Luc 2 :16-21
6 Les bergers se
rendirent en hâte à Bethléem et
trouvèrent Marie, Joseph, et le nouveau-né couché dans la mangeoire. 17 Après
l'avoir vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit au sujet de cet
enfant. 18 Tous ceux qui les entendirent s'étonnèrent de ce que disaient les
bergers. 19 Marie retenait toutes ces choses et y réfléchissait. 20 Quant aux
bergers, ils s'en retournèrent en glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu'ils
avaient entendu et vu, conformément à ce qui leur avait été dit.
21Quand huit jours furent
accomplis, il fut circoncis et on lui donna le nom de Jésus, celui que l'ange
avait indiqué avant sa conception.
La littérature contemporaine se fait
régulièrement porteuse de questions sur Dieu, sur Jésus et sur la spiritualité
en y apportant des réponses qui n’ont pour autorité que celle que nous
accordons à leurs auteurs. Elles font
cependant écho aux interrogations qui sont les nôtres quand nous accordons quelques minutes à la méditation
personnelle. Qui est Dieu pour nous et
qu’avons-nous à voir avec lui ?
Ces temps de fêtes que nous venons de
traverser sont propices à ce genre de réflexion et c’est sans doute elles qui
habitent notre méditation quand nos pas nous portent vers un lieu de culte, comme ce fut le cas, sans
doute aujourd’hui puisque c’est dans un tel lieu que nous nous retrouvons.
La fête de Noël vient d’être célébrée et bien
entendu la fête a laissé une trace en chacun de nous, mais bien vite
l’actualité aura tôt fait de nous entraîner vers d’autres préoccupations
et de mettre en oubli jusqu’à l’année
prochaine les rêves qui ont pu accompagner
la célébration de la visite de
Dieu sur la terre des hommes. Déjà la trace de ce divin visiteur s’estompe et
ne reste présente pour nous que dans les cadeaux que nous avons reçus ou
donnés. Ceux qui réfléchissent aux
questions spirituelles se demandent
cependant si Dieu n’était pas
seulement une partie du décor de la fête ou s’il représentait une autre
réalité.
Sur le chemin qui nous conduisait dans le
lieu où nous sommes maintenant, nous avons peut-être fait inconsciemment cette
prière qui consistait à espérer que Dieu laisserait en nous une trace qui ne
sera pas seulement celle d’une émotion éphémère. Si nous pensons à Dieu, dans les
temps qui courent, c’est plus souvent pour nous évader de ce monde et pour
laisser notre âme rêver à l’évocation d’un monde meilleur où nous devons avoir
une part. Mais ce monde meilleur dans lequel nous nous projetons et où nous imaginons la
présence de Dieu, peut-il exister face à cet univers où nous sommes, alors que les bruits de bottes sont accompagnés des
sanglots résignés des gens qui fuient loin de leurs oppresseurs à la recherche d’une nouvelle terre où la
haine, la famille et la mort ne feront plus la loi. Dieu a-t-il sa place dans
ce monde là
Mais trêve de morosité, si nos pas nous ont
portés dans ce lieu-ci ce matin, c’est que Dieu a déjà placé en nous une
espérance capable de transformer ce monde hostile. C’est elle que nous voulons
partager avec tous ceux qui comme nous, sont venus ici. Aujourd’hui encore nous
savons que le charme de Noël n’est pas
une trêve sur le chemin de la résignation, car rêve et espérance se tiennent
compagnie sous le regard de Dieu.
Nous accompagnons anges et bergers qui sortent
de leur univers de légende pour habiter la réalité d’aujourd’hui et nous
invitent à rechercher la vérité sur Dieu dans ce monde-ci qui lui est hostile. Mais si ce monde lui est hostile, il ne lui
est pas interdit. Si on ne le voit pas, il existe cependant, si on
ne l’entend pas il y parle quand même et les mots que l’on entend et qui
vibrent au fond de notre être sont habillés d’espérance.
Pas de colère aujourd’hui car nous sommes invités à trouver du sens dans l’émotion de ces bergers qui voient des
anges et qui entendent le concert des chorales célestes. En effet, l’auteur de
ces lignes, Luc en l’occurrence, n’a pas
trouvé mieux que cette évocation pour nous dire que tant qu’il y a de la vie,
il y a de l’espoir. Nous contemplons avec lui et avec les bergers le miracle de
la vie qui s’impose à la rigueur du
moment dans un bébé qui vient de naître et
qui dort dans les bras de sa jolie maman
à côté de son père tout maladroit dans ce nouveau rôle de papa qui vient de lui
échoir.
L’émotion, ravivée par nos souvenirs de jadis
nous laisse entrevoir les pans de la robe de Dieu qui cautionne cet événement.
Il nous rappelle qu’il est toujours présent quand la vie demande à s’imposer,
car tout ce qui s’ouvre à la vie est irrésistiblement dans la mouvance de Dieu.
Peu importe si le décor nous surprend, c’est une étable remplie de moutons et
de berger qui se sont agenouillés pour exprimer leur dévotion. L’atmosphère
fleure bon l’odeur de la paille et de la sueur des hommes et ressemble plus à
une légende qu’à une réalité historique, quoi que… Il est ainsi dit, sous
couvert du merveilleux, que tout ce qui
vit est placé sous le regard de Dieu et qu’en Dieu la vie s’impose pour
réveiller l’espérance.
Quand nous accueillons cette histoire
merveilleuse dans le secret de notre âme, nous constatons qu’elle perd son
aspect légendaire pour s’imposer avec vigueur à notre compréhension en une
vérité surprenante.
A la suite de Marie qui s’est arrêtée
quelques jours pour accoucher, toute une cohorte de réfugiés de tous les temps
lui emboîte le pas. Chassés par la nécessité hors de leur espace naturel, ils
forcent les frontières en quête de vie et d’espace. Par tous les
moyens qu’ils trouvent ils réclament leur droit à la vie. Au début du récit on a montré que Dieu lui même s’inscrivait à la fois dans le
merveilleux et le sordide de l’histoire des hommes pour leur permettre de
s’ouvrir à toute forme de vie qui leur permet d’espérer. L’histoire nous dit
que ceux qui croient à la réalité de cette histoire sont capables d’entendre le
chant des anges, et même d’y participer.
Aujourd’hui, cette histoire ne cesse de se
répéter, des familles entières croient, elles aussi, que Dieu est capable de
leur ouvrir des chemins de vie. Elles se mettent à croire dans l’action des
anges à qui les hommes s’identifient, car hommes
et anges, ce sont les mêmes réalités, que Dieu entreprend une grande action de
rénovation de l’humanité. Le seul
problème réside dans le fait qu’il faut
que leurs actions soient assez visibles pour qu’on y discerne le doigt de Dieu,
c’est alors que le chant des chorales célestes deviendra audible.
Nous avons imaginé que sur le chemin qui vous a conduits à l’Église ce
matin, vous vous demandiez si Dieu avait une existence qui dépassait celle de
la fête de Noël. Et voila que cette
réalité est en train de prendre corps dans notre société où Dieu n’a peut-être
plus sa place. Dieu prend corps
dans tout ce qui est porteur de vie, et
puisque chacune et chacun de nous
est vivant, il est logique de penser que Dieu prend corps en lui si bien que cette vie
qui est en Dieu et qui s’installe en nous dépasse la temps présent pour nous projeter
avec lui dans un futur qui durera aussi longtemps que Dieu lui-même.
On nous a raconté comment un homme et une
femme ont lutté de toute leur énergie, avec douceur et ténacité pour que leur
enfant devienne le signe de l’acharnement de Dieu à faire vivre les hommes. On
peut dire que les hommes ne se sont pas
trompés quand ils ont reconnu en lui le fils de Dieu et qu’ils ont été
convaincus de le suivre. Aujourd’hui,
nous pouvons sans doute à notre tour
rester certains du fait que non seulement Dieu s’acharne à orienter le
choix des hommes vers des projets de vie porteurs d’espérance, mais aussi que
ce succès ne deviendra vraiment visible que si chacun entre à son tour dans ces
projets qui sont seuls capables de révéler Dieu. Autrement dit, cette histoire
n’a de sens que si nous mettons nos mains dans la pâte avec laquelle Dieu a
entrepris la construction de ce monde nouveau .
Illustrations: Giovanni Baptista Salvi
Illustrations: Giovanni Baptista Salvi
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