Autre texte pour le dimanche 9 mars , Genèse 2 :7-9 et 3 :1-7. Les
origines de l’homme.
Le
SEIGNEUR Dieu façonna l'homme de la poussière de la terre ; il insuffla
dans ses narines un souffle de vie, et l'homme devint un être vivant. 8 Le SEIGNEUR Dieu
planta un jardin en Eden, du côté de l'est, et il y mit l'homme qu'il avait
façonné. 9 Le SEIGNEUR Dieu fit pousser de la terre toutes sortes
d'arbres agréables à voir et bons pour la nourriture, ainsi que l'arbre de la
vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance de ce qui est bon ou
mauvais.
1 Le serpent était le plus avisé de tous les animaux de la
campagne que le SEIGNEUR Dieu avait faits. Il dit à la femme :
Dieu a-t-il réellement dit : « Vous ne mangerez pas de tous les
arbres du jardin ! » 2 La femme dit au serpent : Nous pouvons manger du fruit
des arbres du jardin. 3 Mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin,
Dieu a dit : « Vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez pas, sinon
vous mourrez ! » 4 Alors le serpent dit à la femme : Pas du tout !
Vous ne mourrez pas ! 5 Dieu le sait : le jour où vous en mangerez, vos yeux
s'ouvriront et vous serez comme des dieux qui connaissent ce qui est bon ou
mauvais. 6 La femme vit que l'arbre était bon pour la nourriture et
plaisant pour la vue, qu'il était, cet arbre, désirable pour le discernement.
Elle prit de son fruit et en mangea ; elle en donna aussi à son mari qui
était avec elle, et il en mangea. 7 Leurs yeux à tous les deux s'ouvrirent, et ils surent
qu'ils étaient nus. Ils cousirent des feuilles de figuier pour se faire des
pagnes.
La Bible s’ouvre sur une image concernant la création de l' homme qui nous
plonge dans un abîme de réflexions. Elle nous
désoriente beaucoup parce qu’elle est universellement connue. Elle s’impose à
nos méditations sur l’homme et elle prend
souvent part à nos plaisanteries les plus saugrenues. Pour beaucoup, elle fait partie des mythes auxquels plus personne ne croit encore,
tandis que pour d’autre elle a une valeur d’enseignement qui nous viendrait de Dieu et
dont l’ancienneté confirmerait la valeur. Le premier problème qui se pose
à nous, c’est que ce récit des origines de l’homme nous
parvient par le moyen de deux textes différents de la Bible qui se font suite
l’un à l’autre. Malgré tout, les messages
de ces deux récits sont très différents
l’un de l’autre.
Le premier raconte que la création du monde
se fit en six jours et qu’elle s’acheva par la création du couple humain qui
est présenté comme l’achèvement de la création. Le narrateur ne peut
s’empêcher de laisser transparaître son admiration en déclarant que cet acte fut le
meilleur de tous le actes créateurs que fit Dieu jusqu’à
ce jour. Après quoi Dieu s’arrêta de
créer et en profita pour se reposer. Quelques lignes plus loin, nous avons le
récit d’un autre narrateur qui présente l’homme sous un autre aspect. C’est le texte qu’il nous est proposé de nous
approprier dans cette méditation.
Alors qu’il est seul dans ce jardin
magnifique que Dieu a organisé pour lui,
l’homme se sent seul dans cet univers tout ordonnancé pour sa jouissance. Dieu lui adjoint une compagne, faite de sa chair et de ses os.
C’est par ce constat que commence
vraiment l’histoire de cet homme dans ce deuxième récit, très différent du
premier car pour s’accomplir dans son humanité,
le couple d’humains va décider de défier Dieu et de désobéir.
A peine cet acte d'indépendance commis, qui leur procure un véritable plaisir, nos deux partenaires
constatent qu’il sont fragiles et vulnérables. Ils prennent conscience qu’ils sont nus, proies faciles
pour le premier prédateur venu.
Piètre moyen de défense, ils inventent le pagne
en feuille de figuier. Ainsi, l’homme en rébellion contre Dieu devint
inventeur.
L’histoire l’humanité commence donc par deux
textes différents que les lecteurs ont
tendance amalgamer, si bien qu’ils ont du mal à les comprendre. Curieusement, à l’opposé de la Bible,
l’histoire du nouvel homme, Jésus, commencera, elle-aussi par deux textes différents, l’un dans
l’Evangile de Luc, l’autre dans celui de Matthieu. Là encore le lecteur a tendance à les amalgamer.
Pourtant le récit des anges saluant la naissance de l’enfant par la musique d’un
orchestre céleste accompagnés par les bergers
venant à la crèche n’a rien à voir avec le récit des mages et de la
colère du roi Hérode. Ce constat va jeter une lumière nouvelle sur notre sujet. Il établit un lien entre l'histoire de l'origine de l'homme et la découverte du projet de salut que Dieu élabore pour l'humanité.
Pour revenir aux textes sur l’origine de
l’homme, il nous faut considérer que si
ces textes sont placés au début de la
Bible, ce n’est pas parce qu’ils sont les plus anciens. Ce sont des savants,
qui au retour de l’exil, à partir de 538 avant Jésus Christ ( édit de Cyrus), quand ils se sont mis à
regrouper les différents récits, ont décidé de les classer de cette façon en commençant
par les récits concernant les origines de l’homme qu’ils ont été placé avant
les récits les plus anciens, sans doute les récits des prophètes. Les récits de la nativité,
arrivés cinq cents ans plus tard, dans un autre contexte partageront la même histoire. Ils
sont eux aussi, les textes les plus récents du Nouveau Testament et ils ont
l’honneur de figurer au début. La raison
en sera la même. Le mystère de la naissance de Jésus est plus important
que ceux qui contiennent son enseignement dont les récits
sont plus anciens. Il ne faut voir là qu’une interprétation des auteurs sans
qu’elle ne soit vraiment déterminante.
En agissant ainsi les savants qui ont classé
les Ecritures dans l’ordre où ils l’ont
fait, ont voulu montrer que c’est
la relation de Dieu avec l’homme qui était la plus importante. Leurs réflexions
s’appuyaient sur deux récits qui ne portaient pas le même regard sur l’origine
de l’humanité. Le premier fait de
l’homme un être parfait qui a vocation à être le maître de la création.
C’est pour lui que tout l’univers avait été mis en place. Il devait en prendre
la responsabilité pendant toute la duré du repos de Dieu. La destiné de l’homme
était donc de devenir l’auxiliaire de Dieu et de prolonger son œuvre de créateur dans ce monde qui venait de naître.
Il ne fallait pas être fin scribe pour
constater que tout ce beau projet ne fonctionnait pas au moment de la mise par
écrit de ces textes. Les scribes savaient que le peuple qui se croyait peuple de Dieu s’était détourné de sa vocation, avait désobéi
à Dieu et que, ses rois n’avaient pas
toujours été bons. Son clergé, quant à lui était corrompu. Dieu mécontent les
avaient punis. Telle était la leçon qu’il fallait retirer de la catastrophe de
la chute de Jérusalem et des dures années d’exil. Ce deuxième texte en contradiction
apparente avec le premier semblait répondre aux questions que l’on se posait au
sujet du mauvais penchant des hommes,
mais il mettait Dieu en accusation.
En effet, lors de la création, dans le
deuxième texte, on peut se demander comment Dieu aurait pu concevoir
un homme désobéissant ? L’homme conçu comme un être parfait dans le
premier texte devenait un être imparfait dans le deuxième texte ? A peine
sorti des mains créatrices de Dieu, il souffrait déjà de la solitude.
L’homme conçu comme capable d’être tenté
pouvait-il succomber à la
tentation ? Pour échapper à la critique, l’auteur de ce texte fait intervenir le serpent. Par ce choix il innocente le couple
humain qui n’aurait pas décidé par lui-même de désobéir. Il innocente aussi Dieu de ne pas avoir prévu
le coup.
Quand l’homme et sa compagne suivirent
l’injonction du serpent leurs yeux
s’ouvrirent est-il dit. C’est comme si leur création n’avait pas encore été
complètement achevée. Quand leurs yeux s’ouvrent ils découvrent leur faiblesse
et immédiatement ils deviennent
intelligents et se mettent à inventer le pagne. C’est comme si le serpent en
les rendant cupides les avait rendus capables de progrès. A partir de cet instant le couple humain entrait
dans sa destinée. Il fut tenté de s’opposer à Dieu pour progresser, car s’il ne
progressait pas il n’avait plus que la mort pour avenir.
On a toujours lu ce texte comme une
malédiction pour l’homme, voué à la
désobéissance à Dieu et puni par lui pour l’avoir offensé. Il n’en est rien. L’homme se découvre mortel
et vulnérable, mais il l’était déjà. Dieu ne le châtie pas à proprement
parler. En le chassant, il le pousse à
l’extérieur du jardin, comme s’il l’accouchait d’un ventre
maternel. Il le pousse vers la
vie et les risques qu’il encourt. C’est pour le protéger que Dieu lui fit un
vêtement en peau, plus confortable et plus protecteur que la feuille de figuier.
Le lecteur biblique a devant lui deux
portraits de l’homme. Le premier, c’est celui de l’homme parfait qui doit
veiller à le rester, car c’est ainsi que Dieu l’a voulu. Face à ce portrait de
l’homme, il y en a un autre, plus complexe, celui de l’homme qui cherche à
progresser et à mettre en valeur la terre où il se trouve. Elle lui est
hostile et lui, est faible. Il doit pour
exister devenir inventif et il le deviendra au point de se croire supérieur à
Dieu. L’homme reste cependant continuellement tenté de tirer la couverture à
son profit et de voir son propre intérêt avant celui des autres. Il est radicalement différent de l'homme du premier récit.
Il a pourtant, face à lui le portrait exemplaire de cet homme qui se tient comme un miroir devant lui, l’invitant à œuvrer pour le
mieux être de la création qui lui est confiée et de continuer l’œuvre de Dieu en harmonie avec
lui .
Nous voyons en ce premier Adam, fait à l’image de Dieu, se
dessiner le portrait de ce nouvel Adam, dont parlera Paul, que nous reconnaîtrons en Jésus Christ.
L’histoire de sa naissance semble être copiée sur celle des origines de
l’humanité. Jésus s’est appliqué à montrer aux hommes le bon chemin qui à partir
de l’autre Adam, celui du deuxième récit doit aboutir à celui du premier récit.
Le serpent l’a aveuglé en lui masquant le chemin qui mène de l’un à
l’autre. Jésus nous ouvre à nous, ses
descendants, le chemin qui ramène
l’humanité vers la perfection entrevue dès le début dans le premier récit, mais jamais réalisée.
Quant au serpent, au diable, au mal,
l’Ecriture nous révèle son existence,
mais ne nous dit rien de son origine. La seule chose que nous savons c’est que
l’œuvre de Jésus a été accomplie pour
nous en délivrer. C’est cela la bonne
nouvelle de l’Evangile.
En illustration, des images de la création vue par Jean Effel
En illustration, des images de la création vue par Jean Effel
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