jeudi 23 janvier 2014

Matthieu 5:3-16:



Matthieu 5: 3-16 Les Béatitudes  et la lumière du monde - dimanche 9 février 2014


3Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !
4Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés !
5Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre !

6Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés !
7Heureux ceux qui sont compatissants, car ils obtiendront compassion !
8Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !
9Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu !
10Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car le royaume des cieux est à eux !
11Heureux êtes-vous lorsqu'on vous insulte, qu'on vous persécute et qu'on répand faussement sur vous toutes sortes de méchancetés, à cause de moi. 12Réjouissez-vous et soyez transportés d'allégresse, parce que votre récompense est grande dans les cieux ; car c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.
Sel de la terre et lumière du monde

13 C'est vous qui êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, avec quoi le salera-t-on ? Il n'est plus bon qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les gens.

14 C'est vous qui êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. 15 On n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le porte-lampe, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. 16 Que votre lumière brille ainsi devant les gens, afin qu'ils voient vos belles œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux.

Il est difficile d’échapper à la fascination que produit en nous le spectacle d’une nuit étoilée. Les milliers d’étoiles scintillant sur la voûte des cieux nous parlent de la grandeur de Dieu et nous laissent penser que le modeste observateur que nous sommes est bien peu de chose face à l’immensité. Mais l’homme se complet mal dans le rôle du ver de terre adorant les étoiles. Ces quelques instants de modestie provoqués par l’émerveillement sont de courte durée, nous le savons bien ! Très vite, depuis qu’ils ont essayé de comprendre le mouvement des astres, les hommes ont relevé le défi et se sont mis à imaginer que leur prodigieuse intelligence les rendrait maîtres de la terre comme des cieux à l’égal de Dieu. Le génie des hommes les a très vite mis en rivalité avec Dieu. Ils ont donc réussi à aller jusque dans les étoiles et leur rêve a perdu de son aspect merveilleux et enchanteur.

Pourtant il nous a encore été dit récemment que jadis des savants avaient fait une expérience contraire. Ce n'était ni de notre temps, ni dans nos  lieux.  Au lieu de rivaliser avec Dieu en regardant les étoiles, ils avaient trouvé Dieu sur terre en regardant les étoiles. Dieu s'était dissimulé dans un enfant qui luttait pour la vie alors que tous cherchaient à la lui ôter.  

C’est en effet sur ce curieux récit que s’ouvre l’Evangile de Matthieu. Il nous raconte que des savants venus d’on ne sait où, quelque part à l’est de nulle part, avaient cherché la vérité à la lumière des étoiles. Une clarté venue d’en haut avait dirigé leurs pas. Ce qu’ils cherchaient, ils le découvrirent caché  sur la terre des hommes, dans un recoin discret et presque inconnu du monde habité, c'est sous le couvert d'un bébé que Dieu se révéla à eux. La morale de l’histoire, c’est que Dieu se met lui-même sur le parcours de ceux qui le cherchent  et les éclaire  d'une lumière surprenante, pour leur permettre de découvrir ici bas la vérité qui le concernent. 

Mais cette leçon de modestie ne plait pas à tout le monde. Elle n’a pas plu en particulier au plus grand de nos rois qui s’est appliqué à démontrer le contraire. Il s’est plu à inverser le sens des choses. Il s’est fait appeler le roi Soleil, et il s’est octroyé le privilège d’éclairer la nation. En inversant ainsi les rôles, il devint Dieu à la place de Dieu, et les serviteurs de Dieu n’eurent plus qu’à se taire ou à se soumettre. Il mourut pourtant sans gloire et sa lumière s’éteignit. Il n’était plus soleil, il n’était plus lumière, il n’était plus rien. Et son astre mort s’anéantit dans l’oubli.

Cependant la leçon donnée par lui avait porté ses fruits. Se levèrent après lui et malgré lui, quantité, de philosophes dont l’éclat de la pensée fut tel qu’on appela la période où ils vécurent « le siècle des lumières ». Désormais la pensée humaine, sanctionnée par la philosophie se proposait à nouveau d’éclairer le monde. La pâle lumière qui avait éclairé les mages à la découverte de Dieu était désormais éclipsée par la sagesse des philosophes dont l’éclat rejetait Dieu dans l’ombre. Dieu lui-même ne devint accessible qu’avec la permission des philosophes.

Nous en sommes encore là aujourd’hui. Ce sont les idéologies en place qui concèdent désormais à Dieu le droit d’exister et il n’a la possibilité d’éclairer la pensée de ceux qui se réclament de lui que dans la discrétion et le respect de la pensée dominante. Quoi qu’on en dise les choses se passent bien ainsi !

Sans doute certains, insatisfaits de cet état de fait, décident-ils périodiquement de redonner de l’éclat à Dieu et de faire briller la lumière de sa Loi pour éclairer les nations qui s’écartent de lui. C’est le but que se donnent ceux qui croient que Dieu s'est incarné une fois pour toutes et que sa parole contient des enseignements valables pour tous les temps, sans qu'aucune pensée humaine n'y trouve  à redire.  Les débats sur ce sujet se font vifs de nos jours et désorientent beaucoup de gens, quel que soit le champs où ils se situent 

Cela donne  à celui qui observe de l'extérieur  une curieuse impression.  En effet, ce sont des hommes qui essaient de donner à Dieu un éclat que celui-ci n’a plus et qu’il ne semble pas revendiquer. Ainsi certains croyants pensent  aujourd'hui qu’après avoir emprunté sa lumière à Dieu, après la lui avoir confisquée,  il est urgent de la lui rendre de telle sorte que par son éclat,  c'est à dire sa  puissance, il  redevienne incontestable.

Selon  eux, la lumière qui a été prise à Dieu doit lui être rendue. Mais si Dieu n’est pas intervenu quand les philosophes l’ont dépossédé de sa puissance, s’il n’intervient toujours pas quand les hommes cherchent à la lui rendre, c’est que Dieu ne partage pas le même souci. Quand on agit au nom de Dieu et qu’il ne manifeste pas son intérêt, c’est qu’on ne travaille pas dans la bonne direction. C’est qu’on utilise le nom de Dieu pour que sa gloire rejaillisse sur les hommes qui le manipulent. La lumière de Dieu devient alors un instrument que les hommes s’approprient mais qui ne le concerne pas. Quant à Dieu et en ce qui le concerne dans cette affaire, c’est une tout autre histoire à laquelle nous devons nous intéresser maintenant.

Face à tous ceux qui ont tenté de s’approprier l’éclat de la lumière de Dieu et à tous ceux qui espèrent la lui rendre, nous entendons maintenant la voix de Jésus qui vient en rajouter une couche en disant : « C’est vous qui êtes la lumière du monde ».

Les philosophes des lumières auraient-ils donc raison ? La pensée humaine aurait-elle vocation à éclairer les nations et Dieu ne jouerait-il plus aucun rôle ? Non bien évidemment. Les propos de Jésus n’ont pas une valeur universelle. Ils ne s’adressent pas à n’importe qui. Jésus s’adresse précisément à vous.

Derrière ce « vous » il faut voir tous ceux qui sont rassemblés autour de lui pour écouter le sermon sur la montagne dont ce discours fait partie. Et à travers eux, il s’adresse à ceux des lecteurs de l’Evangile qui s’identifient à leur tour aux témoins de la première heure. Ils rejoignent ceux qui écoutent Jésus assis au flanc de la colline qui domine le lac. Autrement dit, Jésus vous rejoint dans ce lieu où vous êtes venus pour l'écouter.
Jésus s’adresse donc à vous, 
-                  - vous qui reconnaissez en Jésus celui qui leur parle au nom de Dieu et qui leur fait entendre sa parole,
-           -    vous qui savez que Dieu se range du côté des faibles contre les forts, du côté des opprimés contre les oppresseurs,
    - vous, qui savez déjà que Dieu ne veut pas conduire le monde, vers plus de justice et plus de paix si vous ne mettez pas la main à la pâte.

Quand vous vous investissez au service des autres et que vous considérez les autres ( tous les autres) comme vos frères, vous faites resplendir autour de vous un éclat de la lumière divine. Quand vous cueillez sur la bouche de Jésus les directives qui vont orienter vos actions, c’est comme si vous vous étiez approprié un peu de la lumière de Dieu qui est en lui et que celle-ci se trouve réfléchie dans vos actions.

Certes, c’est d’une bien faible lumière que nous irradions, un pâle reflet de la lumière de Dieu, seulement une lueur ! Elle n’a de vraie efficacité que si elle est relayée par la lumière des autres qui, comme chacun de nous croient que c’est Dieu qui inspire leurs actions, car c’est par nos actions que le monde le perçoit.

Ainsi cette faible lumière qui transite de Dieu vers les autres par nos actions retourne-t-elle à Dieu quand Dieu a été identifié à travers elles. Dieu devient alors lumineux, éclairé par sa propre lumière qui ne revient pas à lui sans effet. Si ces actions sont assez nombreuses, elles peuvent même le rendre éblouissant, comme il devrait l’être.

Ceux qui voudraient rendre lumineuse la présence de Dieu par un autre moyen se trompent. Ce sont ceux dont on a déjà parlé et qui voudraient contraindre les autres à croire par la persuasion ou même par la force.

Aucune action contraignante ou provocante ne peut révéler la gloire de Dieu, car la gloire de Dieu ne peut être visible que si les actions qui la manifestent sont portées par des gestes inspirés par l’amour de Dieu. Ainsi les grandes solennités organisées sous forme de "Te Deum"  le contrarient certainement plus qu'elles ne reçoivent son adhésion. L’amour est la seule vertu à laquelle Dieu donne priorité car il est lui-même amour, dit l’Evangile de Jean. C’est donc par l’amour répandu et partagé que l’on découvre la présence de Dieu.

Nous avons illustré  ce sermon par des effets de lumière de Van Gogh. Il a cherché à rendre  l'éclat de la lumière de partout où il est passé tout en restant  lui-même  dans une  très grande modestie.

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