vendredi 20 décembre 2019

Jean 1/1-18 Noël 25 décembre 2019


Jean 1/1-18

«  Au commencement était la parole et la parole était Dieu. Elle était au commencement. Tout a été fait par elle et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. Elle était la vie et la vie était la lumière des hommes… »



La parole se diffuse dans le monde au moyen des voix et ces voix sont aussi nombreuses qu’il y a d’humains pour les proférer. Chacun d’entre nous est capable d’émettre une voix. Mais chacun d’entre nous est aussi visité par une multitude de voix qui viennent d’ailleurs et qui pour un temps viennent habiter en lui. Ces voix proviennent du passé et maintiennent vivant en nous le souvenir de ceux qui ont partagé notre vie. La vie  de tous ces êtres que nous avons aimés demeure vivante en nous grâce au mystère de ses voix dont notre mémoire en en  gardant le timbre les empêche de mourir. Notre esprit a reçu ce pouvoir de maintenir en vie ceux que la parole de Dieu a promis à la résurrection.

Ne soyons donc pas étonnés si Dieu se sert de ces mêmes moyens pour venir habiter notre esprit et se révéler personnellement à chacun de nous. Dieu se sert de ces mêmes médias qui fonctionnent  en nous pour nous parler personnellement de lui et faire jaillir en nous une vie nouvelle qui lui appartient et qu’il nous destine. Dieu n’est ni étranger ni extérieur au fonctionnement de notre esprit qui agit en nous comme un organe révélateur de sa personne. Pour parvenir jusqu’à nous, Dieu emprunte les mêmes chemins que ceux que notre esprit fréquente pour maintenir en vie ceux qui ont marqué  notre existence. La voix de Dieu est alors révélatrice de vie pour nous.

Pour se révéler au monde, Dieu se sert de notre esprit. C’est un procédé spécifiquement humain qui caractérise le fonctionnement de tous les humains sur terre. Il utilise le langage articulé qui est le propre  de l’homme. C’est grâce à ce langage articulé qu’il nous aide à formuler toutes les questions que nous avons en nous et qui le concernent. C’est par ce même langage qu’il nous aide à trouver les réponses qu’il a déjà déposées dans le passé auprès de ceux  qui ont fait sa connaissance. Ces réponses se trouvent dans les récits de ceux qui ont été avant nous et dont la sagesse visite encore notre esprit qu’elle marque de son empreinte. Quand nous disons que Dieu a parlé  par les prophètes nous avons du mal à imaginer que c’est à notre intention qu’il l’a fait et que leur témoignage a emprunté la sagesse de tous  ceux qui étaient avant nous pour nous apporter la science de Dieu.

Jésus et les prophètes ont formulé leur message dans les témoignages qu’ils ont donnés à leurs peuples et qui ont été conservés par écrit, comme une longue aventure humaine qu’ils ont vécu avec Dieu et dont les différents épisodes parlent à notre esprit. C’est ainsi que Dieu continue à nous parler et que sa parole reste vivante en nous.

Ils nous ont dit que cette voix crie dans le désert. C’est d’abord ainsi que notre esprit inquiet la reçoit et se demande quelle peut être cette voix  qui travaille dans notre désert intérieur. Il se demande  quelle est la portée de cette  voix qui le trouble et qui met en évidence nos inquiétudes. Mais très vite il se dit que si ce message provient de Dieu, il ne peut  être qu’un message d’espérance. Par cette allusion au désert, la voix nous dit qu’il n’existe aucun lieu, aussi inhospitalier soit-il où Dieu ne peut rejoindre celui qui s’y trouve. Il n’y a pas de cœur assez sec qui ne puisse être irrigué par l’esprit de Dieu. La voix ainsi, résonne de proche en proche pour atteindre notre esprit qui reçoit le message cinq sur cinq et qui comprend que la voix est celle de Dieu. Il découvre que le désert, c’est l’aridité de notre esprit qui doit se rendre disponible pour être irrigué par Dieu.

Ce moment de Noël, où la voix résonne est un moment favorable pour être captée par notre esprit rebelle car des voix discordantes s’opposent les unes aux autres pour mieux mettre en évidence celle qui vient de Dieu. Ne va-t-on pas jusqu’à prétendre que Dieu a perdu la partie. Que nous célébrons de plus en plus des Noëls païens où Dieu n’a plus sa place. On déplore l’abandon des traditions comme si la voix de Dieu ne trouvait plus son chemin aux travers des aventures humaines.

Pourtant c’est dans une aventure humaine dont les éléments ne cessent  d’être discordants que nous nous plaisons à entendre la voix de Dieu et que cette voix divine fait écho à toutes les préoccupations humaines qui de tous les temps ont porté ce message de Dieu. C’est d’abord dans la voix de bergers qui font partie des pauvres parmi les pauvres, c’est dans le bêlement discordant des brebis, le plus bête de tous les animaux de la ferme que retentit le premier son du message divin qui prend pour support les vagissements d’un bébé qui ne sait pas où reposer se tête d’immigré en mal de demeure. Les humains qu’on nous y présente n’ont plus de voix  et ils ne trouvent face à eux que les ordres d’un roi sanguinaire qui s’en prend à tous les nourrissons de son royaume. On y rencontre aussi des savants qui découvrent dans les étoiles les secrets de Dieu. C’est dans les étoiles qu’ils entendent aussi  la voix de Dieu  et qu’ils  y découvrent  le bon chemin. A tous les coups ils ont croisé sur leur route des gens sur le chemin de l’exil,  des hommes avides d’espérance qui gonflaient leur bateau en caoutchouc pour traverser les mers hostiles. Ils ont traversé des villages inondés par la furie des rivières et ils ont vu des maisons que la colère des éléments a détruites.

Les jours qui se préparent sont eux aussi porteurs de voix mystérieuses dont il faut apprendre à lire les messages. Elles peuvent prendre l’accent de la compassion de Dieu pour les uns  ou de la cupidité des hommes pour les autres. Qui saura reconnaître la voix de Dieu dans les voix discordantes qui prétendent parler pour notre temps. Soudain une petite voix, celle d’une toute jeunes fille s’élève pour dire qu’elle rend grâce à Dieu car il est en train de détrôner les puissants et de remplir le monde d’espérance. Elle s’accorde semble-t-il à la voix de toutes ces femmes qui réclament justice ainsi que le droit de vivre normalement. Les cris d’un nouveau-né ne nous laissent pas ignorer la voix des enfants qui s’inquiètent  menacés par un climat dont nous ignorons les caprices  du moment.

 Chacun sait que tout message porteur d’amour, quel qu’en soit le messager est susceptible de porter une partie du message divin. C’est alors  que peut s’établir  une forme de dialogue avec Dieu. D’une part nous recevons les échos que les hommes de ce temps nous envoient, et qui s’opposent, d’autre part au message des prophètes. C’est alors que la voix qui crie dans le désert nous invite à mettre en dialogue toutes ces voix qui discordent entre elles afin qu’une possibilité d’espérance trouve sa place dans la cacophonie ambiante. Pour ce jeune père en quête d’espérance, la voix de Dieu l’enjoignit à prendre la fuite loin du tyran. Il ne tergiversa  pas pour savoir s’il y avait une autre solution et il comprit que la voix de Dieu le poussait à l’exil avec la mère et l’enfant.

 Dieu nous fait  confiance à chacun pour chercher à discerner comment la voix de Dieu nous met sur le chemin de l’espérance, même quand elle ne passe pas par le chemin de la raison, sans oublier que c’est  l’amour qu’il nous donne comme unique bagage.


La voix de Dieu que nous découvrons en nous, nous dirige toujours vers le chemin qui mène à la vie, car Dieu s’associe au destin des hommes pour toujours leur éclairer le chemin de la vie




vendredi 13 décembre 2019

Matthieu 1/18-25 Dieu offre la vie au monde Matthieu 1/18-25





18 Voici comment arriva la naissance de Jésus-Christ. Marie, sa mère, était fiancée à Joseph ; avant leur union, elle se trouva enceinte par le fait de l'Esprit saint. 19 Joseph, son mari, qui était juste et qui ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la répudier en secret. 20 Comme il y pensait, l'ange du Seigneur lui apparut en rêve et dit : Joseph, fils de David, n'aie pas peur de prendre chez toi Marie, ta femme, car l'enfant qu'elle a conçu vient de l'Esprit saint ; 21 elle mettra au monde un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus, car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. 22 Tout cela arriva afin que s'accomplisse ce que le Seigneur avait dit par l'entremise du prophète :

23 La vierge sera enceinte ; elle mettra au monde un fils

et on l'appellera du nom d'Emmanuel,

ce qui se traduit : Dieu avec nous.24 A son réveil, Joseph fit ce que l'ange du Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme chez lui. 25 Mais il n'eut pas de relations avec elle jusqu'à ce qu'elle eût mis au monde un fils, qu'il appela du nom de Jésus.





Il est des temps hors du temps. Il est une histoire hors de l’histoire. Il est une aventure inaccessible. C’est l’histoire de la goutte d’eau qui pour la première fois se mit à vibrer de la vie qui allait se manifester dans l’univers. Mettez-vous à la place de Dieu et essayez de songer à l’état d’esprit qui se trouvait être le sien. Cette apparition de la vie dans l’univers fut sans doute pour lui un instant d’immense émotion, semblable à celle qu’il éprouva au moment où Jésus vint au monde portant dans ses gènes tout le mystère de l’incarnation. Des milliards d’années avant la naissance de Jésus quelque chose s’était produit quelque part dans les eaux, au cœur de la planète qui n’était pas encore la terre et la vie avait surgi.

C’était une apparence, une chose indéfinissable, un protozoaire, peut-être, qui pour la première fois se mit à se diviser de l’intérieur et devint matière vivante. L’événement n’a jamais été raconté et il n’y eut aucun témoin. On sait seulement que ça a eu lieu. On sait qu’après le fracas étourdissant que produisit l’onde de choc qui provoqua la naissance du monde, le Créateur retint son souffle pour que la vibration qui se propagea ne détruise pas ce qu’il avait en tête de voir se réaliser.

C’est ainsi, nous est-il dit, qu’il y eut un soir et qu’il y eut un matin, ce fut le troisième jour, et personne n’était là pour contempler cette merveille, si non Dieu lui-même. Le Créateur qui avait ouvert l’histoire de l’univers par le fracas du big-bang, dont on ne peut pas imaginer la puissance, suspendait son souffle pour contempler une goutte d’eau toute frémissante de la vie qui était en train de se mettre à exister. 

Le même miracle de la vie qui surgit là où cela paraît impossible s’actualise chaque année à cette même époque quand le monde entier suspend le cours de ses activités pour évoquer le mystère de Noël. Une fois encore nous nous redisons les uns aux autres que la réalité fragile qui porte la vie est habitée par Dieu. Nous revivons encore dans un même émerveillement ce moment unique où Dieu mêle sa divinité à l’humanité, comme jadis il avait mêlé son souffle créateur à l’apparition de l’ADN qui de proche en proche avait rempli, la terre de toutes les formes que peut prendre la vie.

A force de science et de patiences, penchées sur leurs instruments et sur leurs ordinateurs, les hommes ont retrouvé les traces de l’histoire de la vie jaillie dans une goutte d’eau. Forts de leurs découvertes, au lieu de rendre grâce au Créateur, ils ont pris la grosse tête. Ils ont cru qu’en ayant découvert les secrets de l’origine de la vie, ils étaient devenus maîtres de la vie. Non seulement ils ont continué à en disposer à leur guise, mais ils l’ont aussi supprimée là où elle les gênait. Ils ont cherché à la soumettre à leur volonté, ils s’en sont pris à son mode de transmission et de reproduction. Ils croient pouvoir encore faire évoluer la vie à leur guise sans se soucier de Dieu. Pourtant ils ont des doutes…

Dieu qui contemple tout cela n’en est pas surpris. Il sait que la goutte d’eau qui pour la première fois a porté la vie avait en germe cette prétention de la créature vivante à supplanter son créateur. Le génie humain qui allait se mettre en ébullition au soir du sixième jour de la création était déjà conçu par Dieu pour se révolter contre son lui afin de trouver dans l’accomplissement de sa révolte le sens de son destin. En effet dans l’esprit de Dieu tout cela avait du sens et de la cohérence. 

Il m’ a semblé nécessaire aujourd’hui de retourner si loin dans le passé car, il fallait rappeler qu’il n’y a pas dans l’histoire du monde d’événement plus important que l’histoire de cette première goutte d’eau et l’histoire de la naissance de Jésus. L’une fait suite à l’autre à des milliards d’années d’intervalle. Le monde mettait en œuvre ce que Dieu avait décidé. Dans un premier temps il s’agissait de provoquer le jaillissement de la vie dans l’univers et dans un deuxième temps il s’agissait pour Dieu de venir s’installer au cœur de l’humanité. Toutes ces choses compliquées, la Bible nous les redit avec une simplicité naïve dans les récits de la nativité.

- Tout nous est dit sur le projet de Dieu qui vient habiter l’humanité. C’est le récit de la vierge devenue mère qui nous en rend compte.

- Tout nous est dit sur la fragilité de l’existence et sur les menaces de mort qui planent sur la vie à peine éclose. C’est ce que nous découvrons dans le comportement du roi Hérode qui arme ses soldats pour tuer un enfant. Il confirme par son geste l’arrogance de ceux, qui arrivés au faîte du pouvoir le confisquent à leur profit.

- Tout nous est dit des combats que livrent les hommes à Dieu pour lui ravir ses secrets. Nous le repérons en contemplant les savants de Jérusalem qui consultent les écrits, compulsent la Torah, vérifient les Ecrits pour repérer que Dieu a choisi la petite ville de Bethlehem pour s’incarner

- Tout nous est dit de la tranquille assurance avec laquelle Dieu contrôle les puissances hostiles et déjoue les comportements du malin. C’est pour cela que les anges entrent en action, que Joseph écoute et obéit que Marie s’émerveille et que tout se passe conformément à ce qui avait été dit.

- Tout nous est dit sur l’espérance offerte à tous les hommes. Mages et bergers, tous sont là pour entendre et rapporter tout ce que l’humanité est en droit d’espérer. 

Malgré cela, le monde continue à fonctionner comme si cette histoire n’était qu’une fiction, et comme si le récit de Noël n’était qu’un conte pour enfants. Nous avons du mal à comprendre que Dieu vient au plus intime de la réalité humaine pour la transformer en une réalité divine. Nous n’arrivons pas à croire que Dieu en intervenant dans l’humanité transforme notre destin à tout jamais et nous avons du mal à croire que l’éternité fait désormais partie intégrante de notre avenir. Nous avons du mal à admettre que notre destin n’est pas lié aux promesses d’un progrès humain illimité, mais à la certitude que Dieu habite dès aujourd’hui notre vie. Si nous ne savons pas ce que signifie ce mystère nous devons cependant réaliser qu’il est l’aboutissement de la création et que Dieu a prévu que nous soyons concernés. Tout se tient dans ces deux événements où Dieu crée la vie et où ensuite, il vient lui-même habiter la vie.

L’enfant qui naît à Noël n’est que l’enfant d’un jour. Il provoque notre émotion et nous rend conscients de notre vulnérabilité. Nous comprenons au contact de son histoire que si les moutons qui l’entourent dans la bergerie sont inoffensifs, il y a cependant des loups dehors qui tel Hérode cherchent à se nourrir de la vie des autres. Le monde est un monde où les pouvoirs s’affrontent, les vaincus disparaissent et les vainqueurs deviennent plus forts, mais disparaissent à leur tour, vaincus par plus forts qu’eux. C’est la loi du genre. Mais Dieu ne s’y résigne pas. 

En effet, si nous cherchons la vérité il faut la chercher ailleurs que dans les faits marquants de l’histoire des hommes. En se révélant dans un enfant Dieu nous apprend que la vérité reste invisible aux yeux des puissants et que même les savants ne la voient pas. L’enfant a grandi et la vérité sur Dieu est devenue plus pertinente à mesure qu’il se développait. Nous découvrons que Dieu dépose dans tous les hommes un ferment d’éternité. Il ne peut se développer que si la sauvegarde de la vie prend le dessus sur toutes les activités humaines. C’est en valorisant la vie de ceux avec qui nous sommes en contact que l’éternité pourra jaillir en nous, par une osmose subtile entre Dieu et nous. L’éternité n’est pas une valeur abstraite sur laquelle nous pouvons disserter sans fondement. Elle fait partie de l’espérance et nous ne pouvons y accéder que si nous la recevons de Dieu quand il nous met en relation avec nos semblables. Pour entrer dans l’éternité, il nous faut donc deux partenaires, Dieu et nos frères en humanité.



Comme au lendemain du big-bang, Dieu observe l’humanité et la regarde évoluer. Tout dépend désormais pour chacun de nous de l’approche qu’il aura de son prochain. S’il l’exploite et cherche à le dominer, en dépit des apparences son existence sera privée de sens. Il risquera de passer à côté de l’éternité sans s’en rendre compte. Par contre s’il trouve de l’intérêt dans sa propre vie en mettant en valeur la vie des autres, il sautera à pieds joints dans l’éternité sans même le savoir. Les apparences restent donc trompeuses, car ce qui compte pour Dieu, c’est qu’au contact de l’enfant qui est né à Noël nos vies s’identifient à la sienne au point que l’éternité qui le caractérise devienne notre éternité.

mercredi 11 décembre 2019

Matthieu 11/2-11Es-tu celui qui doit venir? Dimanche 15 décembre 2015


Es-tu celui qui doit venir ou



devons-nous en attendre un autre?

Matthieu 11:2-11 Dimanche 15 décembre 2019




2 Or Jean, dans sa prison, avait entendu parler des œuvres du Christ. Et il envoya dire par ses disciples : 3 Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? 4 Jésus leur répondit : Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : 5 Les aveugles recouvrent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres.

6 Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute ! A leur départ, Jésus se mit à dire aux foules, 7 à propos de Jean : Qu'êtes-vous allés contempler au désert ? Un roseau agité par le vent ? 8 Mais qu'êtes-vous allés voir ? Un homme vêtu somptueusement ? Mais ceux qui portent des vêtements somptueux sont dans les maisons des rois. 9 Qu'êtes-vous donc allés (faire) ? Voir un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu'un prophète. 10 Car c'est celui dont il est écrit : Voici, j'envoie mon messager devant ta face, pour préparer ton chemin devant toi. 11 En vérité je vous le dis, parmi ceux qui sont nés de femmes, il ne s'en est pas levé de plus grand que Jean-Baptiste. Cependant le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui.
 



Nous  nous approchons irrésistiblement de ce temps de Noël où le monde, se donne à espérer. On espère, le temps d’une nuit, que toutes les promesses des prophètes vont se réaliser. C’est alors que l’obscurité qui nous entoure paraît moins épaisse et qu’une  étoile vient l’éclairer pour guider les pas d’étranges voyageurs. Ils viennent sur le devant de la scène du monde abandonner joyeusement fortune et pouvoir alors que la nuit se referme sur l’oubli de leur passage. Tout se passe comme si le renoncement à la notoriété, à la fortune et au prestige pouvait se faire simplement et naturellement. Tout en nous comblant d’espérance, cette évocation du passage des mages nous permet de penser que toutes les choses que nous contestons dans ce monde pourraient être améliorées si on y mettait un peu de bonne volonté. Nos cœurs trop durs s’attendrissent alors, et notre âme se prépare à accueillir notre Dieu.

Mais ne brûlons pas les étapes. La lecture de ce jour nous propose de croiser les pas de Jean Baptiste qui nous invite à partager sa colère contre tous ceux qui conduisent leur vie à contrecourant de ce que Dieu souhaite.

Le personnage de Jean dit le baptiste est fascinant. Nous le rejoignons dans sa prison où il se pose les questions fondamentales de sa vie. Il s’interroge sur Jésus et se demande s’il est celui qui devait venir pour permettre aux hommes d’être plus proches de Dieu. Il se demande s’il va répondre à son attente et à notre attente.

Mais qu’attendons-nous en vérité ? Qu’attendent de Dieu les hommes qui espèrent en lui ? Ils espèrent des réponses claires. Ils attendent que Dieu les distingue parmi les autres et les favorisent dans la vie en leur permettant une existence meilleure que celle que la société leur réserve. Ils attendent que Dieu bouscule leur réalité quotidienne en mettant devant eux une espérance concrète. Depuis les jours de Jean baptiste, nous attendons toujours la même chose, mais la réalité d’aujourd’hui ne semble pas plus évidente que la réalité d’hier. Pourtant Jean baptiste semblait sûr de son fait !

Il avait senti venir de loin ce changement tant espéré. Il en avait trouvé l’annonce dans les discours des prophètes de jadis dont le message était conservé dans les Ecritures. Il avait tout abandonné pour prêter sa voix à Dieu afin de répéter ces messages d’autrefois qui avait conservé toute leur pertinence. Ces message étaient ceux que les foules attendaient puisqu’elles se précipitaient en masse dans les lieux déserts pour l’écouter, tant il est vrai que les hommes aiment se faire bousculer par des paroles provocantes. L’éloquence de Jean Baptiste dénonçait leurs péchés, étalait en public leurs forfaitures. Elle s’accompagnait en même temps de gestes de purification. L’espérance grandissait.

Le Messie pouvait donc venir. Ne l’avait-il pas reconnu dans cet homme, issu de sa propre famille qui était venu se faire immerger par lui dans le désert ? Depuis il avait entrepris une carrière de prédicateur comme lui, et il faisait des miracles. 

Maintenant Jean attendait la mort dans sa geôle sans avoir la preuve que tout cela venait de Dieu. Malgré les promesses qui lui parvenaient de l’extérieur, il restait enfermé et oublié. Le tyran était toujours au pouvoir et malgré les belles paroles de Jésus rien de nouveau ne se passait vraiment. Le changement annoncé ne se voyait pas vraiment. Autant dire qu’il n’y avait pas vraiment de changement. Il y avait des conversions individuelles, mais la prise en main du monde par Dieu n’était toujours pas visible.

Depuis cette époque reculée, la présence de Dieu ne semble toujours pas visible. Jésus a prêché un Evangile dont les termes, aux dires de beaucoup, sont révolutionnaires, mais rien n’a changé. Comme Jean, Jésus mourra martyr ! Rien ne changera pour autant. Sa résurrection proclamée par tant de croyants ne semble pas avoir changé grand-chose au cours de l'histoire. Y a-t-il alors quelque chose que nous n’avons pas compris ? 

Que cherchaient les foules en allant au désert pour se faire baptiser? Espéraient-elles que le  comportement de Dieu allait changer?  En fait l’homme peut-il  provoquer un changement quelconque  en Dieu ? Sans doute ont-ils tous cru pouvoir faire pression sur lui par leurs gestes de repentance pour que Dieu se décide à changer la société. Ils espéraient que Dieu allait faire le travail à leur place !

Jean dans sa prison devait penser que sa vie avait été un échec et que sa foi en Jésus avait été un leurre ! C’est aussi ce que pensent encore aujourd’hui, ceux qui rangent Jésus parmi les philosophes et qui font de lui un sage inspiré, en refusant de croire que c’est en tant que témoin de Dieu qu’il parlait et qu’il agissait. C’est pour cela que Jésus a déclaré de Jean qu’il était le plus grand des prophètes. Jean avait perçu que c’est le cœur des hommes qui devait se transformer s’ils voulaient voir un changement s’opérer du côté de Dieu, car c’est en Dieu que les hommes doivent puiser les idées généreuses qui leur permettront de changer le monde. Ces idées ils les trouveront dans les paroles de Jésus. La possibilité de les réaliser leur est donnée par l’Esprit de Dieu qui ne cesse de souffler sur chacun de nous.

Il  y a au cœur de chaque homme un capital de générosité qui demande à s’exprimer et à être mis en valeur. Mais cette entreprise ne peut être couronnée de succès que si Dieu en est le garant. Tant que les hommes essayeront de changer les choses sans chercher à être guidés par Dieu, leur entreprise tournera à l’échec. La réponse de Jésus à Jean Baptiste le confirme dans cette intuition. Il lui dit en substance que c’est bien la voix de Dieu qu’il a entendue à travers celle des prophètes et que c’est bien Dieu qui l’a guidé pour agir comme il l’a fait. Mais ce n’est pas Dieu qui l’a conduit en prison, c’est la dure loi des hommes, et s’il meurt ce ne sera pas le fait de Dieu. Mais en aucune façon son entreprise n’aura été un échec.

Chaque époque a vu se lever des hommes aux idées généreuses, prêts à changer le monde. Ils ont parfois aimé se vêtir de manière différente de celle des populations qui les entouraient, si bien que pour eux le vêtement de poil de chameau de Jean est devenu le blouson de cuir ou les chemises à fleurs de certains ou encore  des gilets jaunes.
 
Leurs protestations véhémentes rejoignaient celles de Jean. Puis déçus du manque de suite dans leurs protestations, ils s’enferment eux-mêmes dans la prison de leurs propres théories en se demandant pourquoi leurs idées n’ont pas portées de meilleurs fruits. La question qu’ils devaient et qu’ils doivent encore se poser est la même que celle de Jean. Où était Dieu dans leur entreprise ? 

A  tous ceux qui rêvent de changer le monde, Jésus apporte une réponse que beaucoup récusent. Le changement commence par le changement de soi-même par une descente dans notre fort intérieur pour y rencontrer Dieu qui y mettra certainement en cause notre vanité, notre égoïsme, notre manque d’amour.

Cette  remise en cause de nous-mêmes nous amène invariablement à découvrir Dieu sous un autre aspect. Son amour modifie notre vision des choses et si nos idées généreuses ne sont pas suivies d’effet, elles ne sont pas forcément le signe d’un échec. C’est là l’effet de la dureté du cœur des hommes au milieu desquels Dieu nous demande d’apporter la contradiction qui est la base sur laquelle il construit son Royaume. Cela, nous devons le faire maintenant avec le renoncement à soi pour instrument d’action et l’amour pour les autres comme matière première.



Ainsi  se confirme la grande espérance qui jaillit des récits de Noël. Rejoignons les mages que nous évoquions en commençant ce propos. Le récit de leur aventure qui nous est parvenu est largement légendaire. Il a été forgé par des générations de croyants dont l’Evangile de Matthieu n’a retenu qu’une petite partie. On en a fait des rois, qui ont abandonné, leur fortune pour repartir tout joyeux, délestés de leur puissance, vers un autre destin. Dieu les a guidés dans la nuit des hommes par une petite étoile que l’on cherche encore. C’est cette même étoile qui conduira chacun de nous à renoncer à lui-même pour construire son destin et édifier avec Dieu son royaume qui vient.


mardi 26 novembre 2019

Matthieu 3/1-12 - la colère de Dieu dimanche 8 décembre 2019


Matthieu 3 :1-12.



Prédication de Jean-Baptiste

1 En ce temps-là parut Jean-Baptiste, il prêchait dans le désert de Judée. 2 Il disait : Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. 3 C'est lui dont le prophète Ésaïe a dit : C'est la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur Rendez droits ses sentiers.

4 Jean avait un vêtement de poils de chameau et une ceinture de cuir autour des reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. 5 Les habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de toute la région du Jourdain, venaient à lui, 6 et ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain en confessant leurs péchés.

7 Comme il voyait venir au baptême beaucoup de Pharisiens et de Sadducéens, il leur dit : Races de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ? 8 Produisez donc du fruit digne de la repentance ; 9 et n'imaginez pas pouvoir dire : Nous avons Abraham pour père ! Car je vous déclare que de ces pierres-ci Dieu peut susciter des enfants à Abraham. 10 Déjà la cognée est mise à la racine des arbres : tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. 1 1Moi, je vous baptise dans l'eau, en vue de la repentance, mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne mérite pas de porter ses sandales. Lui vous baptisera d'Esprit Saint et de feu. 1 2Il a son van à la main, il nettoiera son aire, il amassera son blé dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteint pas.

Voir aussi Esaïe 11/1-10,

« Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers » 








  

Prenant le relais de la voix d’Esaïe, Jean Baptiste crie à son tour. Cela sonne comme une longue complainte qui d’écho en écho traverse toute l’Ecriture pour clamer la colère de Dieu sur son peuple rebelle. C’est un peuple à la nuque raide, il est lent à comprendre et à croire, il est incapable de se repentir. Combien de prédicateurs avant moi n’ont-ils pas voulu prendre à leur tour le relais de ce cri pour remettre en état de marche, des églises assoupies, des paroisses confortablement installées dans leurs habitudes et provoquer en elle un sursaut de réveil ?



Tels Jean Baptiste, combien de prédicateurs  se sentent-ils pas mandatés par Dieu pour semoncer son peuple et ramener ses brebis au bercail ? De tous temps, des grands prédicateurs se sont permis à leur manière de fulminer contre l’apathie du peuple des croyants qui consomment du religieux au lieu de vivre la précarité de la foi!



Oserais-je aujourd’hui leur emboîter le pas et les imiter en usant des prérogatives que tant d’autres avant moi se sont octroyées? Ce serait d’abord discourtois de ma part et d’autre part se serait contraire, me semble-t-il à l’Evangile lui-même. C'est ce que je vais tenter d’expliquer. Pourtant ces sermons que l’on qualifie de musclés ne sont pas sans efficacité, en particulier celui de Jean Baptiste. L’Evangile du jour nous montre les foules se précipitant dans le désert pour se faire tancer par lui.  Aujourd’hui encore, c’est ce style que certains prédicateurs utilisent pour promettre des catastrophes aux infidèles. Ils font salle comble Mais si de telles prédications font le succès des sectes elles ne sauraient faire le succès des églises car l’Evangile n’y trouve pas son compte. Il est fait de douceur et d’amour et non d’invectives et d’admonestations.



Alors me direz-vous, pourquoi Jean Baptiste a-t-il pu se le permettre et pourquoi est-ce que je conteste ce droit aux   prédicateurs d’aujourd’hui?  Pour une seule et bonne raison, c’est qu’à partir de Jésus, la révélation de Dieu s’est inscrite dans un autre registre. Il a proposé un autre mode de relation à Dieu.  On est passé de la Loi à la Grâce. Avec Jean Baptiste s’achève l’ultime tentative d’un prédicateur pour amener les hommes à la foi en annonçant la colère du Dieu tout puissant offensé par le péché des hommes.



Pourtant, depuis quelques temps ce discours semble avoir repris. Non pas chez les gens d’Eglise, mais chez  des hommes qui se réclament de la science. Ils utilisent le discours des prophètes  de malheur  en s’appuyant sur le  langage de la science ils tiennent le haut du pavé et nous annoncent des catastrophes dont nous porterions la responsabilité. Ces prophètes n'argumentent pas à partir de messages divins. Ils s'appuient sur le constat que l'activité humaine est devenue hostile à la nature, et à force de la dégrader elle finira par la détruire et détruire l’humanité. Ils font partie de ceux qu’on appelle les collapsologues


Les théologiens s'en mêlent  à leur tour et changent le vocabulaire pour dire la même chose. Ils appellent création, ce que les savants appellent nature et ainsi mettent Dieu dans le coup de leurs nouvelles préoccupations. Ils  laissent entendre que Dieu n'interviendra pas pour sauver sa création maltraitée par les hommes. Plane alors sur nos têtes la menace d'un retour à la colère de Dieu.


Le thème de la colère de Dieu allumée contre le péché humain serait-il en train de revenir ?  L'enseignement de Jésus  remettant  en cause  le bienfondé  de la colère de Jean Baptiste  serait-il à réviser?  Jésus renverse la situation et propose une autre forme de relation entre Dieu et les hommes.  Il suggère  un autre défi. Puisque les hommes se refusent à changer leur comportement. Puisque la colère de Dieu semble vaine, le changement n’est plus à chercher chez l’homme qui s’y refuse, mais c’est le mode de relation à Dieu qui doit changer. Dieu accepte de rejoindre les hommes dans leurs soucis, il accepte même de passer par la mort pour les rejoindre. Il demande à ceux qui croient en lui  de l'imiter dans son comportement avec les autres. C'est l'altruisme, autrement dit l'amour qui devient la clé de cette nouvelle attitude. Ce n’est pas que Dieu ait changé, il reste le même, mais il propose aux hommes de le rejoindre par un autre chemin celui de sa relation avec le prochain. Les prophètes avaient bien essayé, jadis de dire ces choses, mais ils n’avaient pas été écoutés. Il faudra toute la persuasion, la foi et le talent de Jésus pour que les choses changent vraiment avec l’aide du Saint Esprit en plus.



Une dernière fois, Jean Baptiste a fait retentir la voix de la colère de Dieu. Il tonne contre tout ce qui fait entrave à sa majesté, il fustige les clercs, il admoneste les pécheurs, et les invite à  changer d’attitude. Jésus quant à lui va nous proposer de porter un autre regard sur Dieu. A partir de son enseignement  les choses vont se mettre à changer très vite. Il ne lui faudra que 3 petites années pour que tout ce qui était pressenti et annoncé par les prophètes avant lui prenne corps. Il s'agissait de comprendre que notre relation à Dieu devait changer et qu'elle dépendait totalement  de notre relation avec nos semblables. 



Une conversion était nécessaire. Il s’agissait d'ailleurs d’une double conversion : conversion de Dieu, nous l'avons laissé entendre,  et conversion des hommes. La conversion de Dieu consistait à ne plus se présenter dans sa majesté comme le maître de tout et le créateur de tout. Dieu renonçait à sa toute-puissance extérieure et attendait désormais, que l’homme le reconnaisse sous un autre aspect. Dieu se présentait alors sous les traits de celui qui est compatissant et qui ne veut être reconnu que par la manifestation de son amour. Quant à l’homme, sa conversion consistait désormais à ne plus redouter la colère de Dieu et à ne plus chercher les actes visibles de sa toute puissance, mais à le reconnaître dans les actes d’amour qui relient  les hommes entre eux.



L’amour deviendra alors le lieu de la rencontre entre Dieu et l’homme. C’est en le partageant qu’ils se reconnaîtront l’un et l’autre. Par amour, Dieu introduit l’homme dans sa souveraineté et dans son éternité et par amour, l’homme renonce à tout ce qui l’attache à la vanité, à  l'outrecuidance, à l'orgueil mal placé. Telle est la ligne de conduite qui est donnée par Jésus de la part de Dieu pour que les choses aillent mieux



C’est ce qui se passe depuis 2 000 ans. Dieu a cessé de manifester sa colère légitime et a entrepris de renoncer aux signes apparents de sa divinité. Le feu tombant du ciel sur les infidèles, promis par les prophètes pour détruire l’humanité,  est devenu le feu de l’Esprit; qui descend en chaque homme, le pénètre jusqu’au fond des entrailles et allume en lui le désir de s’unir à son Dieu dans un acte d’amour éternel. L’homme achève alors son parcours sur terre en une osmose d’amour avec son Dieu.


Il ne faut pas confondre colère de Dieu et déséquilibre de  la nature. Dieu n'en est pas la cause et il ne punirait pas ainsi l'humanité de son insouciance. Le message de Dieu reste le même. Il nous demande de collaborer avec lui par le partage de  ce que nous avons en le mettant au service des autres et en agissant de telle sorte que leur sort ne soit pas lésé par nos actions. Les textes bibliques nous apprennent seulement que Dieu n'est pas l'auteur de projets destructeurs pour la planète. Il n'agit que par les moyens selon lesquels l'amour partagé permet aux choses d'aller mieux.



Ainsi se prépare Noël. Le divin se fait humain. Dieu renonce à lui-même et à sa divinité et devient homme. En Jésus il entre totalement dans l’abandon de soi en manifestant l’amour sans limite qu’il éprouve pour chaque humain. Défilent alors devant lui, tous ces humains pour lesquels ils manifeste tout spécialement son amour : prostituées, enfants, vieillards, scribes, pharisiens soldats, publicains, juifs, samaritains, païens, riches, pauvres, infirmes et même défunts et pécheurs de tout acabit. Tous  se retrouvent dans une même relation d’amour, dans une égalité de sentiment. Le péché cesse d’être un élément de rupture entre Dieu et l’homme.
Matthieu 3 :1-12.

Prédication de Jean-Baptiste
1 En ce temps-là parut Jean-Baptiste, il prêchait dans le désert de Judée. 2 Il disait : Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. 3 C'est lui dont le prophète Ésaïe a dit : C'est la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur Rendez droits ses sentiers.
4 Jean avait un vêtement de poils de chameau et une ceinture de cuir autour des reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. 5 Les habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de toute la région du Jourdain, venaient à lui, 6 et ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain en confessant leurs péchés.
7 Comme il voyait venir au baptême beaucoup de Pharisiens et de Sadducéens, il leur dit : Races de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ? 8 Produisez donc du fruit digne de la repentance ; 9 et n'imaginez pas pouvoir dire : Nous avons Abraham pour père ! Car je vous déclare que de ces pierres-ci Dieu peut susciter des enfants à Abraham. 10 Déjà la cognée est mise à la racine des arbres : tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. 1 1Moi, je vous baptise dans l'eau, en vue de la repentance, mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne mérite pas de porter ses sandales. Lui vous baptisera d'Esprit Saint et de feu. 1 2Il a son van à la main, il nettoiera son aire, il amassera son blé dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteint pas.
Voir aussi Esaïe 11/1-10,
« Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers »








Prenant le relais de la voix d’Esaïe, Jean Baptiste crie à son tour. Cela sonne comme une longue complainte qui d’écho en écho traverse toute l’Ecriture pour clamer la colère de Dieu sur son peuple rebelle. C’est un peuple à la nuque raide, il est lent à comprendre et à croire, il est incapable de se repentir. Combien de prédicateurs avant moi n’ont-ils pas voulu prendre à leur tour le relais de ce cri pour remettre en état de marche, des églises assoupies, des paroisses confortablement installées dans leurs habitudes et provoquer en elle un sursaut de réveil ?

Tels Jean Baptiste, combien de prédicateurs  se sentent-ils pas mandatés par Dieu pour semoncer son peuple et ramener ses brebis au bercail ? De tous temps, des grands prédicateurs se sont permis à leur manière de fulminer contre l’apathie du peuple des croyants qui consomment du religieux au lieu de vivre la précarité de la foi!

Oserais-je aujourd’hui leur emboîter le pas et les imiter en usant des prérogatives que tant d’autres avant moi se sont octroyées? Ce serait d’abord discourtois de ma part et d’autre part se serait contraire, me semble-t-il à l’Evangile lui-même. C'est ce que je vais tenter d’expliquer. Pourtant ces sermons que l’on qualifie de musclés ne sont pas sans efficacité, en particulier celui de Jean Baptiste. L’Evangile du jour nous montre les foules se précipitant dans le désert pour se faire tancer par lui.  Aujourd’hui encore, c’est ce style que certains prédicateurs utilisent pour promettre des catastrophes aux infidèles. Ils font salle comble Mais si de telles prédications font le succès des sectes elles ne sauraient faire le succès des églises car l’Evangile n’y trouve pas son compte. Il est fait de douceur et d’amour et non d’invectives et d’admonestations.

Alors me direz-vous, pourquoi Jean Baptiste a-t-il pu se le permettre et pourquoi est-ce que je conteste ce droit aux   prédicateurs d’aujourd’hui?  Pour une seule et bonne raison, c’est qu’à partir de Jésus, la révélation de Dieu s’est inscrite dans un autre registre. Il a proposé un autre mode de relation à Dieu.  On est passé de la Loi à la Grâce. Avec Jean Baptiste s’achève l’ultime tentative d’un prédicateur pour amener les hommes à la foi en annonçant la colère du Dieu tout puissant offensé par le péché des hommes.

Pourtant, depuis quelques temps ce discours semble avoir repris. Non pas chez les gens d’Eglise, mais chez  des hommes qui se réclament de la science. Ils utilisent le discours des prophètes  de malheur  en s’appuyant sur le  langage de la science ils tiennent le haut du pavé et nous annoncent des catastrophes dont nous porterions la responsabilité. Ces prophètes n'argumentent pas à partir de messages divins. Ils s'appuient sur le constat que l'activité humaine est devenue hostile à la nature, et à force de la dégrader elle finira par la détruire et détruire l’humanité. Ils font partie de ceux qu’on appelle les collapsologues

Les théologiens s'en mêlent  à leur tour et changent le vocabulaire pour dire la même chose. Ils appellent création, ce que les savants appellent nature et ainsi mettent Dieu dans le coup de leurs nouvelles préoccupations. Ils  laissent entendre que Dieu n'interviendra pas pour sauver sa création maltraitée par les hommes. Plane alors sur nos têtes la menace d'un retour à la colère de Dieu.

Le thème de la colère de Dieu allumée contre le péché humain serait-il en train de revenir ?  L'enseignement de Jésus  remettant  en cause  le bienfondé  de la colère de Jean Baptiste  serait-il à réviser?  Jésus renverse la situation et propose une autre forme de relation entre Dieu et les hommes.  Il suggère  un autre défi. Puisque les hommes se refusent à changer leur comportement. Puisque la colère de Dieu semble vaine, le changement n’est plus à chercher chez l’homme qui s’y refuse, mais c’est le mode de relation à Dieu qui doit changer. Dieu accepte de rejoindre les hommes dans leurs soucis, il accepte même de passer par la mort pour les rejoindre. Il demande à ceux qui croient en lui  de l'imiter dans son comportement avec les autres. C'est l'altruisme, autrement dit l'amour qui devient la clé de cette nouvelle attitude. Ce n’est pas que Dieu ait changé, il reste le même, mais il propose aux hommes de le rejoindre par un autre chemin celui de sa relation avec le prochain. Les prophètes avaient bien essayé, jadis de dire ces choses, mais ils n’avaient pas été écoutés. Il faudra toute la persuasion, la foi et le talent de Jésus pour que les choses changent vraiment avec l’aide du Saint Esprit en plus.

Une dernière fois, Jean Baptiste a fait retentir la voix de la colère de Dieu. Il tonne contre tout ce qui fait entrave à sa majesté, il fustige les clercs, il admoneste les pécheurs, et les invite à  changer d’attitude. Jésus quant à lui va nous proposer de porter un autre regard sur Dieu. A partir de son enseignement  les choses vont se mettre à changer très vite. Il ne lui faudra que 3 petites années pour que tout ce qui était pressenti et annoncé par les prophètes avant lui prenne corps. Il s'agissait de comprendre que notre relation à Dieu devait changer et qu'elle dépendait totalement  de notre relation avec nos semblables. 

Une conversion était nécessaire. Il s’agissait d'ailleurs d’une double conversion : conversion de Dieu, nous l'avons laissé entendre,  et conversion des hommes. La conversion de Dieu consistait à ne plus se présenter dans sa majesté comme le maître de tout et le créateur de tout. Dieu renonçait à sa toute-puissance extérieure et attendait désormais, que l’homme le reconnaisse sous un autre aspect. Dieu se présentait alors sous les traits de celui qui est compatissant et qui ne veut être reconnu que par la manifestation de son amour. Quant à l’homme, sa conversion consistait désormais à ne plus redouter la colère de Dieu et à ne plus chercher les actes visibles de sa toute puissance, mais à le reconnaître dans les actes d’amour qui relient  les hommes entre eux.

L’amour deviendra alors le lieu de la rencontre entre Dieu et l’homme. C’est en le partageant qu’ils se reconnaîtront l’un et l’autre. Par amour, Dieu introduit l’homme dans sa souveraineté et dans son éternité et par amour, l’homme renonce à tout ce qui l’attache à la vanité, à  l'outrecuidance, à l'orgueil mal placé. Telle est la ligne de conduite qui est donnée par Jésus de la part de Dieu pour que les choses aillent mieux

C’est ce qui se passe depuis 2 000 ans. Dieu a cessé de manifester sa colère légitime et a entrepris de renoncer aux signes apparents de sa divinité. Le feu tombant du ciel sur les infidèles, promis par les prophètes pour détruire l’humanité,  est devenu le feu de l’Esprit; qui descend en chaque homme, le pénètre jusqu’au fond des entrailles et allume en lui le désir de s’unir à son Dieu dans un acte d’amour éternel. L’homme achève alors son parcours sur terre en une osmose d’amour avec son Dieu.

Il ne faut pas confondre colère de Dieu et déséquilibre de  la nature. Dieu n'en est pas la cause et il ne punirait pas ainsi l'humanité de son insouciance. Le message de Dieu reste le même. Il nous demande de collaborer avec lui par le partage de  ce que nous avons en le mettant au service des autres et en agissant de telle sorte que leur sort ne soit pas lésé par nos actions. Les textes bibliques nous apprennent seulement que Dieu n'est pas l'auteur de projets destructeurs pour la planète. Il n'agit que par les moyens selon lesquels l'amour partagé permet aux choses d'aller mieux.

Ainsi se prépare Noël. Le divin se fait humain. Dieu renonce à lui-même et à sa divinité et devient homme. En Jésus il entre totalement dans l’abandon de soi en manifestant l’amour sans limite qu’il éprouve pour chaque humain. Défilent alors devant lui, tous ces humains pour lesquels ils manifeste tout spécialement son amour : prostituées, enfants, vieillards, scribes, pharisiens soldats, publicains, juifs, samaritains, païens, riches, pauvres, infirmes et même défunts et pécheurs de tout acabit. Tous  se retrouvent dans une même relation d’amour, dans une égalité de sentiment. Le péché cesse d’être un élément de rupture entre Dieu et l’homme.

Pour accomplir alors son parcours d’humanité, Dieu accepte que la mort y joue un rôle. Il la prive de sa faculté de terroriser les hommes. Elle cesse d’être le contrepouvoir de Dieu qu’elle prétend être. Mais elle est anéantie par Dieu  qui la  vainc par la résurrection. Dieu rencontre alors l’humanité dans son ultime destin. Elle se trouve elle-même transformée par le divin qui la visite. Le néant n’y résiste pas, et le néant devient éternité. C’est alors que l’homme peut se dire sauvé. Il est sauvé quand il se met à croire que la présence de Dieu qui  l’entraine dans son éternité relève de l’ordre du possible.






Pour accomplir alors son parcours d’humanité, Dieu accepte que la mort y joue un rôle. Il la prive de sa faculté de terroriser les hommes. Elle cesse d’être le contrepouvoir de Dieu qu’elle prétend être. Mais elle est anéantie par Dieu  qui la  vainc par la résurrection. Dieu rencontre alors l’humanité dans son ultime destin. Elle se trouve elle-même transformée par le divin qui la visite. Le néant n’y résiste pas, et le néant devient éternité. C’est alors que l’homme peut se dire sauvé. Il est sauvé quand il se met à croire que la présence de Dieu qui  l’entraine dans son éternité relève de l’ordre du possible.




jeudi 31 octobre 2019

Luc 20/27-38 La résurretion : Dimanche 10 novembre 2019


Luc 20/27-38


27 Quelques-uns des sadducéens, qui disent qu'il n'y a pas de résurrection, s'approchèrent et posèrent à Jésus cette question:
28 «Maître, voici ce que Moïse nous a prescrit: Si un homme marié meurt sans avoir d'enfants, son frère épousera la veuve et donnera une descendance à son frère.
29 Or, il y avait sept frères. Le premier s'est marié et est mort sans enfants. 30 Le deuxième [a épousé la veuve et est mort sans enfants],
31 puis le troisième l'a épousée; il en est allé de même pour les sept: ils sont morts sans laisser d'enfants. 32 Enfin, la femme est morte aussi.
33 A la résurrection, duquel d'entre eux sera-t-elle donc la femme? En effet, les sept l'ont eue pour épouse.» 34 Jésus leur répondit: «Les hommes et les femmes de ce monde se marient,
35 mais celles et ceux qui seront jugés dignes de prendre part au monde à venir et à la résurrection ne se marieront pas.
36 Ils ne pourront pas non plus mourir, car ils seront semblables aux anges, et ils seront enfants de Dieu en tant qu'enfants de la résurrection.
37 Que les morts ressuscitent, c'est ce que Moïse a indiqué, dans l'épisode du buisson, quand il appelle le Seigneur le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob.
38 Or Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants, car tous sont vivants pour lui.» 





Ce texte sur la recherche de la vie  éternelle nous renvoie à nos propres préoccupations. Nous sommes  impatients d’avoir une réponse à la question posée qui concerne la vie éternelle et la résurrection. Elles se tiennent au centre  de notre foi car nous nous sentons réellement concernés par le mystère de la vie. En effet, nous sommes des êtres de désir et nous aimerions nous approprier les clés de la vie, aussi bien  celle que nous menons  dans ce monde ci  que celle que nous espérons dans l’autre.  Notre désir principal est de mener une vie le plus agréable possible dans ce monde, et nous voulons profiter de tout ce qui est susceptible de la rendre enviable. Pour y parvenir nous voulons user de tout ce qui est à notre disposition.  Pour cela nous disposons de notre intelligence, de nos talents et de notre ascendant sur les autres car nous percevons les autres comme des êtres  dont nous pouvons tirer profit pour qu’ils servent à embellir notre vie. En fait nous  cherchons à utiliser leur capital de vie pour enrichir le nôtre. Il en est ainsi depuis l’origine du monde. C’est notre relation à  l’autre qui est en fait l’élément essentiel qui nous permet de d’exister. Nous cherchons à créer une relation de dépendance  avec lui  et à tirer le meilleur profit de sa présence dans notre vie et nous voudrions en établir le bien fondé. 


Dès les origines de l’humanité, les sociétés primitives ont inventé l’esclavage qui créait des relations de dépendance de certains hommes par rapport aux autres. Ainsi une catégorie d’humains pouvait sans vergogne utiliser les talents des  autres pour enrichir sa propre vie en profitant de celle des autres. On devenait esclave par naissance ou par le hasard de circonstance. On a  justifié cette situation, pour se donner bonne conscience en mettant Dieu ou les dieux dans le coup. On affirmait alors que c’était par décision divine que les uns aient pris de l’ascendant sur  les autres, soit parce que c’était comme cela que le dieu ou les dieux avaient voulu que cela soit car c’était la règle qui faisait loi dans la nature où les plus forts  dominaient les plus faibles. On disait aussi que les ancêtres  des uns avaient commis une faute par rapport aux autres et qu’une décision divine avait, par souci de justice, rendu les uns dépendant des autres. On a pu ainsi justifier les choses dans les saintes écritures  en disant que les pères avaient mangé des raisins verts et les enfants en avaient eu les dents agacées. Toute différence de situation trouvait ainsi sa justification devant Dieu et les hommes ont fini par adhérer à ces histoires que  l’on considéra comme fondées historiquement. On justifia  ainsi l’apartheid   en racontant la mésaventure de Cham qui avait dévoilé la nudité de son père et dont les descendants furent condamnés par Dieu à être esclaves de leurs  frères. Il nous a été rapporté qu’un jour on demanda à Jésus quelle faute avait pu commettre les parents d’un aveugle pour qu’il soit dans cette situation. Ainsi Dieu était considéré comme le juge suprême qui décidait du sort des individus par rapport à leur manière de gérer leur vie.


La Bible fourmille d’anecdotes qui justifient la domination des uns sur les autres. Nous constatons  curieusement que, même  dans les Ecritures ce sont les humains en situation  favorable  qui ont tendance à justifier les  situations qui les favorise. Nous avons un curieux  penchant à vouloir mêler Dieu à ce type d’histoire pour établir le bienfondé d’une situation  qui favorise les uns au détriment des autres. On se sert alors de Dieu pour justifier des inégalités qui du fait qu’elles peuvent bibliquement se justifier ont de ce fait force de loi. Mais la Bible nous donne aussi des clés de lecture pour nous aider à contester ce genre d’affirmation.  C’est à nous de savoir  lire les textes  pour  discerner les choses afin de  saisir la vérité du message divin.


Ces quelques réflexions nous plongent directement dans le texte de l’Evangile de ce jour et nous amènent à nous demander comment Dieu gère les  questions que nous nous posons sur la vie ? Ce texte va nous aider à comprendre comment nous avons parfois l’audace de manipuler Dieu pour lui faire dire ce qu’il n’a pas  dit et justifier ainsi des apriori qui nous arrangent peut-être, mais qui sont hors de la vérité. Il ne faut pas être fin clerc pour comprendre que la question posée à Jésus sur la vie éternelle par des gens qui n’y croient pas comporte un piège. La question sous-jacente posée ici par les Sadducéens comporte une fausse question que nous  formulerons ainsi : « Nous ne croyons pas à la résurrection, mais au cas où elle existerait, qu’en serait-il de la vie après la mort » ? Car c’était là leur vrai souci. Ils  ne voulaient pas en parler ouvertement à Jésus pour ne pas perdre la face. Mais ils espéraient une réponse qui leur donne à espérer. Si la réponse de Jésus nous éclaire, elle n’ éclairait pas forcément ceux qui l’interrogeaient , puisqu’ils ne croyaient pas à une autre vie. Pour Jésus, la vie, quelle qu’en soit la forme, présente ou future, appartient à Dieu mais c’est dans  l’authenticité de la foi qu’elle trouve sa vérité.


Si Dieu est maître de la vie, ma vie ne peut s’épanouir qu’en lui, non seulement ma propre vie, mais aussi celle des autres, non seulement celle des humains, mais aussi celle des animaux et des plantes. Tout ce qui vit a sa réalité en Dieu. Mais qu’en est-il de notre vie future à chacun de nous ? Pour répondre à cette question il  est bon de se demander  quelle peut être le sentiment de Dieu à notre égard quand nous  avons malmené notre prochain ou abusé sauvagement de lui ? Comment se tenir devant Dieu quand nous avons pris conscience que nous n’en avons pas fait assez pour notre prochain pour que sa vie s’épanouisse ? Comment  se comporter devant Dieu quand nous savons que sa création a été altérée de notre fait ? Toutes ces questions nous habitent. Non seulement nous les confessons à Dieu mais nous nous interrogeons aussi sur son attitude à lui, vis-à-vis de nous et vis-à-vis du futur. Va-t-il réparer nos erreurs ou va-t-il nous suggérer une autre solution ?


Si Dieu est porteur de vie il ne peut ni punir ni sanctionner les humains qui ont porté atteinte à toutes les formes de vie, sans quoi il porterait lui-même atteinte à la vie qui est en eux et dont il est protecteur. Il ne peut donc ni sanctionner ni punir. Une seule réponse est alors possible, elle consiste à utiliser vis-à-vis de Dieu et de tout ce qui vit cette potentialité de survie qui est en nous  et qui se nomme amour. En le pratiquant sans limite, nous ouvrons alors notre vie au pardon et  à l’espérance qui sont seuls  porteurs d’avenir.


Mais l’espérance doit vivre elle-aussi et pour vivre elle a besoin d’être nourrie. Dieu a laissé dans la Bible de quoi nourrir notre espérance. Elle le sera par le témoignage de tous ceux qui nous ont précédés sur terre et qui ont fait confiance à Dieu pour diriger leur existence. Bien avant nous, ils ont mis leur confiance en Dieu et les événements qui ont marqué leur vie ont été retenus en exemple pour éclairer la nôtre. Tous racontent comment en leur temps ils ont su répondre  à Dieu par l’amour qui portait leur espérance. Ces histoires sont parvenues jusqu’à nous à travers le sang  et les larmes de ces hommes et de ces femmes qui  étaient souvent en situation de détresse, et dont la foi les a mis sur le chemin de l’espérance  si bien qu’elle doit devenir la norme pour nous. L’espérance ne les a jamais quittés et leur a permis d’affronter les épreuves du moment et nous sommes invités à les imiter.


Jésus lui aussi s’est avancé sur le chemin de la vie et c’est la mort qui est venue à sa rencontre. Elle s’est revêtue de ses attraits les plus horribles pour le faire douter, mais au dernier moment la vie s‘est emparée de son dernier souffle pour qu’il puisse  s’abandonner  à Dieu et nous avons retenu de ces moments terribles que c’est la vie qui a eu le dernier mot. C’est la résurrection qui l’a emporté pour s’imposer comme la règle qui oriente nos vies. C’est par l’exemple de sa propre vie qu’il a pu répondre aux sadducéens qui doutaient de la vie en Dieu et ne pouvaient imaginer de suite au-delà de la mort, comme si la mort pouvait tuer la vie et Dieu par conséquent. 


Comme les Sadducéens, nous ne savons pas ce qu’il en est exactement de l’autre vie, mais nous savons que la vie a capacité de triompher de la mort et peut  subsister en Dieu dans une réalité en laquelle nous croyons mais dont nous ne connaissons pas les mots pour la dire.


Dans ce monde en souffrance, notre espérance nous tourne vers un Dieu qui est vie et sans qui la vie n’aurait aucune réalité. Cette certitude devrait nous suffire pour habiller notre foi en Dieu. Il nous donne d’espérer que la vie est toujours en nous quand apparemment elle semble nous avoir abandonnés. Cela ne se démontre pas c’est une question de foi en Dieu dont la réalité appartient à tous les temps.