Abraham : Genèse 12:1-4 Abraham, dimanche 16 mars 2014
1 Le SEIGNEUR dit à Abram :
Va-t'en de ton pays, du lieu de tes origines et de la maison de ton père, vers
le pays que je te montrerai. 2 Je ferai de toi une grande nation et je te
bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une bénédiction. 3 Je
bénirai ceux qui te béniront, je maudirai celui qui te maudira. Tous les clans
de la terre se béniront par toi. 4 Abram partit, comme le SEIGNEUR le lui avait
dit, et Loth partit avec lui. Abram avait soixante-quinze ans lorsqu'il quitta
Harrân.
5 Abram prit Saraï, sa femme, et Loth, son neveu, avec
tous les biens et les gens qu'ils avaient acquis à Harrân. Ils partirent pour
Canaan, et ils arrivèrent en Canaan. 6 Abram traversa le pays jusqu'au lieu de
Sichem, jusqu'au térébinthe de Moré. Les Cananéens étaient alors dans le pays. 7
Le SEIGNEUR apparut à Abram et dit : Je donnerai ce pays à ta descendance.
Abram bâtit là un autel pour le SEIGNEUR qui lui était apparu. 8 Puis il leva
le camp pour se rendre dans la montagne, à l'est de Beth-El ; il dressa sa
tente entre Beth-El, à l'ouest, et le Aï, à l'est. Il bâtit là un autel pour le
SEIGNEUR et invoqua le nom du SEIGNEUR (YHWH) . Abram repartit, en se rendant par étapes vers
le Néguev.
Il arrive que parfois, le soleil ne se lève
pas sur nous de la même façon qu’il le fait chaque matin. Notre âme se trouve
emportée vers des pensées qu’elle n’éprouve pas habituellement. On ressent comme une sorte de
vague à l’âme où des souvenirs d’enfance imprécis se mêlent à l’évocation de
moments que nous croyions enfermés dans l’oubli de notre passé. Il arrive même
que de tels instants soient accompagnés du souvenir
de quelques mesures de musique que notre mémoire a conservé d’un concert
particulièrement émouvant qui nous a tiré des larmes des yeux. Immanquablement
nous nous mettons à penser à Dieu. Mais bien vite les soucis quotidiens
prennent le dessus et les pensées vaporeuses sur Dieu s’estompent dans l’oubli.
Telle est l’expérience qu’Abraham a du faire
un jour et que la Bible nous rapporte
aujourd’hui. Quelle était cette voix qui semblait parler en lui ? C’était
sans nul doute la voix de Dieu, et depuis qu’il s’était laissé interpeler par
elle, elle ne le lâchait plus. On ne nous dit pas si cette voix ne l’avait pas
déjà interpelé, mais il est vraisemblable qu’elle avait déjà tenté de le faire. On nous dit qu’Abraham avait
soixante quinze ans quand l’événement relaté ici se produisit. Il nous est facile d’imaginer que déjà Dieu
s’y était pris à plusieurs fois et qu’il n’avait pas été entendu, c’est
pourquoi, il revenait à la charge.
Comme la plupart d’entre nous, quand nos
pensées sont sollicitées par la présence
de Dieu, à la manière dont nous venons de le raconter, Abraham avait négligé de
prêter une attention soutenue à ces pensées qui le sollicitaient, il les avait
écartées et avait songé à autre chose, à ses troupeaux de moutons qu’il fallait
déplacer le long du grand fleuve, à sa femme Sarah qui ne pouvait pas avoir
d’enfant, à son frère Haran disparu trop tôt pour élever son fils et il lui avait
laissé le gamin sur les bras. Que de soucis qui ressemblaient aux nôtres et qui
laissaient Abraham sourd à ces sollicitations de Dieu !
Si les trois courants de la pensée
monothéiste font d’Abraham le Père des croyants et l’ami de Dieu, ce n’est pas
pour dresser devant les faibles croyants que nous sommes, la statue d’un
colosse de foi qui s’imposerait à nous comme un modèle inaccessible. Abraham
ici nous est présenté comme un autre nous-mêmes dont la compagnie nous
permettra de rester dans la proximité de Dieu.
Nous sommes cependant avantagés par rapport à lui, car c’est dans les
expériences de sa vie que nous pouvons trouver des modèles pour la nôtre. Ces
expériences nous amènent à découvrir la nature profonde de Dieu qui se fit le
compagnon de sa vie et qui nous propose, de la même façon de devenir celui de
la nôtre. En effet, ce n’est pas pour
suivre Dieu qu’Abraham est parti pour ce long périple au travers des déserts du
Moyen Orient, il est parti parce qu’il savait que Dieu cheminait avec lui.
C’est Dieu qui l’accompagnait et non qui le précédait.
Ce Dieu, dont nous ne verrons jamais les
traits se manifestait à lui comme un stimulent d’énergie, c’est pourquoi il lui
demanda de se lever, comme le faisait Jésus
après avoir opéré des guérisons, il lui demanda ensuite de faire son baluchon et de se mettre en marche,
laissant son passé derrière lui à la garde de son vieux père ainsi que son
troupeau et de s’ouvrir à l’aventure.
Le Dieu qui le stimule pour le pousser en
avant est un Dieu patient, car cette
énergie qu’il lui prodigue, il la tenait en réserve depuis soixante quinze ans,
nous l’avons dit. Mais pour que se départ puisse se faire et qu’il reçoive
cette dose d’énergie, il fallait qu’Abraham penne du temps pour écouter, il
fallait qu’il laisse de côté tout ce qui l’agitait et qu’il accepte de prêter
attention pour laisser le souffle de Dieu habiter son esprit et habiter en lui.
Tel fut le démarrage d ‘Abraham dans la vie, tel sera le nôtre.
Ce Dieu qui soufflait son dynamisme en lui ne ressemblait
sans doute pas aux dieux de la vallée de
l’Euphrate avec lesquels, déçu par la vie, il avait peut être rompu. Ces dieux cherchaient à être servis et ils réclamaient
les faveurs des hommes à coup de
sacrifices. Ce Dieu qui cherche à se faire connaître d’Abraham ne leur
ressemble nullement. Il ne ressemble pas non plus au Dieu auquel nos traditions
ont gardé l’habitude de se référer en nous prescrivant de l’aimer et de le
redouter, ce Dieu qui sauve mais qui
punit aussi, ce Dieu qui favorise ceux qui sont bons et qui se détourne des
mauvais, celui qui pousse
son fils à la mort et
qui réclame en échange l’amour et
le respect des hommes en gage de leur salut.
Pour le moment Abraham organise sa vie avec l’aide secourable de l’esprit de Dieu qui
habite en lui. Certes, ce n’est pas toujours facile ni gratifiant de toujours
se tourner dans le sens du vent. Il est plus facile de se valoriser soi-même et
d’entreprendre des actions qui vont dans le sens de nos intérêts immédiats sans
se soucier de ce qui nous entoure. Parti des bords de l’Euphrate, accompagné
par son Dieu, nous retrouvons alors Abraham en Egypte, monnayant la vertu de sa
femme en échange de sa sécurité. Il
marchande avec le pharaon pour avoir la vie sauve en lui laissant la jouissance
de son épouse au prix d’un demi-mensonge. Le trait est sans doute un peu gros,
mais celui qui nous raconte l’histoire a besoin que le lecteur comprenne qu’il
est loin d’être facile de suivre Dieu et d’être attentif à ce que son souffle met en nous. Toute la vie du patriarche sera faite de compromis entre des
moments d’écoute attentive de Dieu et des moments d’écoute de lui-même.
En disant cela, nous énonçons sans nous en
rendre compte les premières bases de la prière telle que nous devrions l'adresser à Dieu.
Avant d’être louange et adoration, elle devrait commencer par être écoute. Dieu
ne parle en nous que lorsque nous savons nous taire et écouter, c’est alors que
notre esprit se met en harmonie avec celui de Dieu. Notre prière commence par
un temps d’abnégation de toute velléité personnelle à agir avant que ne
s’impose en nous la voix de Dieu, supplée par son esprit. C’est alors que nous
pouvons être en harmonie avec lui.
Au contact d’Abraham nous découvrons
nos propres faiblesses et nous
découvrons comment Dieu peut nous aider à les dépasser. C’est ainsi
que voulant plaire à Dieu et n’écoutant
que son propre désir de lui être agréable, Abraham négligea de l’écouter car il croyait être sûr de sa propre vérité, et conformément aux us
et coutumes de son temps il décida de lui sacrifier son propre fils. Il avait
négligé, ou pas encore compris que Dieu ne se plaisait que dans les actions qui
portent la vie, et c’est Dieu qui sauva l’enfant en décidant de sa vie. Il
comprit ainsi un élément fondamental de l’action de Dieu parmi les hommes. Nous
mettrons des siècles, voire des millénaires pour le comprendre, et aujourd’hui,
l’avons-nous vraiment compris ?
Tout cela étant dit, Dieu nous demande encore
d’aller plus loin. Il sait que notre cœur est encore trop dur pour répondre tout
seul aux sollicitations de son esprit ; c’est pourquoi, aux temps
opportuns, il a voulu que son fils
croise notre chemin et devienne notre frère. Depuis son passage parmi nous, il
nous a entourés de toute l’affection
dont nous avons besoin afin que nous soyons avec Dieu dans un partage
réciproque d’amour. L’amour que nous
partageons avec lui en harmonie avec son Père, nous permet de dépasser notre
vie humaine pour qu’elle s’accomplisse
dans une espérance où la mort n’a plus de place. Abraham a quitté cette terre dans l’espoir de voir se
réaliser un jour la perfection de l’humanité dans cette espérance enfin
réalisée.
C’est en Jésus qu’il nous est donné de vivre
tout cela. Il rajoute à l’action de l’esprit en nous, la force de l’amour et installe en notre conscience la certitude
que notre vie ainsi prise en main par Jésus et inspirée par l’esprit vaut bien
le coup d’être vécue.
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