Matthieu 25/1-10
01 Après le sabbat, à l’heure où commençait à poindre
le premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l’autre Marie vinrent pour
regarder le sépulcre.
02 Et voilà qu’il y eut un grand tremblement de
terre ; l’ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et
s’assit dessus.
03 Il avait l’aspect de l’éclair, et son vêtement
était blanc comme neige.
04 Les gardes, dans la crainte qu’ils éprouvèrent, se
mirent à trembler et devinrent comme morts.
05 L’ange prit la parole et dit aux femmes :
« Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le
Crucifié.
06 Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il
l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait.
07 Puis, vite, allez dire à ses disciples : “Il
est ressuscité d’entre les morts, et voici qu’il vous précède en Galilée ;
là, vous le verrez.” Voilà ce que j’avais à vous dire. »
08 Vite, elles quittèrent le tombeau, remplies à la
fois de crainte et d’une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle à
ses disciples.
09 Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur
dit : « Je vous salue. » Elles s’approchèrent, lui saisirent les
pieds et se prosternèrent devant lui.
10 Alors Jésus leur dit : « Soyez sans
crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée :
c’est là qu’ils me verront. »
Regarde en toi, et attache-toi à ce qui n’a pas retenu ton
attention.
Cet homme si triste que tu viens de croiser, ne méritait-il
pas plus qu’un regard fugitif et blasé ? N’as-tu pas remarqué derrière la fenêtre du deuxième étage de
l’immeuble devant lequel tu viens de passer, ce pot de fleurs à peine dissimulé
derrière un rideau de vieilles dentelles. Sans doute le piaillement discordant
de cet oiseau sur la branche du platane au-dessus de ta tête t’a-t-il agacé
parce qu’il ne te semblait pas naturel. Et l’oiseau lui-même l’as-tu
remarqué ? Il y a tant de choses de la vie auxquelles tu ne prêtes aucune
attention. Tu la traverses indifféremment en ne te souciant que de toi, alors
que la réalité est ailleurs.
.
.
Il n’est donc pas étonnant que tu ne remarques pas, que
Dieu ne cesse de mettre ses pas dans les tiens et que tu ne lui prêtes
aucune attention, même s’il désire partager les pensées qui t’animent. Tout
en les ignorant, les hommes marchent-ils sur la même route que leurs
semblables sans vraiment faire attention à eux. Pourtant Dieu est témoin de leurs
soucis, mais rien n’y fait, ils ignorent
ce Dieu silencieux dont l’esprit
cherche à les rejoindre sans qu’ils lui prêtent attention. En temps de crise,
ils croient que Dieu les oublie et décident de ne plus croire en lui et
agissent comme s’ils étaient abandonnés à eux-mêmes
Dieu ne résigne pas. Il invente des moments favorables pour
attirer notre attention. Ce sont les fêtes dites carillonnées qui ont été instaurées pour ça. Pâques en
est une, sans doute la plus célèbre d’entre elles. Mais cette année, Pâques que
nous allons célébrer, ne va sans doute pas se dérouler comme d’habitude. Cette
fête a pour caractéristique de mettre pendant quelques heures, la vie au centre de
ses célébrations. Mais cette année c’est plutôt l’angoisse qui est au
rendez-vous. C’est un défi inattendu qui vient mettre en cause tout notre
système de référence, et Dieu semble se taire et rester silencieux fasse à nos soucis.
Si Dieu semble ne rien dire, La science en qui nous avions une confiance
aveugle se trouve elle aussi sans voix.
Notre système économique est ébranlé au
plus haut point. Les nations qui se prétendaient les plus puissantes du monde font
profil bas. L’horizon qui s’assombrit de
jour en jour ne provoque l’ébauche d’aucune solution. Savants et philosophes n’osent
pas suggérer que les religions offrent
une solution. Le silence de Dieu auquel certains
font encore confiance, nous laisse
entendre qu’il ne semble pas devoir intervenir.
Nous découvrons qu’il ne s’engage pas dans les solutions que certains espèrent
de lui, sans quoi il l’aurait déjà fait. Il ne nous permet pas de reconnaître
en lui cette divinité toute puissante en qui
nous mettons notre confiance, car le vêtement de super Man ne lui
convient pas.
Dieu n’est donc pas l’intervenant miraculeux que nous
espérons quand tout va mal. En ce moment de Pâques, il nous invite à tourner
les yeux vers un tombeau vide où notre tradition avait enfermé un mort qui n’y
est plus. L’Evangile nous rapporte que
la tombe a été ouverte sans que l’on sache
comment et que l’absence du mort qui y était enfermé nous a posé plus de
problèmes qu’elle en a résolus. C’est pourtant dans cet événement que la foi en
ce Dieu nous propose de trouver une réponse aux questions qui nous préoccupent si
fortement aujourd’hui.
La question
principale qui occupe notre attention est liée à la mort sans explication dont
tant de nos contemporains sont menacés. La vie de beaucoup est provoquée sous
nos yeux sans crier garde. Ils se trouvent hospitalisés sans qu’on puisse les
accompagner et la mort les fauche sans qu’on puisse les revoir. Même les gestes
de la plus simple fraternité nous sont refusés.
Malgré ces provocations incompréhensibles, il nous est donné de constater que des femmes et des
hommes se mobilisent contre ce tourment et refusent qu’un ennemi inconnu nous impose sa loi. L’obstination de
ceux qui résistent et qui soignent, les inventions de ceux qui cherchent et qui inventent des
modes de résistance allument une forme
d’espérance sur notre route. Ils barrent, en
agissant ainsi, la route à un
destin qui grâce à leur action cessent d’être implacable. Ils nous révèlent
qu’au fond des hommes et des femmes réside la trace d’une puissance qui leur vient
d’ailleurs que d’eux-mêmes. Est-ce Dieu qui agit en eux ? Certains le croient. Tous ceux qui se
dressent pour barrer la route à ce monstre laissent entendre que l’espérance de
vie est la plus forte et qu’elle vaincra.
Le soir tombé, nous rejoignons ces hommes et ces femmes qui
applaudissent les acteurs de la résistance. Sans le savoir, nous nous revêtons
ainsi de l’énergie que Dieu met en nous sans compter car il a confiance en
l’homme.
Malgré le confinement beaucoup rejoignent par la pensée ces
femmes qui au petit matin courent vers un tombeau vide annonciateur d’une étrange dimension de vie que Dieu donne à ceux qui s’appuient sur lui pour triompher de leurs
angoisses. Certes, apparemment Jésus est
mort, mais le Dieu qui avait habité sa vie l’a maintenu dans une existence dont
la réalité nous échappe sous bien des aspects et que faute de mieux nous appelons la résurrection.
A Pâques la mort n’a pas disparu, mais elle a perdu son
aspect définitif. Qui aurait cru que tant d’acteurs s’armeraient pour se mettre
en travers du fléau, si Dieu n’avait pas mis en eux une énergie inattendue qui
permet à la vie de triompher du défi auquel nous sommes confrontés ? C’est
ainsi que de partout sur terre nait une
espérance que nous n’arrivons pas à
décrire mais qui nous dit que Dieu n’est pas étranger au combat que nous menons et que la
victoire est une certitude.
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