Jean 1/1-18
«
Au commencement était la parole et la parole était Dieu. Elle était au
commencement. Tout a été fait par elle et rien de ce qui a été fait n’a été
fait sans elle. Elle était la vie et la vie était la lumière des hommes… »
La parole se diffuse dans le
monde au moyen des voix et ces voix sont aussi nombreuses qu’il y a d’humains
pour les proférer. Chacun d’entre nous est capable d’émettre une voix. Mais
chacun d’entre nous est aussi visité par une multitude de voix qui viennent
d’ailleurs et qui pour un temps viennent habiter en lui. Ces voix proviennent
du passé et maintiennent vivant en nous le souvenir de ceux qui ont partagé
notre vie. La vie de tous ces êtres que
nous avons aimés demeure vivante en nous grâce au mystère de ses voix dont
notre mémoire en en gardant le timbre
les empêche de mourir. Notre esprit a reçu ce pouvoir de maintenir en vie ceux
que la parole de Dieu a promis à la résurrection.
Ne soyons donc pas étonnés si
Dieu se sert de ces mêmes moyens pour venir habiter notre esprit et se révéler
personnellement à chacun de nous. Dieu se sert de ces mêmes médias qui
fonctionnent en nous pour nous parler
personnellement de lui et faire jaillir en nous une vie nouvelle qui lui
appartient et qu’il nous destine. Dieu n’est ni étranger ni extérieur au
fonctionnement de notre esprit qui agit en nous comme un organe révélateur de
sa personne. Pour parvenir jusqu’à nous, Dieu emprunte les mêmes chemins que
ceux que notre esprit fréquente pour maintenir en vie ceux qui ont marqué notre existence. La voix de Dieu est alors
révélatrice de vie pour nous.
Pour se révéler au monde, Dieu
se sert de notre esprit. C’est un procédé spécifiquement humain qui caractérise
le fonctionnement de tous les humains sur terre. Il utilise le langage articulé
qui est le propre de l’homme. C’est
grâce à ce langage articulé qu’il nous aide à formuler toutes les questions que
nous avons en nous et qui le concernent. C’est par ce même langage qu’il nous
aide à trouver les réponses qu’il a déjà déposées dans le passé auprès de
ceux qui ont fait sa connaissance. Ces
réponses se trouvent dans les récits de ceux qui ont été avant nous et dont la
sagesse visite encore notre esprit qu’elle marque de son empreinte. Quand nous
disons que Dieu a parlé par les
prophètes nous avons du mal à imaginer que c’est à notre intention qu’il l’a
fait et que leur témoignage a emprunté la sagesse de tous ceux qui étaient avant nous pour nous
apporter la science de Dieu.
Jésus et les prophètes ont
formulé leur message dans les témoignages qu’ils ont donnés à leurs peuples et
qui ont été conservés par écrit, comme une longue aventure humaine qu’ils ont
vécu avec Dieu et dont les différents épisodes parlent à notre esprit. C’est ainsi
que Dieu continue à nous parler et que sa parole reste vivante en nous.
Ils nous ont dit que cette
voix crie dans le désert. C’est d’abord ainsi que notre esprit inquiet la
reçoit et se demande quelle peut être cette voix qui travaille dans notre désert intérieur. Il
se demande quelle est la portée de
cette voix qui le trouble et qui met en
évidence nos inquiétudes. Mais très vite il se dit que si ce message provient
de Dieu, il ne peut être qu’un message
d’espérance. Par cette allusion au désert, la voix nous dit qu’il n’existe
aucun lieu, aussi inhospitalier soit-il où Dieu ne peut rejoindre celui qui s’y
trouve. Il n’y a pas de cœur assez sec qui ne puisse être irrigué par l’esprit
de Dieu. La voix ainsi, résonne de proche en proche pour atteindre notre esprit
qui reçoit le message cinq sur cinq et qui comprend que la voix est celle de
Dieu. Il découvre que le désert, c’est l’aridité de notre esprit qui doit se
rendre disponible pour être irrigué par Dieu.
Ce moment de Noël, où la voix
résonne est un moment favorable pour être captée par notre esprit rebelle car
des voix discordantes s’opposent les unes aux autres pour mieux mettre en évidence
celle qui vient de Dieu. Ne va-t-on pas jusqu’à prétendre que Dieu a perdu la
partie. Que nous célébrons de plus en plus des Noëls païens où Dieu n’a plus sa
place. On déplore l’abandon des traditions comme si la voix de Dieu ne trouvait
plus son chemin aux travers des aventures humaines.
Pourtant c’est dans une
aventure humaine dont les éléments ne cessent
d’être discordants que nous nous plaisons à entendre la voix de Dieu et
que cette voix divine fait écho à toutes les préoccupations humaines qui de
tous les temps ont porté ce message de Dieu. C’est d’abord dans la voix de
bergers qui font partie des pauvres parmi les pauvres, c’est dans le bêlement
discordant des brebis, le plus bête de tous les animaux de la ferme que
retentit le premier son du message divin qui prend pour support les
vagissements d’un bébé qui ne sait pas où reposer se tête d’immigré en mal de
demeure. Les humains qu’on nous y présente n’ont plus de voix et ils ne trouvent face à eux que les ordres
d’un roi sanguinaire qui s’en prend à tous les nourrissons de son royaume. On y
rencontre aussi des savants qui découvrent dans les étoiles les secrets de
Dieu. C’est dans les étoiles qu’ils entendent aussi la voix de Dieu et qu’ils
y découvrent le bon chemin. A
tous les coups ils ont croisé sur leur route des gens sur le chemin de
l’exil, des hommes avides d’espérance
qui gonflaient leur bateau en caoutchouc pour traverser les mers hostiles. Ils
ont traversé des villages inondés par la furie des rivières et ils ont vu des
maisons que la colère des éléments a détruites.
Les jours qui se préparent
sont eux aussi porteurs de voix mystérieuses dont il faut apprendre à lire les
messages. Elles peuvent prendre l’accent de la compassion de Dieu pour les
uns ou de la cupidité des hommes pour
les autres. Qui saura reconnaître la voix de Dieu dans les voix discordantes
qui prétendent parler pour notre temps. Soudain une petite voix, celle d’une
toute jeunes fille s’élève pour dire qu’elle rend grâce à Dieu car il est en
train de détrôner les puissants et de remplir le monde d’espérance. Elle
s’accorde semble-t-il à la voix de toutes ces femmes qui réclament justice
ainsi que le droit de vivre normalement. Les cris d’un nouveau-né ne nous
laissent pas ignorer la voix des enfants qui s’inquiètent menacés par un climat dont nous ignorons les
caprices du moment.
Chacun sait que tout message porteur d’amour,
quel qu’en soit le messager est susceptible de porter une partie du message
divin. C’est alors que peut
s’établir une forme de dialogue avec
Dieu. D’une part nous recevons les échos que les hommes de ce temps nous
envoient, et qui s’opposent, d’autre part au message des prophètes. C’est alors
que la voix qui crie dans le désert nous invite à mettre en dialogue toutes ces
voix qui discordent entre elles afin qu’une possibilité d’espérance trouve sa
place dans la cacophonie ambiante. Pour ce jeune père en quête d’espérance, la
voix de Dieu l’enjoignit à prendre la fuite loin du tyran. Il ne tergiversa pas pour savoir s’il y avait une autre
solution et il comprit que la voix de Dieu le poussait à l’exil avec la mère et
l’enfant.
Dieu nous fait
confiance à chacun pour chercher à discerner comment la voix de Dieu
nous met sur le chemin de l’espérance, même quand elle ne passe pas par le
chemin de la raison, sans oublier que c’est l’amour qu’il nous donne comme unique bagage.
La voix de Dieu que nous
découvrons en nous, nous dirige toujours vers le chemin qui mène à la vie, car
Dieu s’associe au destin des hommes pour toujours leur éclairer le chemin de la
vie
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