" Il n'est pas bon que l'homme soit seul "
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Le SEIGNEUR Dieu dit : Il n'est pas bon que
l'homme soit seul ; je vais lui faire une aide qui sera son vis-à-vis.
19Le SEIGNEUR Dieu façonna de la terre tous les animaux de la campagne et tous
les oiseaux du ciel. Il les amena vers l'homme pour voir comment il les
appellerait, afin que tout être vivant porte le nom dont l'homme l'appellerait.
20L'homme appela de leurs noms toutes les bêtes, les oiseaux du ciel et tous
les animaux de la campagne ; mais, pour un homme, il ne trouva pas d'aide
qui fût son vis-à-vis. 21Alors le SEIGNEUR Dieu fit tomber une torpeur sur
l'homme, qui s'endormit ; il prit une de ses côtes et referma la chair à
sa place. 22Le SEIGNEUR Dieu forma une femme de la côte qu'il avait prise à
l'homme, et il l'amena vers l'homme. 23L'homme dit :
Cette fois c'est l'os de mes os,
la chair de ma chair.
Celle-ci, on l'appellera « femme »,
car c'est de l'homme qu'elle a été prise.
24C'est pourquoi l'homme quittera
son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule
chair.
Qui en toute bonne foi peut être sûr de la réalité du Dieu auquel il
s’adresse. Ce Dieu lui apparaît sous
divers aspects suivant ses états d’âme du moment. Il peut être tout à la fois le Dieu bon et
compatissant, lent à la colère ou le Dieu sévère qui punit l’iniquité des pères sur les enfants
jusqu’à la troisième génération. Habituellement nous nous accommodons de ces
différents aspects et nous nous référons à lui en pensant plutôt à sa
miséricorde qu’à sa sévérité. Mais nous restons pleins d’interrogations à son sujet quand nous constatons que nos prières restent sans
réponse et qu’il semble rester bien peu actif face aux détresses de ce
monde.
Faute de mieux nous nous contentons à conduire nos vies comme nous le pouvons,
nous savons depuis toujours distinguer le bien du mal et nous nous nous efforçons le mieux possible à
respecter les critères qui nous viennent des écrits de la Bible. Les dix
commandements restent incontournables et décident pour nous de la volonté du
Seigneur qui grâce à eux trace devant nos pas une route plane et sans détour.
Pourtant nous savons que face au silence
de Dieu qui ne répond que rarement à nos demandes nous devons prendre nos responsabilités et décider de la
bonne attitude face à des situations qui ne nous paraissent pas déterminantes. Pourtant nous faisons confiance à ce Dieu
qui préside à nos destinées d’une manière immuable et qui gère le monde qu’il a
créé pour nous offrir le meilleur avenir possible. Nos confessions de foi, des
plus anciennes aux plus récentes, nous confortent dans cette attitude et nous
affirmons avec foi et détermination : « je crois en Dieu le Père Tout
puissant… »
Mais en méditant ainsi dans l’intimité de notre âme, dans la solitude de laquelle nous aimons nous retirer, nous craignons cependant de nous égarer dans
nos seules pensées et de créer un Dieu à l’image de nos désirs qui ne serait
pas conforme à sa révélation,; C'est alors
qu’une parole issue d’un texte bien connu vient nous bousculer et s’impose à nous, et c’est la
voix de Dieu qui nous interpelle : « Il n’est pas bon que l’homme
soit seul !... »
Voila qu’ici Dieu change de ton, il introduit
une note restrictive dans les actes
créateurs qu’il a entrepris comme s’il constatait que l’humain qu’il
avait créé n’était pas terminé et restait
en cours de création, comme si le chantier de sa création devait encore s’améliorer.
Nous sommes d’ailleurs en droit de nous
demander à qui s’adresse cette remarque. La fait-il à l’intention de l’être humain
en cours d’achèvement ou s’adresse-t-il cette remarque à lui-même. Il apparaît alors comme soucieux de parfaire sa création mais n’est pas sûr du
bon résultat. Il apparaît ici sous un
jour nouveau. Il prend l’attitude de celui qui ne cesse d’accompagner l’humain
pour sans cesse l’améliorer, au risque d’un échec éventuel, ce
qui ne va pas manquer de se produire.
Ici Dieu n’apparaît pas sous les traits
auxquels la tradition nous a habitués. Il prend un aspect différent de celui qu’il a dans le chapitre précédent où il est présenté comme celui qui crée en restant maître de la situation. Les
plus futés parmi vous vont immédiatement réagir
pour nous dire que ce récit n’appartient pas à la même tradition littéraire, ce
qui est facile de repérer pour les spécialistes puisque le style n’est pas le
même et Dieu y est appelé d’un nom différent. Elohim a fait place à Yahvé. Mais qu’est ce que cela change ? Si Dieu
y est présenté sous deux aspects différents, ce n’est pas seulement dans
la manière de le nommer qu’apparait la
difficulté mais c’est surtout dans son
comportement. On a pris l’habitude
d’appeler ce texte « le récit de la création de la femme », mais si
nous l’appelions « récit de la sollicitude de Dieu » la pointe deviendrait différente et toutes les polémiques au sujet de la femme
s’estomperaient. C’est ce que nous
allons voir.
Cette interrogation de Dieu au sujet de l’humain
en cours de création a de quoi nous surprendre car il a été dit jusqu’à
maintenant que tout ce qui avait été
fait par Dieu était bon, et même très bon
pour ce qui est de l’homme. Le récit que
nous avons lu semble dire qu’il pourrait en être autrement. Cette
hypothèse nous fait voir Dieu sous un autre jour. Dieu suggère que quelque chose dans sa pensée
créatrice pourrait lui échapper et que l’humain, objet de tant de sollicitude de sa part pourrait s’écarter de son contrôle et n’en faire qu’à sa guise. Dieu
ici échappe à l’image qu’on s’en fait et pourtant elle est porteuse
d’espérance. Depuis le début de ce récit Dieu manifeste son amour pour l’humain
qu’il vient de créer. Contrairement au
premier récit, il nous est dit qu’il a
placé l'humain dans un jardin avec des animaux et des végétaux qu’il a
charge de garder et d’entretenir. A peine établi dans ses fonctions, l’humain doit travailler afin de collaborer à la
création de Dieu. Tout cela a été mis en place pour que tout cela fonctionne
pour le mieux être de l’humain dont on sent s’affirmer les sentiments de Dieu pour lui. On voit déjà
se profiler le portrait du Dieu Père sur lequel Jésus insistera dans l’Évangile.
Si cette évolution dans laquelle l’humain est
désormais engagé n’est pas contrôlée dès le départ, le projet risque de
capoter. Il faut donc lui mettre des limites
pour éviter les dérapages possibles que Dieu entrevoit, c’est pourquoi
il inscrit la mort à l’horizon comme une barrière nécessaire
à tout dépassement. Il n’empêche que
Dieu fait le pari que cette créature pour laquelle il éprouve de la tendresse
est perfectible. Seule la pratique de l’amour dont elle est destinée à partager
la vertu avec Dieu peut la sauver d’une perte
possible. Dieu rend alors l’humain capable d’amour.
Son seul guide et sa seule sauvegarde c’est d’être capable d’aimer
un autre lui-même. Dieu prévoit alors
que l’humain peut désormais s’accomplir dans l’amour partagé.
Il n’y a pas de supériorité du nouvel être
par rapport à l’autre, ou vice versa, puisqu’ils sont issus de la même substance et
font partie de la même réalité car ils sont chair de la même chair et partagent la même sexualité. Chacun se tient en vis-à-vis de l’autre
comme seul secours possible sur le chemin de la vie. L’amour devient la seule règle possible à l’évolution de
l’humanité.
Si ça dérape,
si l’humanité transgresse ces nouvelles règles, que se
passera-t-il ? La suite de l’histoire nous le montre. La vie deviendra
plus dure, mais Dieu qui est tout amour ne pourra désormais que s’appliquer à
lui-même la règle qu’il a donnée à l’homme et à la femme nouvellement créés et
déjà en situation d’échec. Dieu, dans son amour pour lui, ne laisse pas
l’homme seul. Désormais commence la longue
histoire de la relation de
l’humanité avec Dieu qui ne se terminera que quand on aura compris
avec Jésus que Dieu a plongé depuis les origines de l' l’humanité l’homme dans une longue histoire d’amour avec lui et
avec ses semblables et que c’est avec ce
défi que devra désormais évoluer
l’humanité.
Bien évidemment il y a un autre chapitre à
écrire à la suite de mon propos, c’est celui de notre rencontre avec Jésus Christ qui s’est lui-même immergé dans cet
état d’amour pour nous guider sur les chemins de la vie. Tout au long de ce
récit, nous n’avons fait allusion à aucun jugement, à aucune sanction car nous
n’avons pas voulu nous attacher à cet autre visage du Dieu sévère et vengeur que la Bible nous présente à
maints endroits, car à la suite de Jésus nous découvrons que celui présenté
aujourd’hui éclipse tous les autres et impose l’amour comme seul chemin
possible d’évolution à l’humanité.
Pour ce même jour voir aussi Marc 10:2-16
Pour ce même jour voir aussi Marc 10:2-16
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