La parabole de la semence qui
pousse toute seule
26Il disait encore : Il en est
du règne de Dieu comme d'un homme qui jette de la semence sur la
terre ; 27qu'il dorme ou qu'il veille, nuit et jour, la
semence germe et croît sans qu'il sache comment. 28D'elle-même
la terre porte du fruit : d'abord l'herbe, puis l'épi, enfin le blé bien
formé dans l'épi ; 29et sitôt que le fruit est mûr, on y
met la faucille, car la moisson est là.
La parabole de la graine de
moutarde
30Il disait encore : A quoi
comparerons-nous le règne de Dieu ? Par quelle parabole le
représenterons-nous ? 31C'est comme une graine de moutarde
qui, lorsqu'on la sème en terre, est la plus petite de toutes les semences de
la terre ; 32mais une fois semée, elle monte, devient plus
grande que toutes les plantes potagères et donne de grandes branches, de sorte
que les oiseaux du ciel peuvent habiter sous son ombre.
L'enseignement en paraboles
33C'est par
beaucoup de paraboles de ce genre qu'il leur disait la Parole, selon ce qu'ils
étaient capables d'entendre. 34Il ne leur parlait pas sans
parabole, mais, en privé, il expliquait tout à ses disciples.
Le monde semble devoir évoluer suivant le
cours normal des choses sans que rien ne vienne modifier son rythme. Même si l’activité humaine influe sur les effets
du climat, cela ne semble pas avoir de conséquence à long terme sur le
devenir de la planète elle-même qui peut subsister sans la présence humaine. Le
chien aboie, la caravane passe et aucune force humaine n’y peut rien. Rien, donc ne signale aux yeux des hommes la
présence d’un être supérieur et intelligent qui règlerait tout cela. Si Dieu ne se démontre pas, il ne se voit pas
non plus et la réalité de son Royaume
passe inaperçue. Ceux qui se croient les
plus futés et qui croient posséder la clé de l’énigme ont des critères qui ne
sont valables que pour eux-mêmes et qui ne se communiquent pas facilement. Ni
la beauté du ciel, ni le nombre des étoiles, ni la profondeur des océans ne
disent la grandeur de Dieu et ne plaident en faveur de son existence.
Tel
est le raisonnement habituel des êtres humains qui se croient avertis
des choses du monde. Pourtant, un jour,
sans que rien ne les y ait préparés, la conscience du divin s’impose à leur
esprit comme une évidence. Ils se
mettent à considérer que ce que leur logique récusait jusqu’alors,
pouvait devenir une réalité envisageable. Cette aventure n’arrive pas à tout le monde, mais elle s’est produit un nombre de fois suffisant pour mériter notre attention.
On peut même dire, mais après coup seulement, que la chose se préparait depuis
longtemps et qu’il y avait en eux quelque chose qui travaillait. Tout se
passait comme l’action d’un grain enfoui
dans la terre et dont le germe se met à poindre.
Le germe
lance lentement une radicelle vers le bas, puis pousse sa tige vers le
haut et la feuille prend forme. Il faut attendre que la pointe perce la surface
du sol pour que l’on se rende compte de tout le travail qui a été fait en
profondeur. C’est alors que l’on peut
constater la réalité de la vie qui s’élance de nulle part pour défendre
ses droits.
Tout ce qui vit sur terre semble procéder du
même schéma. La vie s’active avant-même
que quiconque ait pris conscience de sa réalité. Avant même que l’on réalise son existence,
l’embryon a déjà vécu une longue
histoire. Ainsi la vie qui jaillit de la terre pour produire un arbre a déjà un
long passé. Tel est le mystère qui est à l’origine de tout ce qui vit. L’homme
lui-même n’échappe pas à la règle.
La connaissance de Dieu suit le même
mouvement. La foi semble se manifester
en l’homme après une mystérieuse maturation
spirituelle en lui. Il ne sait
pas toujours en retracer les étapes mais
on peut se demander si le mystère de la vie et celui de la foi ne suivent pas
le même chemin. Il se pourrait-même qu’ils aient cause commune. La foi trouve
ses origines au plus profond de la conscience humaine avant d’éclater d’un seul
coup, comme si elle se manifestait sur l’instant. C’est ce que nous raconte Jésus
dans ces deux paraboles. Il semble nous dire que la foi a ses origines
profondément enfouies au cœur de l’homme et se développe sans qu’on y prenne
garde jusqu’au jour où elle envahit tout l’espace de la pensée.
Dieu qui a fait sa demeure en nous et qui se love
dans notre inconscient cherche par tous les moyens à trouver le chemin de notre
conscience. Il y travaille en secret sans que l’on s’en rende compte. Quand il
y parvient, il occupe alors tout notre être et oriente notre vie vers le
meilleur de nous-mêmes. Jésus rend
compte de ce qui se passe en nous quand nous nous ouvrons à la foi, à partir d’une simple observation de la nature et en tire des conclusions qui nous
surprennent car il semble considérer que
l’éveil à la foi est possible pour tout
un chacun.
Mais l’observateur futé dira bien vite que ça
ne se passe pas toujours ainsi. Il y a des gens qui espèrent croire sans jamais
y arriver. Cette constatation est aussi
valable pour les graines. Toute semence jetée en terre ne germe pas forcément,
et quand elle germe, elle n’arrive pas obligatoirement à maturité. Les limaces aussi bien que les vaches
rivalisent entre elles pour consommer le brin d’herbe avant qu’il ne soit
parvenu à former des épis ou des gousses.
Il y a
plus de graines qui n’arrivent pas à former de plantes que celles qui y
parviennent. Cette loi est-elle valable pour la foi ? Y a-t-il des gens
qui seront à tout jamais privés de la connaissance de Dieu parce qu’un obstacle se sera interposé pour empêcher la foi de
progresser ? Difficile à répondre sans heurter les sensibilités. Il y a
des hasards qui font que la vie des uns ou des autres n’évolue pas de manière
souhaitable et que des défaillances s’immiscent entre Dieu et les hommes
contrariant d’une manière fâcheuse le
développement de la connaissance de Dieu.
Nous ne donnerons aucune explication
rationnelle, mais il est vraisemblable qu’il y a dans la vie, des obstacles qui
peuvent s’opposer à l’épanouissement de la foi. Par contre il peut se produire des
situations où c’est l’homme lui-même qui produit ces obstacles. Il peut se
forger intellectuellement les images d’un Dieu qu’il ne peut accepter. Il peut
vivre dans une société où la réalité qui lui est donnée de Dieu provoque en lui un
dégout tel que la notion de divin en lui en soit fortement
affectée.
Certains ont beau dire qu’ils cherchent Dieu sans
réussir à le trouver, ils ont beau prétendre que la grâce de connaître Dieu ne
leur est pas donnée, alors que c’est eux, par leurs idées préconçues qui
empêchent la manifestation du divin en eux. Pourtant la pratique de la Bible
nous enseigne que Dieu multiplie les occasions de se faire connaître et ne
désespère jamais d’atteindre la conscience de chaque individu. Il agit dans le
secret de chacun et nul ne prend conscience de cette action de Dieu en lui que
lorsqu’elle s’impose à lui de manière manifeste.
En 1958 Ingrid Bergman dans « l’Auberge du sixième
bonheur » a proposé une telle approche de l’action de Dieu. Le but du
film était de raconter comment une jeune secrétaire, éprise du désir d’évangéliser la Chine a
réussi, à force de persévérance, à rejoindre une mission chrétienne dans un
village perdu et a réussi à sauver un groupe d’enfants pendant la guerre contre
les Japonais. Ce qui me semble
intéressant dans ce film, c’est la
méthode utilisée par la vieille dame missionnaire qu’elle était venue rejoindre
et qui éclaire notre propos. Elle
racontait les histoires de la Bible, le soir à la veillée dans son auberge,
dite du Sixième Bonheur. Elle espérait répandre la foi chrétienne par l’action
des marchands qui fréquentaient son établissement et qui en colportant ces
histoires transmettraient la parole de Dieu. Dieu semait ainsi à tout vent et
laissait le soin au hasard de prolonger son œuvre.
Telle est la méthode de Dieu : semer
avec persévérance et générosité et faire confiance à une force qui est
insaisissable, celle du hasard. C’est ce
qui se passe dans cette parabole. Les choses se passent sans qu’on les voie
agir, et l’action de Dieu se fait dans
le secret du cœur de l’homme sans qu’on puisse établir de règles, mais le
résultat est surprenant. Dieu ne donne à
personne la clé de l’énigme mais engage chacun de ceux qui croient à entrer dans
ce vaste mouvement où le secret, le hasard et Dieu jouent un grand rôle sans
que les hommes puissent savoir comment ça marche.
Bien entendu, l’étincelle qui donne à la foi
sa réalité, c’est la personne de Jésus. Le croyant, en
s’appuyant son Evangile y découvre l’enseignement de l’amour qui
transforme la vie. La parole de Dieu devient efficace en lui
et requiert deux niveaux de réception.
Le premier consiste à laisser
faire les choses, c’est ce que nous avons dit tout au long de ce propos, la
parole de Dieu se répand par tous les canaux possibles, souvent ignorés des hommes. Elle agit comme
la semence jetée en terre, elle germe selon les hasards du moment, des hommes
en sont imprégnées et favorisent sa progression, les autres la rejettent.
Pour ceux qui la reçoivent avec joie, ils deviennent
des compagnons du Seigneur et prennent rang parmi ses disciples. A ceux là,
Dieu réserve une deuxième approche.
C’est le deuxième niveau que le texte de ce jour nous révèle dans sa dernière phrase: « A
ceux là, il expliquait tout en privé ». Le message se fait alors
personnel, il agit dans la conscience de chacun et chacun devient apte à
comprendre Dieu qui lui parle. Jésus devient son confident personnel. C’est l’œuvre du Saint esprit en lui, mais
c’est ici le sujet d’un nouveau sermon qui trouvera ici sa place une autre fois.
J'ai emprunté ces peintures à Jacques Billiau pour traduire l'impression que je ressens de Dieu
J'ai emprunté ces peintures à Jacques Billiau pour traduire l'impression que je ressens de Dieu
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