Jean 6: 51-58
51 C'est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra pour toujours ; et le pain que, moi, je donnerai, c'est ma chair, pour la vie du monde.
51 C'est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra pour toujours ; et le pain que, moi, je donnerai, c'est ma chair, pour la vie du monde.
52 Les Juifs se querellaient entre eux ; ils disaient :
Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger ?
53 Jésus leur dit : Amen, amen, je vous le dis, si vous ne
mangez pas la chair du Fils de l'homme et si vous ne buvez pas son sang, vous
n'avez pas de vie en vous. 54 Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la
vie éternelle, et moi, je le relèverai au dernier jour. 55 Car ma chair est
vraie nourriture, et mon sang est vraie boisson. 56 Celui qui mange ma chair et
boit mon sang demeure en moi, comme moi en lui. 57 Comme le Père, qui est
vivant, m'a envoyé, et comme moi, je vis par le Père, ainsi celui qui me mange
vivra par moi. 58 Voici le pain descendu du ciel. Il n'est pas comme celui
qu'ont mangé les pères : ils sont morts. Celui qui mange ce pain vivra
pour toujours.
Que nous faut-il aujourd’hui pour vivre ? A une telle question l’homme moderne répond
en formulant quelques sigles qui n’ont de valeur que pour cette génération. Il
va parler de RSA ou de SMIG tout en sachant
que ces sigles n’expriment qu’un minimum que d’aucun juge insuffisant.
Si on veut être plus précis, on dira encore que pour vivre normalement il faut un logement décent, un emploi
stable et une voiture capable de transporter
toute la famille, mais on dira peu de choses quant à la nourriture. Dans l’antiquité on était plus prosaïque,
c’est en pain que l’on estimait le revenu acceptable pour une famille normale.
Il fallait avoir assez de pain chaque jour pour nourrir tous les membres de sa
famille. Les critères ne sont plus les mêmes.
Ainsi la valeur du pain ne sera pas la même pour nos
ancêtres de l’antiquité que pour nous.
Si pour nous, la notion de pain a une valeur symbolique, pour eux elle avait une valeur vitale. Quand Jésus
prononce le mot pain ce mot prend une résonance bien réelle. Aujourd’hui, il
faut s’appuyer sur d’autres valeurs,
pour parler de niveau de vie, on est obligé de parler de RSA. Mais les
termes utilisés dans l’antiquité étaient plus significatifs. Le mot pain était
associé au mot vie. Cela signifiait que
la vie dépendait du pain. Sans
pain, on ne pouvait vivre. En s’identifiant au pain Jésus montre qu’il
s’associe à la nécessité vitale de chacun.
Selon
notre manière actuelle de voir les choses, quand on
associe la notion de pain, à celle de
vie, nous avons tendance à spiritualiser les choses et à
les associer au corps sacramentel de Jésus, si bien qu’en donnant au
pain une valeur spirituelle il perd son sens
de nécessité vitale immédiate
pour prendre une valeur sacrée. Il dépasse sa signification
matérielle pour devenir le pain de la cène. Il pend alors une valeur
toute spéciale, si bien que les théologiens en ont déduit
qu'il n’était pas destiné à tout le monde : on ne peut
le donner ni aux enfants trop jeunes qui ne comprennent pas encore,
ni aux non convertis, ni au non baptisés, le pain du ciel devient une
chose réservée
aux initiés qui se réservent à leur tour le droit de le donner à qui
leur
paraît assez digne pour le manger. C’est ainsi qu’on passe à côté, de ce
que
Jésus avait l’intention de nous faire comprendre, car si le pain de vie
est
pour lui vraiment porteur de vie, il est destiné à tout le monde et il
a une valeur immédiate afin que tous
aient la même chance dans l’existence.
En s’identifiant au
pain comme il le fait, Jésus veut dire que Dieu est aussi présent et aussi
nécessaire que la nourriture quotidienne. Dieu n’est pas une réalité
mystique qui nécessite une longue
pratique ou un long enseignement pour
s’approcher de lui. Dieu est aussi facile à approcher qu’un morceau de pain et sa présence est aussi nécessaire à la vie que
le plus modeste élément de nourriture.
C’est dans ce sens que Jésus espère être compris. Chacun doit trouver en lui une réalité qui pourra lui permettre de valoriser
sa vie Nous avons à la fois besoin d’éléments matériels comme la nourriture
pour vivre et nous avons en même temps besoin d’éléments spirituels comme la présence
de Dieu.
Comme notre corps
a besoin d’éléments extérieurs à lui-même pour se nourrir et vivre, de même
notre être spirituel a besoin d’éléments extérieurs à lui-même pour se nourrir
et vivre. Mais
curieusement, nous ne semblons pas en être persuadés. Nos contemporains ont
pour la plupart d’entre eux l’impression qu’ils se suffisent à eux-mêmes sur le
plan spirituel. Beaucoup estiment qu’il
leur suffit de penser par eux-mêmes, ou de s’intéresser à l’art ou à la
philosophie pour avoir une vie spirituelle. Ils estiment qu’ils sont eux-mêmes
producteurs de leur nourriture spirituelle
et maîtres de leur propre salut, à supposer que dans ce contexte la
notion de salut ait une valeur quelconque.
Mais comme pour la
nourriture matérielle, l’homme ne peut
se suffire à lui-même, il faut que sa vie spirituelle soit alimentée par
quelque chose qui lui vienne d’ailleurs,
qui lui soit extérieure. En raison de
cette logique il paraît impossible d’avoir une vie spirituelle sans Dieu.
En fait je ne pense pas que ça se passe ainsi ! Nous absorbons des nourritures matérielles
pour vivre sans vraiment nous en rendre compte puisque, comme nous l’avons vu tout à l’heure, nos critères
d’existence ne sont plus liés à la nourriture, mais plutôt au confort, de même
la vie spirituelle se nourrit elle aussi
de tous les apports extérieurs dont elle a besoin, sans que nous
prenions le temps de nous interroger sur leur origine. Nous ne prenons pas le temps de repérer la
présence de Dieu dans tout ce qui fait vibrer notre vie intérieure, pourtant,
sans que nous nous en rendions compte, Dieu est présent en nous.
Il est donc nécessaire que nous marquions une pause pour
réfléchir à la manière dont nous vivons. La présence de Dieu ne devient vraiment efficace
pour nous que si nous en prenons conscience. Il nous faut donc chercher à
repérer les traces de Dieu dans notre vie, mais la plupart des hommes le cherchent
dans l’irrationnel et dans le merveilleux.
Aujourd'hui se sont les courants religieux qui parlent
d'irrationnel et qui recherchent le merveilleux qui ont la faveur des masses.
Cependant, comme l’irrationnel et
le merveilleux nous échappent et finissent bien souvent par trouver une explication on finit par être
déconnecté de la réalité et à douter de Dieu.
Nous demandons à Dieu
de se manifester dans des actions où
nous ne croyons pas vraiment qu’il puisse agir. Nous voudrions qu’il
intervienne sur la météo, qu'il supprime les sécheresse ou les inondations,
qu’il supprime le mal et impose la justice, qu’il n’y aient plus de
catastrophes naturelles, et qu'il n'y aient plus de guerres etc. En raisonnant
ainsi, nous n’entrons pas dans la logique de Dieu.
En effet, si nous
pensons que Dieu est à l’origine du monde, pourquoi changerait-il les modes de fonctionnement
qu’il aurait mis lui-même en place ?
S’il en est ainsi, nos questions n’ont pas beaucoup de pertinence en
face d’un Dieu que nous estimons tout puissant et créateur et auquel nous ne
cesserions de contester les défauts de sa toute puissance et de lui demander de
corriger continuellement sa
création. Ce n’est pas non plus parce
que la science n’apporte pas de réponses à nos questions qu’il faut en conclure
à l’absence de Dieu !
Si
ces préoccupations ne nous apportent pas de réponses,
d’autres questions se posent alors à nous : Pourquoi éprouvons-nous des
émotions ? Pourquoi l’amour ? Pourquoi les passions ? Toutes aussi
irrationnelles, ces sensations ne sont possibles que parce qu’elles nous
viennent d’ailleurs. Nous ne pouvons pas
aimer sans un vis à vis, car c’est bien
de l’extérieur de nous mêmes que vient ce sentiment. Le problème c’est
que nous cherchons Dieu
ailleurs que là où il se manifeste et que nous ne savons pas le repérer
quand
il agit au fond de nous-mêmes.
Si donc Dieu vient se manifester en nous et qu’il a un lien
évident avec nos émotions, sans que nous ne nous en apercevions, s’il
pilote les pulsions de vie qui font vibrer notre âme, s’il nourrit notre esprit
sans que nous le sachions, qu’adviendra-t-il
de nous quand nous le découvrions
vraiment ? Quelle qualité de vie aurons-nous alors si nous découvrons que
Dieu est à l’œuvre en nous ?
Face à un tel questionnement, Jésus nous apprend alors qu’il suffit de regarder en nous-mêmes
pour voir Dieu agir. C’est alors que
nous accepterons de savourer ce qui se passe dans notre existence, et que nous découvrirons
avec joie ce qu’il nous donne. Son
esprit qui ne cesse de nous visiter deviendra vraiment efficace en nous. Ainsi nourris par lui, nous
nous surprendrons nous-mêmes à faire les actes que, en d’autres temps nous lui
demanderions de faire, si bien que c’est nous qui accomplirons les miracles que nous attendions de lui pour
croire !
C’est parce que nous
sommes habités par son esprit que nous devenons meilleurs, altruistes,
généreux. Grâce à ces qualités que Dieu
améliore en nous par sa présence, le monde se met à évoluer d’une autre manière
et l’on rencontre alors des Mère Thérésa,
des Henri Dunan des Albert Schweitzer, des Martin Luther King, des Nelson Mandella qui chacun, là où il
est, transforme le monde et agit au cœur de l’égoïsme des peuples pour faire jaillir l’espérance.
Ce sermon a déjà été publié le 19 août 2012
Les illustrations sont de Bernard Frackoviak
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