jeudi 15 décembre 2011

Jean 1: 35-42

Dimanche 15 janvier 2012


Viens et vois


Jean 1/35-42 La péricope proposée par a liste de lecture s’arrête au verset 42, mais il est plus cohérent de lire le texte jusqu’au verset 51

Les premiers disciples de Jésus

35 Le lendemain, Jean était de nouveau là, avec deux de ses disciples. 36 Quand il vit Jésus passer, il dit : « Voici l'Agneau de Dieu ! » 37 Les deux disciples de Jean entendirent ces paroles, et ils suivirent Jésus. 38 Jésus se retourna, il vit qu'ils le suivaient et leur demanda : « Que cherchez-vous ? » Ils lui dirent : « Où demeures-tu, Rabbi ? » — Ce mot signifie « Maître ». — 39 Il leur répondit : « Venez, et vous verrez. » Ils allèrent donc et virent où il demeurait, et ils passèrent le reste de ce jour avec lui. C’ était environ la dixième heure. ( 5 heures) 40 L'un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et avaient suivi Jésus, était André, le frère de Simon Pierre. 41 La première personne que rencontra André fut son frère Simon ; il lui dit : « Nous avons trouvé le Messie. » — Ce mot signifie « Christ ». — 42 Et il conduisit Simon auprès de Jésus. Jésus le regarda et dit : « Tu es Simon, le fils de Jean ; on t'appellera Céphas. » — Ce nom signifie « Pierre ». —

Philippe et Nathanaël

43 Le lendemain, Jésus décida de partir pour la Galilée. Il rencontra Philippe et lui dit : « Suis-moi ! » 44— Philippe était de Bethsaïda, la localité d'où provenaient aussi André et Pierre. — 45 Ensuite, Philippe rencontra Nathanaël et lui dit : « Nous avons trouvé celui dont Moïse a parlé dans le livre de la Loi et dont les prophètes aussi ont parlé. C'est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth. » 46 Nathanaël lui dit : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » Philippe lui répondit : « Viens, et tu verras. » 47Quand Jésus vit Nathanaël s'approcher de lui, il dit à son sujet : « Voici un véritable Israélite ; il n'y a rien de faux en lui. » 48 Nathanaël lui demanda : « Comment me connais-tu ? » Jésus répondit : « Je t'ai vu quand tu étais sous le figuier, avant que Philippe t'appelle. » 49 Alors Nathanaël lui dit : « Maître, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d'Israël ! » 50 Jésus lui répondit : « Ainsi, tu crois en moi parce que je t'ai dit que je t'avais vu sous le figuier ? Tu verras de bien plus grandes choses que celle-ci ! » 51 Et il ajouta : « Oui, je vous le déclare, c'est la vérité : vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l'homme ! »

Nathanaël sous le figuier de James Tissot

Sur les rives du Jourdain, en plein désert de Judée, le printemps s'annonce déjà. Les, pèlerins s'apprêtent une fois encore à monter à Jérusalem pour la fête de Pâques. Dans ce pays meurtri par tant de vicissitudes, le rythme de l'habitude donne une illusion de paix. Tout recommence cette année là encore, comme l'année précédante et pourtant nul ne sait que le vin nouveau se prépare à couler. Dieu est en train de sceller une nouvelle alliance avec son peuple. Tout va commencer à Cana dans le récit qui fait suite à celui que nous venons de lire.

Pour lors c'est le soir du grand soir sans que personne ne s'en doute encore. Il ne s'agit pas de cet événement tant redouté qui annonce le moment où les forces populaires de jadis devaient inaugurer l'avènement d'une aire de prospérité et de bonheur pour les masses laborieuses de tous les pays. Ce ne sont pas les masses prolétaires qui vont agir ici agir ici, mais Dieu lui-même et sans violence. Nul ne le sait encore, mais les acteurs de l'événement le pressentent. Dans le soir qui va tomber la première phrase de l'Evangile est en train d'être prononcée: c'est une invitation à qui veut l'entendre : "Viens et vois;" Où aller? Que voir?


C'est la dixième heure, 5 heures de l'après- midi, le five o'clock britannique, l'heure où tout s'arrête dans les pays civilisés pour faire la pause et se préparer à la soirée. Dieu profite de ce temps de pause. Deux hommes viennent de quitter Jean le baptiste qui a annoncé violemment la venue d'un temps nouveau à coup d'immersions et de paroles retentissantes. Il a pointé le doigt en direction d'un inconnu à qui il a attribué prophétiquement la vocation d'être l'agneau du sacrifice.

L'annonce de la paix avec Dieu et de la réconciliation éternelle avec le Tout Puissant est donc accompagnée par l' annonce prophétique d'une violence dont cet homme que personne ne connaît encore fera les frais. Il porte en lui la paix de Dieu, il est revêtu de "l'aura" du Messie, mais pour que cela se produise, il faudra que toutes les violences contenues, toutes les agressivités rentrées, tous les péchés ignorés se concentrent contre lui afin que par sa mort, il exorcise à tout jamais toutes les agressions commises contre Dieu et commises contre les hommes. C'est ce que nous rappelons à chaque culte quand nous vous annonçons l'absolution de vos péchés.

Avertis par Jean baptiste que l'espérance était devant eux, 2 hommes se mettent à suivre Jésus, et Jésus, sans qu'ils ne le sachent déjà, les a déjà pris en charge. Ils suivent Jésus, mais c'est Jésus qui les attire. Au contact de Jésus, c'est toujours ainsi que cela se passe, on le suit de son plein gré mais c'est cependant lui qui a provoqué notre mouvement à le suivre jusque dans son intimité. Le « chez moi » de Jésus devient leur chez eux, il les prend avec lui pour la nuit tant redoutée du désert jusqu'au lendemain où il décide de partir avec eux, chez eux vers Bethsaïda en Galilée.

Tout chrétien retrouve là sa propre histoire. Cet attrait irrésistible pour Jésus que l'on suit librement, cette sécurité qu'il nous prodigue dans notre nuit et cet itinéraire que l'on suit en sa compagnie jusque dans notre propre maison, dans nos occupations et dans notre travail , tout cela fait partie de l'histoire de chacun. Cette aventure de Jésus qui nous prend chez lui pour nous accompagner jusque chez nous est offerte à quiconque entend Jésus lui dire, comme aux deux hommes :" viens et vois."

Cette aventure ne se limite pas à notre confort spirituel ou matériel. Nous sommes provoqués dans notre être profond, car Jésus ne s'accommode ni de la passivité ni de l'ordre établi. Il nous entraîne avec lui alors qu'il nous accompagne chez nous, et c'est lui qui gère notre aventure, même s'il nous laisse libres de nos actions. "Viens et vois" dit-il aux deux hommes, nous apprendrons par la suite qu'ils sont André frère de Simon et peut être Jean dont l’Évangile porte le nom.

A peine se mettent-ils à partager la vie de Jésus, ou à peine Jésus a-t-il commencé à partager leur vie que la fébrilité les prend et ils se mettent à rassembler autour du maître les nouveaux venus. Ils sont comme eux venus au désert écouter Jean Baptiste, comme eux ils sont avides d'absolu et de nouveauté. A peine sont-ils en contact avec Jésus que quelque chose de nouveau se produit pour eux. C'est Simon dont Jésus change tout de suite le nom,:" tu t'appelleras Pierre", c'est Nathanaël oublié par l'histoire, qu’il projette au premier rang en révélant à tous sa droiture :"voici un juif dans lequel il n'y a pas de fraude. Rien n'échappe à Jésus. Il connaît la vérité de chacun, même si chacun fait des efforts pour la dissimuler. Par avance, au seuil d'une longue aventure avec Jésus, nous avons l'assurance qu'il nous connaît et que rien ne peut lui être caché. Même sous le figuier, n'avait-il pas repéré Nathanaël. N'a-t-il pas repéré toi qui es assis ici dans ce sanctuaire. Et à toi comme jadis il avait dit aux futurs apôtres: "Viens et vois".

A celui qui a envie de se lover dans la sérénité de Dieu, à celui qui a envie de la douceur d'une existence calme et sans histoire, à celui qui désespère et qui voudrait comme Nicodème refaire machine arrière et revenir dans le sein de sa mère, Jésus dit :" viens et vois". Décevant non? Deux verbes, d'action, deux invitations à faire quelque chose. La première peut paraître simple :
- Viens : c'est le verbe venir, il s'agit de se mettre en mouvement à la suite de Jésus qui prend la responsabilité de l'action où il nous entraîne. En toute sécurité, nous pouvons donc venir quand Jésus nous appelle, car il sait où il nous entraîne et nous pouvons avoir confiance, car nous savons que ce sera bon pour nous.
- Vois: du verbe voir. Ce verbe pose d'autres problèmes, car on ne voit pas d'une manière neutre, et personne ne peut voir pour nous. L'image que reçoivent nos yeux laisse une empreinte sur notre rétine et nous devons l'interpréter. Nous voyons non seulement avec nos yeux mais avec nos facultés d'interprétation, c'est à dire notre intelligence. C’est dans la manière dont nous interprétons l’image que se crée une émotion en nous. Cette émotion provoque notre action ou notre réaction.

Elle mobilise notre conscience et notre intelligence sans que personne d'autre que nous en prenne la décision ou l'initiative. En face de ce que nous voyons nous réagissons en fonction de notre sensibilité. Par le fait que Jésus nous invite à voir, il nous rend responsables des actions que nous décidons, ou ne décidons pas de faire.

Chaque jour, nous voyons tant de choses qui ne vont pas, qui ne correspondent pas avec ce que nous savons du désir de Dieu. Il y a tant d'images choquantes et violentes que nous ne savons pas où donner de l'action. Chaque dimanche les prières d’intercession dites au cours de nos cultes font état de ces images choquantes. Au lieu de nous apaiser, elles nous culpabilisent à cause de la médiocrité décourageantes des réponses que nous donnons ou à cause de la passivité affligeante de nos inactions. Ce qui se voit et notre impuissance à y remédier provoque en nous-mêmes des insatisfactions telles que nous les retournons contre Dieu lui-même : "si Dieu existait, il n'y aurait pas tant de violence " ! Voila, c’est dit.

Mais, ce n'est pas Dieu qui crée la violence, il ne la veut pas et la subit avec nous. C'est ce que signifie l’Évangile quand il nous dit qu'en mourant, Jésus accepte de drainer en lui toutes les violences pour nous permettre de les dépasser, aussi bien les violences qui sont en nous que celles des autres ou celles du monde.

En les assumant, Jésus  n'a pas d'autre but que de nous le faire voir le monde  comme Dieu voudrait que nous le voyons. Quand nous aurons vu, nous comprendrons que la construction de ce monde idéal est possible pour celui qui croit. Nous ne devons plus rester dans l’aridité du désert sans espérance, où nous nous complaisons parfois pour nous engager résolument dans sa transformation radicale, même si les paroles humaines de ceux qui nous entourent nous disent que c’est impossible.

mercredi 14 décembre 2011

Ephésiens 3:2-6


Chétiens et Païens: dimanche 8 janvier 2012

1 A cause de cela, moi, Paul, le prisonnier de Jésus-Christ pour vous, les non-Juifs... 2 si du moins vous avez entendu parler de l'intendance de la grâce de Dieu qui m'a été accordée pour vous. 3 C'est par révélation que le mystère a été porté à ma connaissance, comme je viens de l'écrire en quelques mots. 4 En lisant cela, vous pouvez comprendre l'intelligence que j'ai du mystère du Christ. 5 Ce mystère n'avait pas été porté à la connaissance des fils des hommes dans les autres générations comme il a été révélé maintenant par l'Esprit à ses saints apôtres et prophètes : 6 à savoir que les non-Juifs ont un même héritage, sont un même corps et participent à la même promesse, en Jésus-Christ, par la bonne nouvelle 7 dont je suis devenu ministre, selon le don de la grâce de Dieu qui m'a été accordée par l'opération de sa puissance.

Si j’en crois l’apôtre Paul, païens et chrétiens, juifs et non juifs, croyants et incroyants ont une commune vocation qui leur vient de Dieu. L’Evangile de Jésus Christ les inscrit tous dans une même promesse. Mais est-il aussi facile de faire des distinctions significatives entre croyants et non croyants, chrétiens et païens. Le monde de pensée de nos contemporains est beaucoup plus confus que dans l’antiquité. Les uns se disent croyants, voire même pratiquants, mais quand ils formulent les caractéristiques de leur foi on n’y retrouve pas forcément la marque de l’espérance que Jésus Christ a voulu pour tous les hommes. Par contre cette espérance est parfois présente dans les propos de ceux qui se disent athées ou sans religion. Comment s’y retrouver ?

On est sans doute en droit de se demander où est la différence entre le monde des chrétiens et celui des païens sans être sûr d’y arriver. Les Chrétiens croient qu’ils trouvent en Jésus Christ le fondement de leur foi et de leur espérance ! Mais que de propos désabusés dans leurs rangs. Pourtant, si en théorie on repère assez bien les Chrétiens, les Païens sont plus difficiles à définir. Il y a bien sûr ceux qui se réclament d’une autre foi ou d’une autre spiritualité que la nôtre et qui s’appuient sur des révélations différentes. Sont-ils pour autant à classer parmi les païens ? En tous cas ils s’en défendent.

Il y a ceux qui disent croire en quelque chose, c’est une formule qui aujourd’hui fait tendance, sans savoir vraiment à quoi ils se réfèrent, mais ils se défendent de toute pratique religieuse. Sont-ils à classer parmi les païens ? Il y a aussi des gens qui se disent chrétiens et convaincus du salut en Jésus Christ mais qui mettent leur espérance dans leur fortune, dans leur parti politique, dans la technique, le savoir ou les sciences. Sont-ils encore chrétiens ou déjà païens ? Mais l’apôtre nous dit que tous sont les destinataires d’une même promesse.

Sans doute, ce n’est pas en raisonnant ainsi que nous découvrirons quelle est la bonne nouvelle pour le monde des païens sans vraiment savoir ce qui les caractérise. La bonne nouvelle qui les concerne, nous concerne aussi et dépasse tous les clivages que nous pourrions inventer. Cette bonne nouvelle nous la découvrirons dans le fondement de notre foi. Ce qui est fondamental pour nous et ce qui est porteur d’espérance doit l’être également pour tous les hommes. C’est donc dans cette direction que nous allons essayer de chercher.

En cette période de l’année, il est d’usage de formuler des vœux à l’intention des autres. Le vœu que tout le monde formule et sur lequel on insiste lourdement c’est celui de la bonne santé. Mais il me semble que ce souhait qui revient d’une manière récurrente cache une angoisse. Cette angoisse n’est pas seulement liée à la santé, elle est liée à l’espérance, ou plutôt au manque d’espérance que nous avons dans la vie. Nos contemporains, aujourd’hui, plus que jamais sont angoissés face à l’avenir et à la mort car ils ne savent pas ce qu’il y a derrière, ils ne savent plus ce que contient l’espérance chrétienne et faute de dire leur peur, ils la conjurent en imaginant qu’ils peuvent en faire reculer l’échéance en se maintenant en bonne santé.

Que les hommes soient inquiets, ce n’est pas nouveau. Cela semble même faire partie du fondement de la société humaine. Depuis que les hommes ont cherché à s’exprimer en décorant les murs de leurs cavernes, et en signant leurs œuvres de l’empreinte de leurs mains ils ont exprimés disent les spécialistes leurs angoisses métaphysiques. La relation avec les divinités les plus primitives est toute imprégnée d’angoisse. Depuis toujours le monde des humains a été habité par des divinités dont il fallait conjurer les sentiments hostiles pour vivre en bonne harmonie avec elles. Pourtant toute une partie du message biblique a contredit ces affirmations. Jésus a enseigné le contraire, et nous y reviendrons tout à l’heure. Mais l’enseignement de l’Eglise a été différent. La peur du jugement a hanté le haut Moyen Age, les Réformateurs n’ont pas levé l’angoisse, ils ont simplement déplacé le problème en insistant sur le poids du péché qui a éclipsé les promesses de la grâce. L’inquisition en a rajouté une couche en promettant l’enfer aux hérétiques, aux infidèles ou aux incroyants dont ils recevaient un avant goût dans les bûchers érigés à leur intention.

Pour conjurer les angoisses les hommes ont alors répondu par la rigidité de la morale, ou par des pratiques religieuses qui devenaient contraignantes sous prétextes d’être libératrices. Certes Jésus n’avait pas voulu cela, il était présenté comme un libérateur des angoisses, mais les hommes ont continué à cultiver la crainte comme par atavisme.

Le monde où nous vivons ne s’est pas forcément appuyé sur son enseignement. Pour exorciser ses peurs il a chassé Dieu de son univers mais la peur est restée. Nous continuons à nous donner l’illusion de croire que la science et la technique vont permettre de surmonter tous les obstacles mais force nous est donnée de constater que l’homme ne maîtrise pas l’avenir. Il s’affirme comme un technicien prodigieux, mais il ne maîtrise pas l’avenir. Cela ne rassure personne. Il se trouve impuissant devant des virus dont il ne sait pas contrôler les mutations. Il visite les astres lointains mais il est incapable de vérifier s’il ne les contamine pas par ses propres bactéries. Pour maintenir un confort chèrement acquis il compromet l’avenir de la planète si bien que l’humanité a toujours peur.

Si les dieux, qui n’en faisaient qu’à leur guise ont été remplacés aux commandes du monde par les hommes rien de pourtant fondamental n’a vraiment changé. Et pourtant tout doit changer affirmait Jésus.

Si vous ne changez pas disait-il à ceux qui étaient à ses côtés vous mourrez tous. C’est par ces mots qu’il commentait un événement de la vie quotidienne. Une tour venait de s’effondrer tel le toit d’un supermarché surchargé de neige. Malgré ses propos provoquants son discours était plein d’espérance parce qu’il était lié à la nécessité d’un changement profond dans la vie intérieure des hommes. Ce changement était l’œuvre de Dieu, ce même Dieu dont l’Ecriture rendait témoignage mais que les hommes méconnaissaient et continuent sans doute à méconnaître.

Il parlait d’un Dieu qui venait vers les hommes et qu’il reconnaissait comme son Père. Il prétendait qu’il donnait du sens à ce monde, malgré les apparences. Jésus faisait ainsi une relecture des Ecritures et grâce à elle il constatait que depuis Moïse, et même avant lui Dieu était venu vers les hommes comme celui qui habite les forces de vie du monde. Il soufflait sur les humains un esprit qui leur donnait de l’énergie. Dieu se servait du génie de chacun pour donner du sens à ses projets. Si Moïse n’avait pas été habité par ce souffle, si son peuple ne l’avait pas reçu comme porteur d’une grâce venue de Dieu, les Hébreux seraient encore tous en Egypte en train de casser des cailloux ou de faire des briques. Dieu vient ainsi donner de l’espérance à des hommes sur qui il envoie son esprit pour la réaliser !.

A la suite de Jésus, l’Evangile affirme que tous les hommes ont la possibilité de se placer sous le souffle de Dieu pour qu’il les habite et les transforme. Païens et incroyants, fidèles et pêcheurs, Dieu leur permet de se laisser porter par lui pour donner du sens à l’avenir qu’il veut que nous construisions avec lui. Nous reconnaissons l’esprit de Dieu dans la puissance de vie qu’il communique à tous. Jésus nous enseigne à le repérer dans les valeurs d’amour qu’il met en nous

Si vous croyez que l’esprit de Dieu vous remplit d’éternité sans que la mort ne vous atteigne, si vous croyez que Dieu vient habiter les projets de tous ceux qui se sentent responsables, si vous croyez que Jésus a balisé le chemin de l’espérance en défiant la mort , alors, vous cesserez de regarder votre propre vie avec inquiétude, vous cesserez d’avoir peur pour l’avenir du monde et vous goûterez de la résurrection avant même que la mort ne vous touche de son aile.

Cette espérance, offerte à tous vous est donnée, mais elle doit se construire jour après jour. On ne peut la vivre vraiment qu’en partageant l’intimité de Dieu dans la prière et l’écoute de la parole, mais ça, c’est un autre chapitre.


Les illustrations sont de Hélène Serre pour les épîtres de Paul

jeudi 8 décembre 2011

Luc 2:16-21

Naissance de Jésus: Dimanche 1 janvier 2012

Luc 2 :16-21 15 Lorsque les anges les eurent quittés pour retourner au ciel, les bergers se dirent les uns aux autres : « Allons donc jusqu'à Bethléem : il faut que nous voyions ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître. » 16 Ils se dépêchèrent d'y aller et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans la crèche. 17 Quand ils le virent, ils racontèrent ce que l'ange leur avait dit au sujet de ce petit enfant. 18 Tous ceux qui entendirent les bergers furent étonnés de ce qu'ils leur disaient. 19 Quant à Marie, elle gardait tout cela dans sa mémoire et y réfléchissait profondément. 20 Puis les bergers prirent le chemin du retour. Ils célébraient la grandeur de Dieu et le louaient pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu, car tout s'était passé comme l'ange le leur avait annoncé. 21 Le huitième jour après la naissance, le moment vint de circoncire l'enfant ; on lui donna le nom de Jésus, nom que l'ange avait indiqué avant que sa mère devienne enceinte.

Voici qu’une nouvelle année s’ouvre devant nous et nul ne sait ce qu’elle sera. Mais nous pouvons déjà dire qu’elle sera telle que nous l’avons préparée avec l’œuvre du hasard en plus. L’année qui s’ouvre portera en elle toutes les promesses que nous avons reçues dimanche dernier le jour de Noël. A Noël, nous avons proclamé, que Dieu avait fait irruption dans la société des hommes pour les accompagner sur le chemin de leur histoire. Une fois encore nous nous sommes réjouis du fait que Dieu n’habitait pas au ciel, qu’il n’était pas dans un au-delà lointain et inaccessible, mais qu’il était présent dans l’intimité quotidienne de chaque individu. Ainsi il bousculait chacun de nous dans sa vie ordinaire pour vivre avec lui une intimité parfois déroutante par laquelle il invitait chacun à prendre sa part dans la construction d’une société plus juste.

Dieu engageait les hommes à édifier sur terre les prémices de ce Royaume que Jésus était venu annoncer. Nous avons tous entendu cet appel, nous en avons été émus et nous allons nous efforcer d’y répondre, si bien que l’année s’ouvre sous de bons auspices. Nous pouvons donc nous souhaiter à tous et à toutes une bonne année.

En fait, avons-nous vraiment été sensibles à tout ce que je viens d’évoquer ? Comment nous situons-nous par rapport à ce qui vient d’être dit ? Nous avons plutôt été sensibles aux sirènes alarmistes annonçant une année de crise et d’immobilisme ? Une fois encore, pour étouffer les mauvaises nouvelles qui nous viennent de la société des hommes, nous avons plus tôt préférés nous occuper de l’aspect festif de Noël. C’est sans doute le souci des cadeaux à offrir qui a pris le dessus sur le souci de l’annonce de la « bonne nouvelle » de la venue de Dieu dans la société des hommes. Si nous sommes allés au Temple ou à l’Eglise ce jour là ce sont les chants de Noël qui nous ont sans doute attendris, plus que le sermon qui, à n’en pas douter, était peut-être plus culpabilisant que réconfortant.

Il y a un décalage entre le sens premier de Noël et la fête telle que nous la célébrons. Les prédicateurs le déplorent, mais n’y peuvent rien. Nous en avons fait une fête qui correspond davantage à nos souhaits qu’à ce que les évangélistes voudraient que nous comprenions. On a cultivé l’illusion que l’enfant-dieu descendu du ciel allait tout changer dans le monde. Et puisque ça ne se réalise pas, on a accolé à l’enfant Jésus un compagnon rondouillard qui est sensé accomplir tous les vœux que Dieu lui-même n’a jamais exhaussés. Ainsi corrigé par la légende, Noël devient accessible aux enfants de moins de 7 ans qui y croient encore. Pour les autres, ceux qui ont de 7 à 77 ans, c’est une autre histoire.

Aurait-on pu éviter ce dérapage ? Non seulement il n’était pas prévisible, mais les récits de Noël que nous lisons dans les Evangiles semblent avoir soigneusement été écrits pour éviter que ce cafouillage ne se produise.

Il ne vous a pas échappé, que le plus ancien des Evangiles, celui de Marc ne parle pas de la naissance de Jésus, celui de Jean, le plus récent, non plus. Quant à Matthieu et à Luc, ils ont raconté l’un et l’autre deux événements totalement différents concernant la naissance de Jésus. On a pris l’habitude de les harmoniser si bien qu’on ne sait plus très bien ce qui appartient à l’un ou à l’autre. A Luc appartient le récit de l’annonciation, de la visitation, des bergers, de l’enfant déposé dans la crèche. Pas de bœuf ni d’âne qui sont des ajouts très tardifs qui n’appartiennent pas à nos Evangiles. A Matthieu appartient le récit des Mages, le massacre des innocents, la fuite en Egypte. Pas de bergers, pas de crèche, pas d’anges dans nos campagnes.

Pourquoi raconter deux histoires qui n’ont rien de commun l’une avec l’autre ? Laquelle nous dit la vérité ? Sans doute est-il plus simple de penser qu’elles disent toutes les deux la vérité, mais que cette vérité n’est pas historique, elle est allégorique. Elles n’ont pas forcément été écrites pour que les grand-mères puissent émerveiller leurs petits enfants en les leur racontant. Elles contiennent une vérité théologique dont nous allons essayer de rendre compte.

En fait dès les tout débuts de l’Eglise, certains courants religieux avaient eu tendance à faire de Jésus un être céleste, un super archange qui n’avait d’humain que l’apparence. Selon cette tradition, il n’aurait pas souffert de la passion et ne serait pas vraiment mort. Il était urgent de rétablir la vérité sur l’humanité de Jésus. C’est ce à quoi se sont attachés les auteurs de l’Evangile de Luc.

La prétention royale de Jésus était-elle une légende ? Jésus était-il le Messie d’Israël issu de la ligné de David ? Il avait été ignoré par les juifs mais reconnu par les païens. Ce sont ces mêmes païens qui constituaient le noyau dur des Eglises dressées en terre païennes. Il n’est donc pas étonnant que l’Evangile Matthieu, rédigé sans doute en Asie Mineure se soit efforcé de rendre compte de cet héritage messianique de Jésus en racontant les récits de l’enfance tels qu’il les rapporte.

C’est l’Evangile de Luc qui nous interpelle ce matin. Il nous invite à la rencontre de Marie. Il en a fait l’héroïne de son récit de l’enfance, afin de nous rappeler que Jésus était bien un homme né d’une femme. Si les anges descendent du ciel au moment de sa naissance, ils se tiennent à distance et ne jouent aucun rôle dans le récit. Par contre, c’est le petit peuple des bergers qui vient à lui. Ce sont eux, les bergers et eux seulement qui forcent les portes de l’étable pour saluer l’enfant couché dans la mangeoire. L’événement ne raconte rien autre qu’une simple naissance en milieu populaire. Quant aux légions d’anges dont on a parlé, elles sont juste mentionnées, pour dire que Dieu est quand même concerné par cette histoire, mais son rôle sera pour plus tard.

En attendant, c’est une femme, dont les théologiens feront une image de l’Eglise qui remplit le premier rôle. Elle ne prononce pas un mot, mais elle a pris l’enfant en charge. Elle aura pour tâche de le faire grandir sans comprendre vraiment la portée de sa mission. Elle l’aimera de tout son cœur de mère et elle souffrira à cause de lui parce qu’elle ne comprendra pas pourquoi il la rejettera quand elle essayera d’intervenir dans sa vie pour le guider sur le chemin des hommes. « Il faut que je m’occupe des affaires de mon Père » dira-t-il à sa mère inquiète pour justifier une fugue d’enfance auprès des docteurs de la Loi. « Qui est ma mère ? » lui sera-t-il dit une autre fois alors qu’elle cherchait à le rencontrer pour trouver de la cohérence à son comportement inexplicable pour elle.

Pourtant Jésus ne rejettera personne, et surtout pas sa mère, mais il devait la remettre dans son rôle quand elle cherchait à lui dire ce qu’il devait faire. Ces paroles sont d’ailleurs adressées plus à l’Eglise naissante qu’à Marie elle-même. Fils d’homme au milieu des hommes, Jésus ne se laisse pas écarter de sa vocation, ni par sa mère, ni par son Eglise. Cette Eglise dont nous sommes, aurait tendance à chercher à enfermer Jésus dans le ciel où elle voudrait qu’il s’occupe de la survie des âmes et de leur résurrection.

Quant à nous les hommes nous nous attribuerions volontiers la tâche de gérer les choses à sa place, avec notre sagesse d’humains, comme Marie était tentée de le faire. Nous aimerions décider de ce qui est bon ou de ce qui est mauvais en contrôlant la vraie foi et en pourchassant les hérésies. L’Eglise s’est adonnée à cet exercice pendant de longs siècles au grand damne de l’Evangile et les hommes ont toujours du mal à comprendre qu’ils ne peuvent rien faire si Jésus n’est pas journellement présent à leurs côtés.

L’Evangile de l’enfance, tel que Luc nous le rapporte nous rappelle que Jésus ne veut pas quitter la terre et la société des hommes. Il tient à les éclairer par son esprit qu’il envoie sur eux pour les aider à corriger leurs initiatives malvenues au risque de leur faire de la peine quand ils se trompent en suivant leurs intuitions sans chercher à écouter ce que Dieu en pense.

L’Evangile de Noël n’est donc pas une belle histoire pour faire rêver les enfants, mais c’est une interpellation qui nous est adressée afin que le corps vivant du Christ, l’Eglise, se comporte conformément à ce que Jésus attend d’elle.






Illustrations : He Qi

jeudi 1 décembre 2011

Jean 1:1-18


NOEL : Dimanche 25 décembre 2011 Revue et modifiée pour le 25 décembre 2015  

Évangile de Jean 1 :1-18 1Au commencement de toutes choses, la Parole existait déjà ; celui qui est la Parole était avec Dieu, et il était Dieu. 2 Il était donc avec Dieu au commencement. 3 Dieu a fait toutes choses par lui ; rien n'a été fait sans lui ; 4 ce qui a été fait avait la vie en lui. Cette vie était la lumière des hommes. 5 La lumière brille dans l'obscurité, mais l'obscurité ne l'a pas reçue. 6 Dieu envoya son messager, un homme appelé Jean. 7 Il vint comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient grâce à lui. 8 Il n'était pas lui-même la lumière, mais il devait rendre témoignage à la lumière. 9Cette lumière était la seule lumière véritable, celle qui vient dans le monde et qui éclaire tous les hommes.

10 Celui qui est la Parole était dans le monde. Dieu a fait le monde par lui, et pourtant le monde ne l'a pas reconnu. 11 Il est venu dans son propre pays, mais les siens ne l'ont pas accueilli. 12Cependant, certains l'ont reçu et ont cru en lui ; il leur a donné le droit de devenir enfants de Dieu. 13 Ils ne sont pas devenus enfants de Dieu par une naissance naturelle, par une volonté humaine ; c'est Dieu qui leur a donné une nouvelle vie.

14 Celui qui est la Parole est devenu un homme et il a vécu parmi nous, plein de grâce et de vérité. Nous avons vu sa gloire, la gloire que le Fils unique reçoit du Père. 15 Jean lui a rendu témoignage ; il s'est écrié : « C'est de lui que j'ai parlé quand j'ai dit : “Il vient après moi, mais il est plus important que moi, car il existait déjà avant moi.” » 16 Nous avons tous reçu notre part des richesses de sa grâce ; nous avons reçu une bénédiction après l'autre. 17 Dieu nous a donné la loi par Moïse ; mais la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. 18 Personne n'a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, qui est Dieu et demeure auprès du Père, lui seul l'a fait connaître.




Nous ne pouvons pas vivre un événement quel qu’il soit sans nous poser des questions à son sujet, c’est pourquoi nous nous interrogeons sur les contradictions qui nous habitent à propos de la fête de Noël. Tout nous invite à nous réjouir et au fond de nous-mêmes nous contestons le bien fondé de cette fête. Nous nous attristons parce que le religieux a fui cette manifestation et que la religiosité à pris sa place. Nous considérons que les lumières qui éclairent nos rues et nos magasins ne sont pas de la même nature que celles de l’étoile qui a guidé les mages vers Bethléem. Nous nous interrogeons même sur la réalité de cette étoile dont les savants modernes contestent l’existence. Nos doutes accompagnent les mages et nous ne sommes pas sûrs de tout ce que l’on a écrit ou dit à leur sujet. En même temps, nous nous réjouissons aussi de voir les gens heureux et les enfants s’émerveiller.

Plaçons donc toutes nos interrogations sous le regard de Dieu qui vient à notre rencontre en ce jour de fête. Il détourne notre attention de ce qui se voit. Il nous invite à nous intéresser à autre chose qu’à ce qui frappe nos regards et notre sensibilité. Il nous demande d’écouter. Il s’agit d’écouter ce qui résonne au fond de chacun de nous, car il se peut que ce soit une parole qui vienne de lui.

Cette Parole ne s’entend pas vraiment, mais provoque comme une sorte de vibration en nous. Cette impression d’une présence d'une réalité qui leur soi extérieure s’est très vite imposée aux humains. Dès que les premières communautés d'hommes de Cromagnon se sont constituées,  elles se sont tournées vers l'au-delà. Sans dire qu'elles se sont mises à croire en Dieu, on pense cependant qu'elles ont vénéré des forces qui les dépassaient. Il semblerait bien que ce phénomène était lié à la parole.

En effet, l’humanité a commencé à exister en tant que société primitive quand les hommes se sont mis à échanger des paroles entre eux. C’est alors que la harde  a commencé à se constituer en groupes humains distincts. Les êtres qui la composaient se sont alors habillés, ils ont construit des abris.  En   même temps que cela se produisait,  le  sentiment de la présence  de quelque chose qui les dépassait s’est imposé à eux. Dieu, sans même que ces premiers hommes le sachent,  s’était déjà approché d’eux. C'est en tout cas de cette manière que l'on pu a interpréter les traces  que l'on a retrouvées  dans leurs sépultures ainsi que sur les peintures dont ils ont orné les murs de leurs cavernes. Dieu avait déjà pris place parmi les hommes dès qu’ils ont constitué leurs premières sociétés et qu’ils ont échangé leurs premières paroles. Dès lors Dieu et hommes feront cause commune. Cette interprétation est voué à la critique, mais pourquoi ne pas l'envisager?

Dieu était déjà présent au milieu de l’humanité dès ses premiers balbutiements. Mais de quel Dieu s’agissait-il? Certainement, nous ne le reconnaîtrions pas, il se confondait avec les esprits de la terre, le tonnerre ou le feu, mais peu importe, il était déjà présent dans une humanité qui se cherchait.

Il est curieux de constater que le récit de Noël nous parle aussi d’une humanité qui se cherche. Elle nous raconte l’histoire de mages cherchant un roi en suivant le chemin des étoiles. L’homme moderne cherche aussi sa voie dans le bouleversement que lui impose le tumulte des nations. Il cherche vainement quelques fragments de spiritualité dans les échanges commerciaux, et comme il n’en trouve pas, il a l’impression que Dieu l’a abandonné. Comme les mages, nous cherchons aussi. Ils cherchaient un roi, et ils ne trouvèrent qu’un enfant et dans cet enfant la tradition se plait à reconnaître Dieu. Et nous qui allons-nous trouver ?

Que nos chercheurs modernes soient attentifs, le Dieu qu’ils cherchent les surprendra quand ils le trouveront. Dieu se laissera trouver, à coup sûr, car l’homme et Dieu ont une histoire commune puisqu’ils cheminent ensemble depuis les origines. La découverte de Dieu s’accompagne toujours d’une parole. Elle pousse toujours celui qui l’entend à aller plus loin.

On se souvient qu’Abraham entendit une voix qui l’enjoignit à partir, à quitter ses parents et son pays. Il partit et découvrit un avenir que Dieu devait construire avec lui. Moïse quant à lui, entendit la voix de « Celui qui est, qui était et qui vient ». Il lui parla d’une marche à travers le désert et d’un peuple qu’il devait guider vers la liberté. Les Mages à leur tour s’entendent dire, après avoir trouvé ce qu’ils cherchaient, qu’ils devaient repartir par un autre chemin. La parole en qui nous reconnaissons Dieu est toujours accompagnée d’une marche et d’un itinéraire à suivre.

C’est quand il comprend qu’il doit se mettre en mouvement que l’homme découvre que le Dieu qu’il cherche ne l’arrêtera pas dans sa course, mais le poussera en avant. L’humanité doit toujours partir à l’aventure et Dieu l’accompagnera toujours car c’est dans le mouvement que Dieu donne du sens à la vie.

Notre manière de célébrer Noël au vingt et unième siècle ne semble pas, quant à elle, nous orienter vers un lieu précis. Tout va dans tous les sens. Ceux qui nous aident à penser nous poussent  sur des chemins qui nous portent à la plus haute spiritualité  empruntée aux sages des différentes religions en même temps que nos penchants naturels nous invitent  à la plus grande prodigalité. C’est cela qui désoriente nos contemporains car ils participent aux deux mouvements à la fois. Comme personne dans leur entourage ne donne la même valeur aux choses, ils n’ont pas l’impression que tout cela ait du sens. Ils ont même le sentiment qu’ils trahissent Dieu en ne faisant pas ce qu’il faudrait faire. Mais que faudrait-il faire, pour entendre cette parole et faire ce qu’elle dit ?

Dieu n’a jamais demandé aux hommes de faire l’impossible. Il ne leur demande pas de se culpabiliser au point de se désespérer. C’est tout le contraire que répercute la Parole qui nous vient de Dieu au travers des Ecritures. Elle parle d’espérance et  annonce un  sauveur. Elle nous fait croiser le chemin de bergers qui accordent leurs voix aux chorales célestes. Nous  découvrons des savants qui découvrent dans les étoiles le bon chemin que doivent suivre les peuples. Les paroles venues de l’Écriture nous disent que Dieu est là à portée de voix et qu'il s'offre à nous guider vers un avenir heureux si nous en faisons le choix.

La voix de Dieu reste toujours fidèle à ce qui a été dit depuis bien longtemps.  Dieu ne se contredit pas. Il s’adresse à ce qu’il y a de meilleur en nous-mêmes, car c’est là qu’il a décidé de nous piquer au vif. Le meilleur de nous-mêmes, c’est cet esprit qui est en nous et qui nous invite à ne pas nous soucier de nous-mêmes, mais plutôt à consacrer nos forces  à travailler au mieux-être des autres  pour que leur vie soit plus belle. C’est ainsi qu’il nous faut chercher à écouter la voix de Dieu en nous, pour discerner les chemins de l’avenir.

Cette Parole s’adresse autant à nos émotions qu’à notre raison. Elle nous interpelle, mais elle ne prend pas pour nous les décisions. Si on l’écoute, elle deviendra une lumière pour éclairer les nations, elle éclairera tous les hommes et repoussera au loin les ténèbres qui obscurcissent leur vision de l’avenir. La balle est donc dans le camp des hommes. Il appartient aux nations de l’entendre et de mettre en pratique ce qu’elle leur dit.

La Bible a retenu cette leçon dans sa tradition millénaire. Elle a compris que la parole devient créatrice quand on pratique ce qu’elle suggère. Elle a placé dans ses premières pages l’histoire de la création. On y comprend que c’est la Parole de Dieu qui donne sa vocation à chaque élément de l’univers, et chaque élément de l’univers accepte la proposition qui lui est faite. Chaque élément du cosmos se met alors à se comporter comme il est prévu qu'il le fasse.  Pourquoi  l'homme agirait-il autrement? La question reste ouverte.

Pour que chacun découvre sa raison d’être sur cette terre, il faudra qu’il soit attentif à cette Parole qui lui vient de Dieu  et qui vise à s'imposer à lui comme une pulsion de vie bienfaisante qui orienterait son existence à chaque tournent de son histoire. C’est alors que les décisions qu’il prendra  agiront pour lui  comme un contrat de partenariat avec Dieu.

vendredi 25 novembre 2011

Luc 1:26-38

Bien heureuse Marie

dimanche 18 décembre 2011

Evangile de Luc 1/26-38

Au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée du nom de Nazareth, chez une vierge fiancée à un homme du nom de joseph, de la maison de David; le nom de la vierge était Marie. Il entra chez elle et dit : je te salue toi à qui une grâce a été faite; le Seigneur est avec toi. Troublée par cette parole, elle se demandait ce que signifiait une telle salutation. L'ange lui dit : sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici, tu deviendras enceinte, tu enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé fils du très Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père. Il régnera sur la maison de Jacob éternellement et son règne n'aura pas de fin. Marie dit à l'ange : Comment cela se produira-t-il, puisque je ne connais pas d'homme? L'ange lui répondit : Le saint Esprit viendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra sera appelé Fils de Dieu. Voici qu'Elisabeth ta parente a conçu, elle aussi un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois. Car rien n'est impossible à Dieu. Marie dit : Voici la servante du Seigneur; qu'il me soit fait selon ta parole. Et l'ange s'éloigna d'elle.




Bien heureuse Marie! Nous la disons bien heureuse parce qu'elle a été choisie pour être la mère du Messie. Ce texte nous parle au plus profond de notre être et fait vibrer ce qu'il y a de meilleur en nous. il nous parle de cette jeune fille d'Israël dont la foi simple et naïve a été citée en exemple par tant de générations de fidèles que j'ai peur, en intervenant dans cette hagiographie d'égratigner des souvenirs qui vous sont chers. La tradition a brossé d'elle un tel portrait que l'Ecriture ne la reconnaît pas. On a tellement forcé le personnage qu'on a fini par faire d'elle la concurrente de son propre fils, l'initiatrice du saint Esprit, la mère de Dieu et la reine des cieux! Marie, que de folies en ton nom! Les hommes t'ont trahie en voulant faire de toi celle que tu n'es pas.

Marie, face a son destin a vécu une existence bien différente que celle que nous lui prêtons. Elle a une histoire tout à fait semblable à la nôtre. C'est à cause de ce destin, tellement proche de celui des petites gens que nous sommes et tellement merveilleux à la fois, qu'elle peut être pour nous un puissant relais sur le chemin de la foi. C'est à partir de cet instant que les hommes vont faire déraper l' l'histoire. Ils vont s'extasier devant le merveilleux, ils ne vont plus voir que l'ange et oublier tout le reste. Mais en fait d'une bonne nouvelle, c'est plutôt une mauvaise nouvelle pour elle, c’est un avenir de fille mère qui lui est offert. Pour que ça ne se passe pas trop mal, il faudra encore une fois que l'ange ou que le destin sen mêle pour forcer la main à Joseph qui finira par endosser une paternité qui n'est peut être pas la sienne. Il nous appartient à nous seuls de voir dans cet incident les effets d'un miracle ou tout simplement le processus humain de la procréation.


L'enfant qu'elle porte en son sein ne sera pas facile à élever. En forçant volontairement le trait nous retrouvons en lui des comportements qui le rapprochent des jeunes de notre temps. Si je me contente de suivre le déroulement de sa vie dans l'Evangile de Luc qui fait suite au texte de la nativité, nous allons découvrir un enfant fugueur à douze ans dont le comportement consterne ses parents qui n'y comprennent rien. A l'âge adulte il déserte l'échoppe paternelle et laisse sa mère et ses frères sans ressource. N'est-ce pas pour cela que sa mère et ses frères essayeront de le rencontrer, mais il refusera de les recevoir. Il contestera même que Marie puisse être réellement sa mère! "Qui est ma mère qui sont mes frères si non ceux qui font la volonté de mon Père?" leur fait-il répondre.

En faisant cela, il savait ce qu'il faisait, mais elle, elle ne le savait pas et elle en souffrit certainement. On la retrouvera au pied de la croix, mais nulle part, dans cet évangile ni dans un autre, on nous fait part ni de ses états d'âme ni de sa vie intérieure. Le chemin de Marie fut sans histoire, exemplaire dans sa simplicité, tellement exemplaire que nul n'en a parlé.

C'est à cause de ce qu'on n'a pas dit que Marie est un personnage intéressant. Bien que mère du Messie, bien que choisie par Dieu pour faire vivre son fils dans la société des hommes, son humble parcours n'a provoqué aucun émoi particulier. Et pourtant, sa tâche, faite d'une humble fidélité a été, oh combien nécessaire, et indispensable! le même constat peut être fait pour Joseph. Sa fidélité exemplaire n'a pas nécessité qu'on la raconte.

Exemplaire avons-nous dit? Si cela ne l'avait pas été on en aurait parlé! Si Marie et Joseph avaient été de mauvais parents, s'ils avaient mal aimé leur fils, on en aurait parlé. S'ils l'avaient battu ou privé de nourriture, on en aurait parlé, s'ils l'avaient abandonné à son triste sort lors de sa fugue à Jérusalem, ça se saurait. Ils ont fait ce qu'ils devaient faire, et Jésus est devenu un homme en qui on a reconnu le Messie. A quoi bon s'émerveiller de ce que ses parents aient fait ce qu'ils devaient faire?

C'est alors que je me tourne vers vous et vous dis les mêmes choses. Je vous dis qu'en faisant normalement ce que vous faites vous êtes comparables à Marie. En essayant d'être fidèlement membres de l'Eglise comme vous le faites, vous édifiez le corps spirituel du Christ, puisque l'Eglise, c'est son corps. Vous agissez ainsi à la suite de Marie qui en nourrissant son fils contribuait à faire grandir son corps de chair. Pour nous, l'ange a le même message que pour Marie. Il nous dit, à nous aussi qu'une grâce nous a été faite, il nous dit que le Seigneur Dieu est avec nous et qu'il a besoin de nous pour édifier le corps spirituel du Christ, le fils de Marie. C'est dans cette société des hommes où nous sommes que Dieu a voulu s'incarner, il a voulu être partie prenante de ce que nous vivons chaque jour. Devant Dieu, ce n'est pas ce qui se voit qui a de l'importance, c'est ce qui arrive.

Ce qui arrive est fait de mille choses insignifiantes qui mises bout à bout font l'événement et écrivent l'histoire. Ce ne sont pas les puissants, ceux dont le nom fait la une des journaux qui font avancer le monde, en dépit des apparences, c'est la multitude des hommes et des femmes au milieu desquels Dieu habite qui dessinent l'avenir. Bien qu'ils tiennent en apparence le premier plan, ce ne sont ni Hérode, ni César Auguste qui ont marqué leur siècle, ce sont les peuples qui ont vécu, qui ont bougé, qui se sont révoltés, ce sont les esclaves qui ont construit les monuments qui subsistent encore et c'est au sein de ce peuple que Dieu a pris forme humaine en Jésus Christ.

Au risque de vous troubler, je dirai que ce ne sont pas les dirigeants du monde, ni les autorités politiques qui jouent le premier rôle, dans le conflit que nous connaissons ce sont les peuples qui descendent dans la rue, ce sont les indigents de tout bord, ce sont les peuples qui souffrent, qui n'arrive pas à se révolter et qui agonisent sous la botte. C'est au sein des peuples que Dieu prend visage humain. Aujourd'hui, comme demain Dieu accompagne chacune et chacun de ceux qui modestement, sans se faire remarquer participent à la grande aventure humaine commencée il y a 2 000 ans.

Cette aventure consiste à savoir que Dieu se tient parmi les hommes pour construire un monde nouveau, fait d'amour, de fraternité et d'espérance.

Quant à Dieu, il ne se contente pas d'être l'observateur céleste de nos bonnes œuvres. Il n'est pas au ciel où les hommes sont absents, il est au cœur de la mêlée de leur histoire. Il ne se tient pas plus du côté de ceux qui ont le pouvoir que de ceux qui le subissent. Il est au milieu des hommes d'où il bouleverse les enjeux de l'histoire en inspirant aux uns et aux autres des projets novateurs. Nous avons beau imaginer que les choses sont autrement, l'Evangile nous ramène toujours à redécouvrir cette proximité de Dieu qui se soucie plus du sort des opprimés que de sa gloire céleste.

Nous avons toujours du mal à admettre qu'il prend en charge l'intérêt de tous les hommes et en particulier de ceux que l'on a l'habitude de considérer comme les petits, les obscures, les sans grade. Pour lui, ce qui a de l'importance n'est pas forcément visible, car c'est caché au cœur de la vie du monde. Si les hommes ont fait de Marie, car il faut bien revenir à elle, ce que la tradition nous a rapporté, c'est que là encore les hommes ont refusé les contraintes de l'incarnation. Ils ont fait de la mère de Jésus la reine du ciel qui rassure par ses apparitions régulières. Les hommes la placent dans les lieux célestes aux côté de Dieu, mais Dieu n'y est pas! Le ciel où Dieu réside est au cœur de l'humanité. Tant que nous refuserons cette présence de Dieu au milieu de nous, nous continuerons à mettre Marie dans le ciel et à croire que Dieu intervient par des prodiges pour rassurer le monde. Il n'en est rien. C'est au cœur des hommes où il a fait sa résidence que Dieu sollicite leur collaboration pour construire un monde nouveau et fraternel qu'il se plaît à appeler son Royaume.



L'annonciation de Fra Angelico

mercredi 23 novembre 2011

Luc 1: 46-56


Le cantique de Marie Luc 1 :46-56
dimanche 11 décembre 2011

46 Marie dit alors :
« De tout mon être je veux dire la grandeur du Seigneur, 47 Mon cœur est plein de joie à cause de Dieu, mon Sauveur ;
48 Car il a bien voulu abaisser son regard sur moi, son humble servante.
Oui, dès maintenant et en tous les temps, les humains me diront bienheureuse,
49 Car Dieu le Tout-Puissant a fait pour moi des choses magnifiques.
Il est le Dieu saint,
50 Il est plein de bonté en tout temps pour ceux qui le respectent.

51 Il a montré son pouvoir en déployant sa force :

Il a mis en déroute les hommes au cœur orgueilleux,
52 Il a renversé les rois de leurs trônes
et il a placé les humbles au premier rang.
53 Il a comblé de biens ceux qui avaient faim,
et il a renvoyé les riches les mains vides.
54 Il est venu en aide au peuple d'Israël, son serviteur :
Il n'a pas oublié de manifester sa bonté 55 envers Abraham et ses descendants, pour toujours,
comme il l'avait promis à nos ancêtres. »
56 Marie resta avec Élisabeth pendant environ trois mois, puis elle retourna chez elle.


Quand Dieu donne des rendez-vous aux humains, il est bien rare que ceux-ci s’en rendent compte. Ce n’est qu’après coup et beaucoup plus tard qu’ils réalisent qu’un temps fort de leur histoire était en train de se vivre et que personne ne s’en est aperçu. Qui se douterait que ce récit de la visite de Marie à Elisabeth, dans sa naïveté et sa tendresse marque un de ces moments de l’histoire ? Bien évidemment 2000 ans d’histoire chrétienne se sont chargés d’aiguiser notre regard en le pointant vers Marie dont les religions feront le personnage que l’on sait. Mais pour l’instant on n’en est pas là, et l’historiographie chrétienne n’a pas encore glosée sur cette jeune fille.

Pour l’instant Marie suit le chemin qui la mène dans les montagnes de Judée à la rencontre du passé. Elle va rencontrer Elisabeth sa parente, la future mère de Jean Baptiste. On nous a dit qu’il était le dernier prophète de l’ancienne Alliance et qu’il avait ouvert le chemin à Jésus. C’est pourquoi on peut dire que Marie, avant même de rentrer dans l’histoire a rendez-vous avec son passé, celui dont Jean est le dernier témoin. Les paroles qu’elle va prononcer vont faire d’elle un témoin de l’espérance dont son peuple a toujours vécue. Elle reproduit dans son discours les paroles des prophètes, çà et là dispersées, qu’on a recueillies pour établir son témoignage.

Ils avaient semé l’espérance quand personne n’espérait plus, ils avaient parlé de vie alors que la mort les cernait, ils avaient dit comment Dieu partageait la souffrance de ceux qui étaient opprimés. Personne n’avait pu étouffer la voix de Dieu quand la tentation du désespoir s’emparait des hommes. Quand les armées des Babyloniens suivies par celles des Perses avaient anéanti toute liberté, quand les armées d’Alexandre suivies par les légions romaines avaient occupé tout ce territoire, qui aurait osé dire que l’espérance n’était pas morte ? Pourtant, il y a toujours eu un prophète pour relever la tête et donner des possibilités d’espérer, car rien ne peut mettre un terme à cet élan de vie que l’esprit de Dieu répand autour de lui.

Marie montait sur ce chemin pierreux foulé jadis par tant de ses ancêtres. Elle allait à la rencontre d’Elisabeth sa parente. Deux femmes allaient vivre ainsi une rencontre qui fera date dans l’histoire de la révélation de Dieu aux hommes. L’une était trop jeune et l’autre est trop vieille pour enfanter. Mais les propos qu’elles ont échangés prendront une valeur considérable, car c’était la première fois que la parole concernant Dieu avait été prononcée par des femmes. Si vous vous en souvenez, le seul homme qui ait tenté de parler depuis le début de l’ Evangile de Luc était devenu muet, c’était Zacharie, le prêtre, le mari d’Elisabeth. C’était maintenant dans la bouche de Marie, une fille trop jeune pour parler en Israël, que l’Evangéliste Luc déposait les paroles d’espérance que nous nous proposons de méditer.

Ces paroles ont pour but de dire la foi nouvelle telle qu’elle va advenir. Il ne faudrait cependant pas fausser la portée de ces propos en insistant sur le fait qu’elle est la Vierge Marie, celle qui pèsera par la suite, si lourdement sur la piété de tant de croyants. Elle ne joue aucun rôle dans cet Evangile, elle n’est même pas mentionnée parmi les femmes au tombeau, c’est dire qu’au moment de la rédaction de ce texte, Marie ne suscite aucune piété particulière.

Ce qui la met en joie, c’est que Dieu l’a regardée. Elle ne se réjouit pas parce qu’elle est la future mère du Messie. Elle se réjouit parce qu’en la regardant Dieu a adopté une attitude nouvelle à son égard. Sa conception de Dieu va en être bouleversée.

Si elle utilise encore le langage traditionnel selon lequel Dieu se comporte comme un vaillent guerrier qui détrône les tyrans, aucun événement significatif ne vient étayer son propos. L’efficacité dont elle fait état est prophétique et n’a qu’une valeur spirituelle. Elle ne décrit pas un Dieu qui opère des miracles. Il ne fait pas de prodiges. Il se contente d’exister. Les événements dont elle parle ne se sont pas réellement produits. Elle mêle dans une même image ce qu’elle espère et ce qui se passera dans les siècles suivants. Elle parle des choses qui ne se produiront que plus tard, quand les hommes auront intégré le message que Jésus leur apportera. Marie se contente de dire ce qui se produira dans le futur quand les hommes, transformés par l’Evangile de son fils se mettront à agir. Ce n’est pas Dieu qui agira en vertu de sa toute puissance, c’est la puissance de son Esprit qui agira dans les hommes et les transformera.

Marie a esquissé dans son propos le portrait de Dieu que Jésus révélera au monde comme étant son Père. Dieu apparaît alors comme une force bienveillante qui transforme les hommes et qui stimule la bonté qui est en eux pour en faire une règle de vie. L’Evangile est en marche et Marie est la première à en témoigner. Il appartient désormais à chacun d’opérer sur lui-même une conversion pour comprendre que Dieu agit efficacement sur chacun de ceux qui comptent sur lui, pour mettre en valeur le meilleur d’eux-mêmes.

Nous avons dit au début de notre propos qu’après que les hommes aient été privés de parole, c’était aux femmes de la prendre. Ce changement est révélateur de la nouveauté qui est en train de se mettre en place dans notre rapport à Dieu. Depuis toujours c’est la parole des hommes qui a porté les vérités sur Dieu. Naturellement ils ont utilisé les notions de forces, de supériorité, de violence même. Ainsi Dieu était-il, selon leur témoignage, le Dieu des armées, triomphant de tous ses ennemis. On ne pouvait voir en lui que le dépositaire de la toute puissance par laquelle il s’imposait à tous les peuples, même ceux qui ne se réclamaient pas de lui.

De tels propos ne pouvaient plus être tenus par des femmes. Si Marie parle encore de la force de son bras, c’est pour s’attaquer aux idées orgueilleuses des hommes violents. Par ailleurs elle décrit un Dieu attentif aux petites gens dont elle fait partie, il est miséricordieux et soucieux de ceux qui sont frappés d’injustice et plein de tendresse. Dans ces propos on découvre un Dieu qui inspire plus qu’il n’agit, qui est attentif plus qu’il n’intervient. En privant l’homme de parole et en la confiant à une femme, Luc change du même coup la nature de Dieu si bien qu’en changeant le discours sur Dieu on découvre la possibilité d’une autre relation avec lui.

S’ils perçoivent désormais Dieu comme celui qui n’intervient plus mais qui inspire les hommes pour qu’ils agissent, les humains découvrent qu’ils sont libres désormais et responsables de leur sort. Pour que cette avancée ait pu se faire, l’Evangile a donné la parole à une femme, Marie.

Ce n’est cependant pas une nouveauté, tout son discours était déjà contenu dans celui des prophètes dont elle s’inspire. Mais sa sensibilité féminine était nécessaire pour amorcer le changement que Jésus allait apporter. Elle transmet ainsi un nouveau concept sur Dieu sans qu’on en ait même pris conscience. Quand Marie se met à parler, elle nous prépare à être accueillis par un autre Dieu que celui auquel nous sommes habitués. Elle nous prépare à découvrir celui que Jésus s’attachera à présenter comme un Père bienveillant. Dieu devient alors un activateur de vie, sa présence n’est plus intervenante mais motivante. Dieu ne prend plus les choses en main, mais il stimule nos mains pour qu’elles agissent.

Certes, les hommes retrouveront la parole. Zacharie, le père de Jean Baptiste parlera dès que son fils sera né, mais ce qui était nouveau avait déjà eu lieu et plus rien ne serait comme avant. La révolution spirituelle était donc en marche, mais il faudra du temps pour y arriver. Jésus lui-même n’y réussira que partiellement, car nous sommes, nous aussi encore tentés de demander à Dieu d’agir à notre place. Nous subissons toujours la tentation de l’idolâtrie qui consiste à conférer à Dieu une toute puissance magique pour nous sortir d’affaire. Cette tentation est si fréquente que Jésus en a fait la dernière demande du Notre Père « Ne nous induits pas en tentation, mais délivre nous du mal ». Autrement dit cette dernière demande dénonce l’idolâtrie comme le forme la plus sournoise du mal dont Dieu nous protège par sa seule présence dans notre vie.



Les images sont de Macha Chmakoff

vendredi 18 novembre 2011

Marc:1:1-8


Dimanche 4 décembre 2011

La prédication de Jean-Baptiste 1 Ici commence la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, le Fils de Dieu. 2 Dans le livre du prophète Ésaïe, il est écrit : « Je vais envoyer mon messager devant toi, dit Dieu, pour t'ouvrir le chemin. 3 C'est la voix d'un homme qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, faites-lui des sentiers bien droits ! »
4 Ainsi, Jean le Baptiste parut dans le désert ; il lançait cet appel : « Changez de comportement, faites-vous baptiser et Dieu pardonnera vos péchés. » 5 Tous les habitants de la région de Judée et de la ville de Jérusalem allaient à lui ; ils confessaient publiquement leurs péchés et Jean les baptisait dans la rivière, le Jourdain. 6 Jean portait un vêtement fait de poils de chameau et une ceinture de cuir autour de la taille ; il mangeait des sauterelles et du miel sauvage. 7 Il déclarait à la foule : « Celui qui vient après moi est plus puissant que moi ; je ne suis pas même digne de me baisser pour délier la courroie de ses sandales. 8 Moi, je vous ai baptisés avec de l'eau, mais lui, il vous baptisera avec le Saint-Esprit. »


Un désir de nouveauté sommeille au cœur de chaque homme. En effet, à mesure que les époques succèdent aux époques, le temps lui-même paraît s’être usé à force de se répéter sans changement apparent. Il semblerait même que Dieu reste figé à force d’être immuable et perde toute valeur. Quand L’usure du temps prend place dans notre âme, même la religion ne nous apporte plus le réconfort qu’elle apportait aux générations passées. On s’épuise à vouloir la rajeunir et à innover de nouveaux rites. Rien n’y fait, il y a en nous comme une atmosphère de lassitude que rien ne semble devoir améliorer. Le constat en devient plus évident chaque jour. Pourtant le désir de nouveauté reste tenace.

Ce ne sont pas les liturgies nouvelles qui changent quoi que ce soit, ni la musique, ni nos chorales superbes, elles donnent, tout au plus, une illusion de changement, mais elles n’apportent pas de nouveauté en profondeur. La jeunesse insatisfaite des spiritualités anciennes en invente de nouvelles qui sont vite supplantées par d’autres, plus nouvelles encore. Là aussi, il n’y a rien de vraiment neuf. Tout n’est que vanité et poursuite du temps, rien ne semble y remédier. Toute formule nouvelle est dépassée avant même d’avoir été expérimentée. Là n’est donc pas la formule d’avenir.

C’est dans ces conditions que nous nous prenons à rêver aux temps où Jean Baptiste drainait les foules dans le désert en prêchant la venue d’un temps nouveau. Il instaurait une nouvelle route pour mener à Dieu qui consistait simplement à se laisser immerger dans l’eau en signe de purification des péchés. Il annonçait que Dieu allait se faire plus proche. Enfin l’espérance renaissait. Mais son discours était-il si différent des discours anciens ? Il savait bien, que différent dans la forme, son discours ne changeait rien dans le fond. La distance qui séparait les hommes de Dieu s’amenuisait mais restait bien réelle.

En fait Jean Baptiste n’apportait rien de vraiment nouveau et il le savait. Vêtu du même vêtement qu’Elie, le célèbre prophète de jadis, il redisait les mêmes paroles qu’autrefois : « Repentez-vous !» Il empruntait son discours à Esaïe, à Jérémie et à ceux qui avant lui avaient ressenti ce même besoin de nouveauté, mais malgré eux, les peuples étaient restés attachés aux rites anciens et les prophètes s’étaient trouvés les uns après les autres persécutés pour leurs audaces. Jean allait-il subir le même sort ?

Chaque génération avait apporté sa réponse et chaque génération avait fait le même constat. Les projets novateurs étaient rejetés tandis que Dieu semblait s’éloigner toujours un peu plus loin. Tous l’avaient constaté et tous s’étaient heurtés à ce refus du changement, comme si Dieu devait se confondre à jamais avec les rites immuables du passé.

Comme ses prédécesseurs, Jean Baptiste proposait un changement radical. Il proposait de dépasser les rites anciens pour faire place à autre chose. Mais en proposant cela, il savait qu’il ne faisait pas mieux que ceux qui étaient venus avant lui. Il savait qu’il était dans le provisoire et que le mouvement qu’il allait instaurer n’allait pas durer. A peine séduites par ses propos, les foules qui l’avaient suivi allaient se fatiguer. Il savait à l’avance que tout cela ne durerait qu’un temps, à moins que ce ne soit Dieu lui-même qui prenne les choses en main, c’est ce qu’il espérait.

Ce n’étaient pas les rites qui devaient changer, ce n’était pas un discours nouveau qui allait modifier les choses en profondeur. La nouveauté allait se faire dans un changement radical de relation avec Dieu. En fait Jean, comme les prophètes avant lui, comme la religion traditionnelle avait toujours conservé le même message. Son message contribuait à maintenir les hommes dans une relation de culpabilité avec Dieu. Ils devaient se repentir avant de songer à aller plus loin. Il était inhérent à chaque être humain de se sentir en faute vis-à-vis de Dieu et quoi que l’on fasse c’est ce sentiment qui toujours prévalait. Chacun de ceux qui avaient voulu changer les choses n’avait jamais osé dire autre chose.

Jean pressentait que c’était à ce changement qu’ il fallait désormais consacrer tous ses efforts. Mais il ne se sentait pas la capacité de le faire. Pourtant, il savait que c’est dans ce sens que Dieu voulait qu’aillent les choses. Il avait très vite réalisé qu’il devait préparer la voie à celui qui allait venir après lui, et qui avec audace proposerait un changement radical dans la relation des hommes avec Dieu.

Il avait touché du doigt le fait que la notion de culpabilité avait altéré depuis toujours la relation des hommes avec Dieu. C’était sur ce point que les choses devaient changer. Mais pour cela il fallait de l’audace. Il fallait laisser la place à Dieu lui-même, c’est pourquoi Jean a annoncé que c’est le saint Esprit qui allait désormais s’installer dans le cœur des hommes et agir en eux par l’intérieur. Mais comme Dieu ne parle pas sans que ce soit un homme qui porte sa parole, comme Dieu n’agit pas sans qu’un homme le fasse pour lui, Jean savait bien que ce serait un autre homme que lui qui serait chargé de déclencher cette révolution.

Jean Baptise avait compris que tout discours sur la repentance était dépassé avant même qu’il soit prononcé, il savait donc que le mouvement qu’il avait instauré n’allait pas durer mais qu’il serait bien vite obsolète. Une ère nouvelle s’ouvrait devant les hommes car Dieu leur parlerait cœur à cœur. Dieu ne tiendrait plus compte de leurs fautes pour se rendre accessible. Tant que les hommes se maintiendraient en face de Dieu dans une relation de pécheur en manque de pardon, ils resteraient dans l’insatisfaction d’eux-mêmes et les choses ne changeraient pas.

La faute commise, le sentiment de culpabilité, la sensation de ne jamais être capable de faire quelque chose de valable ne pouvait qu’altérer leur relation à Dieu. Ce sentiment d’insatisfaction rendait la religion triste et pesante. Il n’y aurait aucune possibilité de transformer la morosité des humains tant que ce lourd sentiment de la faute pèserait sur eux. Sans vraiment formuler toutes ces choses là, Jean Baptise avait bien senti qu’il fallait aller dans ce sens. Seul Dieu lui-même pouvait mener à bien une telle révolution et donner aux hommes la possibilité de vivre en vérité avec eux.

Le chemin était désormais ouvert à celui qui serait porteur d’une parole radicalement nouvelle, Il verrait en chaque homme un être aimé de Dieu sans tenir compte du poids de ses fautes, car Dieu aime les humains avant même qu’ils aient pris conscience de leurs erreurs. La certitude de son amour suffit à les disculper et à leur faire changer d’attitude, car l’amour supprime à lui seul les effets de la faute. Celui qui continue à penser que sa faute a plus de poids que l’amour de Dieu, sera toujours en manque. Il sera insatisfait de lui-même et ne pourra pas trouver la paix en lui, car en agissant ainsi il s’éloigne de Dieu.


« Ce projet est trop simpliste et trop facile ! » dira-t-on. Le croyez-vous ? Si Jean Baptise a vu la nécessité de le mettre en place, il a cependant compris que c’était au dessus de ses forces de le réaliser. Jésus, lui s’en est chargé. Pour le mettre en œuvre, il a compris qu’il fallait s’en prendre à la religion en place, elle promettait à ceux qui se repentaient de leurs fautes de leur ouvrir le chemin de Dieu. C’est encore ce que la plupart des religions proposent. Jésus proposait pour sa part, de mettre chaque homme en relation d’amour avec Dieu avant même de s’être repenti. Cette innovation était tellement révolutionnaire que Jésus en est mort pour l’avoir préconisée, et quiconque aujourd’hui la conteste contribue à le crucifier à nouveau.

mercredi 9 novembre 2011

Marc 13:33-37 -


Veillez : Dimanche 27 novembre 2011

Marc 13/ 34 Il en sera comme d'un homme qui, partant en voyage, laisse sa maison, donne autorité à ses esclaves, à chacun sa tâche, et commande au gardien de la porte de veiller. 35 Veillez donc, car vous ne savez pas quand viendra le maître de maison : le soir, ou au milieu de la nuit, ou au chant du coq, ou au matin ; 36 craignez qu'il n'arrive à l'improviste et ne vous trouve endormis. 37 Ce que je vous dis, je le dis à tous : Veillez.


Ecoutez : N’est-ce pas le pas d’un homme que l’on entend sur la route ? Il marche, indifférent aux paysages changeants qu’il traverse. Il trouve que tout est terne et monotone. Il n'entend pas le chant des oiseaux qui accompagnent ses pas et il maudit le vacarme qu’ils font et qui l’empêche de penser. Parfois son pied butte sur un des rares cailloux qui par hasard se trouve sur l’asphalte bien lisse ! Comment pourrait-il avancer sur ce mauvais chemin maugrée-t-il ? Où va-t-il ainsi, ce grincheux à l’humeur morose ? Il ne sait pas.

Il se croit placé là pour accomplir son destin en suivant le chemin de sa vie qui ne mène nulle part. Il n’a pas de véritable compagnon de route et cache son désarroi dans une indifférence affichée. Insensible à tout ce qui l’entoure, il s’appesantit sur lui-même et ne songe qu’à se plaindre. Mais cette indifférence aux événements cache son angoisse, car en fin de compte il a peur. Mais il ne se l’avoue pas car seuls les faibles et les enfants ont le droit d’avoir peur.

De quoi a-t-il peur ? Qui l’effraye ainsi ? Il ne saurait dire la nature du malaise qui l’étreint. Si d’aventure un compagnon de route règle ses pas sur les siens, c’est leurs angoisses qu’ils mettent en commun, et au lieu de s’exorciser mutuellement, elles ne font que s’accroître en se nourrissant l’une l’autre.

Ce phénomène de peur inavouée qui se cache derrière un marasme ostensible, n’est pas habituel. Il est exceptionnel. Mais périodiquement il s’impose aux masses qui en ressentent collectivement les symptômes. Il arrive que l’histoire des hommes soit traversée de moments où un tel état de déréliction (pour employer un mot savant) se généralise et n’épargne aucune couche sociale. Chacun pense la chose naturelle si bien qu’aucun ne s’interroge vraiment sur son origine. Une explication trop facile n’est sans doute pas la bonne : c’est la crise dit-on ! Comme si ce mot recouvrait à lui seul toutes les terreurs humaines.

Une autre explication facile que l’on entend souvent, est celle du manque de repères et de la perte du sens. Ceux qui éprouvent ce sentiment n’arrivent pas à trouver hors d’eux-mêmes, ou au fond d’eux-mêmes une explication plausible. Leurs références à Dieu se sont altérées, au point qu’ils ne font plus confiance à celui en qui ils croyaient encore il y a peu. Ils ont décidé, sans même en être conscients de se séparer de ce Dieu dont ils ne supportent plus les attributs autoritaires, velléitaires, coléreux et intolérants. Ils ne croient plus en celui en qui ils voyaient comme un divin compagnon de route. Leur parcours se fait désormais solitaire. C’est alors un silence consternant qui fait écho à la voix de ce Dieu qui jadis déplaçait des foules de fidèles par milliers.

Le vide ne se satisfait jamais du vide et bien vite ce sont d’autres formes de Dieu qui prennent la place de celui que l’on ne connaît plus. Ces nouvelles divinités sont différentes de ce Dieu désormais oublié. Comme toujours les hommes se construisent des idoles pour répondre à leurs manques et ils espèrent qu’elles donneront du sens à ce qui n’en a plus. C’est ainsi qu’ils conjurent leurs peurs. Ils ont agi ainsi de tout temps. Si les idoles ont changé de visage au cours des siècles, elles recouvrent toujours la même réalité, elles sont construites par les hommes pour répondre aux angoisses du moment, même s’ils savent pertinemment que ces angoisses, c’est eux qui les ont provoquées . Aujourd’hui elles portent le nom de consommation ou d’évasion, autrefois c’était industrialisation, collectivisme et bien plus tard encore c’était Zeus, Marduk et Jéhovah.

Régulièrement, comme si c’était un exutoire, des rumeurs venues des fins fonds du monde se répandent et contrarient la quiétude artificielle que se sont chèrement acquise les humains. On se souviendra des peurs de l’an mille qui n’avaient d’autres fondement que le changement de millénaire. Le Moyens âge terrorisé par l’idée de l’enfer a trouvé son apaisement dans la Réforme. Aujourd’hui c’est la rumeur concernant un calendrier Maya qui défraye la chronique. Il donne même une date précise, celle du 21 décembre 2012. Bien évidemment aucun homme intelligent, aucun esprit fort n’y donne foi !. Quoi que… ! Tout cela s’accorde bien avec ce décor de marasme où nous vivons et où nous avons peine à creuser notre sillon. Tout cela contribue à alimenter les peurs inconscientes.

Curieusement, la rumeur se répand, alors que ceux qui gèrent le monde sont en train d’en perdre le contrôle. Il est facile alors d’écrire ou de dire que c’était écrit, que le Tout Puissant l’avait prévu, que les voix du Seigneur sont impénétrables, et que tel est le destin du monde. Si telle est la clé de l’énigme, tout cela ne correspond pas à l’image de Dieu telle que Jésus Christ nous la donne.

Le Dieu de Jésus Christ cherche à nous libérer de nos peurs et non à les provoquer. Il agit avec amour et compassion. Il est lent à la colère et prompt à la miséricorde. Comment aurait-il pu décider à l’avance de ses moments de colère et les inscrire dans le marbre, comme s’il avait prévu ses mouvements d’humeurs des siècles en avance. Il n’est pas logique qu’il se mette en colère à jours et à heures fixes comme on pourrait le déduire des craintes inspirées par le calendrier Maya ou comme se l’imaginaient les contemporains de Jésus ou comme le pensent aujourd’hui ceux qui à partir du Livre de l’Apocalypse calculent la date où Dieu a prévu de se mettre en colère.

Dans ce long passage de l’Evangile de Marc dont nous n’avons retenu qu’un extrait, Jésus ne cache pas que des événements terribles peuvent se produire et se sont sans doute déjà produits, mais il n’accuse pas Dieu son Père de les provoquer, au contraire Jésus cherche à nous mobiliser pour que le jour où des événements dramatiques se produiront, nous ne soyons pas démunis et désemparés, car l’histoire des hommes est régulièrement traversée par des catastrophes dont ils ne sont pas forcément responsables

Si Jésus nous mobilise pour faire face au danger, c’est qu’ il est possible de le surmonter et qu’il ne vient pas de Dieu. Certainement il ne cautionne ni les événements programmés par ce fameux calendrier Maya, ni aucun autre, car Dieu ne programme ni ses moments de colère, nous l’avons vu, ni les malheurs qui s’abattent sur les hommes, mais il fait appel à leur sagesse pour les prévenir.

Si plus avant dans le même Evangile, Jésus fait état d’événements annonciateurs, ce n’est pas pour nous alarmer, mais pour que nous mettions notre sagesse en éveil pour interpréter ce qui se passe et prendre les dispositions appropriées.

Certains lecteurs de l’Evangile prétendent que dans de telles circonstances, la foi ne nous dicte qu’une seule attitude possible : celle de l’attente patiente dans la prière ! Mais tel ne semble pas être l’avis de Jésus. S’il n’exclut pas la prière, il la préconise même, il donne priorité à l’action de veiller. Pour lui l’attitude du croyant est d’abord dans l’agir et non pas dans le subir.

La sagesse consiste donc à savoir que Jésus nous entraîne à l’action, car c’est dans l’action que la vie se manifeste et prend ses droits. Dieu ne cherche pas à rassembler un peuple qui subit, mais qui agit, car ce sont les hommes d’action inspirés par Dieu qui ont en eux les solutions de l’avenir.

C’est par la prière qu’ils saisissent ce que Dieu leur suggère de faire. Car les mains des croyants sont les mains avec lesquelles Dieu agit. Dieu ne nous envoie pas son esprit pour que nous restions inactifs en attendant une délivrance qui ne viendra que si nous décidons d’entreprendre. Veillez donc nous dit Jésus afin de devenir les moteurs de ce monde que Dieu se plait à accompagner, car c’est ainsi qu’il nous aidera à conjurer nos peurs.