La prière : Une approche du prologue de Jean 1/1-18 verset 18 « Personne n’a
jamais vu Dieu, le fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître. »
Le
prologue de Jean révèle en nous la présence de Dieu au sein de l’humanité depuis les
origines. Mais dans ce mystère comment
Dieu se fait-il présent en nous ? Une
réponse à cette question serait que Dieu se fait présent en nous par la prière.
C’est donc à la prière que nous allons réfléchir en ce jour de Noël.
L’homme
qui pense, qui réfléchit et qui médite sur lui-même est aussi un être qui prie,
même s’il ne sait pas vraiment ce que ce
cela signifie. En effet, la notion de
prière relève de comportements qui sont très différents chez les uns et chez les autres. La plupart des humains ne prient pas tous de
la même façon, même s’ils utilisent le même mot pour parler de leurs relations
avec ce qu’il y a au-delà d’eux-mêmes, car
la plus part ont conscience qu’il y
a une réalité qui les dépasse, même si certains s’efforcent de le nier.
La
prière semble être une évasion hors de nous-mêmes vers autre chose que nous-mêmes.
Faute de mieux, nous l’appelons Dieu.
C’est en lui que nous puisons notre courage pour aller de l’avant et pour nous
remplir de ce dynamisme qui donne du sens à notre existence. Mais à peine
avons-nous dit cela que notre horizon s’obscurcit, loin de se préciser, notre
vison de Dieu devient flou car nous réalisons, que nous ne savons pas vraiment
qui est Dieu. Avant d’entrer plus à fond
dans notre propos, nous sommes déjà déstabilisés par ce qui devrait nous
conforter. Alors que nous devrions être
remplis de sérénité, ce questionnement de notre esprit fait place à une forme
de culpabilité car nous réalisons que nous ne savons pas donner un visage à ce
Dieu en qui nous espérons. Ce tout autre à qui nous nous adressons, ce Père en
qui Jésus se confiait est-il en nous un observateur de notre vie intérieure ou en est-il un acteur. Habite-t-il aussi tout ce qui vit et respire sur terre et même
au-delà, ou est-il encore autre chose ?
Se pose
alors la vraie question sur Dieu. S’il est
celui qui est au de-là de nous et qui se confond avec tout
l’univers, est-il possible qu’il ait une
relation personnelle et privilégiée avec chacun de nous quand nous nous
adressons à lui dans la prière? C’est en fait ce que nous espérons quand nous
le prions. Cette relation qui pourrait
alors s’établir entre lui et nous nous mettrait à part, de nos semblables et d’une manière privilégiée.
Nous deviendrions à ses yeux quelqu’un
qui a une place unique et qui nous distinguerait parmi nos semblables. Si c’était le cas,
il s’opérerait dans notre relation à
Dieu, une action sélective entre les
humains, et certains dont naturellement nous ferions partie, se croiraient
mis à part par Dieu par rapport aux autres. Nous rejoindrions alors le
groupe de ceux qui se croient prédestinés, selon la théologie calviniste, au détriment
des autres. Hors du contexte des origines de la Réforme, c’est une position que
l’on a actuellement du mal à accepter ! Nous voilà donc face à un Dieu
partial à qui nous redouterions de déplaire pour ne pas être écartés de sa
grâce ! A moins qu’il soit tout autre ?
Mais si
Dieu n’était pas cela, il serait alors celui qui regarde le monde avec équité
et dont l’action ne ferait pas de
catégories entre les humains. Personne ne pourrait être alors au bénéfice d’une
intervention divine particulière. Dans ce
cas là, on pourrait se demander pourquoi nous lui adresserions nos prières si non pour
éprouver de l’amour et de la commisération à son contact ? Il faudrait alors que nous considérerions, qu’il est cet être de bonté et de générosité
au contact duquel, chacun en s’approchant se trouverait transformé. Notre prière consisterait donc à observer attentivement notre propre vie pour
la placer sous l’inspiration de cette force novatrice qui émanerait de Dieu et
qui nous rendrait meilleurs. Notre prière serait alors un dialogue avec
nous-mêmes qui nous mettrait
au bénéfice de cet esprit de bonté qui
souffle sur le monde.
Pour
l’instant, notre réflexion a provoqué en nous un questionnement sur Dieu et sur nous-mêmes sans vraiment avoir
apporté de réponse à notre question qui
consistait à chercher à savoir qui est
Dieu et pourquoi nous cherchons à communiquer avec lui. Formulée comme nous
l’avons fait jusqu’à maintenant notre prière semble avoir été avant tout un
dialogue avec nous-mêmes. Il nous faut donc aller plus loin dans notre réflexion,
car, nous avons l’intuition de croire qu’en nous et
au-delà de nous, il y a « un tout autre » avec lequel nous voudrions dialoguer. Nous devons nous demander maintenant
si Dieu, dans sa plénitude ne serait pas qu’ une réalité dont la plus grande partie
nous échapperait mais dont nous
pourrions cependant saisir la
partie qui réside à l’intérieur de nous-mêmes et dont tout le reste nous serait
inaccessible.
La prière
serait alors comme une forme de méditation intérieure avec cette partie du
divin qui cohabiterait en nous et qui
tendrait à réaliser une harmonie entre toutes les pulsions conscientes ou
non qui nous agitent, et qui feraient de
nous des êtres meilleurs.
En
fait quand nous disons que Dieu est insaisissable, c’est
que nous le cherchons ailleurs que là où
il est. C’est dans la mesure où nous considérons que nous pouvons le rencontrer seulement en
nous-mêmes qu’il nous est accessible, et
que sa présence peut équilibrer notre être et notre personne. Mais si nous le cherchons ailleurs qu’en nous et que nous espérons son intervention miraculeuse
à partir d’un univers qui est à
l’extérieur de nous, c’est alors que Dieu devient totalement inaccessible. C’est pourquoi le
texte de Jean nous invite à
comprendre les récits de Noël à partir
d’une expérience intérieure que Dieu nous invite à faire.
Nous
approchons alors de cette réalité ineffable que Jésus appelait du nom de Père. Quand nos entrons dans cet état d’esprit qui
nous est suggéré ici, nous réalisons que c’est lui aussi qui nous accompagne et
que sa présence nous remplit de bien être. Nous voyons alors avec bonheur se
dérouler le cours des choses auxquelles Dieu participe pleinement en nous. Nous
sentons alors son influence sur nos
comportements et nous comprenons tout ce
qui se passe comme un miracle constant
que produit sa présence.
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