mercredi 28 mars 2018

Luc 24/36-48 Etre ressuscité - dimanche 15 avril 2018


Luc 24/36-48

36 Ils parlaient encore quand [Jésus] lui-même se présenta au milieu d'eux et leur dit: «Que la paix soit avec vous!»
37 Saisis de frayeur et d'épouvante, ils croyaient voir un esprit, 38 mais il leur dit: «Pourquoi êtes-vous troublés et pourquoi de pareilles pensées surgissent-elles dans votre coeur? 39 Regardez mes mains et mes pieds: c'est bien moi. Touchez-moi et regardez: un esprit n'a ni chair ni os comme, vous le voyez bien, j'en ai.»
40 En disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds.
41 Cependant, dans leur joie, ils ne croyaient pas encore et ils étaient dans l'étonnement. Alors il leur dit: «Avez-vous ici quelque chose à manger?» 42 Ils lui présentèrent un morceau de poisson grillé [et un rayon de miel].
43 Il en prit et mangea devant eux. 44 Puis il leur dit: «C'est ce que je vous disais lorsque j'étais encore avec vous: il fallait que s'accomplisse tout ce qui est écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes.»
45 Alors il leur ouvrit l'intelligence afin qu'ils comprennent les Ecritures 46 et il leur dit: «Ainsi, il était écrit [- et il fallait que cela arrive -] que le Messie souffrirait et qu'il ressusciterait le troisième jour,47 et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem.
48 Vous êtes témoins de ces choses.


Pour que nous puissions comprendre le mystère de la résurrection, il faut que Dieu s’en mêle, car tout ce  qui nous est révélé ici n’est pas une nouveauté, même si apparemment cela relève du  merveilleux et de l’incompréhensible. La lecture de tout ce que la Bible contient, pour celui qui cherche à la lire avec intelligence,  lui révèle que cela fait partie d’un plan préétabli par Dieu, qui irradie de l’être-même de Dieu. Tout au long des Ecritures, les témoins de Dieu en avaient l’intuition et l’ont révélé sans vraiment le comprendre. Déjà les prophètes avaient  annoncé la réalité d’une vie qui défiait la mort, mais il faudra la mort de Jésus pour la rendre évidente.

Les écrivains bibliques avaient laissé entendre que le Dieu dont ils témoignaient n’était pas conforme à celui que les traditions avaient transmis à son sujet et que le vrai Dieu n’était pas celui à qui on se référait généralement.  Il n’était pas vraiment celui autour duquel s’étaient organisées leurs  croyances. La religion dont  tous se réclamaient ne rendait pas vraiment compte de la vérité qui émanait de lui. La religion à laquelle se référaient la plupart des israélites de l’époque était basée sur le fait que le rapport avec Dieu était conditionné par la référence au péché. Toute la pratique du culte et l’expression de la foi avaient été établies  pour que par le rite et le sacrifice on puisse se libérer du péché et avoir accès à Dieu.

Or voici que le message ultime de Jésus est l’annonce de la disparition de la barrière du péché. Une telle nouvelle nécessitait que l’on voie désormais la réalité autrement. Si une telle  nouvelle était séduisante, elle remettait cependant en cause tout ce que l’on avait reçu du passé. Elle remettait en cause la religion établie depuis un millénaire, elle donnait à Dieu un autre visage qui rendait son approche différente. Le temple n’était plus lui-même nécessaire, les sacrifices non plus. Plus besoin de prêtres ni de clergé. C’est ce que les scribes et les pharisiens parmi ses contemporains avaient cru  entendre de l’enseignement de Jésus. Il remettait trop de choses en cause. Il fallait donc l’éliminer et le retirer du monde des vivants  pour que la foi en lui, si elle faisait école, ne détruise pas les fondements de la religion, voire même de la civilisation. Jésus était donc un danger réel pour la société d’alors

  Aujourd’hui encore nous restons sensibles à certains arguments qui lui ont été reprochés. Le péché garde sur nous une telle emprise que l’on a encore  du mal à admettre qu’il ne maintient plus de  barrière entre Dieu et nous.

Le prodige, c’est qu’après la mort de Jésus ces mêmes arguments  avaient toujours cours. On prétendit que c’était lui-même, revenu des morts qui les tenaient. Une fois mort, il n’aurait pas cessé d’exister et n’avait pas changé de message. Ce n’était pas le fait de quelques visionnaires traumatisés par l’événement qui accréditaient ce message, c’était le message que tenaient maintenant tous ceux qui l’avaient accompagné après l’avoir lâchement laissé condamner et qui l’avaient laissé mourir sans protester ni tenter quoi que ce soit pour le délivrer.

Ils découvraient que l’Esprit de Jésus était venu habiter  en eux,  pour affermir dans leur conscience  l’idée que ce que Jésus  disait de son vivant était non seulement  toujours vrai, mais que lui-même était toujours vivant. Certains même prétendirent l’avoir vu, pourtant   ses principaux amis, dans ces tout premiers temps après  sa mort  étaient restés terrés dans la maison où ils  se  cachaient, tremblant de peur et refusant de se montrer dans la rue.

Il  y avait de quoi être bouleversé et ressentir de la peur tant  ils redoutaient  d’être arrêtés à la fois par la chasse à  l’homme qui les concernait  et par les nouvelles hallucinantes  qui courraient au sujet d’un retour à la vie du défunt  dont on répandait  le bruit sans pouvoir le démontrer.  Ils ressassaient sans doute les causes de sa mort en méditant sur le fait qu’ils n’avaient rien vu venir.  Ils avaient entendu  l’enseignement de Jésus sans en avoir saisi le sens profond.  Ils repensaient  à  ses miracles, ses paraboles, ses algarades avec les dignitaires religieux. Tout cela aurait du leur ouvrir les yeux.  Ceux qui l’avaient fait dans les premiers temps de son ministère l’ avaient quitté depuis longtemps, Jésus s’en été ouvert aux autres et leur avait suggéré de partir,  mais eux étaient restés, fidèlement  sans comprendre.

Alors que maintenant ils commençaient à comprendre, ils se sentaient coupables de l’avoir  laissé seul. Si leur péché  dont ils étaient bien conscients, ne pouvait plus les séparer de Dieu,  que pouvaient-ils encore faire si non accepter que tout cela soit vrai?

Dans ce récit que nous propose l’Évangile de Luc nous trouvons comme la synthèse de tous les événements qui se seraient produits au sujet des apparitions de Jésus dont les autres Évangiles ont fait état. Ce qui domine c’est la peur et l’incrédulité et sans doute, mais ce n’est pas dit le sentiment de culpabilité.  Les questions se bousculaient  dans leur fort intérieur alors qu’ils ressassaient tous ces événements. Comment avaient-ils pu passer à côté de la vérité sans comprendre ? Comment avaient-ils pu le laisser aller à la mort  tout   seul ? Deux solutions étaient alors possibles, celle de se suicider comme le fit Judas, ou celle croire ce qui était encore incroyable.  Il leur fallait croire que ce péché d’ignorance,   d’incrédulité  et de lâcheté qu’ils avaient commis était dépassé et désormais sans conséquence pour leur relation avec Dieu.  Ils étaient prêts alors à accueillir pleinement leur maître  dans leur vie.

Le texte de l’évangile de Luc se poursuit  alors en rapportant toutes les formes de récits  que les autres Évangiles ont donnés aux apparitions du ressuscité. Il mange, il parle, et surtout il confirme le pardon des péchés, le saint Esprit fera le reste. La joie qui désormais s’empare d’eux manifeste la naissance progressive de la foi. Plus rien ne pouvait  faire désormais d’obstacle à une nouvelle forme de relation avec Dieu. L’Éternité s’ouvrait à eux, la résurrection devenait effective, non pas seulement la résurrection de Jésus mais la leur.

Si aujourd’hui, nous pouvons croire encore, que tout cela est vrai, c’est que Dieu ne cesse de travailler notre conscience pour que nous prenions en compte le fait que nous ne croyons pas par nous-mêmes, mais que c’est son esprit qui œuvre en nous  pour que nous croyons  en la vie nouvelle qu’il nous donne par la résurrection et qui nous rend ainsi participants à sa divinité

Illustration : Bartolomeo Suardi dit Bramantino

Aucun commentaire: