vendredi 27 juillet 2018

Exode 16/1-15 Le récit de la manne - dimanche 5 août 2018


 Chapitre 16/1-15

La manne

1Ils partirent d’Elim, et toute la communauté des fils d’Israël arriva au désert de Sîn, entre Elim et le Sinaï, le quinzième jour du deuxième mois après leur sortie du pays d’Egypte.

2Dans le désert, toute la communauté des fils d’Israël murmura contre Moïse et Aaron.

3Les fils d’Israël leur dirent : « Ah ! si nous étions morts de la main du SEIGNEUR au pays d’Egypte, quand nous étions assis près du chaudron de viande, quand nous mangions du pain à satiété ! Vous nous avez fait sortir dans ce désert pour laisser mourir de faim toute cette assemblée ! »

4Le SEIGNEUR dit à Moïse : « Du haut du ciel, je vais faire pleuvoir du pain pour vous. Le peuple sortira pour recueillir chaque jour la ration quotidienne, afin que je le mette à l’épreuve : marchera-t-il ou non selon ma loi ?

5Le sixième jour, quand ils prépareront ce qu’ils auront rapporté, ils en auront deux fois plus que la récolte de chaque jour. »

6Moïse et Aaron dirent à tous les fils d’Israël : « Ce soir, vous connaîtrez que c’est le SEIGNEUR qui vous a fait sortir du pays d’Egypte ;

7le matin, vous verrez la gloire du SEIGNEUR, parce qu’il a entendu vos murmures contre le SEIGNEUR. Nous, que sommes-nous, que vous murmuriez contre nous ? » – 

8Moïse voulait dire : « Vous la verrez quand le SEIGNEUR vous donnera le soir de la viande à manger, le matin du pain à satiété, parce que le SEIGNEUR a entendu les murmures que vous murmurez contre lui. Nous, que sommes-nous ? Ce n’est pas contre nous que vous murmurez, mais bien contre le SEIGNEUR. »

9Moïse dit à Aaron : « Dis à toute la communauté des fils d’Israël : Approchez-vous du SEIGNEUR, car il a entendu vos murmures. »

10Et comme Aaron parlait à toute la communauté des fils d’Israël, ils se tournèrent vers le désert : alors, la gloire du SEIGNEUR apparut dans la nuée.

11Le SEIGNEUR adressa la parole à Moïse :

12« J’ai entendu les murmures des fils d’Israël. Parle-leur ainsi : Au crépuscule, vous mangerez de la viande ; le matin, vous vous rassasierez de pain et vous connaîtrez que c’est moi le SEIGNEUR, votre Dieu. »

13Le soir même, les cailles montèrent et elles recouvrirent le camp ; et le matin, une couche de rosée entourait le camp.

14La couche de rosée se leva. Alors, sur la surface du désert, il y avait quelque chose de fin, de crissant, quelque chose de fin tel du givre, sur la terre.

15Les fils d’Israël regardèrent et se dirent l’un à l’autre : « Mân hou ? » (« Qu’est-ce que c’est ? »), car ils ne savaient pas ce que c’était. Moïse leur dit : « C’est le pain que le SEIGNEUR vous donne à manger. ( pour une meilleure compréhension du texte, il est bon de lire la totalité du chapitre)


Quand Dieu fait son entrée dans notre existence, il se propose de devenir  le partenaire de nos aspirations à un sort meilleur, il s’engage à nos côtés pour  nous aider à agir au mieux de nos possibilités  et en cas de malheur  le cas échéant, il  redoublera d’efforts pour nous aider à nous en sortir. Il ne souhaite  pas que les hommes se résignent à un sort qui les réduirait à être dépendants des forces qui le dominent, que ce soient celles de la nature ou que ce soit celles que d’autres hommes lui feraient subir. Avec un tel partenaire nous pouvons affronter tous les défis que la vie nous propose.

C’est ainsi que Dieu se révèle dans les textes bibliques et qu’il est présenté comme celui qui  se fait le partenaire  des hommes pour affronter leurs oppresseurs à leurs côtés.  C’est dans ce récit célèbre, où il aide Moïse à défier le pharaon pour qu’il libère les Hébreux qu’il retient captifs comme esclaves que nous allons vérifier cela.

Cet exemple nous permet de constater que la libération des Hébreux fait partie d’un projet de Dieu qu’il  prépare de longue date en accompagnant Moïse, sa mère et sa sœur depuis le début de l’histoire. Le deuxième élément, qu’il faut souligner, c’est que Dieu n’intervient pas lui-même mais qu’il provoque la libération.  Elle se réalise grâce  à un libérateur issu des rangs de  ce peuple, comme si, pour ainsi dire le peuple se libérait lui-même, sous la conduite de Dieu.

Dieu est présenté ici sous les traits d’une entité divine qui se soucie du mieux-être des hommes et qui œuvre en leur sein pour les libérer de ce qui les accable. Elle en fait ainsi les acteurs de leur propre libération. Dieu croit en l’homme auprès duquel il intervient et stimule en lui tout ce qui pourra servir à sa propre libération. C’est en cela que réside le miracle de la libération d’Israël dont le livre de l’Exode nous fait un long récit en démontrant que les hommes  ont  en eux la capacité de réaliser leurs désirs si Dieu leur prête main-forte.

Mais il ne suffit pas de le vouloir pour que les choses se fassent et Dieu ne met pas en nous son esprit  qui agirait comme la potion magique d’Agecanonix qui permettrait aux désirs de se réaliser comme par magie. La libération d’Israël ne s’est pas faite toute seule. En dépit de l’action de Moïse, il a fallu aussi que tous y participent. Il a d’abord fallu que Moïse lui-même accepte le défi et qu’il lise dans les événements de sa vie, la volonté de Dieu à son sujet. Elevé au somment de la gloire par les événements, devenu fils de Pharaon,  il a été réduit à n’être qu’un fugitif errant pour comprendre que Dieu avait l’œil sur lui. Malgré son défaut de langage, il a compris que c’est par la parole que Dieu mettait en lui qu’il devait affronter le redoutable souverain pour le convaincre que Dieu n’approuvait pas son attitude vis-à-vis de ses esclaves. Ce n’est seulement que lorsque Moïse accepta de croire en lui, que Dieu, par son intermédiaire donna le coup d’envoi à la libération du peuple.

Mais la libération n’est pas un acte unique, elle doit se répéter au quotidien.  C’est au jour le  jour que l’on doit s’assurer que l’on maîtrise la situation. Les chemins de la liberté ne sont pas une autoroute bien  asphaltée sans péage ni contrôle de vitesse.  Moïse, en tant que chef de guerre n’est pas forcément un intendant.  S’il a pu être l’instrument de la libération  il n’est pas forcément  responsable de l’intendance. L’expérience qui a été celle de la libération est maintenant à recommencer pour produire l’approvisionnement dont les fugitifs  ont maintenant besoin pour ne pas mourir de faim.  Qui se chargera maintenant du gît et du couvert en plein désert ?

C’est alors qu’ils font la terrible expérience de la tentation. C’est précisément le sujet du texte de ce jour. C’est une expérience qui nous guette tous et qui est si fréquente que Jésus l’a mise en exergue dans le Notre Père et en  a fait sa dernière demande en association avec la libération du mal. La tentation du peuple en exil sur le chemin de la libération est de prendre Dieu pour ce qu’il n’est pas.

 Jusqu’alors il est intervenu comme partenaire d’un peuple qui voulait s’en sortir, mais arrivés à ce point de leur aventure les hommes libérés préfèrent voir Dieu sous un autre aspect. Ils voudraient maintenant voir en lui  comme celui qui fait les choses à leur place, celui dont ils désirent dépendre sans avoir à agir ou à réfléchir. La tentation est de faire endosser à Dieu une responsabilité qu’il n’a pas l’intention de prendre. Ici, c’est celle de l’intendance. Ils lui opposent alors les arguments selon lesquels depuis le début, c’est lui qui les a manœuvrés,  et que la libération, c’était son désir à lui parce qu’eux n’avaient rien demandé, car ils étaient pleinement satisfaits  de la  vie qu’ils menaient. Le mensonge apparaît  alors ici comme l’élément majeur de la tentation et ils essayent de prendre Dieu dans leur  piège.

Nous constatons qu’il est ainsi très facile de passer du Dieu qui se révèle au Dieu que les hommes s’inventent pour solutionner leurs problèmes. Ce Dieu là ne correspond en rien au Dieu que les Ecritures révèlent et  dont Jésus se fera le témoin. Seulement ici, le problème se corse, car le Dieu dont les Hébreux attendent l’intervention intervient quand-même. La réponse  attendue est bien donnée  et l’approvisionnement attendu leur tombe du ciel sous forme de cailles et de manne.  Mais s’il s’agit d’un miracle, il ne s’agit pas d’un prodige. Dieu intervient non pas seulement pour les nourrir, mais pour leur donner une leçon.

Le vol  des cailles se produit seulement au bon moment, un moment qu’avec sagesse et patience, ils auraient sans doute pu prévoir. L’apparition de la manne est également un fait naturel que l’expérience aurait pu leur révéler s’ils  avaient eu la sagesse de faire confiance à Dieu et de demeurer  ses partenaires comme ils l’étaient depuis le début.

Le récit ici nous est sans doute rapporté par des prêtres qui donnent  à la suite de l’événement le ton que nécessite  une pratique rigoureuse de la loi. Le récit prend alors une dimension irréelle qui en voile la vraie portée( si vous voulez bien vous donner la peine de le lire). Mais  cette  approche du texte ne nous empêche pas de comprendre qu’avec plus de sagesse et moins de panique, les hommes affamés du désert auraient sans doute eu le même résultat.

Le Dieu auquel ils ont  eu affaire cette fois-là est bien le même que celui à qui Moïse a fait confiance. Ici comme ailleurs la foi aurait dû être première au lieu de faire place à la colère et à la panique. Le miracle que Dieu leur a accordé ici   est bien le même que celui qu’ils auraient pu réaliser eux-mêmes s’ils avaient eu assez de foi en Dieu pour lui offrir leur collaboration. Que chacun sache donc que  le Dieu libérateur n’abandonne jamais les hommes et qu’il les rend capables d’accomplir les prodiges qu’ils lui demandent d’accomplir par manque de foi.

Aucun commentaire: