mardi 28 mai 2019

Marc 5/21/43: Jésus maître de la vie. Dimanche 1 juin 2019




Reprise d'un sermon de 2015.



21 Jésus regagna l'autre rive en bateau, et une grande foule se rassembla auprès de lui. Il était au bord de la mer. 22 Un des chefs de la synagogue, nommé Jaïros, arrive ; le voyant, il tombe à ses pieds 23 et le supplie instamment : Ma fille est sur le point de mourir ; viens, impose-lui les mains, afin qu'elle soit sauvée et qu'elle vive. 24 Il s'en alla avec lui. Une grande foule le suivait et le pressait de toutes parts.

25 Or il y avait là une femme atteinte d'une perte de sang depuis douze ans. 26 Elle avait beaucoup souffert du fait de nombreux médecins, et elle avait dépensé tout ce qu'elle possédait sans n’en tirer aucun avantage ; au contraire, son état avait plutôt empiré. 27 Ayant entendu parler de Jésus, elle vint dans la foule, par-derrière, et toucha son vêtement. 28 Car elle disait : Si je touche ne serait-ce que ses vêtements, je serai sauvée ! 29 Aussitôt sa perte de sang s'arrêta, et elle sut, dans son corps, qu'elle était guérie de son mal. 30 Jésus sut aussitôt, en lui-même, qu'une force était sortie de lui. Il se retourna dans la foule et se mit à dire : Qui a touché mes vêtements ? 31 Ses disciples lui disaient : Tu vois la foule qui te presse de toutes parts, et tu dis : « Qui m'a touché ? » 32 Mais il regardait autour de lui pour voir celle qui avait fait cela. 33Sachant ce qui lui était arrivé, la femme, tremblant de peur, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. 34 Mais il lui dit : Ma fille, ta foi t'a sauvée ; va en paix et sois guérie de ton mal. 35Il parlait encore lorsqu’arrivent de chez le chef de la synagogue des gens qui disent : Ta fille est morte ; pourquoi importuner encore le maître ? 36 Mais Jésus, qui avait surpris ces paroles, dit au chef de la synagogue : N'aie pas peur, crois seulement. 37 Et il ne laissa personne l'accompagner, si ce n'est Pierre, Jacques et Jean, frère de Jacques. 38Ils arrivent chez le chef de la synagogue ; là il voit de l'agitation, des gens qui pleurent et qui poussent de grands cris. 39 Il entre et leur dit : Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L'enfant n'est pas morte : elle dort. 40Eux se moquaient de lui. Mais lui les chasse tous, prend avec lui le père et la mère de l'enfant, ainsi que ceux qui l'accompagnaient, et il entre là où se trouvait l'enfant. 41 Il saisit l'enfant par la main et lui dit : Talitha koum, ce qui se traduit : Jeune fille, je te le dis, réveille-toi ! 42 Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher — en effet, elle avait douze ans. Ils furent saisis d'une grande stupéfaction. 43 Il leur fit de sévères recommandations pour que personne ne le sache, et il dit de lui donner à manger.  



Deux miracles coup sur coup. Voilà de quoi émerveiller les foules, voilà de quoi alimenter les prédications de beaucoup de pasteurs pour nous inviter à nous émerveiller et à propos de Jésus et à nous aider croire  que c’est lui qui donne du sens à nos vies.

Voilà en quels termes pourrait commencer le sermon que je ne vais pas faire. Je vais chercher ailleurs  que dans le merveilleux, d’autres aspects de ce texte à côté desquels je ne voudrais pas passer. En  lisant attentivement ce récit on découvre des aspects du texte auxquels on ne s’attend pas, car aucun des acteurs n’agit comme on aurait pu le supposer. Ils font tous ce qu’il ne faut pas faire,  mais malgré tout leur démarche aboutit.  Ce texte fonctionne  comme si on nous donnait le contre-exemple des bonnes attitudes face à Jésus. Et malgré notre foi mal fondée, Jésus ne semble pas remarquer que  nos démarches sont maladroites que nos  attitudes théologiques sont  bancales. Il nous vient  en  aide et nous  apporte son réconfort. 

 Nous pensons en faisant ce constat à toutes ces différences théologiques qui opposent les églises entre elles depuis parfois des millénaires et qui continuent à les diviser  au point de s’interdire tout  geste de communion entre elles alors que  Jésus les considéreraient comme des points de détails qui mériteraient  à peine qu’on s’y arrête.

Le récit, nous l’avons noté,  est fait de  deux récits imbriqués l’un dans l’autre. Il y est question d’une femme guérie en pleine rue,  aux sus et aux vues de  tout le monde sans même que Jésus s’en mêle vraiment.  Dans l’autre récit, il est question d’une autre femme -  une fillette dit le texte, mais est-elle une fillette ? – qui se meurt avant que Jésus intervienne et qu’il rend à la vie  dans le plus grand secret familial.

Pourquoi l’une est-elle guérie en public alors que pour l’autre Jésus, s’enferme avec elle et ses proches pour la réveiller ?  Sans doute  fallait-il, pour que la femme puisse retrouver pleinement  la jouissance de sa vie, qu’elle se trouve également  réintégrée dans la société. Sa guérison  signifie aussi sa réintégration dans la vie sociale puisque sa maladie la rendait inapte à la vie avec les autres à cause de l’impureté qu’elle subissait  du fait des pertes de sang dont elle souffrait. Quant à la jeune femme, son retour à la vie signifiait aussi une guérison de la cellule familiale qui elle-aussi est également malade, nous allons le voir, mais cela relevait de l’ordre du privé et n’avait besoin de n’être connu de personne.

Douze ans séparent ces deux femmes. La maladie de la plus vieille a commencé au moment de la naissance de la plus jeune. C’est comme si  la plus vieille  endossait le rôle de la mère de l’enfant  qui n’occupe aucune place ici et qu’on pourrait considérer comme morte si Jésus, au dernier moment,  ne l’exhumait  du néant où elle semblait être enfermée. La mort plane  sur la vie de ces trois femmes dans un non-dit  qu’il nous faut maintenant décrypter. Au moment où la plus vieille retrouve une vie normale, la plus jeune  renaît à la vie, et la mère est rendue à l’existence.   Jésus se charge ainsi aussi bien des morts secrètes que des morts réelles pour répandre la vie  de partout où il est reconnu.

Revenons à chacun des personnages de ce texte. Nous l’avons dit, aucun d’ entre eux  ne fait ce qu’il doit faire. Le récit est présenté de telle sorte qu’il suggère que les croyants font rarement ce que Dieu attend d’eux.  Sous couvert d’une démarche de foi, ils agissent, comme la femme  par superstition, où comme le Père  qui impose à Dieu, en manipulant Jésus la réponse qu’il espère.

L’attitude de la femme malade correspond au type de la démarche superstitieuse. Elle n’en peut plus. Elle est épuisée physiquement par sa  perte de sang qui affaiblit son organisme et par toutes les vaines tentatives qu’elle a entreprises auprès des médecins et en désespoir de cause des guérisseurs.  En outre, la culture de son pays lui interdit tout contact  avec les autres à cause de son impureté permanente.  Ne la blâmons pas si elle pense qu’elle peut s’approprier clandestinement  un peu de l’énergie vitale que Dieu a mise en Jésus.  Jésus ne la blâme par pour son geste, mais pour le secret  avec lequel elle a opéré.  «  Pas besoin de se cacher pour espérer » semble-t-il lui dire. La puissance de vie dont dispose Jésus est pour tous. Par Jésus  Dieu donne à tous  la capacité de vivre, même malade  et même mort. Douze ans de vie et de souffrances viennent de voler en éclat par le seul contact discret, avec Jésus et les effets de  cette  puissance de vie vont  rejaillir sur la jeune fille de l’histoire suivante.

Le Père de la jeune fille ne fait pas à son tour ce qu’il devrait faire.  Françoise Dolto a analysé  son cas avec attention.  Elle a montré qu’il a agi à tort envers Jésus  en lui ordonnant de faire ce qu’il doit faire à cause sans doute d’un complexe de supériorité mal assumé. Mais il a aussi   mal agi envers sa fille depuis sa plus tendre enfance dont il s’est totalement emparé au point que la mère ne joue plus aucun rôle auprès d’elle. Il semble avoir privé sa femme de son rôle de mère. Il parle de sa fille comme d’une petite fille alors qu’elle a douze ans. En Orient, en ce temps-là, elle était  à l’aube de devenir femme et se trouvait  déjà  en état d’être bonne à marier. Françoise Dolto estime que cette enfant est  étouffée et privée de possibilité d’entrer dans sa  vie de femme par un Père abusif et possessif.

Devant le drame de sa fille il somme Jésus d’obtempérer avec condescendance et autorité. Cette attitude pleine de contradictions révèle  le mal être qui est en lui.  Il demande  à Jésus de lui imposer les mains comme s’il voulait, lui-même,  régénérer la vie de son enfant en manipulant Jésus et par extension Dieu lui-même. Jésus évidemment ne se soumet pas, mais ne lui  fait pas remarquer  ce qu’il y a d’offensant dans son attitude. Il reprend  cependant l’autorité à son compte. C’est lui, maintenant qui dit ce qu’il faut faire. Il rétablit l’unité familiale totalement rompue par la faute du Père en les réunissant avec lui et avec la mère dans la chambre de l’enfant. La jeune fille devient alors capable de vivre à nouveau et de sortir du sommeil léthargique où l’avait  enfermé l’attitude abusive du Père. La seule chose dont la jeune fille a besoin maintenant c’est de manger et de reprendre des forces. Le retour à la vie de l’enfant montre que Jésus avait vu juste. C’est son entourage qui la rendait inapte à la vie. En remettant chacun à sa place, la vie pouvait renaître.

Toute action de Jésus est porteuse de vie. Elle relève simplement de l’évidence selon laquelle, notre foi en Dieu consiste avant tout à reconnaître qu’il est pourvoyeur de vie. Le miracle permanent en nous découle simplement de ce que nous reconnaissons cet état de fait. Ici on l’a vu, il s’agit non seulement de guérison de maladie, mais de guérison de la vie sociale. La malade est réintégrée dans la société, la jeune fille est rendue à la vie, mais elle est aussi guérie des abus que son père a pu lui faire subir et la mère  reprend pied dans la vie familiale.  Jésus ici est entouré d'une atmosphère de mort, mais il suffit qu'il soit reconnu pour que  la vie, toute la vie, reprenne ses droits. A nous de comprendre ce que la vie signifie pour Jésus.

jeudi 23 mai 2019

Jean 14/23-29 accueillir le Saint Esprit en nous dimanche 26 mai 2019


Jean 14/23-29 Jésus répondit : Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure auprès de lui. 24 Celui qui ne m'aime pas ne garde pas mes paroles. Et la parole que vous entendez n'est pas la mienne, mais celle du Père qui m'a envoyé. 



25 Je vous ai parlé ainsi pendant que je demeurais auprès de vous. 26 Mais c'est le Consolateur, l'Esprit saint que le Père enverra en mon nom, qui vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que, moi, je vous ai dit. 



27Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Moi, je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble pas et ne cède pas à la lâcheté ! 28 Vous avez entendu que, moi, je vous ai dit : Je m'en vais et je viens à vous. Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais vers le Père, car le Père est plus grand que moi. 29 Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu'elles n'arrivent, pour que, lorsqu'elles arriveront, vous croyiez.





Que celui qui est triste et se sent abandonné, qui vit dans ce monde comme un prisonnier dans des jardins secrets où la vie l’a enfermé, verrouillé à l’écart des hommes par des éléments de vie qui le tiennent  cloitrés ne se désespère pas. Dieu est au courant de sa situation et lui envoie son Esprit afin que tout soit mis en œuvre pour qu’il se sente libre à nouveau. Encore, faut-il qu’il y mette du sien.



Il n’y a pas de  honte à avoir des états d’âme, il n’y a pas de honte non plus à éprouver le besoin de sentir une présence à ses côtés, il n’y a pas de honte à sentir un cœur d’enfant battre dans sa poitrine d’adulte. Il n’y a pas de honte non plus à savoir que nous sommes des hommes et des femmes faits de chairs et de sentiments. Les épreuves du temps nous ont appris à nous blinder et à nous protéger à l’aide d’un masque que nous sauvegardons au mieux pour ne pas laisser transparaître la réalité secrète de notre personnalité. Derrière  les murs de l’apparence, nous gardons des secrets qui altèrent le cours de notre vie. 



Dieu se propose de forcer la porte des jardins secrets de notre histoire personnelle. Il se propose par sa présence  de produire en nous un effet bénéfique, de provoquer une sérénité nouvelle dont les effets sont inhabituels. «Je me tiens à ta porte et je frappe » dit le Seigneur et pour qu’il entre chez nous il a besoin qu’on lui ouvre la porte. C’est à cette démarche que, sur l’injonction de Jésus je vous propose de  faire ce matin. La porte ouverte, Dieu s’approche et nous offre les services de Consolation dont nous avons tant besoin.



Il n’est sans doute pas difficile d’ouvrir une porte dont on détient la clé, mais pourtant à force de rester dans le secret, les mécanismes ont fini par se rouiller et  la serrure s’est complètement bloquée tant il est difficile de s’ouvrir, même à Dieu, et surtout à Dieu  dirai-je, tant  nous redoutons son  regard sévère et son  jugement. Cinq siècles de Réforme ne nous ont toujours pas libérés de cet aspect redoutable  dont les siècles antérieurs ont revêtu Dieu. Sa proximité fait encore peser sur nos consciences un sentiment de culpabilité dont nous avons du mal à nous sentir libérés.



Pour rétablir des chances  de dialogue avec lui, Dieu se propose de faire une démarche nouvelle en notre faveur, il irradie  vers nous un supplément de sa puissance divine qui nous est présentée ici comme le « Consolateur ». En lui,  nous reconnaissons l’action du Saint Esprit que le texte de l’Évangile de Jean appelle le « Paraclet »



Nous avons déjà, bien entendu, repéré l’œuvre du  Saint Esprit, mais avons-nous réellement constaté son action en nous  et autour de nous? C’est par son action, selon les Ecritures que Dieu  est intervenu, à l’origine des temps pour créer  le monde. Il y est présenté comme la puissance créatrice de Dieu et il est sensé présider à la destinée du monde. Il  a  exploré l’immensité du chaos avant de l’organiser. Et les Ecritures déclarent que tout ce qu'il a fait était bon. Il n’y a pas de raison pour que cela s’arrête.  Il a permis à Abraham de parler  cœur à cœur avec Dieu. Il a parlé par les prophètes,  il est descendu sur Marie et s’est posé sur la poitrine du Messie. Il est enfin venu sur les apôtres le jour de la Pentecôte. Il continue son action en  provoquant le dynamisme de l’Église, il la rend active et missionnaire et la conforte dans sa fidélité. Nous le voyons  ainsi à  l’œuvre dans le monde  et  sur certains hommes remarquables, et bien souvent cela nous suffit. Mais pour Jésus, ça ne suffit pas, c’est pourquoi il attire ici notre attention. Il nous demande de considérer que le rôle  du Saint Esprit ne s’arrête pas là. Il a pour mission d’établir un lien particulier entre Dieu et chacun de nous. Dans ce rôle-là Jésus lui donne le titre de Consolateur, de « Paraclet ».



Le Paraclet, ou le Consolateur, c’est donc ce supplément d’Esprit que Dieu nous envoie pour nous convaincre de l’efficacité de l’œuvre de Jésus Christ en  nous. C’est grâce à lui que nous croyons  que Jésus Christ nous a réconciliés  ( mis en harmonie) avec Dieu. Il nous a révélé l’immense amour de son Père pour  chacun de nous  et pour le monde aussi. Nous savons que par sa mort il a vaincu notre mort. Mais ces arguments intellectuels, s’ils sont nécessaires à notre compréhension des choses ne remplacent pas notre conviction intérieure. C’est pour accomplir cette fonction que le Seigneur envoie sur nous ce supplément de son Esprit. C’est par lui que tous les acquis de la foi en Christ deviennent certitude et nous transforment en profondeur.



Il nous faut donc être prêts à accueillir le « Consolateur » en nous. Il nous faut prendre du temps pour travailler sur nous-mêmes par la méditation et la prière. C’est ainsi qu’il aura la possibilité de pénétrer en nous et  de faire sa demeure en nous.  Naturellement, quelques-uns parmi-vous vont considérer que je fais peu de cas de la grâce en évoquant cette nécessité de travailler sur nous et de faire des efforts sur nous-mêmes. Ils vont penser  que je renvoie la grâce au rayon des accessoires inutiles en préconisant d’une manière subtile le retour au salut par les œuvres.



Qu’on ne se méprenne pas. Le salut nous est acquis par grâce, nous n’y avons aucun mérite. Dieu, par une décision dont le secret n’appartient qu’à lui a décidé de ne pas tenir compte de nos péchés avoués ou pas et de nous ouvrir tout grands ses bras de Père. Cela n’est nullement remis en cause. Ce que je dis simplement, c’est que pour prendre conscience de cette grâce et de l’immense privilège qu’elle révèle et  pour vivre pleinement du bonheur de se sentir sauvés, il nous faut accueillir ce supplément d’Esprit que Dieu nous donne. 



 Pour  l’accueillir, il faut s’y  préparer. Pour s’y préparer il faut  en faire l’effort. Il faut d’abord désirer qu’il s’installe en nous pour participer à notre vie intérieure. Il se comporte  alors comme un baume bienfaisant qui oriente toutes nos pensées  pour qu’elles se mettent en harmonie avec celles du Père. C’est alors que les consolations que nous espérons pourront se produire. Un supplément de vie prendra  alors place en nous pour alimenter nos désirs car nous avons besoin que nos frustrations soient prises en compte, qu’elles soient dépassées et qu’elles ne  fassent plus frein à toutes nos entreprises.



Si on cherche l’étymologie du mot « Paraclet » que l’on traduit par « consolateur » mais aussi par défenseur ou avocat, nous découvrons en nous appuyant sur son sens en  hébreu qu’il vaudrait mieux traduire par « supplément de vie ».  Vous avez sans doute remarqué que c’est sur ce sens particulier que je me suis appuyé tout au cours de mon propos.  Si toutes les fois que vous lisez dans la Bible le mot « consoler », vous le remplacez par l’expression « donner un supplément de souffle » vous verrez alors quel dynamisme il y a dans ce mot.



Le supplément de souffle se comporte comme une bouffée d’oxygène que l’on ferait respirer au malade pour le ranimer. Nous sommes des êtres en manque de souffle, et Dieu nous envoie gracieusement et généreusement ce souffle qui vient de lui. Il nous appartient maintenant d’utiliser ce supplément d’énergie pour surmonter ce qui entrave nos désirs, c’est ainsi que nous verrons se cicatriser nos plaies intérieures. Ce supplément d’énergie nous permet de sublimer nos frustrations et de nous projeter sereinement dans l’avenir.



Je crois qu’aujourd’hui en 2019 nous ne prenons pas assez le temps de nous laisser habiter par ce supplément d’esprit. Nous sommes avides de connaissances, nous prenons du temps pour nous cultiver, ou pour nous divertir, mais nous ne prenons pas assez de temps pour reprendre souffle comme le coureur sur le bord de la piste. Nous ne prenons pas le temps de  descendre en nous-mêmes pour y saluer Dieu  qui habite déjà en nous et qui nous attend patiemment. C’est alors que nous pourrons  lui dire notre amour et nos inquiétudes. Nous devons nous ouvrir sans crainte à notre Dieu et il fera le reste. C’est en agissant ainsi que nous faciliterons l’accès   en nous au Saint esprit.  Prenez le temps de vous laisser bercer et cajoler par votre Dieu qui ne demande que cela. En acceptant cela vous découvrirez qu’il vous en donne encore  bien davantage.


mardi 7 mai 2019

Jean 10/27-30 L'harmonie necessaire avec Dieu dimanche 12 mai 2019


Jean 10/27-30 

27 Mes moutons entendent ma voix. Moi, je les connais, et ils me suivent. 28 Et moi, je leur donne la vie éternelle ; ils ne se perdront jamais, et personne ne les arrachera de ma main. 29 Ce que mon Père m'a donné est plus grand que tout — et personne ne peut l'arracher de la main du Père. 30 Moi et le Père, nous sommes un. 


(J'ai publié ce sermon en avril 2013 et je ne trouve rien à y modifier, si non que l'équilibre du monde s'est un peu plus fracturé et que l'harmonie avec Dieu est encore plus nécessaire)




Depuis l’école primaire notre esprit est habité par l’image d’un agneau qui se désaltérait dans le courant d’une onde pure. Il avait l’innocence de l’enfant  qui tète encore sa mère et n’avait aucune raison de subir l’arrogance d’un loup que la faim avait attiré en ces lieux. La morale de l’histoire est désolante. Pourtant combien de bambins n’ont-ils pas été contraints d’apprendre par cœur cette histoire lamentable au risque de voir leur inconscient déformé à tout jamais par l’affirmation selon laquelle la raison du plus fort est toujours la meilleure. Cette fable mémorisée par tant d'enfants n’a-t-elle pas contribué à conforter les plus vaillants dans leur bon droit, sans parler de l’effet néfaste qu’elle a pu avoir sur les plus vulnérables.

En dépit de cette histoire, si les agneaux contribuent encore à attendrir les humains, c’est qu’ils sont mignons, par contre ce même Monsieur de La Fontaine classe les moutons et autres espèces parmi les animaux stupides, et cette idée reste profondément ancrée dans l’opinion.

Il faudra alors qu’un petit prince descende de ses nuages pour remettre le mouton à sa place. Il éprouve de la sollicitude pour ce petit animal. Il s’inquiète à son sujet, parce qu’il pourrait bien manger sa fleur. Par le truchement d’Antoine de Saint Exupéry, voilà enfin le mouton redevenu un animal fréquentable. Il est même le sujet d’un entretien philosophique entre l’enfant et l’aviateur perdu dans les sables. Nous sommes inévitablement gagnés par la logique de l’enfant. Nous sommes alors  surpris que l’aviateur tourmenté par son problème de survie ne partage pas davantage le soucis du petit prince inquiet du sort de son mouton.

Jésus aurait sans doute trouvé beaucoup de saveur dans cette histoire, parce que lui aussi s’est intéressé au sort des brebis, perdues dans le désert ou menacées par les voleurs. Il a même consacré tout le chapitre 10 de l’Evangile de Jean  à nous parler de son souci à propos du sort des moutons. Le sermon d’aujourd’hui va s’appuyer sur un tout petit passage de ce long chapitre pour se demander pourquoi et comment Jésus leur promet une part de son éternité.  Sans doute, comme le petit Prince, Jésus se montrerait-il plus sensible au problème du mouton qu’à celui du  pilote  absorbé,  par ses ennuis de moteur. Vue par un enfant la situation prend une autre tournure, car il  est plus important pour lui de savoir dessiner un mouton que de réussir à démarrer un moteur en plein désert !

Sans doute  les contemporains de Jésus ont-ils eu, eux aussi beaucoup de mal à le suivre dans ses élucubrations au sujet des moutons. Jésus  ne voyait  pas le profit économique que l’on pouvait  retirer de ces animaux. Il n’envisageait  pas le profit que l’on pouvait  retirer des moutons, grâce aux sacrifices du temple. Il ne voyait pas en eux des bêtes de boucherie, il ne cherchait pas à leur tondre la laine sur le dos, ni à les traire en vue de faire du fromage. Mais à quoi lui servaient-ils ?

-  A rien !

Les brebis dans ce récit n’ont aucune utilité. Le berger à qui Jésus s’identifie, n’a qu’un but c’est celui de les faire paître dans des près d’herbe tendre. Son seul souci, c’est celui de leur assurer le plus de confort possible. Jésus nous transporte donc dans un univers étrange, celui de la gratuité. Le berger s’active sans aucune rentabilité, et les brebis en s’engraissant n’ont aucune autre fonction, si non celle  de faire la joie de  leur berger.

Bien évidemment  nous sommes invités à nous retrouver dans le rôle des brebis.  Mais si les brebis n’ont pas de rôle à jouer, qu’en est-il de nous ? Avons-nous un rôle à jouer, et quel est le but recherché par Dieu en nous accordant la vie éternelle ? Aucun, si non son plaisir. Notre fonction sur cette terre serait donc de  remplir Dieu de bonheur. Nous sommes donc transportés aux antipodes de ce que notre société nous propose aujourd’hui quand  elle nous  explique qu’il n’y a pas d’avenir sans rentabilité et que la rentabilité ne peut  s’obtenir sans l’efficacité. Aux yeux de Dieu la réalité du monde se conjugue en d’autres termes et Jésus privilégierait volontiers les mots d’amour et de partage à ceux de rentabilité et d’efficacité.

Apparemment Jésus n’appartient pas à la même planète que ceux qui nous dirigent, il est comme le petit prince plus soucieux de la survie d’une fleur, d’un mouton ou d’un renard,  que du bon fonctionnement d’un moteur d’avion. Ici se pose vraiment le problème que nous pose l'actualité d'aujourd'hui.

Bien évidemment il ne faut pas être naïfs, nous devons quand même  revenir dans notre société, car notre vie ne se déroule pas dans le rêve mais dans la réalité. Notre vie sur terre ne peut se résumer à cultiver un farniente  inutile qui finirait par être tout à fait ennuyeux. Mais ce n’est pas non plus ce que Jésus veut nous dire. Il veut simplement nous rappeler que  le but de notre vie c’est  en priorité de faire plaisir à Dieu.  Dieu, quand à lui, se réjouit quand les choses vont bien, il se réjouit quand  la terre tourne correctement sur son axe et que les choses se passent parmi les hommes comme il le souhaite, quand tous sont correctement nourris et quand les malades sont soignés, et que les guerres se terminent par une paix durable.  Pour cela il faut que le respect de l’autre, l’amour du prochain, le partage des biens, la paix et la justice sociale soient au centre de nos  activités et de nos soucis. Quand tout cela est respecté, les rouages du monde sont bien huilés, et Dieu est satisfait. Tout cela n’exclut  pas la rentabilité ni l’efficacité dont nous parlions tout à l’heure, mais ce n’est pas elles qui doivent avoir priorité sur nos actions.

J’arrête ici ces propos, parce qu’ils ne convainquent personne. Utopie, diront les économistes. « Ça ne pourra jamais marcher » diront les politiciens. « Ce n’est qu’un ramassis de rêveries » affirmeront les philosophes qu’une telle simplicité rebute. Pourtant ces idées que l’on vient de formuler ne sont pas nouvelles, ce sont celles de Jésus Christ  lui-même.!  Elles sont au cœur même des idées qui animent notre société occidentale. Pendant des siècles n’a-t-on pas fait  de l’enseignement de Jésus la religion d’état ? Alors, pourquoi cela ne marche-t-il toujours pas ?

En fait les humains sont des créatures bizarres, ils projettent sur l’autre monde les idées que Jésus leur a transmises pour construire ce monde ci. Ils  imaginent, qu’après leur mort, le monde reposera sur des règles qu’ils refusent de respecter dans celui-ci. Pourquoi attendre le monde futur pour vivre comme Jésus le souhaite alors qu’il est théoriquement possible de le mettre en pratique dès maintenant ?

Mieux!  Je reviens alors au texte que nous méditons aujourd’hui.  Dieu est allé  plus loin encore que ce que nous pouvons imaginer. Il nous propose dès maintenant d’entrer dans l’éternité et de vivre dès maintenant d’une vie qu’il nous promet éternelle. Tous ceux qui croient en Dieu et qui ont compris que l’enseignement de Jésus  est l’expression même de la volonté de Dieu ne mourront pas dit-il,  car ils sont déjà passé de la mort à la vie.

Ce n’est donc plus notre fortune amassée tout au long de notre vie  qui fait de nous des êtres remarquables aux yeux de Dieu. Ce ne sont pas nos compétences professionnelles qui 

nous distinguent aux yeux de Dieu, c’est notre capacité à entrer en harmonie avec lui. C’est notre faculté de pouvoir nous mettre au service des autres qui constitue l’huile que nous devons mettre dans les rouages du monde pour que celui-ci soit en harmonie avec Dieu.

A vue humaine, les hommes ne sont pas plus utiles ni plus rentables que des brebis que l’on n’élèverait pas  pour leur tondre  la laine sur le dos ou qu’on ne mangerait pas. En fait Dieu n’a pas fait  des hommes ses partenaires sur terre pour qu’ils soient  rentables mais pour prodiguer autour d’eux leur capacité à aimer et à vivre en harmonie avec les autres ; c’est sans doute à cause de cette capacité que l’Ecriture dit qu’ils sont faits  l’image de Dieu. Qu’on se le dise !