mercredi 29 avril 2020

Jean 10+1-10 la parabole du bon berger - dimanche 3 mai 2020 repriise et meodifié du dimaanche 23 avril 2011



Jean 10/1-15 « La parabole du bon berger »

Le bon berger
1 En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n'entre point par la porte dans la bergerie, mais qui y monte par un autre côté, celui-là est un voleur et un brigand. 2 Mais celui qui entre par la porte est le berger des brebis. 3 Le portier lui ouvre, et les brebis entendent sa voix ; il appelle par leur nom les brebis qui lui appartiennent et les mène dehors. 4 Lorsqu'il a fait sortir toutes celles qui lui appartiennent, il marche devant elles ; et les brebis le suivent, parce qu'elles connaissent sa voix. 5 Elles ne suivront point un étranger ; mais elles fuiront loin de lui, parce qu'elles ne connaissent pas la voix des étrangers.

6 Jésus leur dit cette parabole, mais ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait.

7 Jésus leur dit encore : En vérité, en vérité, je vous le dis, moi, je suis la porte des brebis. 8 Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands ; mais les brebis ne les ont pas écoutés. 9 Moi, je suis la porte ; si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et sortira et trouvera des pâturages. 10 Le voleur ne vient que pour voler et tuer et détruire ; moi, je suis venu, afin que les brebis aient la vie et qu'elles l'aient en abondance.

11 Moi, je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis. 12 Mais le mercenaire, qui n'est pas berger et à qui les brebis n'appartiennent pas, voit venir le loup, abandonne les brebis et s'enfuit. Et le loup s'en empare et les disperse. 13 C'est qu'il est mercenaire et qu'il ne se met pas en peine des brebis. Moi, je suis le bon berger. 14 Je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, 15 comme le Père me connaît, et comme je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.



Nous sommes tellement habitués à cette image du bon berger qui donne sa vie pour ses brebis que nous ne faisons pas attention à tout ce qu’il y a derrière ce texte. Nous oublions la plupart du temps que le métier de berger était dans l’antiquité juive, un métier méprisé et qu’il était réservé aux plus modestes. Leur sort était parfois moins enviable que celui d’un esclave. Quant aux moutons, ils ne font pas partie de la catégorie animale la mieux perçue. Ils sont à juste titre considérés comme des animaux peu doués. On ne les élève que pour la viande et accessoirement pour la laine. Ils sont tous destinés à finir sous le couteau du sacrificateur ou du boucher. On a cependant une tendresse particulière pour les agneaux, quand ils sont tout petits. Mais cette tendresse est purement sentimentale et elle décroît à mesure que l’animal vieillit

Je vous propose de regarder ce texte en nous mettant du côté du mouton et  en faisant abstraction de tout le  sentimentalisme qu’on y a ajouté. Nous nous demanderons alors en quoi le sort des moutons serait modifié s’ils périssaient sous les dents du loup plutôt que sous le couteau du boucher? Violence et cruauté, mort et souffrance sont au même rendez-vous et l’issue de l’entreprise reste la même : la mort. Si le loup est mis en fuite,  c’est le berger du troupeau qui y trouve son compte et c’est pour une raison économique qu’il peut envisager d’exposer sa vie pour que le troupeau qui lui appartient ne soit pas anéanti. Le mercenaire n’en a cure,  et pour sauver sa propre vie, il n’affronte pas le loup. Il est dit alors que le « bon berger » donne sa vie pour ses brebis ! La belle affaire, elles seront de toute façon sacrifiées et mangées et ne trouveront aucun intérêt dans cette nouvelle situation. A moins que l’intention du berger ne soit pas de les manger. Mais lors à quoi servent les moutons ?  Quel est alors le sens de cette histoire ?

Jésus a bien pris soin d’attirer notre attention sur ce nouvel aspect des choses. Il nous dit qu’il est le « bon berger » pour que ses brebis aient la vie en abondance. Disons en langage moderne : « qu’ils aient une super vie » ! Plus question de mort ou de sacrifice, plus question de transformer les brebis en viande,   plus question de voir le côté utilitaire des choses. Avec Jésus les choses prennent une autre couleur, Il nous entraîne sur un chemin irréaliste qui consiste à octroyer aux moutons un autre destin que celui que nous leurs connaissons. Avec Jésus, les brebis auront un autre avenir que celui de servir de nourriture aux hommes.

Il est bien évident que pour nous approprier quelque chose de ce passage il faut que chacun de nous, à son tour se substitue aux moutons de ce texte et comprenne que chacun d’entre nous fait d’abord partie de cette masse humaine qui recouvre la planète comme un troupeau de moutons qui remplirait l’enclos où il est parqué.

Qui sommes-nous si non un individu parmi les milliards qui s’agitent sur la surface de la terre, malmenés par le hasard, bousculés par les éléments et parfois maltraités par les dirigeants ? A vue humaine Il semble que nous soyons tous destinés à disparaître. Si on se place dans l’ambiance de covis 19  on se met dans la tonalité qui convient à notre époque.

A la lecture de ce récit, les choses changent. Chacun d’entre nous, bien qu’il fasse partie de la masse des 7 milliards d’individus que l’on côtoie sur cette planète prend un visage distinct. Nous découvrons que notre existence prend une autre valeur que celle de se trouver mêlés à la masse de tous les humains qui peuplent cette terre. Notre existence ne consiste plus à être un élément en en survie parmi tous ceux qui nous entourent, mais  que nous sommes destinés à jouir d’ « une super vie » qui s’individualise sous l’influence de Dieu.  


C’est alors que nous devons prendre conscience des loups qui nous menacent. Les loups vont s’en prendre à l’aspect grégaire de notre personnalité, ils vont chercher à faire que nous nous comportions comme des moutons sans berger en détruisant en nous ce qui nous distingue des autres. Ils vont nous faire perdre toute spécificité et feront de nous des consommateurs qu’il faut séduire pour mieux les utiliser. Ils vont nous pousser à croire que pour le prix d’une jouissance immédiate, nous devons consacrer toute notre existence à la sacrifier aux lois du marché et de la mode afin de ressembler le plus possible aux modèles qu’on nous propose d’imiter. Ces loups qui dévorent notre autonomie et notre indépendance sont les alliés de tous les mercenaires qui se donnent des allures de bergers.

Ces mercenaires, ce sont tous ceux qui à coup d’arguments nous assurent que le succès de notre société n’a pas d’autres issue que de vendre son âme à la consommation et à la pensée unique. Ils prétendent que le bonheur est dans la jouissance immédiate. Le confinement nous montre le contraire. Suivant les époques, le discours de tous ces loups qui cherchent à nous séduire change de tonalité. Ils   sont colorés différemment, mais ils ont toujours  la même visée, celle d’engloutir la masse des humains dans des projets globalisants où chacun suivrait le même chemin que son voisin et redouterait d’être différent de lui au risque d’être rejeté.

Les faux bergers se cachent aussi derrières les idées du moment. Elles aussi empruntent le même chemin que la mode. Suivant les époques, et les intérêts de ceux qui influent sur nous, elles nous poussent à devenir des va-t’en guerre ou des va-t’en paix et nous entraînent à discriminer les uns pour valoriser les autres si bien que chacun est invité à faire chorus avec la foule. Chacun s’habille comme tout le monde pour finir par penser comme tout le monde. En tant que minoritaires protestants nous avons un avantage sur les autres car nous avons dû résister aux idées du moment pour conserver notre spécificité.

Mais l’Evangile de Jésus change de ton. Grâce à Dieu le « bon berger » est là au milieu du troupeau pour faire de nous autres chose que des brebis qui suivent sans retenue celui qui les entraîne. Il est dit qu’il donne sa vie pour nous, c’est à dire qu’il offre son exemple, son évangile, sa manière de penser comme solution alternative aux pressions extérieures qui pèsent sur nous. Il propose le temps et l’éternité là où les valeurs ambiantes proposent l’urgence et les utopies provisoires. Il propose l’amour  et le partage, là où les autres proposent jouissance et intérêt personnel.

Il nous propose de trouver en nous-mêmes du sens à notre existence qui ne soit dicté ni par les médias ni par la mode du moment. Il nous apprend que nous ne sommes pas des individus dont la vie est destinée à ressembler à celle de la masse. Il se propose de valoriser notre vie pour qu’elle devienne une super vie. Le bon berger se propose de donner de la valeur à notre individu en valorisant la vie des autres. Il est capable d’aller jusqu’au fond même du cœur de chacun d’entre nous pour y injecter un supplément de vie dont lui seul est dépositaire.

Le « bon berger » a prévu de partager nos existences  que s’il peut introduire en elles une part du divin qui est en lui. Ainsi il se propose de nous apporter une originalité qui nous soit propre. Cette originalité consiste à savoir qu’il nous prend lui-même en main. En faisant de nous des individus autonomes et responsables, il pèse sur l’évolution du monde qui s’orientera dans le sens où il souhaite qu’il évolue. A nous d’en assumer la charge !

Nous n’avons pas vocation à être une goutte d’eau parmi les autres gouttes d’eau, nous avons vocation à devenir des individus distincts des autres au service des autres pour que chacun puisse jouir ici-bas d’une vie qui le dépasse. Pour cela il est nécessaire que nous sachions discerner  à la voix du bon berger et de ne pas la confondre avec  celle des mercenaires.


lundi 20 avril 2020

Luc 24/13-35 Les disciples d'Emmaüs Dimanche 26 avril 2020


Luc 24/13-35

13 Le même jour, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem,

14 et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.

15 Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.

16 Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.

17 Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.

18 L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »

19 Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple :

20 comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.

21 Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.

22 À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau,

23 elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant.

24 Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »

25 Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit !

26 Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »

27 Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.

28 Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin.

29 Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.

30 Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna.

31 Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.

32 Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »

33 À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent :

34 « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. »

35 À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.





Que  l’on soit croyant ou pas, nous sommes tous plus ou moins habités du désir de Dieu. Nous espérons  qu’il peut éclairer notre vie et nous aider à y trouver du sens. Ceux qui ne croient pas en lui font la démarche inverse et recherchent des arguments pour nier sa présence. Cela les aide à trouver de la cohérence dans leur mode de penser. Mais, pourquoi le font-ils puisqu’ils sont persuadés de ne pas  croire en Dieu. En  fait ils ont du mal à se soustraire  à l’impression lancinante qui les taraude quand même,  selon laquelle, il se pourrait bien que ce Dieu auquel ils sont sûrs de ne pas croire a quand même une influence sur eux. En fait, il n’y a pas d’humain qui ne soit pas sensible à l’idée qu’une force extérieure à lui-même pourrait bien  le visiter et pourrait apporter quelque nouveauté dans sa vie. Dans toutes les civilisations et depuis la plus haute antiquité la pensée humaine a été habitée par l’idée qu’il y a une puissance à l’intérieur  ou à l’extérieur de l’homme  qui le dépasse. 


Quand Jésus était présent sur terre et s’entretenait avec ses contemporains, c’est de cette réalité qu’il parlait avec eux. Les miracles qu’il faisait ou que l’on racontait qu’il avait faits, témoignaient du fait que ses interlocuteurs étaient conscients qu’ils étaient visités par une force qui ne leur appartenait pas. Ils prenaient conscience de cette puissance qui pouvait transformer leur vie. La plupart des interlocuteurs de Jésus voyaient dans ces événements l’action du Dieu d’Israël qui agissait en leur faveur. Il nous est rapporté aussi, que des soldats romains, qui étaient issus d’une autre culture et qui pratiquaient une  autre religion avaient recours à lui en espérant bénéficier de cette puissance qui venait d’ailleurs. C’est même un soldat  romain qui a rendu à son égard le plus fort témoignage à Jésus en déclarant qu’il était certainement le fils de Dieu. Jésus fut même recadré au sujet de sa propre foi par une païenne  d’origine Cananéenne qui discerna ce qu’il y avait de déficient dans son enseignement, car il semblait créer des catégories entre les croyants. Sans doute tous ces gens qu’il rencontrait voyaient-il en Jésus le témoin d’un Dieu qui dépassait les frontières et  dont la réalité  dépassait l’action du Dieu d’Israël. L’Evangile témoignait ainsi d’un Dieu dont la possibilité d’action avait une valeur universelle. Ce Dieu était capable de revêtir d’une puissance nouvelle tous ceux qui venaient à lui, quelle que soit leur foi d’origine.


Malgré tout, le Dieu au nom duquel Jésus agissait, revêtait le profil du Dieu d’Israël, comme nous le rapportent les Evangiles, parce que c’était la religion ambiante.  Les gardiens de la foi, contemporains de Jésus, qui étaient les scribes et les pharisiens limitaient l’action de Dieu à la tradition ancestrale. Ils percevaient  son action  dans les limites  de l’histoire de leur peuple,  si bien qu’en se croyant  les privilégiés de Dieu,  ils  réduisaient son action aux limites de leurs frontières et de leur histoire. En fait le Dieu dont Jésus rendait témoignage était avant tout un Dieu Père, un Dieu attentif à tous ceux qui fondaient leur espérance en lui.  C’était sur des actes d’amour qui révélaient la puissance de vie qui était en lui que Jésus basait son enseignement. Les actes les plus significatifs de la puissance du Dieu de Jésus Christ étaient liés à la puissance de vie qui émanait de lui. Ainsi, Amour et Vie caractérisaient  les actes  qui scandaient l’enseignement de Jésus au sujet  de Dieu dont la seule image que l’on pouvait établir de lui était celle d’un Père. Le Dieu auquel se référait Jésus  et dont il se voulait être témoin était avant tout un Dieu dont la puissance était la force de vie dont il revêtait ceux qui se réclamait de lui. 


Pas  étonnant alors que la mort vienne défier le témoin de ce Dieu. Pas étonnant que Jésus ait été agressé par les armes mêmes avec lesquelles la mort s’acharnait depuis toujours à défier Dieu. Toutes les forces mauvaises qui parasitaient le cœur des hommes  et contre lesquelles  Jésus  avait œuvré toute sa vie se  sont liguées contre lui. C’était la haine, la calomnie, le mensonge. Auraient-elles raison contre Dieu ?  Comment Dieu lui-même pouvait-il rendre compte de la vie  en faveur de laquelle Jésus avait lutté toute son existence ? Comment Dieu pouvait-il relever le défi que la mort lui imposait ? La seule réponse possible était de manifester que  la vie pouvait prendre le pas sur la mort. Cette vie qui dépasse la mort devenait pour chacun la réponse de Dieu à ceux qui le cherchent et qui pourront désormais le trouver dans toutes les œuvres de vie qui défient la mort. 


C’est la situation dans laquelle nous place ce texte  alors que  les deux amis se trouvent confrontés à une réalité nouvelle qui est celle de la résurrection. Jésus ressuscité était avec eux et ils ne le savaient pas. Par cette rencontre inattendue s’établissait un contact surprenant avec celui qu’ils avaient vu mourir car  Jésus qui marchait avec eux était vivant. Cette présence ne manquait pas de tout remettre en question pour eux, si bien qu’ils retournèrent sur leurs pas. Ils découvraient les contours d’une  nouvelle forme de vie que Jésus leur avait promise. La vie nouvelle dont Jésus parlait, de son vivant, n’était pas  seulement un élément philosophique, une clause  de langage,  elle était devenue présentement une réalité pour laquelle il n’y avait pas encore de mots pour la dire. La vie dont il parlait s’était emparée de la mort et les faisaient entrer dans une nouvelle dimension de la vie. C’était cette dimension de la vie dont tout un chacun rêve quand son esprit essaye de s’imaginer un Dieu dont la réalité dépasserait la simple réalité humaine.  C’est ce dont nous parlions au début de notre propos. Le Dieu auquel chacun songeait devenait une réalité qui dépassait toute fiction. 


Comme toujours, quand nous sommes témoins d’un événement incompréhensible, il y a une voix intérieure qui nous interpelle,  pour nous demander si nous nous sentons  concernés : « En quoi cette résurrection dont je suis témoin me concerne-elle ? » devaient se demander les deux hommes. Sans avoir vraiment de réponse, ils rebroussent chemin, pour retourner à l’origine de leur rencontre avec Jésus afin de formuler autrement leur foi qui s’éclairait d’une lumière nouvelle. Sans que nous nous posions nous-mêmes la même question, elle surgit aussi dans notre inconscient et Jésus, sans attendre  que nous la lui  posions y répond quand même dans un autre évangile. «  Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». La résurrection, porteuse de vie ne se fait agissante en eux,  et en nous, que si chacun, imitant Jésus Christ se sent interpelé par Dieu pour être à son tour envoyé par lui. La résurrection ne  devient effective en nous que si nous nous sentons envoyés à notre tour et que nous agissons sur le monde comme il l’a fait. Le dynamisme de vie auquel tous aspire ne deviendra une réalité pour nous que si en imitant Jésus Christ nous laissons à l’amour le soin de décider  de nos actions. Le  dynamisme de vie dont nous devenons désormais dépositaires ne deviendra effectif que grâce au souci constant que nous portons aux autres et  dont nous faisons passer l’intérêt avant le nôtre. C’est alors que Dieu pourra espérer qu’une vie nouvelle s’empare du monde où nous sommes et que la société changera. Bien  évidemment les sceptiques diront que c’est une utopie, et que ce que Jésus a proclamé il y a 2000 ans n’est toujours pas effectif ! 


Alors, Jésus serait-il mort sans que l’espérance qu’il portait en lui ne le transforme ? Certes non. Le dynamisme qui était en lui est contagieux. La vision d’un monde transformé par l’amour est une promesse qui n’attend que la bonne volonté de chacun pour devenir effective. L’espérance qui provoque notre dynamisme, dont nous parlions en commençant, repose en nous. Dieu dans son amour de Père ne cesse  continuellement de relever le défi selon lequel la foi qui nous anime  est capable de faire évoluer les choses.  Nous en sommes chaque jour témoins en constatant  tous ces gestes aussi modestes soient-ils  qui déjouent  les actes de ceux qui croient pouvoir manipuler le monde au moyen de leur  égoïsme exacerbé. Notre foi en Dieu nous donne chaque jour le privilège d’en repérer quelques-uns.




dimanche 12 avril 2020

Jean 20/19-31 dimanche 19 avril 2020


Jean 20/19-31

Apparitions de Jésus ressuscité aux disciples

19 Le soir de ce même dimanche, les portes de la maison où les disciples se trouvaient [rassemblés] étaient fermées car ils avaient peur des chefs juifs; Jésus vint alors se présenter au milieu d'eux et leur dit: «Que la paix soit avec vous!»
20 Après avoir dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. 21 Jésus leur dit de nouveau: «Que la paix soit avec vous! Tout comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie.»
22 Après ces paroles, il souffla sur eux et leur dit: «Recevez le Saint-Esprit! 23 Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus.»
24 Thomas appelé Didyme, l'un des douze, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint.
25 Les autres disciples lui dirent donc: «Nous avons vu le Seigneur.» Mais il leur dit: «Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je n'y mets pas mon doigt et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas.»
26 Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la maison et Thomas se trouvait avec eux. Jésus vint alors que les portes étaient fermées, se tint au milieu d'eux et dit: «Que la paix soit avec vous!»
27 Puis il dit à Thomas: «Avance ton doigt ici et regarde mes mains. Avance aussi ta main et mets-la dans mon côté. Ne sois pas incrédule, mais crois!»
28 Thomas lui répondit: «Mon Seigneur et mon Dieu!» Jésus lui dit: 29 «Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru!»

30 Jésus a accompli encore, en présence de ses disciples, beaucoup d'autres signes qui ne sont pas décrits dans ce livre.
31 Mais ceux-ci ont été décrits afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie en son nom.



Non seulement il pensait avoir été oublié, mais pour ne pas être considéré comme quantité négligeable, il posait ses conditions.  Thomas agissait comme il ne faut pas agir quand on a Dieu comme interlocuteur, car c’est  bien à Dieu qu’il adressait ses griefs intérieurs. Il se croyait seul et oublié par le destin que Dieu semblait gérer et dont il avait été écarté. Dans cette situation, il posait ses conditions. Mais Dieu n’obéit pas aux conditions que lui imposent les hommes. Il ne se laisse jamais manipuler par eux. Dans cette histoire,  C’est bien évidemment Dieu qui agissait, même si c’est la personne de Jésus qui était concerné. Thomas semblait avoir été écarté de cette révélation dont les autres apôtres avaient été témoins la semaine précédente et que lui Thomas aspirait à partager avec eux. Jésus était venu vers eux avec la force et l’énergie que lui avait donnée la résurrection. Jésus et Dieu menaient ensemble le même combat pour la vie. Tandis que le temps passait sans que rien ne se passe, Thomas continuait à penser en termes de mort et de frustration. Pourtant,  sa vision des choses était en train d’évoluer.  Malgré  ses maladresses, il posait ses conditions à Dieu en manifestant  qu’il aspirait  à une nouvelle forme de vie au cas où Dieu se révélerait à lui.


 Les conditions que posent Thomas montrent bien  qu’il est habité par le désir de vie  et qu’il est  déjà  entré dans un défi contre la mort. « Je mettrai  mes doigts dans ses côtés »   avait-il dit  comme s’il disait : «  Je ferai comme si la mort n’existait plus » Jésus se présente alors à lui et tout ce qui a marqué le discours préalable de Thomas s’estompe. C’est comme une confession de foi qui jaillit de sa bouche : «  Mon Seigneur et mon Dieu » C’est Dieu qui fait irruption dans sa vie, et là où est Dieu, il n’y a plus de place pour la mort. Là est la vie. Jusqu’à maintenant, pour cacher son dépit, Thomas se comportait comme s’il y avait un avant et un après, comme s’il y avait une chronologie dans le temps : un temps où la mort règnerait en maître pour être suivi par un temps de la résurrection où la mort cèderait la place à Dieu et à la vie. 
  

C’est aussi comme cela que beaucoup de croyants se comportent. Ils ont du mal à croire pleinement dans la vie. La résurrection appartiendrait à un temps nouveau qui viendrait après le temps de la mort.  Elle ferait  partie du temps de l’après. Ils pensent qu’il y a un premier temps qui se termine par la mort suivi par un après, caractérisé par la résurrection qui lui succèderait et qui serait le temps de Dieu. Mais Dieu appartient à tous les temps  et le temps de la résurrection fait aussi déjà partie du temps d’avant. Le temps que nous pensons devoir se  terminer par la mort est déjà le temps de Dieu qui règne sur tous les temps et qui porte en lui une énergie de vie. Plus besoin alors de vérifier si celui qui était mort est vivant si bien que Thomas ne met pas ses doigts dans ses plaies, ce temps est dépassé, la mort n’a plus de réalité, en fait, elle n’en a jamais eu. La mort est dépassée et Dieu occupe tout l’espace.


Nous nous comportons souvent comme si Dieu subissait la chronologie du temps que nous avons imaginé.  Nous nous comportons comme si  Dieu prenait  place dans les différents itinéraires de foi que nous lui proposons, comme le fit Thomas. Nous agissons comme s’il y avait au seuil de notre existence un temps sans Dieu, puis un temps de la découverte de Dieu et de naissance de la foi, puis finalement le temps de la plénitude où Dieu occuperait tout l’espace. Ce récit de la découverte de la foi par Thomas nous confirme qu’i n’y a pas de temps où de moment réservés à Dieu. Ce n’est pas parce que nous n’avons pas encore eu conscience de la présence de Dieu que Dieu n’est pas déjà en nous, qu’il n’a pas pris place à nos côtés et que son souffle ne nous a pas visités. Comme il est dit ici, Dieu vient vers les hommes, il s’attache à se faire connaître jusqu’au moment opportun où nous nous rendons compte que sa réalité vivante nous habite. Il y alors de la place en nous pour que jaillisse notre émerveillement  et pour  rejoindre Thomas afin de  dire avec lui : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Cela ne veut cependant pas dire qu’avant il ne s’était rien passé. Cela veut simplement dire qu’avant que nous ayons pris conscience que Dieu venait vers nous, il se proposait déjà de nous rencontrer et de nous confier la vie nouvelle dont il était porteur. 


Thomas est bien ici le portrait type de chaque homme qui ne peut s’empêcher de construire un Dieu à la dimension de sa pensée. Comme Thomas, nous en dessinons les contours et décidons par avance que nous ne croirons que si Dieu correspond à ce que nous imaginons.  Thomas aurait-il pu imaginer que Dieu viendrait vers lui sous les traits de son maître vivant alors qu’il le croyait mort et qu’il allait lui révéler quelque chose de radicalement nouveau de sa part alors qu’il croyait tout savoir de lui depuis trois ans.


Alors que Dieu vient vers nous, il doit commencer par détruire toutes les images et tous les faux semblants que nous avons imaginés à son sujet. Pour se rendre maître de notre âme et y introduire la notion de vie éternelle qui est en lui, il doit détruire tout ce que nous avons inventé et qui correspond à notre imagination à propos de Dieu. Thomas comprend ce matin-là qu’il doit remettre en cause  ce qu’il a imaginé. Il doit désormais avancer sur le chemin de la vie nouvelle qui lui est offerte en prenant conscience que c’est Dieu lui-même qui est maître de cette  vie. Ce mystère est bien difficile à comprendre, c’est pourquoi chaque année à cette même date nous méditions ces mêmes choses, à partir des mêmes textes de la Bible en essayant de mieux les approfondir pour mieux déconstruire ce que nous avons inventé et accueillir dans des termes nouveaux les mystères de la vie que Dieu vient partager avec nous.



Jusqu’ici, Thomas avait fait fausse route. Il croyait que Dieu l’avait oublié ou qu’il était passé à côté de lui en privilégiant les autres dans son affection. Cette impression est partagées par beaucoup  qui pensent que Dieu aurait donné à d’autres des dons supérieurs  qui leur permettraient de réaliser des choses  qui  les valoriseraient aux yeux des autres croyants.  Erreur profonde que commet Thomas. L’événement rapporté ici  lui montre qu’il a une place personnelle  dans les soucis de Dieu  comme chacun de ceux qui découvrent la réalité du Dieu qui les visite. Chacun, en effet  a un rôle à jouer dans la bonne marche du monde et il nous appartient dans notre relation  personnelle  avec Dieu de discerner quel rôle nous avons à jouer.

samedi 4 avril 2020

Matthieu 28/1-10 La Résurrection dimanche de Pâques 12 avril 2020


Matthieu 25/1-10

01 Après le sabbat, à l’heure où commençait à poindre le premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l’autre Marie vinrent pour regarder le sépulcre.
02 Et voilà qu’il y eut un grand tremblement de terre ; l’ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s’assit dessus.
03 Il avait l’aspect de l’éclair, et son vêtement était blanc comme neige.
04 Les gardes, dans la crainte qu’ils éprouvèrent, se mirent à trembler et devinrent comme morts.
05 L’ange prit la parole et dit aux femmes : « Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié.
06 Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait.
07 Puis, vite, allez dire à ses disciples : “Il est ressuscité d’entre les morts, et voici qu’il vous précède en Galilée ; là, vous le verrez.” Voilà ce que j’avais à vous dire. »
08 Vite, elles quittèrent le tombeau, remplies à la fois de crainte et d’une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle à ses disciples.
09 Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue. » Elles s’approchèrent, lui saisirent les pieds et se prosternèrent devant lui.
10 Alors Jésus leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. »


Regarde en toi, et attache-toi à ce qui n’a pas retenu ton attention.
Cet homme si triste que tu viens de croiser, ne méritait-il pas plus qu’un regard fugitif et blasé ? N’as-tu pas remarqué  derrière la fenêtre du deuxième étage de l’immeuble devant lequel tu viens de passer, ce pot de fleurs à peine dissimulé derrière un rideau de vieilles dentelles. Sans doute le piaillement discordant de cet oiseau sur la branche du platane au-dessus de ta tête t’a-t-il agacé parce qu’il ne te semblait pas naturel. Et l’oiseau lui-même l’as-tu remarqué ? Il y a tant de choses de la vie auxquelles tu ne prêtes aucune attention. Tu la traverses indifféremment en ne te souciant que de toi, alors que la réalité est ailleurs.
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Il n’est donc pas étonnant que tu ne remarques pas, que Dieu ne cesse de mettre ses pas dans les tiens et que tu ne lui  prêtes  aucune attention, même s’il désire partager les pensées qui t’animent. Tout en les ignorant, les hommes marchent-ils sur la même route que leurs semblables  sans vraiment faire  attention à eux.  Pourtant Dieu est témoin de leurs soucis,  mais rien n’y fait, ils ignorent ce Dieu silencieux   dont l’esprit cherche à les rejoindre sans qu’ils lui prêtent attention. En temps de crise, ils croient que Dieu les oublie et décident de ne plus croire en lui et agissent comme s’ils étaient abandonnés à eux-mêmes

Dieu ne résigne pas. Il invente des moments favorables pour attirer notre attention. Ce sont les fêtes dites carillonnées   qui ont été instaurées pour ça. Pâques en est une, sans doute la plus célèbre d’entre elles. Mais cette année, Pâques que nous allons célébrer, ne va sans doute pas se dérouler comme d’habitude. Cette fête a pour caractéristique de mettre  pendant quelques heures, la vie au centre de ses célébrations. Mais cette année c’est plutôt l’angoisse qui est au rendez-vous. C’est un défi inattendu qui vient mettre en cause tout notre système de référence, et Dieu semble se taire et rester silencieux fasse à  nos soucis. 

Si Dieu semble ne rien dire,  La science en qui nous avions une confiance aveugle  se trouve elle aussi sans voix. Notre système économique est ébranlé  au plus haut point. Les nations qui se prétendaient les plus puissantes du monde font profil bas. L’horizon qui  s’assombrit de jour en jour ne provoque l’ébauche d’aucune solution. Savants et philosophes n’osent pas suggérer que    les religions offrent une solution. Le silence  de Dieu auquel certains font encore confiance,  nous laisse entendre qu’il ne semble pas devoir  intervenir. Nous découvrons qu’il ne s’engage pas dans les solutions que certains espèrent de lui, sans quoi il l’aurait déjà fait. Il ne nous permet pas de reconnaître en lui cette divinité toute puissante en qui   nous mettons notre confiance, car le vêtement de super Man ne lui convient pas.

Dieu n’est donc pas l’intervenant miraculeux que nous espérons quand tout va mal. En ce moment de Pâques, il nous invite à tourner les yeux vers un tombeau vide où notre tradition avait enfermé un mort qui n’y est plus.  L’Evangile nous rapporte que la tombe a été ouverte sans que l’on sache  comment et que l’absence du mort qui y était enfermé nous a posé plus de problèmes qu’elle en a résolus. C’est pourtant dans cet événement que la foi en ce Dieu nous propose de trouver une réponse aux questions qui nous préoccupent si fortement aujourd’hui.

 La question principale qui occupe notre attention est liée à la mort sans explication dont tant de nos contemporains sont menacés. La vie de beaucoup est provoquée sous nos yeux sans crier garde. Ils se trouvent hospitalisés sans qu’on puisse les accompagner et la mort les fauche sans qu’on puisse les revoir. Même les gestes de la plus simple fraternité nous sont refusés.

Malgré ces provocations incompréhensibles, il nous  est donné de constater que des femmes et des hommes se mobilisent contre ce tourment et refusent qu’un ennemi  inconnu nous impose sa loi. L’obstination de ceux qui résistent et qui soignent, les inventions  de ceux qui cherchent et qui inventent des modes de résistance allument une forme  d’espérance sur notre route. Ils  barrent, en  agissant ainsi,  la route à un destin qui grâce à leur action cessent d’être implacable. Ils nous révèlent qu’au fond des hommes et des femmes  réside la trace d’une puissance qui leur vient d’ailleurs que d’eux-mêmes. Est-ce Dieu qui agit en eux ?  Certains le croient. Tous ceux qui se dressent pour barrer la route à ce monstre laissent entendre que l’espérance de vie est la plus forte et qu’elle vaincra.
Le soir tombé, nous rejoignons ces hommes et ces femmes qui applaudissent les acteurs de la résistance. Sans le savoir, nous nous revêtons ainsi de l’énergie que Dieu met en nous sans compter car il a confiance en l’homme.

Malgré le confinement beaucoup rejoignent par la pensée ces femmes qui au petit matin courent vers un tombeau vide  annonciateur d’une étrange dimension  de vie que Dieu donne à ceux qui  s’appuient sur lui pour triompher de leurs angoisses. Certes,  apparemment Jésus est mort, mais le Dieu qui avait habité sa vie l’a maintenu dans une existence dont la réalité nous échappe sous bien des aspects et que faute de  mieux nous appelons la résurrection.

A Pâques la mort n’a pas disparu, mais elle a perdu son aspect définitif. Qui aurait cru que tant d’acteurs s’armeraient pour se mettre en travers du fléau, si Dieu n’avait pas mis en eux une énergie inattendue qui permet à la vie de triompher du défi auquel nous sommes confrontés ? C’est ainsi  que de partout sur terre nait une espérance que nous n’arrivons pas à  décrire mais qui nous dit que Dieu n’est pas  étranger au combat que nous menons et que la victoire est une certitude.