Luc 3/10-18 – dimanche 16 décembre
10 Les foules
l'interrogeaient : Que devons-nous donc faire ? 11 Il leur
répondait : Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n'en a
pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même. 12 Des collecteurs des
taxes aussi vinrent pour recevoir le baptême ; ils lui demandèrent :
Maître, que devons-nous faire ? 13 Il leur dit : N'exigez rien
au-delà de ce qui vous a été ordonné. 14 Des soldats aussi
l'interrogeaient : Et nous, que devons-nous faire ? Il leur dit :
Ne faites violence à personne, n'accusez personne à tort, et contentez-vous de
votre solde.
.
15 Comme le peuple était
dans l'attente, et que tous se demandaient si Jean n'était pas le Christ, 16 il
leur répondit à tous : Moi, je vous baptise d'eau, mais il vient, celui
qui est plus puissant que moi, et ce serait encore trop d'honneur pour moi que
de délier la lanière de ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit saint et
le feu. 17 Il a sa fourche à la main, il va nettoyer son aire ; il recueillera
le blé dans sa grange, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteint
pas.
18 Jean annonçait la bonne
nouvelle au peuple avec beaucoup d'autres encouragements.
Fatigués de chercher un Dieu
qui semble se cacher pour ne pas se laisser trouver, beaucoup d’hommes et de
femmes d'aujourd'hui ont abandonné toute pratique religieuse.
L’enseignement des églises leur semble dépassé et ne répond pas à leurs
questions. Ils ne découvrent en lui qu’un discours méprisant pour ceux
qui suivent d’autres voies que celles habituellement reconnues. Le discours
qu’ils entendent est bien souvent en total décalage avec celui que leur donne
l’approche scientifique ou historique des mêmes problèmes. Ils aimeraient qu’on
les aide à mettre de l’ordre dans leurs pensées et à construire leur foi
en fonction de ces nouvelles données, mais personne ne le fait. Le
christianisme leur semble donc dépassé, si bien que ce qui était jadis la
« bonne nouvelles de l’Évangile » est devenu une actualisation insipide
des vérités d’un autre temps.
Tout cela n’est pas une
nouveauté. Les déçus de la foi étaient nombreux à l’aube de notre ère et
c’est eux que l’on trouve en masse sur les rives du Jourdain. Ils étaient
avides des paroles de Jean Baptiste, parce qu’elles étaient en décalage
par rapport au discours officiel. Jean curieusement s’attachait à apporter une
réponse à la demande de ceux qui se sentaient exclus. Il se laissait
interpeller par leurs questionnements et leur ouvrait des horizons porteurs
d’avenir.
A l’évocation du nom de Jean
Baptiste, même les chrétiens les plus avertis se demandent ce que l’on peut
tirer des rares discours de ce personnage dont on parle si
peu dans la Bible et sur lequel on n’a que très peu d’informations.
On en parle peu, parce qu’il
a vécu trop peu de temps pour laisser une trace durable. Ceux qui ont quelques
notions d’histoire savent que l’Évangile le décrit comme un homme étrange qu’on
n’aurait pas aimé rencontrer au coin d’un bois. On le représente souvent comme
un vagabond barbu, vêtu de peaux de bêtes qui se nourrissait de ce que la
nature lui donnait, en particulier de miel sauvage et de sauterelles.
Les curieux venaient le
rejoindre dans le désert où il se trouvait pour écouter ses propos contre la
société établie. Nul ne trouvait grâce à ses yeux, ni le clergé, ni même le roi
qui se sentant insulté par ses propos le fit arrêter et exécuter au cours d’un
festin mémorable. La scène est restée célèbre.
On a vainement essayé
de le faire entrer dans un cadre établi. Personne n’y a vraiment réussi
et le roi l’a fait exécuter avant qu’il ait pu donner sa mesure.
Fallait-il le classer parmi les disciples des Esséniens, ces ermites du
désert ? On s’y est efforcé sans y parvenir. Sa parenté avec Jésus,
rapportée par les évangiles, n’a été utilisée que par des savants éminents pour
étayer leur propos relevant de la haute théologie, mais ce fait ne nous
apporte que peu de choses. On ne sait pas vraiment pourquoi, la foule de ceux
qui se sentaient rejetés par la religion et les masses de ceux
qui ne trouvaient pas leur voie dans les dogmes établis se pressaient
dans un désert loin de tout.
On se souvient que Jean
a baptisé Jésus, qu’il l’a poussé à le rejoindre et à prendre sa suite.
Sa tentative fut suivie d’effets, les gens qui le suivaient ont mis leurs pas
dans ceux de Jésus. Heureusement d’ailleurs, car la police du Tétrarque
l’attendait au tournent et ne l’a pas manqué. Conformément à son habitude il a
dit ce qu’il ne fallait pas dire au roi qui l’avait fait arrêter à la fois par dépit
et par curiosité. Il paya l’affront de sa vie. Ainsi
Jean Baptiste avait ouvert la voie à Jésus et il avait donné avant lui de
l’espérance à beaucoup de frustrés de la religion et à beaucoup de marginaux en
quête de vérité sur Dieu..
Parmi ces marginaux on
rencontrait d’abord les bons bourgeois qui ne s’y retrouvaient plus dans les
méandres des obligations religieuses. Tous étaient frappés par la simplicité
des réponses de Jean. Il préconisait pour seule règle, une élémentaire
charité humaine relevant plus du bon sens que de prescriptions
religieuses compliquées. Que personne n’ait faim , que personne n’ait
froid dans des vêtements insuffisants. Telle était la règle de base. Les
vêtements que chacun avait en trop devaient être destinés à ceux qui
étaient dans le besoin. Il ne préconisait aucune privation rigoureuse, le
bon sens élémentaire était suffisant. Dieu devenait pour eux le champion
de la facilité.
Personne n’avait besoin d’en
savoir plus pour être en accord avec Dieu. Personne n’avait besoin d’en faire
plus pour le contenter. A partir d’un raisonnement simple et d’une
pratique charitable concernant le sort des autres, il devenait aisé
de discerner le chemin que Dieu préconisait pour chacun.
Aujourd’hui encore, beaucoup
de croyants se sont détachés leurs pratiques religieuses parce qu’ils ne
comprennent plus les exigences de Dieu dans les prescriptions de leur église,
mais ils ont continué à consacrer une partie de leur vie au service
d’associations caritatives. Ils disent que c’est la seule chose qu’ils
peuvent encore faire. Ils le disent avec regret, et parfois avec honte sans se
rendre compte que leur comportement correspond à ce qui se
trouvait au début de l’Évangile. Il correspond aux préceptes que donnait
Jean Baptiste avant même que Jésus ait commencé son ministère.
Qu’ils ne se découragent
donc pas, ils sont revenus aux sources de l’Évangile, ils peuvent donc
recommencer une nouvelle vie avec Jésus qui les entraînera à vivre une
merveilleuse aventure de la foi.
En écoutant la simplicité
des propos de Jean, d’autres égarés de la foi et d’autres chercheurs de Dieu
venaient vers lui. C’étaient des collecteurs d’impôts rejetés en masse
par toute la population. Soupçonnés de trafic et de manigances, accusés de pactiser
avec l’ennemi, ils étaient impopulaires. Cette situation les coupait de toute
vie sociale et de toute vie religieuse. Jean les accueillaient et les
remettaient sur le chemin de Dieu en préconisant une morale accessible à
tous qui ne les enfermait pas dans leurs particularismes.
Les soldats aussi se
sentaient concernés. Exclus de la société parce qu’ils étaient au service de
l’occupant. D’origine païenne, ils étaient exclus de la religion, mais certains
espéraient quand même en Dieu et Jean les prenaient en charge et
leur ouvrait une porte vers le Seigneur.
Pour quiconque cherche Dieu, la seule porte à ouvrir est celle de
son cœur et aucun humain n’a le pouvoir de la fermer. La seule chose nécessaire
est de mettre sa bonne volonté au service de Dieu et de s’ouvrir aux
autres, Dieu fera le reste ! C’est apparemment bien simple à faire, mais
beaucoup de croyants ne l’ont pas encore compris et amassent sur la conscience
des autres des obligations que Dieu n’exige pas. Beaucoup n’ont pas encore
compris que c’est Dieu qui ouvre les portes en venant vers les
hommes et qu’il ne les ferme jamais. C’est cela que les théologiens appellent
l’incarnation. Il n’est donc pas besoin de dire des choses compliquées pour
deviner que la suite du chemin avec Dieu n’est pas difficile à trouver.
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