c’est celui dire aux autres ce qu’il faut faire et de jouer les Cassandre en les culpabilisant par notre discours selon lequel les choses iraient mieux si on nous avait écoutés.

Par cette histoire, Jésus nous montre que c’est quand ça devient difficile, voire impossible que nous avons quelque chose à faire pour les hommes. Jésus nous donne ici une leçon de savoir faire en opérant ce que nos Bibles appellent « le miracle de la multiplication des pains. » Mais est-ce vraiment un miracle ? Certes tout le monde mange, mais que fait réellement Jésus ?

Il fait simplement les gestes du partage. Il utilise ce qu’il a : 5 pains et 2 poissons. Ce n’est pas grand-chose, voire même dérisoire. Ensuite nous ne voyons que les effets de son geste. La seule chose que l’on sache c’est que Jésus réussi à faire ce qu’il devait faire avec ce qui était à sa disposition, autant dire rien. Ainsi, même si nous avons peu, cela ne nous dispense pas d’entreprendre, la foi fera le reste ;

Il adresse ce message aux croyants en les invitant à ne pas considérer leur faiblesse, leur manque d’argent, leur petit nombre pour justifier leur inaction. Le miracle ne relève pas du prodige, mais de notre capacité à entreprendre avec foi. Ce qui est nous est demandé c’est de donner de l’espérance. Et pour ça seule la foi peut y arriver.

vendredi 1 juillet 2011

Matthieu 13:44-52 Le Royaume - dimanche 24 juillet 2011


Matthieu 13 :44-52

La parabole du trésor caché

44 Voici à quoi le règne des cieux est semblable : un trésor caché dans un champ ; l'homme qui l'a trouvé le cache et, dans sa joie, il va vendre tout ce qu'il a pour acheter ce champ-là.

La parabole de la perle

45 Voici encore à quoi le règne des cieux est semblable : un marchand qui cherchait de belles perles. 46 Ayant trouvé une perle de grand prix, il est allé vendre tout ce qu'il avait pour l'acheter.

La parabole du filet

47 Voici encore à quoi le règne des cieux est semblable : un filet jeté dans la mer et qui rassemble des poissons de toute espèce. 48 Quand il est rempli, on le tire sur le rivage, puis on s'assied, on recueille ce qui est bon dans des récipients et on jette ce qui est mauvais. 49 Il en sera de même à la fin du monde. Les anges s'en iront séparer les mauvais du milieu des justes 50 et ils les jetteront dans la fournaise ardente ; c'est là qu'il y aura des pleurs et des grincements de dents.

L'ancien et le nouveau

51 Avez-vous compris tout cela ? — Oui, répondirent-ils. 52 Il leur dit : C'est pourquoi tout scribe instruit du règne des cieux est semblable à un maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes.



Le petit texte que nous venons de lire fait état de trois paraboles parlant du Royaume: Le Royaume est semblable à un trésor caché, à un marchand qui cherche des belles perles, à un filet de pêche. Qu’y a-t-il de commun à ces trois paraboles ? En quoi nous permettent-elles de dire ce qu’est le Royaume des cieux? Cela nous interpelle d’autant plus que ces trois paraboles font partie d’un ensemble qu’on appelle les paraboles du Royaume et que Matthieu ne mentionne pas moins de 22 fois le Royaume des cieux dans la totalité de son Evangile. Chaque fois, il donne une image différente de la précédente. Cette abondance de textes sur le Royaume des cieux, tous aussi différents les uns que les autres complique les choses plus qu’elle ne les simplifie. Mais nous n’allons pas nous priver du plaisir d’essayer de comprendre.

Si dans notre jargon chrétien, le Royaume désigne un idéal de vie en compagnie de Dieu. Ce mot n’a nullement ce sens dans la vie courante. Pour ceux qui vivent dans notre société occidentale la première image qui nous vient spontanément à l’esprit est celle du Royaume Uni, avec ses princes et ces princesses obsolètes. Pour d’autres la notion de Royaume est une réalité du passé qui resurgit dans notre temps par le truchement du théâtre et de l’opérette ou des contes pour enfants. En fait le mot ne fait pas très sérieux.

Pourtant le Nouveau Testament surabonde de textes sérieux qui nous parlent du Royaume des cieux. Une telle remarque ne rend pas les choses plus faciles puisque la notion de Royaume ne fait plus partie de nos références habituelles, et personne, en dehors des milieux de croyants ne nous écoutera quand on parlera d’un Royaume, fut-il céleste. Ainsi avons-nous l’impression en utilisant le langage de la Bible de manier une langue codée, qui ne concerne que les chrétiens et dont seuls les initiés seraient sensés connaître la portée.

Ce qui me trouble c’est que pour les contemporains de Jésus la notion de Royaume correspondait à ce petit Royaume de Galilée, dont le souverain, un fils d’Hérode n’était pas populaire, c’est lui qui fit exécuter Jean Baptiste et qui visita Jésus à Jérusalem par curiosité lors de son arrestation. Quand au souvenir laissé par son père, Hérode le Grand, il était détestable. La notion de « royaume » renvoyait plus à une image redoutable qu’à un pays de délices. Pourtant, Jésus utilise justement cette expression de Royaume de Dieu pour désigner la quintessence de son message.

Ce message devient donc pour nous difficile à recevoir et à transmettre, puisque l’on ne sait plus très bien ce que signifient les notions qui le désignent. Doit-on alors se demander si le Christianisme n’est pas redevenu une religion secrète, comme il le fut à l’origine et dont il fallait connaître les subtilités du langage pour y participer? Malgré tout, nous nous accommodons fort bien de cette réalité. Est-ce normal car le message du Christ a une prétention universelle ? Il doit être reçu par tous les hommes, compris par eux et acceptable par tous.

Si le message chrétien concerne la planète toute entière, il n’est cependant pas facile à recevoir aujourd’hui. On faisait les mêmes reproches à Jésus. On se plaignait de ne pas le comprendre, et Jésus disait qu’il le faisait exprès, il disait volontiers que c’est à dessein que ses paraboles étaient incompréhensibles, il se mettait à la suite des grands prophètes à qui Dieu disait : «endurcis leurs oreilles afin qu’il n’entendent pas! » (Es 6 :10)

De tout temps les messages les plus subtiles de Dieu ont toujours eu du mal à se faire comprendre. Jérémie s’en plaignait et exprimait son amertume à Dieu! Jésus fut si mal compris qu’il en périt. Il avait voulu rendre l’accès de Dieu possible à tous et bien peu comprirent son intention, c’est pourquoi, ses contemporains après l’avoir condamné pour blasphème l’exécutèrent pour avoir offensé Dieu. Chose étrange, il semble que cela faisait partie du projet de Dieu. Il fallait qu’il meure, sera-t-il dit dans les Ecritures. Cette volonté de Dieu ainsi exprimée nous rend encore les choses plus difficiles à comprendre. En fait, on a éliminé Jésus non pas parce qu’il était incompréhensible, mais parce qu’on ne voulait pas comprendre la portée de son discours.

Il est plus facile de dire qu’on ne comprend pas, plutôt que de changer sa vie pour mettre en œuvre ce que l’on a compris. Jésus a été rejeté à cause de l’aspect provoquant de son message qui mettait en cause les privilégiés de la religion aussi bien que les privilégiés de la vie civile en affirmant l’égalité de tous devant Dieu. Et pourtant, certains croyaient vraiment qu’il était dans l’erreur et qu’en le tuant on défendait la cause de Dieu.

Tout cela est quand même compliqué à comprendre. Nous n’y arriverons que si nous faisons un effort car Dieu réclame notre participation intellectuelle pour saisir ce qu’il veut nous dire, sans quoi nous ne pouvons pas formuler de pensée cohérente sur Dieu ou sur le sens du salut. Dieu ne nous prend pas pour des marionnettes, mais pour des êtres pensants. Or les humains, répugnent à l’effort en matière de foi. Ils ont toujours recherché des règles simples et contraignantes, à suivre à la lettre pour organiser leur vie afin de respecter la volonté de Dieu et d’attirer sur eux les faveurs du Seigneur. Mais Dieu n’entend pas les choses ainsi.

Dieu ne cherche pas, par le message qu’il confie à Jésus, à arracher quelques privilégiés au destin que leur humanité leur réserve. C’est cela que prêchent les religions, chacune à leur manière. Elles prétendent donner un enseignement simple pour obtenir l’immortalité. Mais Jésus lui, veut nous entraîner dans une autre direction. Il veut nous ramener à nous-mêmes pour que nous découvrions que le Royaume des cieux est au dedans de nous. Cette découverte doit fonctionner en nous comme si nous avions découvert un vrai trésor, c’est pourquoi Jésus a choisi le mot de Royaume pour exprimer l’accomplissement de son message. Ce mot est chargé de tous nos rêves et de tous nos fantasmes, et malgré tout il reste près de notre réalité quotidienne.

Jésus nous apprend à découvrir en nous les secrets de notre propre vie. C’est pourquoi il nous propose de travailler sur nous-mêmes. Il nous demande faire l’effort nécessaire pour découvrir qu’il nous est possible d’avoir une relation personnelle avec Dieu. L’Esprit que Jésus a soufflé sur ses apôtres et qu’il continue à souffler sur nous, nous permet de découvrir que la réalité de note foi est dans la découverte de notre vie intérieure en relation avec Dieu.

Il y a en nous des richesses tellement importantes qu’il est inutile d’en chercher d’autres ailleurs. De même que le laboureur qui découvre un trésor dans son champ, consacre tous ses biens à l’exploitation de son trésor qui devient le centre de ses activités, de même devons-nous nous émerveiller de ce que Dieu nous invite à découvrir en nous. Si Jésus utilise un mot obsolète, aussi bien pour ses contemporains que pour nous, pour désigner l’essentiel de son Evangile, c’est pour nous entraîner à réfléchir afin que nous fassions l’effort nécessaire qui nous fait passer de la religion à la foi. C’est ainsi que l’amour de Dieu prend place en nous.

L’amour de Dieu pour les hommes se manifeste dans le fait qu’il n’accepte aucune barrière entre lui et eux. Il considère les hommes, tous les hommes, comme ses intimes. Même si les événements qui se produisent ont pu entasser des monceaux d’obstacles entre lui et nous, il les écarte. Aucun événement aussi monstrueux soit-il, ne peut faire obstacle à la présence du Seigneur, même si les hommes tuent le fils de Dieu, Dieu leur maintiendra son amour et les entraînera malgré tout dans son Eternité

Cette découverte ne se trouve pas dans les religions, elle se trouve dans l’exploration de notre vie intérieure. Elle repose sur la découverte que Rien dans notre vie ne peut faire obstacle à la bénédiction de Dieu pour nous. Cela est difficile à concevoir dans le contexte cartésien où nous vivons. Le Royaume nous fait toujours rêver de quelque chose d’inattendu, d’inaccessible et d’utopique. En fait, il nous entraîne à une réalité inimaginable: l’éternité est ouverte à tous sans réserve. L’amour de Dieu rend la chose possible. Comprenne qui le pourra ou qui le voudra : amen.


Ce sermon est une reprise légèrement modifié de celui publié le 25 juillet 2008 sur http://jeanbesset.unblog.fr