Marc
1 : 12-15
12 Aussitôt l’Esprit
pousse [Jésus] au désert.
13 Il est dans le désert
quarante jours, tenté par le Satan.
Et il est avec les bêtes sauvages et les anges le servent.
Et il est avec les bêtes sauvages et les anges le servent.
14 Après que Jean ait
été livré, Jésus vient dans la Galilée.
Il proclame l’Évangile de Dieu.
Il proclame l’Évangile de Dieu.
15 Il dit:
Le temps est accompli! Le Règne de Dieu est proche.
Convertissez-vous et ayez foi dans le message du bonheur.
Le temps est accompli! Le Règne de Dieu est proche.
Convertissez-vous et ayez foi dans le message du bonheur.
Tout
commence dans le désert ! C’est là
que les esclaves Hébreux s’organisèrent sous la conduite de Moïse et formèrent
un peuple libre. Depuis
ce moment là, cet épisode du désert, a été régulièrement évoqué par les
écrivains bibliques pour rappeler que ce moment
figure comme une des époques fondatrices de l’histoire du peuple Hébreu
(Osée 2/16) . La relation avec Dieu se faisait cœur à cœur et ils partageaient
avec lui avec lui la même vérité.
Abraham,
ce grand Seigneur du désert y construisit sa personnalité et y trouva, loin de son clan familial la liberté
de s’entretenir face à face avec Dieu qui en fit son ami. Bien plus tard, c’est
au désert que Jésus se réfugiait pour prier et recevoir de Dieu l’inspiration
et l’énergie dont il avait besoin pour poursuivra sa journée au contact des
humains ses semblables.
Certes,
pour le lecteur familier des Évangiles, le désert est le lieu de la tentation
de Jésus. C’est là qu’il affronta le diable et où il eut raison de lui. C’est
également au désert que nous avons à notre tour à affronter le tentateur. Quand
nous nous croyons bien protégés par la présence de Dieu, c’est à ce moment là
qu’il nous attaque sournoisement. C’est en effet, quand nous nous croyons sous
la protection bienveillante de Dieu que nous devenons le plus vulnérable à la tentation et que nous devons
mener un combat contre nous-mêmes pour laisser Dieu prendre possession de ce
que nous sommes.
Nous
oublions trop souvent que pour laisser Dieu agir en nous, nous devons mener un
combat contre nous-mêmes. Il est en effet trop facile de croire que c’est Dieu
qui mène le combat à notre place et que
nous n’avons qu’à le laisser faire. Il est trop facile de penser que Dieu va
nous libérer de tout ce qui est mauvais en nous et que c’est lui qui mène la bagarre alors que
nous n’avons plus rien à faire.
Certes,
Dieu donne force et énergie, il stimule
notre volonté, il crée en nous le désir de nos surpasser, mais il n’empêche
pas, celui qui face à lui
nous attaque à visage caché de nous éprouver. C’est lui qui se dissimule derrière les hasards de la vie.
C’est ainsi que nous sommes pris au dépourvu par l’accident imprévu, la maladie sournoise, les
revers de fortune. Il se sert du fatalisme pour nous dire que c’était la
volonté de Dieu, et c’est de cette manière qu’il fait naître en nous le doute
et qu’il nous provoque pour mettre en cause
notre foi.
Le doute,
agit en nous comme cette voix redoutable
qui s’appuie sur la toute puissance de
Dieu pour mettre en cause son amour. Si nous
éprouvons du chagrin et que nous nous sentons malheureux, c’est que l’amour de Dieu ne serait pas assez
fort et si Dieu a capacité
d’intervenir et qu’il ne le fait pas,
c’est que son amour n’est pas la
dominante de son action. La tentation
consiste donc à mettre Dieu en cause et de nier sa capacité à réellement agir en
nous.
Mais en fait
où nous est-il dit que Dieu ferait de nous des privilégiés
capables de surmonter victorieusement tous les obstacles de la vie ? S’il le
faisait, l’histoire du monde serait différente et l’homme serait un être sans
personnalité propre, incapable d’agir et de réagir. En fait, Dieu ne s’oppose pas à la création dont il est
le maître et n’invente pas de nouvelles règles de fonctionnement de la nature à chaque prière qu’il serait appelé à exaucer. Si c’était le cas, s’il arrêtait les inondations ou intervenait contre la sécheresse c’est que
l’homme serait devenu le maître de Dieu et que Dieu interviendrait à sa
discrétion.
C’est
maintenant, à la suite de ces quelques remarques que Dieu prend son vrai visage. Nous devons alors
constater que si Dieu ne change rien à l’ordre de fonctionnement du monde, et
que nous continuons cependant à croire en lui, c’est qu’il reste, vis-à-vis de
nous, cette puissance qui donne du sens à tout ce qui existe sur terre. Nous constatons
alors qu’il y a en lui une capacité d’inciter les hommes à faire évoluer les choses pour le mieux être de chacun. C’est cette
qualité qui le caractérise et par
laquelle il reste en contact avec tout être pensant que nous appelons
l’amour.
L’amour
nous apparaît alors comme cette faculté mystérieuse que Dieu a de répandre sur tous
les êtres pensants, le désir d’aimer les autres. C’est elle qui nous pousse à éprouver de l’intérêt pour
autrui. C’est ainsi que se manifeste son
action sur les hommes. C’est par elle qu’il influe sur nous et qu’il devient
notre inspirateur. Il y a donc une
force qui émane de Dieu et qui nous pousse à faire le bien, mais en même temps
cette force est confrontée à d’autres
forces, que nous subissons et qui agissent en nous. Elles s’opposent
à ce désir de vouloir du bien
aux autres et nous rendent
sourds aux pulsions d’amour qui nous viennent de Dieu. Nous sommes ainsi continuellement
mis au défi d’agir dans un sens ou de faire
son contraire.
Le combat
que nous menons contre ces forces qui nous entraînent à faire le contraire de
ce que nous désirons se passe dans notre
désert intérieur. Nous sommes continuellement tentés de leur résister et continuellement tiraillés par le désir de
les laisser faire et de croire que faute d’être efficace en nous, l’esprit de
Dieu sera efficace sur d’autres.
Inutile
d’en rajouter, chacun sait bien ce qui se passe à l’intérieur de lui-même et
quel crédit il accorde aux forces qui s’affrontent en lui. Pour les combattre
efficacement, Jésus se réfugiait dans le désert
au petit matin pour prier, c'est-à-dire pour permettre aux forces
d’amour que Dieu déverse sur tous les
humains d’avoir un effet positif sur lui, car ces forces, pour être efficaces
doivent recevoir de Dieu qui les inspire la même autorité que
celle que pourrait avoir un Père sur
nous. C’est pourquoi Jésus appelle Père celui qui le rend capable
de bien faire.
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