vendredi 8 janvier 2021

 

 

Marc 1/711

En ce temps-là, Jean le Baptiste proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »

Quand les hommes se penchent  sur leur propre histoire, c’est  celle que les hommes ont écrite par leurs exploits qui retient leur attention. C’est le nom des hommes et des femmes qui ont marqué leur civilisation qu’ils   s’appliquent à retenir.  Pour ne pas les oublier ils donnent leur nom aux principales voies de leurs cités: « rue untel ou place une telle » Dans les écoles, les cours d ‘histoires que l’on donne à leurs enfants visent à leur faire retenir  le nom des hommes et femmes qui ont marqué par leurs actions les différentes phases de l’histoire,  et qu’ils cherchent à leur faire retenir tant il leur apparaît comme évident que ce sont les hommes eux-mêmes qui déterminent le cours des événements. La République a consacré un bâtiment, tel  le Panthéon,  destiné à conserver le souvenir et les restes de ces  personnes illustres qui ont fait sa grandeur, croit-on, car seuls leurs exploits remarquables sont dignes de marquer les grandes étapes de l’humanité.

 

Pourtant la Bible qui figure parmi les œuvres remarquables produites par les hommes semble ne pas aller dans ce sens. Jean Le Baptiste dénonce ce travers de l’humanité qui  veut ignorer  que Dieu joue un  rôle  dans l’évolution du monde. C’est pourtant de la manière dont la volonté de Dieu s’exprime dans  les actions que font les hommes que le monde évolue  selon sa volonté. Il a chargé Jésus  d’exprimer cette volonté et Jean discerne dans les temps qu’il est en train de vivre que Jésus insistera sur cet aspect des choses, si bien que c’est  Dieu, en fait qui agit par les mains de ceux  qui  s’appuient  sur les principes que son esprit a mis dans leur cœur   Ce sont ceux qui ont mis en avant ces principes plus que ceux qui ont gagné des guerres qui ont le plus marqué le cours de l’évolution du monde.

 

Ainsi se révèle à nous la vraie fonction du prophète. Il s’agit pour lui de dire comment les hommes doivent se libérer  de leurs manières personnelles d’agir  pour œuvrer selon les prescriptions que l’esprit de Dieu leur inspire.  Apparait  alors dans ce texte que nous avons lu  le premier élément  sur lequel Jean s’appuie pour délivrer son message à l’humanité. Il s’agit  du rôle déterminent que joue  l’esprit de Dieu dans la bonne marche des choses.  L’Esprit de Dieu ne se voit pas mais il agit sur les hommes pour orienter leurs décisions. « Avez-vous compris cela ?» semble dire Jean  à ces interlocuteurs   qui répondent  à ses propos se faisant immerger dans la Jourdain. Ce geste  un geste qui exprime leur agrément ne  laisse aucune trace visible: La trace de l’eau sèche et disparait

 

L’eau ne laisse aucune trace si non dans le souvenir de celui qui y a été plongé. Il se souviendra seulement de l’action secrète de Dieu en lui. Ce que l’esprit que Dieu dépose en lui est aussi invisible que la trace de l’eau  sur celui qui a été baptisé. Telle est l’action de Dieu dans le cours des choses.  Elle reste invisible sur ce monde pour celui qui ne sait pas la discerner dans son cœur. C’est cela que perçoit Jean le baptiste. Il comprend que les temps nouveaux qui marqueront désormais  l’humanité  passeront par l’action  de Jésus, et qui resteront invisibles aux yeux de la plupart  de ses contemporains, s’ils ne savent pas percevoir l’action de l’esprit en eux. Jésus,   emboîtera le pas à Jean, il  accomplira ce qu’il a annoncé et révélera aux hommes que Dieu agit par eux sur le monde s’ils acceptent d’être éclairés  par l’esprit qui leur est donné.

Malgré ces propos les historiens  considèrent cependant que ce sont les conquêtes des légions romaines qui ont marqué l’époque de Jean baptiste plus que l’action de  l’esprit de Dieu que Jésus a  révélé. L’histoire enseignée dans nos écoles ignorerait complètement l’enseignement de Jésus et l’action de l’esprit sur lui, si par miracle la date de sa naissance ne leur avait servie de repère pour marquer les temps que nous vivons. Nous continuons cependant  à ignorer qu’un esprit venu de Dieu  souffle sur le monde. Il marque de son empreinte certains humains qu’il inspire et qui donneront pour ce qui les concerne, le sens de l’histoire. Qui aujourd’hui osera dire par exemple que l’action de l’Abbé Pierre, de Coluche ou de Martin Luther King a été moins  déterminante pour notre temps que celle du  plus prestigieux de nos présidents ?

 

Qui aujourd’hui oserait  dire  que c’est l’esprit de Dieu qui agissait par l’action de ces femmes et de ces hommes qui ont marqué leur temps ?  . Des notions telles que celles de partage, de fraternité, d’amour  ont  certainement plus marqué l’histoire que l’action des hommes et des femmes célèbres dont on se plait à conserver le souvenir de leurs actions.

 

Sur les bords d’un ruisseau de Galilée, un homme habillé de peaux de bêtes parlait de l’avenir du monde. Il ne le voyait pas se réaliser dans  les conquêtes que se préparaient à accomplir les légions romaines, mais il savait qu’ une parole venue du fins fonds des Ecritures et reprises par cet homme inspiré allait marquer l’évolution du monde. Jean avait compris que l’action de Dieu au cours des âges ne s’était pas révélée  dans les exploits merveilleux  qu’on lui prêtait mais  dans les paroles  dont il se servait et  dans lesquelles le mot amour avait une place de choix.

 

Ce mot  longuement utilisé dans les propos de Jésus et  manifesté dans les actions commises par lui deviendra le ferment par lequel Dieu agit sur l’avenir du monde. Combien d’acteurs de l’histoire des hommes n’ont-ils pas écarté ce principe d’amour du prochain de leurs actions car il fallait non seulement l’accepter mais il fallait aussi  suivre l’exemple de celui qui l’avait enseigné. En effet, Jésus proposera à ceux qui ont reçu son esprit  de transformer aussi leur manière de vivre à l’imitation de la sienne, car il  avait renoncé à vivre de la notoriété que lui apportait le prestige de son enseignement et  avait décidé de   se comporter selon les règles que lui suggérait l’esprit de Dieu qui l’habitait.

 

Jean  ne se reconnaissait pas comme étant lui-même capable de donner un sens définitif à ses propos. Un autre plus intuitif que lui, plus réceptif  que lui à l’esprit divin était en train de suivre sa trace et il était prêt à lui laisser la place. Il savait que ce qu’il proposait était d’origine divine et devrait désormais conduire le monde.

 

En relisant ce matin les propos de Jean Baptiste, le lecteur qui porte son regard sur le monde sait  que son intuition prophétique était la bonne. L’histoire du monde ne pourra s’écrire sans donner de l’importance à ceux qui se laissent saisir par l’esprit de Dieu et  perçoivent. que l’amour des autres, l’altruisme et la fraternité sont la clé de l’avenir. En ce début d’année où nous cherchons comment nous allons écrire une nouvelle page de l’histoire  des hommes, souvenons-nous que c’est en suivant les suggestions de Jean Baptiste, qui donnait priorité à l’esprit de Dieu, qu’une page nouvelle pourra  être écrite.

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