12 Moi, la sagesse, j'ai pour demeure l'esprit avisé, je
sais trouver la connaissance de la réflexion.
13 La crainte du SEIGNEUR, c'est détester le mal ;
la suffisance, l'orgueil, la voie mauvaise et la bouche perverse, je les
déteste.
14 Le conseil et la raison m'appartiennent ; je
suis l'intelligence, la force m'appartient.
15 C'est par moi que les rois règnent et que les princes
légifèrent avec justice ;
16 c'est par moi que gouvernent les chefs, les nobles,
tous les juges de la terre.
17 Moi, j'aime ceux qui m'aiment, et ceux qui me cherchent
me trouvent.
18 Avec moi il y a richesse et gloire, biens durables et
justice.
19 Mon fruit est meilleur que l'or, que l'or fin, et ce
que je rapporte vaut plus que l'argent de choix.
20 Je marche sur le chemin de la justice, par les
sentiers de l'équité,
32 Maintenant donc, mes fils, écoutez-moi ; heureux
ceux qui gardent mes voies !
33 Ecoutez l'instruction, et devenez sages ; n'en
faites pas peu de cas.
34 Heureux celui qui m'écoute, qui veille jour après
jour à mon seuil, qui monte la garde près des montants de mes portes !
35 Car celui qui me trouve, trouve la vie et obtient la faveur du
SEIGNEUR.
36 Mais celui qui me manque se fait du tort à
lui-même ; tous mes ennemis aiment la mort.
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Il est
une discrète compagne de Dieu qui vient
à la rencontre de ses amis quand
ils méditent sur le sens des choses et de leur vie, c’est la Sagesse. Elle s’est
infiltrée dans quelques livres de la . Elle lui a même consacré tout un livre
qui porte son nom, le livre de la
Sagesse qui figure dans les livres deutérocanoniques et que les protestants n’ont pas retenu. On la
trouve, comme ici dans le livre des Proverbes. L’Ecclésiaste, le Cantique des
cantiques et le livre de Job sont également imprégnés de sa pensée.
D’une
manière générale cependant, elle n’est pas la confidente des grands lecteurs de
la Bible et ne rivalise pas avec les grands écrits des prophètes, même si ses
propos s’y sont glissés subrepticement. On ne la trouve pas dans les Ecris du
Nouveau Testament, et pourtant elle les a imprégnés. Très discrète, elle est
venue habiter toute la Bible, mais beaucoup ignorent l’influence qu’elle a pu
avoir sur les écrits bibliques au point qu’ils ont sans doute été surpris quand j’ai osé dire qu’elle était la compagne
de Dieu. Elle ne l’était pas comme une épouse, bien évidemment, mais comme une expression de la pensée divine.
Selon les
écrits qui lui sont consacrés, Dieu
conçut la création grâce à elle et il façonna l’esprit des humains pour qu’ils
puissent pénétrer les pensées de Dieu et orienter leur vie. Dieu et l’homme étaient
prévus pour agir en harmonie avant même
que le coup d’envoi fut donné à la création. Ainsi, grâce à la Sagesse qui
présida à la naissance de l’homme, celui-ci pouvait œuvrer avec intelligence
pour que sa vie prenne du sens en
compagnie de ses semblables et de toute la nature. Il nous appartient de mettre
désormais en pratique ce que la Sagesse nous révèle de nous et qui nous vient
de Dieu. C’est ainsi que nous puiserons à la source de la vie et que nous
pourrons nous parer du titre de sage.
Tel fut
le projet de Dieu, il a été décrit comme
celui de Salomon le grand roi, même si
le personnage historique ne correspond pas au personnage tel que la Sagesse le
décrit. Tel est aussi le destin de tous ceux qui ont charge de gouverner les
nations. Nous devons saluer ici l’esprit dans lequel agit la Sagesse car ses
pensées ont une portée universelle. Elles ne sont pas seulement propres au peuple d’Israël, mais on les retrouve aussi d’une manière
universelle dans la pensée des grands peuples
du Moyen Orient.
La
sagesse semble avoir une portée universelle et nous apparaît comme une qualité innée de
l’homme. S’il la mettait en pratique avec intelligence, tout irait bien sur
terre. Les peuples dirigés par des hommes qui se réclament d’elle devraient
être heureux et la vie sur terre serait paradisiaque. Ce n’est donc pas par
hasard si la Bible ouvre ses premiers chapitres sur une évocation du paradis où
les hommes étaient destinés à vivre en harmonie de pensée avec Dieu dans une
nature où rien de leur serait hostile.
Mais nous
le savons, ça n’a pas marché comme prévu, la
Sagesse, dès le point de départ s’est trouvée voilée par l’orgueil de
l’homme et son esprit de domination l’a détourné de l’harmonie avec Dieu. L’homme a détourné à son avantage personnel
les valeurs que la Sagesse le poussait à partager. La notion de partage, qui est le bien le plus
sacré que la sagesse nous ait donné a eu du mal à s’inscrire dans les
fondements de notre nature, c’est pourquoi,
nous avons tendance à supprimer le partage de la dimension que la
« sagesse divine » nous a donné. Si Adam et Eve ont partagé ensemble le fruit du jardin, ce n’est pas pour rester en harmonie avec
Dieu mais pour le tromper. C’est là une
autre manière de voir le récit de la chute, qui consiste à détourner de son but ce qui avait été prévu
autrement par Dieu. C’est exactement là
que se trouve l’origine du péché qui peut être perçu comme un détournement de
la sagesse.
Pour se
justifier vis-à-vis d’eux-mêmes et usurper une partie de la sagesse, les hommes ont inventé toutes sortes de
raisons pour ne pas partager entre eux. Une
de ces raisons consiste à inventer de fausses raisons et à prêter à Dieu des
pensées qu’il n’a pas. On a prétendu qu’il aurait fait les hommes tous différents
des uns des autres ce qui justifierait
la possibilité que les uns ont de
dominer les autres. Une telle contre
vérité étant acquise, la sagesse ne peut plus jouer correctement son rôle et
Dieu serait inévitablement amené à changer de visage.
Par de
nombreux exemples la Bible s’efforce alors de nous démontrer que les hommes
doivent faire un effort sur eux-mêmes pour retrouver la voie de la sagesse,
sans toujours y arriver. Elle ne leur est pas fermée, mais ne peut leur être
accessible qu’avec l’aide de Dieu. Le paradis étant désormais inaccessible du fait que l’homme en
a chassé Dieu en perdant la possibilité
de cohabiter avec lui, c’est l’arrogance et la jalousie qui vont devenir les principales conseillères de l’homme.
C’est alors que la deuxième page de la Bible
nous met en présence de deux hommes dans une situation où la sagesse n’a plus
de prise. Caïn tue son frère. Le récit nous montre
ainsi que sans la sagesse, c’est la mort
qui devient la principale compagne de
l’homme. Mort pour lui, mais aussi mort pour Dieu. Si Caïn tue son frère, ce
n’est pas tellement pour s’en prendre à lui et assouvir sa jalousie, c’est pour
défier Dieu à qui il prête une logique qui n’est pas la sienne et une sagesse
qui ne correspond plus au Dieu de la
sagesse, mais à un Dieu conçu par l’homme à sa propre image.
Pour
trouver de la cohérence à ses sentiments vis-à-vis de son frère, Caïn se forge une image de Dieu à sa propre
ressemblance. Il imagine un Dieu aussi injuste que lui conforme à ses propres aliénations. Il serait injuste dans ses choix et dans ses relations avec les humains. En
détruisant son frère, Caïn détruit aussi le Dieu injuste qu’il a créé à sa propre
image et qui lui préfère son frère. S’il se libère de ce faux Dieu, il ne
restaure pas pour autant le « Dieu sage » qui est à l’origine de tout
et dont il s’est détourné. Pour
l’atteindre, il faudra qu’il fasse un effort et qu’il chasse de lui-même tout
ce qui le détourne de la sagesse afin de retrouver la vie qu’il a tenté de
détruire. Il lui faut retrouver cet autre Dieu qui a créé le monde avec équité
et qui tente de faire de l’homme son
partenaire et son vis-à-vis capable de dialoguer avec lui et de créer avec lui.
Pour en
finir avec cette question de sagesse, c’est Dieu lui-même qui tentera de
reprendre la main. Il lui faudra détruire lui-même cette fausse image de Dieu
que les hommes ont conçue. Il faudra
alors que ce soit lui, qui en blasphémant contre cette fausse image de Dieu,
attire la mort sur lui.. C’est Jésus qui assumera ce rôle. C’est alors que la
sagesse reprendra ses droits et deviendra à nouveau accessible à tous ceux qui reconnaitront en cette image
restaurée de Dieu, l’image du vrai Dieu. Jésus redonne alors à l’homme la
possibilité de redevenir « sage »
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