Jean 6 :60-69
60 Après l'avoir entendu, beaucoup
de ses disciples dirent : Cette parole est dure ; qui peut
l'entendre ? 61 Jésus, sachant que ses disciples maugréaient à ce sujet,
leur dit : Est-ce là pour vous une cause de chute ? 62 Et si vous
voyiez le Fils de l'homme monter où il était auparavant ? 63 C'est
l'Esprit qui fait vivre. La chair ne sert de rien. Les paroles que, moi, je
vous ai dites sont Esprit et sont vie. 64 Mais il en est parmi vous
quelques-uns qui ne croient pas. Car Jésus savait depuis le commencement qui
étaient ceux qui ne croyaient pas et qui était celui qui le livrerait. 65 Et il
disait : C'est pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi,
si cela ne lui est donné par le Père.
66 Dès lors, beaucoup de ses
disciples s'en retournèrent ; ils ne marchaient plus avec lui.
67 Jésus dit donc aux Douze : Et vous, voulez-vous aussi vous en
aller ? 68Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui
irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle. 69 Nous, nous sommes
convaincus, nous savons que c'est toi qui es le Saint de Dieu.
Tel le petit Poucet perdu au milieu de
l’immense forêt, cherchant son chemin qui le ramènera à la chaumière
paternelle, le petit être humain que nous sommes cherche avec des moyens tout aussi dérisoires que des petits
cailloux blancs, les secrets de la vie, car il est curieux de tout. Et que fera-t-il quand il les aura
trouvés ? Il songera à aller
encore plus avant dans ses recherches en
espérant trouver le moyen de ne plus mourir. Mais une telle découverte
amènerait la fin de la reproduction des humains entre eux, si non la planète serait vite saturée et
du même coup l’humanité disparaîtrait.
Accroché à sa petite planète,
boule de terre insignifiante dans
l’immensité des galaxies, le petit homme,
bourré de prétention, se croit
vocation d’éclairer le monde ! « Seigneur, a qui irions-nous, c’est
toi qui a les clés de la vie éternelle. »
Pour le moment la science et la philosophie
apparaissent encore comme des moyens dérisoires pour trouver les secrets de la
vie, même si depuis peu on a réussi à accrocher
par des pieds encore trop fragiles le petit robot Philae largué par la
sonde Rosetta sur un morceau de caillou à des centaines de millions de
kilomètres d’ici. On espère ainsi arracher à la comète sur laquelle il est posé
une partie des secrets de la vie. Qu'en sera-t-il dans les mois qui viennent, nul ne le sait. Cependant, pour le croyant, ce
secret ne semble appartenir qu’à Dieu. Si l’intelligence qu’il a mise en
l’homme ne lui permet pas de le découvrir par des techniques qu’il croit
appropriées, peut-être que la foi l’y
aidera.
En sondant les Ecritures, apportera-t-on sur
l’origine de la vie un autre regard que celui que les savants espèrent extorquer à Philae. Nous allons nous aventurer
dans cette entreprise avec pour seul bagage celui que tout un chacun possède et qu'il a acquis
dans ses études, sans aucune spécialité
spécifique. Nous nous contenterons de cette interpellation de Pierre à l’adresse de
Jésus. « A qui d’autre irions-nous,
toi seul a les paroles de la vie »
Nous savons très bien comment se propage la
vie. Une cellule se divise en deux pour former une autre cellule semblable à
elle-même, puis le processus continue jusqu’à ce qu’un être vivant s’anime. Ce
processus est le même pour les végétaux et le animaux. Quand ça se passe
autrement, c’est la mort qui intervient à plus ou moins long terme. Ainsi le
processus de vie s’initie par le partage, puisque les cellules doivent se partager entre
elles pour que la vie trouve son chemin. C’est en se servant de cette notion de
partage que Jésus va élaborer le
principe de vie qu’il attribue à Dieu.
Quand les hommes s’entraident et partage
entre eux tout ce qu’ils possèdent, ils mettent en application ce que Dieu souhaite pour que leur communauté évolue
en harmonie. Ce principe de partage
quand il est un peu plus élaboré et un
peu plus raffiné s’appelle l’amour. L’amour consiste à agir de telle sorte que
les autres aillent mieux. Mais plus on croit évoluer, plus on croit contrôler
notre système de vie, plus on obéit à un autre principe. Il s’agit de celui que l’on prétend être « la loi de la nature». En vertu
de la quelle, pour se maintenir en vie, le plus fort doit dominer le plus faible et
se nourrir de sa substance. Il y a donc ici deux principes qui s’affrontent et
qui prétendent être l’un et l’autre nécessaires pour la propagation de la vie.
Si nous cherchons dans les Ecritures à aller plus loin nous ne
trouverons pas de principe philosophique et encore moins de définition
scientifique pour éclairer notre propos, mais nous trouverons seulement des
histoires qui nous amèneront à
réfléchir. Nous en prendrons deux que beaucoup d’entre vous connaissent:
celle de Ruth et de Naomi et celle de Sarah et d’Abraham.
L’histoire de Ruth et de Naomi est celle de
deux femmes vivant en terre païenne. L’une est jeune et l’autre vieille. La plus vieille est veuve et
étrangère, elle n’a pas d’autre solution
pour survivre que de retourner dans son
pays pour s’offrir, à un parent de son défunt mari selon la loi en vigueur en terre d’Israël, son pays d’origine. L’autre la plus jeune est autochtone, elle
est veuve du fils de la précédente. Pas d’autre solution s’offre à elle que de
retourner chez son Père et de se donner
à qui voudra bien la prendre. La plus jeune, après avoir exprimé son
attachement à sa belle-mère lui promet de rester avec elle et de partager
le même destin. Toutes deux donc défient
la coutume et retournent ensemble
en terre d’Israël. Vous connaissez la
suite, leur projet aboutit au-delà de leur espérance et le succès décida de
l’origine de la famille de David le grand
roi. Fidélité et amour sont à l’origine de la dynastie royale et de
l’avenir d’Israël. Telle est la leçon qu’il faut retenir de ce passage.
A l’origine d’Israël, il y a une autre
histoire dont la conclusion est semblable à l’histoire précédente. C’est celle
de Sarah et d’Abraham. La belle Sarah, épouse bien aimée d’Abraham est stérile. Pas d’avenir donc pour le clan. Malgré tous les artifices pour
qu’elle puisse devenir mère, rien n’y fait. Résigné à ce que la tribu
s’effondre sans héritier, Abraham reste fidèle à son amour et n’envisage
aucunement de se séparer de sa femme. Son
amour fidèle fut fécond. Telle est l’origine d’Israël. Les deux
histoires nous racontent que l’amour et la fidélité sont porteurs de vie et que
c’est sur ce fondement que toute l’histoire sainte fut construite.
Derrière ces histoires, il est dit que c’est dans leurs conclusions que Dieu se révèle et que la vie peut se
propager grâce à l’amour des humains entre eux. Dieu se fait le partenaire de
ces histoires.
Depuis le temps que nous les lisons, les
commentons et les interprétons, nous renâclons à les mettre en pratique. Nous
préférons voir dans ces récits des événements exceptionnels qui n’ont pas force
de loi, même si on nous dit que Dieu nous pousse dans cette direction.
Nous préférons utiliser les arguments selon
lesquels les succès de la vie sont liés à l’acceptation du droit du plus fort. C’est à partir de ce
droit qui donne priorité à la force et à la domination sur l’autre que s’est écrite
l’histoire de l’humanité. Ainsi Neandertal a-t-il été dominé puis éliminé par Cro-Magnon et l’Homo
sapiens qui lui a succédé subira-t-il de
la même façon la domination de ses successeurs pour disparaître à son
tour ? Tout semble devoir aller
dans ce sens, à moins que l’on découvre enfin, que ce que l’Écriture présente
comme une série de récits légendaires
contient la clé de l’énigme pour penser
l’avenir. La vision d’un avenir
heureux est donc inscrite dans la conception du
partage et de l’amour entre les
hommes sous peine de disparaître à notre tour pour ne pas l’avoir compris.
Ceux qui se réclament de l’Écriture et la
lisent avec attention, sont-ils enfin à même de révéler au monde les secrets de la
vie ? A part le Pape François qui semble l’avoir compris, les autres
églises vont-elles suivre cette voie qui
révèle le secret de Dieu aux hommes.
Jésus y a laissé sa vie pour en avoir révélé l’évidence. La suite,
aujourd’hui nous appartient.
Lire aussi : Ruth 1/15-17 et Genèse 21/1-7
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