samedi 31 mai 2014

Matthieu 10:37-42 - Le Dieu de Jésus Christ - dimanche 29 juin 2014



Matthieu 10 : 37-42  dimanche  

37 Celui qui me préfère père ou mère n'est pas digne de moi, celui qui me préfère fils ou fille plus que moi n'est pas digne de moi ; 38celui qui ne prend pas sa croix pour me suivre n'est pas digne de moi. 39Celui qui aura trouvé sa vie la perdra, et celui qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera.
Qui vous accueille m'accueille

40 Qui vous accueille m'accueille, et qui m'accueille accueille celui qui m'a envoyé. 41Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète obtiendra une récompense de prophète, et qui accueille un juste en sa qualité de juste obtiendra une récompense de juste. 42 Quiconque donnera à boire ne serait-ce qu'une coupe d'eau fraîche à l'un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis, il ne perdra jamais sa récompense.


Celui qui rencontre Jésus pour la première fois  se trouve bouleversé et même  fortement  déstabilisé sans qu’il y prenne garde. Cette rencontre peut se produire par l’intermédiaire d’ une  personne rencontrée à l’improviste,  qui nous rapporte certains de ses discours, elle peut se produire par le biais de nos lectures ou d’une tout  autre manière.  Jésus parle de Dieu et du monde d’une manière tellement  différente  de ce qu’on les conçoit habituellement qu’il retient notre attention.

Habituellement nous voyons en Dieu le « Tout puissant », de qui procèdent toutes les réalités. Il nous apparait parfois comme un être lointain qui cache se majesté derrière les merveilles de la nature telle une nuit étoilée en plein été ou le spectacle fantastique d’une aurore boréale ou d’un tempêtes  qui secoue les vagues et les élève à des hauteurs considérables.  Les merveilles de  la nature ne manquent pas de  nous provoquer quand nous découvrons à la loupe binoculaire le prodige de l’articulation des membres d’un insecte. Sa couleur fantastique ou le mystère par lequel il utilise ses phéromones dans les échanges avec ses semblables contribuent également à notre émerveillement.

Qui n’a pas été  intrigué par la danse des abeilles grâce à laquelle elles  communiquent entre elles ? C’est, en effet,  par ce procédé que les chercheuses révèlent aux butineuses le lieu  où se trouve la source d’approvisionnement en nectar ou en pollen. Nous pensons que toutes ces merveilles  ont Dieu pour auteur et ont été programmés par des calculs tels qu’aucun ordinateur n’aurait pu les réaliser. «  O ! Dieu que ton nom est grand sur toute la terre ! » Pensons- nous  dans notre fort intérieur en paraphrasant le psaume 8 »

Quand nous songeons à l’humanité et aux prodiges d’intelligence qui sont les siens, «  Qu’est ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui et le fils de l’homme pour que tu  prennes garde à lui » continuons-nous dans notre paraphrase. Avec Job nous nous émerveillons et nous nous humilions devant tant de grandeur et nous pensons que seul le lecteur de la Bible peut  trouver du sens et de la cohérence dans tout cela.  Mais ce Dieu si grand et si merveilleux  reste  inaccessible à notre pensée. Comment le rejoindre  et devenir son ami ?

Las ! Depuis toujours on nous a appris que ce grand Dieu pouvait être redoutable et qu’il devenait exigent quand il  se rapprochait de nous. Etant lui-même parfait il redoute notre imperfection si bien qu’il  est capable de nous sanctionner  à cause de  notre apathie à nous améliorer. Il voudrait que nous nous repentions sans restriction des fautes commises, même si nous n’en avons pas conscience. Nous pouvons  ainsi à chaque moment encourir son courroux qui nous  pourrait  nous emmener  à la mort.

Etres fragiles et fautifs, nous cherchons cependant à gagner le droit d’exister devant Dieu. Nous avons  cependant appris  que dans sa générosité, il nous le concède par amour si nous acceptons de partager sa manière de voir les choses.  La société religieuse du temps de Jésus était bien organisée pour aider les hommes à fonctionner  dans cet univers où tout était réglé pour que  les humains s’accordent harmonieusement avec leur Dieu. Grâce au ministère  des prêtres et du clergé de leur temps les choses pouvaient entrer dans ordre acceptable.

Jésus, quant à lui,  n’y a pas trouvé son compte. Il a développé son ministère en opposition à ce qui était vécu dans le monde religieux de son temps.  A sa suite les humains ont construit une autre société.  Elle n’était cependant pas absolument différente de la précédente.  Supprimant  les rites des sacrifices  du temple, oubliant une partie des exigences de la Loi,  les humains ont instauré d’autres manières d’être présent à Dieu.  Elles étaient moins contraignantes mais  maintenaient  cependant  les humains en état de dépendance par rapport au divin.  Si Jésus ne se retrouvait pas dans  la première conception des choses s’y retrouverait-il mieux  dans l’autre  que l’on a  tenté de construire à son injonction? Ce n’est  évident.

La première impression que nous retenons de Jésus quand nous  le rencontrons dans les évangiles, c’est qu’il  s’approche des hommes et qu’il  commence par prendre en charge leurs craintes.  Il présente alors Dieu sous un jour  différent de ce que nous avons l’habitude d’imaginer.  «  Pourquoi as-tu peur et de quoi as-tu peur ? » semble-t-il nous dire. « Tu ne sais pas ! Tu n’as pas de réponse, tu crois que c’est Dieu qui en est cause !  Mais Dieu n’est pas ainsi. Il voudrait être ton Père. Il voudrait être ton libérateur. C’est pourquoi il entreprend de combattre contre les peurs  qui te pourrissent la vie, et pour t’aider, il met en toi une partie de son esprit afin de te donner assez d’énergie pour faire face à la vie. »

Tout cela n’est pas vraiment nouveau, tout cela était déjà contenu dans les Ecritures dont les prophètes  ont rendu témoignage au cours des siècles. Mais leur témoignage avait été obscurci  par d’autres propositions concernant  Dieu qui les avaient occultés.  Pourtant Jésus n’a pas hésité, il  a effacé  tous ces contre témoignages qui obscurcissaient les Ecritures et a  donné priorité à ce que Dieu avait à cœur. Il a rappelé  les promesses de vie pour tous et la certitude que Dieu avait  que les hommes étaient capables de se transformer pour construire eux-mêmes le Royaume que Dieu espérait.

Jésus est venu vers ceux qui se sentaient attirés par lui et il continue à venir  vers ceux  qui espèrent en lui.  Jésus bouscule tout ce que les siècles ont rajouté à la loi et ont contribué à la  défigurer. C’est ainsi qu’à titre prophétique, un jour dans le parvis du temple il a  chassé les animaux destinés  aux sacrifices qui  dénaturaient  les vrais enjeux qui se jouaient dans le sansctuaire.  Il offrait ainsi une nouvelle manière de comprendre Dieu, car Dieu se voulait, selon lui, d’abord un libérateur et un pourvoyeur de vie. Jésus proposait le mot amour pour supplanter toutes les attributs dont Dieu était affublés  pour le définir. Sa justice et  sa toute puissance passaient après .C’est ainsi, pour qu’une femme coupable d’un péché passible de mort puisse vivre,  il l’a accueillie avec tellement  d’amour que ses adversaires qui voulaient la punir  en la tuant, en  ont oublié leurs instincts meurtriers.  

Si donc Dieu est pourvoyeur de vie, il ne  peut être associé à ce qui  pourrait mener à la mort, pas même à ce qui pourrait être perçu comme un juste jugement.  Nul alors ne pourra trouver en Dieu la justification de la haine qu’il éprouve pour les autres ni se justifier des violences  qu’il exerce contre ses semblables. Il ne pourra  pas non plus contraindre Dieu à endosser la responsabilité des maladies, ni des catastrophes.  Si les hommes veulent en savoir les origines qu’ils laissent le saint Esprit visiter leur merveilleuse intelligence, peut-être alors verront-ils le monde autrement et du coup, ils verront Dieu autrement.

Ainsi, au contact de Jésus, Dieu nous apparait autrement  que de  la manière dont on le conçoit habituellement. De ce constat va naître un énorme malentendu, car cette manière de voir les choses ne va pas plaire à tout le monde. Ceux qui  se trouvent dans des positions privilégiées et qui pensent que Dieu les conforte dans leur  situation sont dans l’erreur. C’est ainsi que Jésus écartera de  lui un jeune homme plein de bonne volonté qui n’avait pas compris que ses richesses n’étaient pas un don que Dieu lui avait réservé et que s’il voulait rester en accord avec lui, il devait se faire justice à lui-même  et les partager avec plus défavorisés que lui.

Quand on s’attaque aux privilégiés et que l’on dit que Dieu ne trouve pas sa place dans leur camp, on s’attire forcément des inimitiés. Plus ils seront puissants, plus ils feront du mal à ceux qui  les contestent. Tel fut le sort de Jésus et lucidement Jésus a laissé entendre que ce sera aussi le sort de ceux qui partageront ses idées sur Dieu. S’élèveront alors des dissensions, la paix espérée prendra des formes de guerre.  Il n’y aura plus de place dans le monde pour ceux qui préconisent une autre manière de voir Dieu que celle qui consiste à diviser le monde en mettant d’un côté les bien méritants, les bien nés, les bien convertis et en mettant de l’autre ceux qui ne sont pas de cet avis.

Dans une telle perspective et malgré les divisions qu’il suscite dans les rangs de ses adversaires, mais aussi dans les rangs de ses amis, voire même de sa future Eglise, Jésus entrevoyait cependant ce moment où sa conception  de Dieu sera de plus en plus partagée par les humains et où les croyants, malgré les obstacles susciteront des adhésions et où le monde, gagné à la sagesse de Jésus se transformera. Tel est le Royaume dont il parlait, telle est l’espérance dont il accompagnait ses propos, telle est la perspective d’avenir dans laquelle il nous engage à entrer.


Ces petits personnages de Poulbot vivant dans un monde défavorisé, laissent entrevoir par leur sourire  l’espérance d’un monde meilleur.



samedi 24 mai 2014

Matthieu 10:26-33 - le moteur de la Création - dimanche 22 juin 2014



L’opposition entre les êtres et les choses est le moteur de la création



Texte :Matthieu 10/26-33 :



Ne les craignez donc pas ! Rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est secret qui ne sera connu. Ce que je vous dis dans l’ombre, dites-le au grand jour ; ce que vous entendez dans le creux de l’oreille proclamez-le sur les terrasses. Ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais ne peuvent tuer l’âme. ; craignez bien plutôt celui qui peut faire périr âme et corps dans la géhenne. Est-ce que l’on ne vend pas deux  moineaux pour un sou ? Pourtant pas un d’entre eux ne tombe à terre indépendamment de votre Père.



Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés Soyez donc sans crainte, vous valez mieux, vous, que tous les moineaux. Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, je me déclarerai moi aussi pour lui devant mon Père qui est aux cieux ; mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierais moi aussi devant mon Père qui est aux cieux.



N’allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère. On aura pour ennemis les gens de sa maison..



                                                                                                                      Traduction de la TOB


Le monde dans lequel Jésus envoie les siens pour y jeter les bases de son Eglise  ne ressemble en rien à une société préparée  à cette tâche. On verra que l’Eglise garde encore une forte empreinte du monde dont elle est issue. Inutile  de voir dans notre voisin  un confident  susceptible de partager nos secrets puisque tout risque d’être  répété, transformé, amplifié, comme dans une loge de concierge.  Au lieu d’une ambiance fraternelle,  on découvre que tous se font du mal entre eux. Jésus  ne voit pas  dans tout cela les racines d’une paix possible et se met lui-même à faire l’apologie de la guerre.

Surpris par ce climat, nous  cherchons alors notre refuge en Dieu et nous le trouvons occupé à compter les petits oiseaux et les cheveux de notre tête. Déçus, nous constatons que même la paix n’existe pas dans l’univers feutré de notre maison, car nous y trouvons la débandade. Nos ennemis prennent le visage familier de nos proches et, c’est ceux-là même qui  troublent notre univers habituel.  Il n’y a pas de quoi être surpris et notre foi ne nous protège pas de l’hostilité des gens ni même de celle de notre famille !

A quoi bon construire une société nouvelle si elle est destinée à ressembler à l’ancienne ? Les gens à la recherche d’équilibre risquent d’y perdre leur foi. En fait, que nous ayons la foi ou que nous ne l’ayons pas, que nous soyons chrétiens ou que nous ne le soyons pas, le monde dans lequel nous sommes est un monde agité par les discordes, les oppositions et les divisions. Les rivalités sont de règles dans la société des hommes, même parmi  ceux qui sont consacrés à Dieu. Les nations qui se prétendent sages sont plus occupées à se faire la guerre entre elles qu’à se soucier de l’intérêt de leurs peuples. Les milieux religieux n’apaisent pas les tensions, au contraire, chacun trouve dans ses propres convictions des raisons de s’opposer aux autres, et s’il  se trouve en position dominante il les  persécute, car l’homme  qui se prétend au service de Dieu oublie souvent de se mettre à son écoute, c’est pourquoi il semble que Dieu joue le rôle des absents et qu’il parait avoir déserté ce monde.

Et pourtant les apparences sont trompeuses. Jésus va se servir de ce phénomène de division pour en faire un levier pour faire évoluer le monde. Si la société de l’Eglise se meut dans cette société, et si elle lui ressemble, elle n’est pas  seulement cela. Elle a Dieu pour maître, même s’il  semble occupé à des futilités. En fait,  en le décrivant ainsi, Jésus veut nous montrer  qu’il  n’a pas la même façon d’appréhender les choses que nous. Ce qui a de l’importance à ses yeux, n’a pas forcément la même aux yeux des hommes. Le premier effort qu’il va nous falloir faire pour comprendre tout cela consistera à nous mettre en concordance avec lui. Il va falloir que nous fassions un effort pour comprendre le monde, comme Dieu  le conçoit. Mais nous sommes amenés à constater  que nous faisons trop souvent le contraire.

La plupart du temps nous essayons d’entraîner Dieu dans nos propres préoccupations, nous voudrions qu’il pense comme nous. Quand nous le prions,  nous voudrions qu’il partage notre vision des choses. Cependant, c’est à nous  qu’il appartient d’entrer dans la vision du monde  tel que Dieu le veut, c’est à nous de chercher à comprendre le monde tel que Dieu l’a conçu. Il faut donc que nous corrigions notre manière de voir.  Pour y arriver, il faut se mettre en rupture par rapport au monde, accepter sa critique et son rejet au risque d’être incompris par nos proches. Si fidèle à sa vocation, l’Eglise essaye de ressembler à son Seigneur. Elle sera rejetée comme lui.

Nombreux sont les croyants qui n’ont pas hésité  à se mettre en rupture avec le monde où ils vivent pour rester en conformité avec les valeurs qu’ils ont reçues de Dieu.  Il leur a même fallu se mettre en rupture avec leurs proches.. Les Chrétiens cohérents qui  essayent d’inscrire certaines valeurs de l’Evangile dans leur vie se mettent forcément en décalage par rapport à la société  actuelle. Ainsi le choix que nous faisons de Dieu nous entraîne inévitablement à prendre nos distances par rapport à la société au milieu de laquelle nous sommes et à nous mettre volontairement en opposition avec  elle.

Jésus regardait le monde de son temps comme une société injuste, détachée de Dieu et étrangère à l’ordre de la création. Il était clair pour lui que son enseignement ne pouvait pas être accepté par le monde ambiant. Il s’attendait donc à être marginalisé, rejeté même et même éliminé. Pas étonnant alors si les adeptes de Jésus ont été calomniés, ou si on les a persécutés, et si c’est encore leur sort. La paix qu’ils préconisent provoque des violences. Ils doivent  donc s’attendre à avoir le même sort que leur maître.

Le monde n’est cependant pas destiné à continuellement se quereller ni à éternellement se diviser, ni  à provoquer des rivalités entre les hommes, mais c’est quand même un passage incontournable. On ne peut pas vivre l’Evangile sans que des divisions surgissent, mais ces divisions doivent être porteuses d’espérance et doivent servir  à féconder un monde meilleur.

C’est à partir d’une boutade concernant le fait que Dieu compterait les petits oiseaux ou les cheveux de notre tête  que Jésus essaye de nous faire comprendre que les hommes, même les plus modestes sont au centre des préoccupations de Dieu. Aucun humain n’échappe à son attention paternelle. Dans l’ordre normal de la création, l’homme a priorité dans les soucis du Seigneur. Et plus l’homme est victime des autres  ou  du mauvais sort, plus Dieu  désire être proche de lui.

Cependant il est provoquant et incohérent d’affirmer de telles choses. Que l’on cherche à améliorer le sort des prisonniers de droit commun, que l’on milite en faveur des sans-papiers, que l’on demande des aménagements spéciaux pour les infirmes, il y aura toujours des opposants pour critiquer le fondement moral  d’une telle entreprise ou pour critiquer le coût de l’opération ou pour regretter la perte de temps tout en soulignant son manque d’intérêt. Nous savons bien que c’est au nom de l’Evangile que certains militent ainsi et que ce faisant, ils donnent suite à l’enseignement du Christ, mais ce qu’ils ne savent peut être pas c’est que malgré les conflits qu’ils suscitent, ils entrent dans le projet créateur de Dieu.

En effet, les idées et les choses évoluent dans la mesure où elles s’opposent les unes aux autres. C’est en s’affrontant que les idées prennent leur forme et que la vérité finit par trouver sa voie et à s’imposer. C’est en provoquant les oppositions que la plus part  des grandes idées humanitaires ont fini par trouver leur fondement : l’égalité des races, la fin de l’esclavage, les droits de l’homme, la dignité de la femme battue, la lutte pour la fin de l’apartheid. Toutes ces idées se sont opposées à l’origine à l’opinion générale, et la vérité née de l’opposition a fini par s’imposer.

C’est ainsi que L’Ecriture conçoit  la création du monde. Le livre de la Genèse nous raconte  que Dieu crée en séparant les choses entre elles et en les opposant. Il sépare le jour de la nuit, le ciel de la terre. La création se fait par la division. La nature elle-même procède de la même manière. C’est à partir de la division cellulaire que se construit chaque espèce. L’homme qui se sépare de son Père et de sa Mère pour s’unir à celle qui aussi   s’est séparée de sa propre famille  devient créateur d’une nouvelle cellule familiale avec elle.  Ne soyons donc pas inquiets si les idées créent des oppositions, car c’est ainsi qu’elles deviendront des évidences et que le monde entrera dans l’ordre normal de la création. Heureuse la femme et heureux l’homme qui par fidélité à leur Seigneur acceptera d’y participer.


Illustrations :Bible de Souvigny XII eme siècle  Médiathèque de Moulins

dimanche 18 mai 2014

Jean 3:16-18 L'amour de Dieu pour le monde - dimanche 15 juin 2014



Jean 3/16-18

16 Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en lui, ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle.

17 Dieu en effet n’a pas envoyé son fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.

18 Celui qui croit en lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé parce qu’il n’a pas cru u nom du fils unique de Dieu


Pour peu que l’on fasse une pause de quelques instants pour contempler ce monde dans lequel nous vivons, nous finirons bien vite par découvrir qu’il est surprenant. Il est surprenant par sa beauté et par sa variété, il est surprenant par sa complexité aussi. Pour s’en rendre compte, il suffit de songer au nombre des espèces qui cohabitent sur notre terre? Il est fantastique. Le monde de l’infiniment petit est aussi stupéfiant que le monde de l’infiniment grand. Le microscope le plus sophistiqué n’arrive pas à rendre compte des structures les plus secrètes de la matière. Le télescope le plus puissant ne parvient pas non plus à atteindre les limites des galaxies. Que l’on s’émerveille ou que l’on s’en étonne, on aura cependant du mal à répondre à la question : à quoi tout cela sert-il ?

Si cela est le fruit du hasard, on peut considérer que c’est bien fait, et s’il y a un créateur à l’origine de tout cela on peut alors se demander quel intérêt il y trouve. Depuis toujours les êtres humains retournent ces questions sans vraiment trouver de réponse satisfaisante. Chose curieuse cependant, l’être humain est le seul à pouvoir se poser de telles questions. Cette simple remarque change-t-elle quelque chose au problème ?

Bien sûr que non répondent les uns, tandis que les autres, avec la même logique, affirment le contraire. En fait le seul fait de pouvoir s’interroger sur le sens des choses du monde suffit à justifier l’hypothèse selon laquelle tout cela a du sens. Il suffit qu’un seul être se mette à penser pour que tout ce système devienne cohérent. Ainsi, à peine l’esprit humain se me-il en mouvement que l’univers entier se met à prendre du sens, comme si notre pensée devait servir de moteur au monde.

L’univers serait absurde, s’il n’y avait personne pour prendre conscience de sa réalité. Mais une fois ce constat établi, peut-on aller plus loin ? Le monde est-il soumis au hasard d’une évolution complexe ou y a-t-il un être supérieur qui oriente son devenir ? L’harmonie de tout cet ensemble pourrait bien être alors liée au mélange des deux. L’observateur rationnel ne peut aller plus loin dans son constat. Mais sa pensée, toujours en mouvement le pousse alors à formuler des théories plus ou moins élaborées pour aller plus loin.

Pourtant, alors que les lois de l’évolution le poussent à constater que la raison du plus fort est toujours la meilleure et que c’est toujours le dominant qui a raison du plus faible, force est pour l’homme de réaliser qu’il est habité par un sentiment contraire. En effet, il est entraîné par une force mystérieuse à s’intéresser à ses semblables et, chose encore plus étrange, à prendre partie pour ce qui est faible et à protéger ce qui est vulnérable. Il a vite fait de constater que ce sentiment qu’on appelle l’amour et qui préside aux règles de la reproduction va plus loin encore. Il ne le pousse pas à s’attacher aux autres seulement pour assouvir ses pulsions sexuelles, mais  son intérêt pour les autres l’entraîne à aller plus loin. Là est peut être la clé de l’énigme.

Comment peut-on éprouver de l’intérêt pour les autres, si ce n’est pour assouvir ses instincts ? Ce sentiment n’étant pas naturel à l’homme, il lui vient forcément d’ailleurs. C’est en creusant ce mystère que les hommes font la découverte selon laquelle il existe une réalité, au-delà d’eux-mêmes qui ne se confond pas avec le monde, puisqu’elle leur inspire des sentiments contraires aux règles de la survie des espèces. Il y a donc antagonisme entre cette réalité qu’ils découvrent peu à peu et les lois qui semblent présider à l’évolution du monde.

Dieu, puisqu’il faut bien l’appeler ainsi, ne se confond pas avec le monde, puisqu’il s’oppose à lui et semble vouloir le faire évoluer dans une direction qui ne lui serait pas naturel.

Depuis que les hommes ont développé leur capacité de penser, ils ont en même temps découvert qu’ils étaient habités par un sentiment qui ne leur était pas naturel et qui les poussait parfois à agir dans une direction qui ne servait pas leurs intérêts mais les intérêts des autres. C’est à partir de ce constat que certains ont compris le sens de leur présence au monde. Ils ont pris conscience qu’ils étaient des instruments que Dieu avait choisis pour infléchir le sens de l’évolution du monde et pour agir sur lui. Ils recevaient vocation de modifier les règles naturelles de l’évolution car à force de vouloir sans cesse dominer les plus faibles, les plus forts finiraient par détruire ceux qu’ils dominent et disparaîtraient à leur tour, faute d’avoir plus personne à dominer.

Arrivés à ce constat, nous recevons de l’Evangile cette affirmation selon laquelle Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui, ne périsse pas mais reçoive la vie éternelle.

Il a fallu des siècles, il a fallu des interventions multiples de Dieu dans le cœur des hommes, il a fallu beaucoup d’incompréhensions, des erreurs nombreuses, des échecs de toutes sortes pour que l’espèce humaine comprenne que la règle qui doit présider à l’évolution est liée au respect de la vie des autres. Darwin, n’avait pas compris cela. C’était pourtant inscrit dans l’ordre de la révélation, mais les chrétiens l’ont combattu au lieu d’aller encore plus loin que lui dans ses déductions.

Aujourd’hui, a-t-on vraiment compris cela ? Un simple regard sur nos sociétés nous laisse comprendre qu’il y a encore un long chemin à faire, car une telle idée ne fait toujours pas partie du mode de pensée de la majorité des humains - de la majorité des chrétiens pourrais-je dire-. La logique, si non la vertu, semble nous dire que c’est dans ce sens qu’il faut aller sous peine de disparition de notre espèce. Si l’espèce humaine venait à disparaître, le monde n’aurait plus de sens, puisqu’il n’y aurait plus personne, en tout cas sur terre, pour penser à son sujet.

A la lumière de ce constat, l’Evangile nous laisse entendre que Dieu prend un gros risque en proposant une évolution de l’humanité en contradiction avec les règles du monde. Il se jette dans cette aventure sans avoir prévu de plan de sauvegarde en cas d’échec. C’est ce que veut signifier Jésus quand il dit que Dieu a donné son fils unique. Cela veut dire que Dieu s’est donné tout entier dans ce programme d’amour et qu’il n’y a pas d’autre solution au cas où l’amour ne permettrait pas une évolution harmonieuse de nos sociétés. Jésus montre par-là, la dimension de la confiance que Dieu fait aux hommes en faisant le pari de l’amour comme unique programme d’évolution possible pour l’humanité.

Dieu croit en l’homme au point de tout lui sacrifier, y compris l’avenir du monde. C’est à croire même, qu' en cas d’échec de l’humanité à réaliser une évolution harmonieuse, Dieu lui-même en pâtirait au point de ne plus exister. La fin de l’humanité signifierait du même coup la fin de Dieu, en tout cas tel que nous le connaissons, et par voie de conséquence ce serait vraiment la fin du monde.

Tout cela nous amène à nous situer d’une façon nouvelle par rapport à la théologie traditionnelle qui place en l’homme l’origine de tous les maux et qui fait du péché la rupture entre Dieu et l’humanité. Il a donc fallu a Jésus une audace considérable pour prendre à rebours la théologie traditionnelle de son temps et de lancer l’idée selon laquelle, Dieu ferait de l’homme son collaborateur pour donner du sens au monde. Selon cette approche, le péché n’est plus ce qui entraînerait le monde à sa perte, le péché serait désormais ce qui empêche l’homme d’entrer dans le programme que Dieu lui propose pour le salut du monde.

Dieu inscrit l’homme dans un projet de vie dans lequel il doit entrer pour que le monde soit sauvé. La condition essentielle pour que ce projet aboutisse est liée à l’amour que les hommes sauront se manifester les uns pour les autres. Dieu a fait le pari fou de croire que ce projet peut se réaliser.