2 Elle était au commencement avec Dieu.
3 Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait, n'a
été fait sans elle.
4 En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.
5 Et la lumière a lui dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point
reçue.
6 Il y eut un homme, appelé Jean, qui fut envoyé de Dieu.
7 Il vint pour être témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que
tous crussent par lui.
8 Il n'était pas la lumière, mais il était envoyé pour rendre témoignage à
la lumière.
9 La véritable lumière qui éclaire tout homme était venue dans le monde.
10 Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle; mais Lui le
monde ne l'a pas connu.
11 Il est venu chez les siens; et les siens ne l'ont point reçu.
12 Mais à tous ceux qui l'ont reçu, il leur a donné le droit d'être faits
enfants de Dieu, savoir, à ceux qui croient en son nom,
13 Qui ne sont point nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la
volonté de l'homme, mais de Dieu.
14 Et la Parole a été faite chair, et a habité parmi nous, pleine de grâce et
de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils
unique venu du Père.
15 Jean lui rendit témoignage, lorsqu'il s'écria en disant: C'est ici celui
dont je disais: Celui qui vient après moi est au-dessus de moi, parce qu'il
était avant moi.
16 Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce sur grâce.
17 Car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par
Jésus-Christ.
18 Personne n'a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père,
est celui qui l'a fait connaître.
Jean 1/1-18
Nous avons tous en mémoire le
texte des Evangiles de Matthieu et de Luc qui font état du récit de Noël. Ils
ne se ressemblent pas, mais par habitude, nous les avons mélangés, sans même nous
douter que les détails ne collent pas entre eux. C’est pourtant en les mélangeant qu’on a pris l’habitude de les évoquer, au
risque de dénaturer la cause qu’ils cherchent à défendre. Les spécialistes s’en
offusquent, mais le commun des mortels les lit à sa façon.
Tout ce qui fait la
caractéristique des contes s’y trouve. On y croise un méchant roi qui fait des
horreurs, et un pauvre enfant. Malgré
tout le peuple fait quand même la fête et les anges donnent un concert
céleste. Au centre de l’histoire se tient un couple de pauvres immigrés à qui
on refuse l’hospitalité. Cela n’empêche pas qu’ils reçoivent des cadeaux de la
part de mystérieux voyageurs élevés au rang de princes et revêtus de toute la dignité
qui leur convient. Ils sont à la recherche d’une vérité qui trouve son origine
dans les étoiles. Tout est à sa place
dans cet ensemble de récits, le merveilleux, le miracle, la méchanceté et l’indifférence et tous les problèmes
quotidiens. Tout y est, sauf Dieu ! Cherchez bien, il n’y est pas, et puisqu’il
n’y est pas, ne nous offusquons pas si la fête qui s’en suit prend des allures
païennes.
Ce récit nous parle d’un monde
où personne ne s’offusque de voir une femme accoucher à l’écart, dans une cour
de ferme au milieu des bestiaux en pleine nuit, alors que tout à côté un
concert est donné en plein champ. Finalement tous se retrouvent, la mère et l’enfant
et les fêtards pour accueillir des savants qui étalent leurs bijoux et en font des cadeaux
à la femme pour l’enfant sans que personne ne songe à les dérober, et c’est le
roi qui en fait des cauchemars et ceux-ci alimentent sa cruauté.
A la réflexion ce monde loufoque ressemble au
nôtre car bien des situations connues s’y trouvent évoquées et tous les
sentiments humains s’y entremêlent. Haine et générosité, richesses et pauvreté,
divination et spiritualité y font bon ménage.
Bien que Dieu n’apparaisse pas
dans cette histoire et qu’on n’y parle même pas de lui, c’est pourtant pour
nous aider à le trouver que ces récits
ont été composés. Les Evangiles ont choisi de nous communiquer leur saga
en insérant leur témoignage dans un environnement commun à toutes les
civilisations. Pour satisfaire notre piété, le ciel a été rempli d’anges et
pour nous faire gamberger on n’a pas oublié de nous révéler que les païens
pouvaient avoir une piété. Pourtant la science des devins orientaux ne leur sert à rien puisqu’ils n’ont pas eu la
capacité de deviner les atrocités
que le tyran local était en train de cogiter.
Dieu se cache-t-il dans cet
enfant traqué par le destin, comme on se plait à le dire ? Si c’est
le cas, qu’est-ce que cela change ? Les sermons prononcés à ce sujet ne
cessent de nous le dire ! Mais en quoi ce récit nous parle-t-il de
Dieu ? Il est difficile, à partir de cette vaste fresque de mettre les bons éléments dans les bonnes cases.
Dieu viendra à nous si nous
allons à lui. Ce n’est pas une citation biblique, c’est une maxime que j’e
viens d’inventer. Elle suggère qu’il appartient à tout chercheur de Dieu de
faire l’effort nécessaire pour rassembler les pièces du puzzle qui nous est
donné afin que les contours du monde nouveau commencent à s’esquisser pour tout
chercheur de Dieu. Ainsi s’élaborent les
premiers éléments de sa foi.
Si les hommes cherchent Dieu,
ils se plaisent surtout à inventer le Dieu qui leur convient. Pourtant ce Dieu,
jusque-là invisible, leur ouvre des pistes pour qu’ils puissent le rencontrer
en vérité. Si nous le cherchons dans les récits de la nativité, ce n’est pas forcément dans
l’attendrissement que l’on éprouve à l’aspect d’un nourrisson autour duquel
tous s’affairent, mais c’est dans l’ambiance dans laquelle le récit est
transmis que la présence de Dieu se fait sentir. C’est dans un monde qui
respire la fête et l’espérance que nous place le concert des anges et qui sert
de décors pour manifester la présence de
Dieu. C’est dire que l’on ne nous suggère pas que l’avenir s’inscrit dans un monde morose. Et bien que
le récit nous place dans cette atmosphère, il ne nous soustrait pas non
plus à
cet univers absurde et morbide où sévit le tyran.
La crèche nous est présentée
dans un monde qui ressemble à un microcosme où la même histoire, avec beaucoup
de variantes se répète de pays en pays
et de siècles en siècles. Si nous tendons l’oreille vers les rumeurs qui
nous viennent de ce microcosme, c’est la voix de Dieu que nous entendrons et la
voix de Dieu est toujours créatrice et porteuse de vie. C’est donc la voix d’un
monde futur, toujours fécond qui vient jusqu’à nous. Si Dieu s’intéresse au
monde, c’est dans la proximité de ceux qui cherchent à préserver la vie qu’on
le trouve.
Ici la vie cherche à perdurer
grâce au génie d’un homme qui s’efforce de préserver celle de son enfant et de sa femme, même dans
la fuite si nécessaire. En faisant le choix de la vie pour les autres, cet homme, Joseph nous désigne dans quelle
direction il faut chercher Dieu, car Dieu inscrit sa présence dans les actes
que font les hommes pour que triomphe la vie. Le récit se met alors à vibrer de
la voix créatrice de Dieu et nous réalisons que Dieu se fait présent dans tout
ce qui frémit de vie. Ce faisant il ne cesse de se révéler comme créateur. Nous
découvrons que les effets des actes créateurs de Dieu sont dans les gestes des
hommes qui se préoccupent de faire vivre leurs semblables.
Si nous percevons l’ode à la
vie qui émane de ces textes, nous
saisissons que Dieu y est présent et qu’il s’impose au monde par la vie qui
triomphe, malgré tous les événements qui tentent de la voiler.
Si ces récits de la
nativité rendent témoignage à Dieu, ce n’est pas par les
balbutiements d’un enfant qui plus tard sera son principal témoin, mais par la
volonté de ceux qui ont voulu rendre compte de cette histoire en s’évertuant à
dire que la vie et Dieu font cause commune, si bien que nous sommes invités à
devenir des passionnés de la vie en référence au Dieu qui nous anime. Nous
sommes alors mobilisés par les paroles de ces textes pour témoigner que Dieu
est porteur de tout ce qui donne vie. C’est alors que le verbe se fait créateur.
Illustrations
Jane Sullivan
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