Marc 8/27-35.
27 Jésus sortit avec
ses disciples vers les villages de Césarée de Philippe. En chemin, il se mit à
demander à ses disciples : Au dire des gens, qui suis-je ? 28 Ils lui
dirent : Pour les uns, Jean le Baptiseur ; pour d'autres, Elie ;
pour d'autres encore, l'un des prophètes. 29 Lui leur demandait : Et pour
vous, qui suis-je ? Pierre lui dit : Toi, tu es le Christ. 30 Il les
rabroua, pour qu'ils ne disent rien à personne à son sujet.
Jésus annonce sa mort
et sa résurrection
31 Il commença alors à leur apprendre qu'il
fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les
anciens, les grands prêtres et les scribes, qu'il soit tué et qu'il se relève
trois jours après. 32 Il disait cela
ouvertement. Alors Pierre le prit à part et se mit à le rabrouer. 33 Mais lui
se retourna, regarda ses disciples et rabroua Pierre : Va-t'en derrière
moi, Satan ! lui dit-il. Tu ne penses pas comme Dieu, mais comme les
humains.
Comment suivre Jésus
34 Puis il appela la foule avec ses disciples et
leur dit : Si quelqu'un veut me suivre, qu'il se renie lui-même, qu'il se
charge de sa croix et qu'il me suive. 35
Car quiconque voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa
vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera.
Avant de
répondre à la question, nous devons nous interroger sur l’avenir que nous prêtons
à l’humanité, car de cette réponse dépendra le rôle que nous attribuons à
Jésus.
La présence
intelligente de l’homme sur cette terre favorise-t-elle la construction d’un
avenir heureux pour l’humanité ou la précipite-t-elle vers un avenir chaotique qui mettrait en
question jusqu’à l’équilibre de la planète ?
Cette double
question met les penseurs de ce temps en rivalité. Les uns plaident en faveur
de la première hypothèse en mettant en avant tous les acquis sociaux qui
président à la construction des sociétés modernes. Ils considèrent que le progrès des Droits de l’homme, l’égalité des
races et des sexes, l’abolition de la peine de mort contiennent
les signes d’un avenir prometteur pour l’humanité.
Ceux qui
s’opposent à cette thèse, pensent pour leur part qu’il y a dans
notre société, trop d’éléments qui laissent présager un avenir sombre pour
l’espèce humaine. Ils font état de l’incapacité de l’humanité à maîtriser
tout ce qui s’oppose à une évolution harmonieuse de l’espèce humaine. Ils s’appuient sur le fait qu’il semble
impossible à l’homme de maîtriser sa production de gaz à effet de serre ou à
limiter d’une manière significative le nombre des naissances, sans parler de la
prolifération des armes à destruction massive de toute sorte. Tout en ayant la
possibilité de nourrir tous les humains qui se meuvent sur cette planète, les
hommes restent incapables de modifier le sort des 2 milliards d’individus qui
ne mangent pas à leur faim et qui restent désespérément sous le seuil de la
pauvreté. L’avenir, selon eux serait
bien mal engagé.
Certains
croyants, pensent cependant que Dieu
interviendra d’une manière ou d’une autre. Pour les uns, il est impensable que
Dieu laisse sombrer les hommes dans une folie autodestructrice. Ils affirment
qu’il interviendra au dernier moment comme il le fit lors du déluge, sauvant
par l’action de Noé l’humanité en voie de destruction. Pour d’autres qui se
rangent dans une pensée plus élaborée, Dieu multiplie sans cesse les efforts
pour que son dynamisme créateur mobilise
assez d’individus pour que les hommes eux-mêmes s’unissent sur des projets
novateurs qui permettraient une évolution harmonieuse où chacun trouverait son
compte. On n’oubliera pas non plus la pensée de ceux qui soutiennent des thèses millénaristes en vertu desquelles,
c’est Dieu lui-même qui détruira l’humanité rebelle pour sauver le petit reste
de ses fidèles qui respectent ses lois et ses préceptes.
Toutes ces
idées sont trop contradictoires et trop
floues pour que l’on puisse définir une pensée commune à tous les
Chrétiens. Nous tenterons cependant
d’interroger Jésus lui-même pour essayer de
percer le mystère de sa pensée. Compte tenu de ce que nous venons de
dire, nous pouvons nous attendre à quelques difficultés et à trouver peut-être
des contradictions dans sa propre pensée.
Il est vrai
que Jésus a prophétisé la possibilité d’une catastrophe finale. Il a annoncé la
fin de Jérusalem et pressenti ce que les historiens ont appelé, plus tard, la
guerre des juifs. Il a prédit que l’abomination
de la désolation pourrait entrer
en œuvre, mais «ce ne serait pas la fin s’est-il autorisé à dire. ( Mat. 26)»
Nous ne pouvons cependant passer sous silence les travaux des théologiens qui
pensent que ses propos sur la catastrophe finale ne correspondent pas à une
vision précise de l’histoire et qu’ils
ont été placés dans la bouche de
Jésus dans le contexte de la destruction de cet Jérusalem qui était celui de la
rédaction des textes alors que Jésus vivait 40 ans avant cet événement et ne se
doutait sans doute pas que l’histoire prendrait un tel tournent.
Personne ne
peut vraiment dire en s’appuyant sur les Ecritures quel sera l’avenir de
l’humanité. Ce dernier constat ne va pas nous aider à répondre à la question
que Jésus nous pose aujourd’hui:
« Et vous qui dites-vous que je suis ? ».
Bien
entendu, nous savons la bonne réponse que donne Pierre et nous ne saurions en
donner une autre : « Tu es le Christ ». Mais une telle réponse
nous aide-t-elle à avancer ? En effet, si le mot Christ était revêtu d’un
certain contenu pour Pierre, aujourd’hui, il est devenu un mot passe-partout
qui accompagne le nom de Jésus comme si c’était un nom de famille, mais
aujourd’hui bien peu sont les gens qui connaissent le contenu de ce mot.
Pour remettre les choses dans leur contexte, il ne
faut pas oublier que la conversation de Jésus avec ses proches s’est déroulée
dans leur langue, l’araméen, et ce ne serait
pas le mot grec, Christ que Pierre aurait utilisé mais le mot , Messahia,
Messie qui était le titre des anciens
rois d’Israël. Il était aussi le titre que l’on donnait au Sauveur qui devait
venir à la fin des temps. Certains pensaient, tels les membres de la secte
des Zélotes, que le Messie viendrait pour libérer Israël du joug de
l’occupant romain. Quarante ans plus
tard, quand Marc écrit son Évangile le contexte était différent, bien que l’on ne sache pas si
Jérusalem était déjà détruite à cette époque. Par contre elle l’était
certainement à l’époque de Matthieu qui rapporte ce même événement 20 ans après
Marc. La langue utilisée par les évangiles était alors le grec, et bien
que le mot « Christ » utilisé
cette fois ait apparemment le même sens que celui de Messie, les choses avaient
complètement changé. Le mot pourrait se traduire par Seigneur et désignerait
plutôt l’empereur que Dieu. En plus, on n’attendait plus vraiment un
« Sauveur » tant les événements avaient modifié la donne.
Le mot
Christ avait été ainsi déconnecté de
l’histoire du peuple d’Israël.
Aujourd’hui quand on se pose la question de savoir qui est Jésus, il
nous faut tenir compte du fait que notre contexte de vie n’est ni celui où
vivait Jésus ni celui du moment de la transmission des textes.
Qui donc est
Jésus pour nous ? Il est important que dans une époque où l’on dit tout et
son contraire sur Jésus que nous sachions nous situer par rapport à ce que nous
croyons. Nous devons répondre clairement à la question qui va nous permettre de
dire notre foi : « Qui dites-vous que je suis ? »
Qui est
Jésus pour moi ? Toutes les réponses ont déjà été envisagées par les
apôtres avant nous et Jésus les a toutes récusées : un prophète ou
l’incarnation du plus grand d’entre eux : Élie, ou du dernier d’entre
eux : Jean Baptiste. C’est ce que répètent les autres ! Mais Jésus
insiste, mais vous, mais toi, qui dites-vous que je suis ?
Si nous
disons comme Pierre : « tu es le Christ », avec tout ce que nous
savons sur le contenu de ce mot, cela
veut donc dire qu’il est « Seigneur » c’est-à-dire qu’il a une
emprise totale sur notre vie. Cela veut dire qu’en nous référant à lui, nous
donnons à Dieu un visage qui est celui de Jésus. Cela veut dire que nous sommes
habités par lui et que c’est lui qui construit nos projets.
Nous nous
retrouvons alors dans le contexte de l’avenir du monde où nous
nous situions au début de ce propos. En effet, si
aujourd’hui, nous croyons que nous
sommes habités par Dieu grâce à la personne de Jésus, notre avenir est aussi habité par lui. Nous croyons que Dieu ne peut concevoir que
des projets qui sont porteurs de vie et qu’il est contraire à sa nature de Dieu
de se servir des forces du mal pour
accomplir ce qu’il a décidé. Dieu ne peut donc inspirer que des projets de vie et l’avenir que nous
construisons avec lui ne peut que porter les marques de son éternité. C’est de
notre fidélité que dépend l’avenir que
nous construirons en partenariat avec Dieu
Dieu inspire
donc des projets tels que si on les suit,
l’humanité pourra évoluer harmonieusement. La question portera alors sur la qualité des hommes qui
les mettront en œuvre. Dans la liberté
qu’il accorde aux hommes, Dieu ne peut
faire plus que de les inciter à aller de
l’avant selon les principes de vie qu’il leur a donnés. A nous d’agir de telle
sorte qu’il en soit ainsi et que par notre témoignage nos contemporains
acceptent de se laisser inspirer et guider par lui
.
Ces illustrations plaident en faveur des nombreux visages de Jésus. Le quel est le vrai? Aucun car la vérité est en tous
Ces illustrations plaident en faveur des nombreux visages de Jésus. Le quel est le vrai? Aucun car la vérité est en tous
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