Marc 11/1-10
11 Lorsqu'ils approchèrent de Jérusalem, et
qu'ils furent près de Bethphagé et de Béthanie, vers la montagne des oliviers,
Jésus envoya deux de ses disciples,
2 en leur disant: Allez au village qui est devant vous; dès que vous y serez
entrés, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel aucun homme ne s'est encore
assis; détachez-le, et amenez-le.
3 Si quelqu'un vous dit: Pourquoi faites-vous cela? répondez: Le Seigneur en
a besoin. Et à l'instant il le laissera venir ici.
4 les disciples, étant allés, trouvèrent l'ânon attaché dehors près d'une
porte, au contour du chemin, et ils le détachèrent.
5 Quelques-uns de ceux qui étaient là leur dirent: Que faites-vous? pourquoi
détachez-vous cet ânon?
6 Ils répondirent comme Jésus l'avait dit. Et on les laissa aller.
7 Ils amenèrent à Jésus l'ânon, sur lequel ils jetèrent leurs vêtements, et
Jésus s'assit dessus.
8 Beaucoup de gens étendirent leurs vêtements sur le chemin, et d'autres des
branches qu'ils coupèrent dans les champs.
9 Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient: Hosanna! Béni
soit celui qui vient au nom du Seigneur!
10 Béni soit le règne qui vient, le règne de David, notre père! Hosanna dans
les lieux très hauts!
11 Jésus entra à Jérusalem, dans le temple. Quand il eut tout considéré, comme
il était déjà tard, il s'en alla à Béthanie avec les douze.
Sermon du 28 mars Marc 11-1-10
Cherchez d’abord le Royaume de
Dieu, nous est-il dit en Mattieu 6/19. C’est ce que nous recommande l’Evangile
de Matthieu dans le sermon sur la montagne, et aujourd’hui, c’est l’Evangile de
Marc qui va répondre à la question pour nous expliquer que c’est le but de notre relation à Dieu.
Cette recherche doit nous combler de
joie et nous guider sur les chemins qui mènent à Dieu.
Nous trouvons aujourd’hui
Jésus sur le chemin qui le mène de
Jéricho à Jérusalem. Il vient de rendre la vue à un aveugle dont le regard suit Jésus alors qu’il emprunte la route qui maintenant
le conduit de Jéricho à Jérusalem. Si l’aveugle regarde en direction du chemin
qu’emprunte Jésus, c’est pour que nous
tentions de voir, nous aussi, comme l’aveugle, ce qui nous est encore caché dans
le texte et que nous ne sommes pas encore capables de voir. En effet certains d’entre nous sont comme l’aveugle et
ne voient pas ce qui se passe dans cette
histoire trop bien connue de nous pour que nous
en discernions les détails
cachés qu’elle contient. Nous allons découvrir comment les différents passages
de l’Evangile se font écho l’un à l’autre sans que nous nous en apercevions.
Mais notre vie s’en trouve cependant éclairée.
En fait nous avons l’habitude
de lire l’Evangile en le fragmentant
épisode par épisode sans nous rendre compte qu’il y a continuité entre
eux. En fait, il se pourrait bien que l’épisode
de l’aveugle de Jéricho nous soit présenté comme
si c’ était le lecteur lui-même, vous ou moi qui serait
l’aveugle. Ce lecteur a besoin que Jésus affermisse sa vue pour comprendre la
suite qui va nous être racontée maintenant.
Pour comprendre ce qui se passe aux Rameaux il faut donc y voir
clairement et comprendre ce qui s’est
passé à Jéricho.
Jésus a laissé en plan
l’aveugle pour rejoindre les aveugles que nous sommes, sur la route de
Jérusalem. A nous de dépasser notre propre
cécité. Le monde qui nous est révélé est surprenant. Avez-vous réalisés
en quoi il est surprenant ? Sans doute n’y a-t-il là que des détails, des artifices d’auteur,
mais tous rajoutés les uns aux autres
vont créer un tissu d’interrogations
qu’il nous faut résoudre sans quoi le texte n’aurait pas de sens et nous
resterions aveugles face à lui.
Le premier détail que doivent voir les disciples envoyés par Jésus, car c’est le
mot voir qui est utilisé dans le texte, il faut donc qu’ils voient un ânon
attaché par une corde devant une maison, comme si c’était prévu d’avance qu’à
cet endroit il devait y avoir un ânon. De toute façon il ne pourrait servir à
rien puisqu’il n’a jamais été monté. Comment cette petite bête pourrait-elle porter cet homme d’au moins soixante-dix kilos que
serait Jésus, car il en a besoin, dira-t-il. Il était aussi prévu aussi qu’on devait poser la
question de savoir pourquoi on le détachait. « Le Seigneur en a
besoin ». Telle est la réponse que les disciples doivent faire. Et
personne n’y trouve rien d’incongru. Il
était prévu qu’on laisserait aller cet
animal, trop petit afin qu’il soit utile
pour porter un homme trop lourd. Pourtant c’est de lui que Jésus a besoin, car
Jésus a besoin de tous ceux qui se
trouvent sur son chemin et ce n’est pas à nous de savoir si nous sommes utiles
ou pas et si nous sommes capables d’accomplir le travail qu’il attend de nous.
Avec ce bref épisode de l’ânon nous entrevoyons les contours du monde
impossible que Jésus a décidé de nous
montrer afin que nous y entrions avec lui. . La pointe de ce premier passage c’est
que selon Jésus, un âne encore inutile peut devenir
utile. Le détail a paru tellement insolite
à Matthieu dans l’autre Evangile,
qu’il a flanqué l’ânon de sa mère une ânesse et c’est elle qui portera
Jésus. Ce faisant, Matthieu est passé à côté de la pointe du texte pour le
rendre vraisemblable. Mais le texte
a-t-il besoin d’être vraisemblable pour que nous en voyions les
subtilités ? Ensuite, des gens tout à fait inconnus mettent l’animal
inutile à disposition de Jésus et ne se soucient pas du fait qu’un inconnu
s’approprie leur bien. Pas de remerciements non plus.
A partir de cet instant pas un
mot ne sortira de la bouche de Jésus qui habituellement est prolixe en maximes
et conseils. A nous de discerner la bonne nouvelle de l’ Evangile dans ce qui
n’est pas dit. Ce sera pourtant son dernier sermon. Un sermon sans parole.
Voilà ce nouveau monde que Jésus nous appelle à voir. Un monde imprévu où la
disponibilité pour Jésus devient la
règle. Avant même d’avoir vraiment commencés à lire ce texte nous sommes invités
à entrer dans un monde qui n’est pas le nôtre,
mais où tous sont disponibles
pour Dieu.
Si nous ne connaissions pas la
suite il serait facile de l’imaginer et de prétendre que nous ne sommes pas concernés. Si nous étions
encore aveugles, nous dirions que nous ne serions pas disponibles pour faire ce
que nous ne pouvons pas faire, porter des
poids trop lourds pour nos faibles épaules et confier
gratuitement à autrui ce qui nous
appartient. C’est alors que tous
les hommes qui n’ont pas la disponibilité qui leur est demandée se retourneraient
contre Jésus et le menacerait même de mort. C’est ce qui se passera 8 jours après. Mais pour l’instant le texte
nous suggère une autre suite. La foule fanatisée par Jésus lui offre la joie,
la joie que Dieu seul peut nous donner quand il nous invite. Cette joie est
spontanée, elle est totale. Elle est provoquée par la présence de Jésus dont la
personne se confond avec celle de Dieu. Ce sentiment de la présence de Dieu
déclenche une joie indescriptible où
tout est bon pour la manifester. Un véritable bonheur les prend tous.
En fait quand nous voulons
exprimer notre soif de Dieu, ce n’est habituellement pas comme cela que ça se
passe. Quand nous réclamons la présence
de Dieu c’est habituellement par des paroles que nous lui disons nos manques et
nos besoins. Ecoutons nos propres prières ! Nous cherchons à attirer sa
présence dans notre temple intérieur où, nous voudrions un peu d’intimité avec
lui. Ici il en est absent. Nous cherchons à intéresser Dieu
à notre personne par des gestes de
soumission et d’abnégation. Cette attitude est en parfaite opposition avec ce qui nous est suggéré ici. Ici la
foule manifeste sa joie naïve en se
débarrassant de ses vêtements qui l’incommodent. Elle les jette sous les pieds
de l’âne, comme un tapis de procession. Ils
deviendront irrécupérables après avoir ainsi été piétinés. Peu importe,
tout est bon pour manifester notre joie.
Là encore nous assistons à un
changement de situation provoquée par la présence de Dieu dont le fils ici est
reconnu comme un roi et qui reçoit les hommages de son peuple. Si vous vous
souvenez d’un événement que celui-ci rappelle. C’était lors de l’intronisation
de l’arche dans le temple qu’une manifestation spontanée de joie s’est
déclenchée. Ce fut David lui-même qui en
fut le héros. Il se défit lui-aussi de ses vêtements et se mit à danser sous le
regard méprisant de sa femme.
En souvenir de cet événement,
Jésus en recevant l’hommage que lui rend la foule élève les participants au
rang de roi comme ce fut pour David qui se dépouilla pour honorer son Dieu.
Quand Dieu nous visite, quel que soit le moment
ou quel que soit l’événement, c’est notre joie qu’il souhaite, et c’est
au rang de roi qu’il nous élève.
Non seulement les humains
doivent manifester leur joie, mais la nature elle-même doit s’associer à leur
joie. C’est en saisissant les branches d’arbres qui viennent d’être taillés,
car c’est la saison, c’est en les
agitant devant les pas de l’âne que la nature
est associées par les
participants à cette visite de Jésus. Vous vous rendez bien comptes ici que les
hommes ont associé à la fête qu’ils rendent
à Dieu la nature qui se rend aussi disponible à cet hommage.
Comment ne pas étendre
cette réflexion à la réflexion que nous
menons actuellement sur la sauvegarde de la nature en songeant que l’Evangile
nous suggère d’associer la nature à la joie qu’il convient d’exprimer quand
nous réalisons que Dieu nous visite. Dieu ne nous invite pas seulement à la
préserver, ni à la sauvegarder, mais à
la rendre participante au triomphe de Dieu quand il lui plait de visiter le
monde.
Tout notre comportement humain
ici est mis en cause. Il nous est clairement dit ici que nous ne savons pas
accueillir Dieu et qu’il nous faut user de bonne volonté pour le faire
correctement et joyeusement Car nous ne
savons pas lui offrir la joie qu’il
souhaite pour nous. La question qui se pose de nos jours : c’est que faire
pour que le monde ne nous entraîne pas dans la perdition que nous avons
provoquée. La réponse donnée ici est de participer à la joie de Dieu pour notre
plus grand bonheur. Il ne nous est pas seulement dit de profiter de la présence
de Dieu mais d’en rajouter une couche. Il nous est dit par ceux qui ont rapporté cet événement et qui
nous en ont transmis le récit à leur façon, que si Jésus ne parle pas, c’est
qu’il nous laisse la parole pour le
faire à sa place en manifestant la joie
qui doit nous habiter pour que nous participions avec bonheur à la
transformation du monde.
Maintenant que tout a été dit,
pourquoi irions-nous chercher Dieu dans un temple fait de mains
d’hommes ? Jésus s’y rend à la fin
du récit et rien ne s’y passe puisque
Dieu n’y est pas car il a décidé que sa
place était au milieu des hommes pour se réjouir avec eux et qu’ils deviennent son peuple dont le petit âne inutile devient
ici le symbole.
Nous sommes invités à voir que
l’impossible peut devenir possible et que l’irréel peut devenir vérité car en
Dieu tout est possible
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