mardi 30 mars 2021

  

Marc 11/1-10

11 Lorsqu'ils approchèrent de Jérusalem, et qu'ils furent près de Bethphagé et de Béthanie, vers la montagne des oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples,

en leur disant: Allez au village qui est devant vous; dès que vous y serez entrés, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel aucun homme ne s'est encore assis; détachez-le, et amenez-le.

Si quelqu'un vous dit: Pourquoi faites-vous cela? répondez: Le Seigneur en a besoin. Et à l'instant il le laissera venir ici.

les disciples, étant allés, trouvèrent l'ânon attaché dehors près d'une porte, au contour du chemin, et ils le détachèrent.

Quelques-uns de ceux qui étaient là leur dirent: Que faites-vous? pourquoi détachez-vous cet ânon?

Ils répondirent comme Jésus l'avait dit. Et on les laissa aller.

Ils amenèrent à Jésus l'ânon, sur lequel ils jetèrent leurs vêtements, et Jésus s'assit dessus.

Beaucoup de gens étendirent leurs vêtements sur le chemin, et d'autres des branches qu'ils coupèrent dans les champs.

Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient: Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!

10 Béni soit le règne qui vient, le règne de David, notre père! Hosanna dans les lieux très hauts!

11 Jésus entra à Jérusalem, dans le temple. Quand il eut tout considéré, comme il était déjà tard, il s'en alla à Béthanie avec les douze.

Sermon du 28 mars Marc 11-1-10

Cherchez d’abord le Royaume de Dieu, nous est-il dit en Mattieu 6/19. C’est ce que nous recommande l’Evangile de Matthieu dans le sermon sur la montagne, et aujourd’hui, c’est l’Evangile de Marc qui va répondre à la question pour nous expliquer  que c’est le but de notre relation à Dieu. Cette recherche doit  nous combler de joie et nous guider sur les chemins qui mènent à Dieu.

Nous trouvons aujourd’hui Jésus sur le chemin  qui le mène de Jéricho à Jérusalem. Il vient de rendre la vue à un aveugle dont le regard  suit Jésus alors qu’il emprunte la route qui maintenant le conduit de Jéricho à Jérusalem. Si l’aveugle regarde en direction du chemin qu’emprunte  Jésus, c’est pour que nous tentions de voir, nous aussi, comme l’aveugle, ce qui nous est encore caché dans le texte et que nous ne sommes pas encore capables de voir. En effet  certains d’entre nous sont comme l’aveugle et ne voient pas  ce qui se passe dans cette histoire trop bien connue de nous pour que nous  en discernions   les détails cachés qu’elle contient. Nous allons découvrir comment les différents passages de l’Evangile se font écho l’un à l’autre sans que nous nous en apercevions. Mais notre vie s’en trouve cependant éclairée.

En fait nous avons l’habitude de lire l’Evangile en le fragmentant  épisode par épisode sans nous rendre compte qu’il y a continuité entre eux. En fait, il se pourrait bien  que l’épisode de l’aveugle de Jéricho nous soit  présenté comme  si c’  était   le lecteur lui-même, vous ou moi qui serait l’aveugle. Ce lecteur a besoin que Jésus affermisse sa vue pour comprendre la suite qui va nous être racontée maintenant.  Pour comprendre ce qui se passe aux Rameaux il faut donc y voir clairement  et comprendre ce qui s’est passé à Jéricho.

Jésus a laissé en plan l’aveugle pour rejoindre les aveugles que nous sommes, sur la route de Jérusalem. A  nous de dépasser notre  propre  cécité. Le monde qui nous est révélé est surprenant. Avez-vous réalisés en quoi il est surprenant ?  Sans doute  n’y a-t-il  là que des détails, des artifices d’auteur, mais tous rajoutés les uns  aux autres vont  créer un tissu d’interrogations qu’il nous faut résoudre sans quoi le texte n’aurait pas de sens et nous resterions aveugles face à lui.

Le premier détail  que doivent voir  les disciples envoyés par Jésus, car c’est le mot voir qui est utilisé dans le texte, il faut donc qu’ils voient un ânon attaché par une corde devant une maison, comme si c’était prévu d’avance qu’à cet endroit il devait y avoir un ânon. De toute façon il ne pourrait servir à rien puisqu’il n’a jamais été monté. Comment cette  petite bête pourrait-elle porter  cet homme d’au moins soixante-dix kilos que serait Jésus, car il en a besoin, dira-t-il. Il était  aussi prévu aussi qu’on devait poser la question de savoir pourquoi on le détachait. «  Le Seigneur en a besoin ». Telle est la réponse que les disciples doivent faire. Et personne n’y trouve rien d’incongru.  Il était prévu qu’on  laisserait aller cet animal, trop petit afin qu’il soit  utile pour porter un homme trop lourd. Pourtant c’est de lui que Jésus a besoin, car Jésus  a besoin de tous ceux qui se trouvent sur son chemin et ce n’est pas à nous de savoir si nous sommes utiles ou pas et si nous sommes capables d’accomplir le travail qu’il attend de nous.

Avec  ce bref épisode de l’ânon  nous entrevoyons les contours du monde impossible que  Jésus a décidé de nous montrer afin que nous y entrions avec lui.  . La pointe de ce premier passage c’est que  selon  Jésus, un âne encore inutile peut devenir utile. Le détail a paru tellement insolite  à Matthieu  dans l’autre Evangile, qu’il  a flanqué l’ânon de  sa mère une ânesse et c’est elle qui portera Jésus. Ce faisant, Matthieu est passé à côté de la pointe du texte pour le rendre vraisemblable.  Mais le texte a-t-il besoin d’être vraisemblable pour que nous en voyions les subtilités ? Ensuite, des gens tout à fait inconnus mettent l’animal inutile à disposition de Jésus et ne se soucient pas du fait qu’un inconnu s’approprie leur bien. Pas de remerciements non plus.

A partir de cet instant pas un mot ne sortira de la bouche de Jésus qui habituellement est prolixe en maximes et conseils. A nous de discerner la bonne nouvelle de l’ Evangile dans ce qui n’est pas dit. Ce sera pourtant son dernier sermon. Un sermon sans parole. Voilà ce nouveau monde que Jésus nous appelle à voir. Un monde imprévu où la disponibilité pour Jésus  devient la règle. Avant même d’avoir vraiment commencés à lire ce texte nous sommes invités à entrer dans un monde qui n’est pas le nôtre,  mais où tous  sont disponibles pour Dieu.

Si nous ne connaissions pas la suite il serait facile de l’imaginer et de prétendre que nous  ne sommes pas concernés. Si nous étions encore aveugles, nous dirions que nous ne serions pas disponibles pour faire ce que nous ne pouvons pas faire, porter des  poids trop lourds pour nos faibles épaules  et confier  gratuitement à autrui ce qui nous  appartient. C’est alors que  tous les hommes qui n’ont pas la disponibilité qui leur est demandée se retourneraient contre Jésus et le menacerait même de mort. C’est ce qui se passera  8 jours après. Mais pour l’instant le texte nous suggère une autre suite. La foule fanatisée par Jésus lui offre la joie, la joie que Dieu seul peut nous donner quand il nous invite. Cette joie est spontanée, elle est totale. Elle est provoquée par la présence de Jésus dont la personne se confond avec celle de Dieu. Ce sentiment de la présence de Dieu déclenche une joie indescriptible  où tout est bon pour la manifester. Un véritable bonheur les prend tous.  

En fait quand nous voulons exprimer notre soif de Dieu, ce n’est habituellement pas comme cela que ça se passe. Quand nous  réclamons la présence de Dieu c’est habituellement par des paroles que nous lui disons nos manques et nos besoins. Ecoutons nos propres prières ! Nous cherchons à attirer sa présence dans notre temple intérieur où, nous voudrions un peu d’intimité avec lui. Ici  il en  est absent. Nous cherchons à intéresser Dieu à notre personne  par des gestes de soumission et d’abnégation. Cette attitude est en parfaite opposition  avec ce qui nous est suggéré ici. Ici la foule manifeste sa joie naïve  en se débarrassant de ses vêtements qui l’incommodent. Elle les jette sous les pieds de l’âne, comme un tapis de procession. Ils  deviendront irrécupérables après avoir ainsi été piétinés. Peu importe, tout est bon pour manifester notre joie.

Là encore nous assistons à un changement de situation provoquée par la présence de Dieu dont le fils ici est reconnu comme un roi et qui reçoit les hommages de son peuple. Si vous vous souvenez d’un événement que celui-ci rappelle. C’était lors de l’intronisation de l’arche dans le temple qu’une manifestation spontanée de joie s’est déclenchée.  Ce fut David lui-même qui en fut le héros. Il se défit lui-aussi de ses vêtements et se mit à danser sous le regard méprisant de sa femme.

En souvenir de cet événement, Jésus en recevant l’hommage que lui rend la foule élève les participants au rang de roi comme ce fut pour David qui se dépouilla pour honorer son Dieu. Quand Dieu nous visite, quel que soit le moment  ou quel que soit l’événement, c’est notre joie qu’il souhaite, et c’est au rang de roi qu’il nous élève.

Non seulement les humains doivent manifester leur joie, mais la nature elle-même doit s’associer à leur joie. C’est en saisissant les branches d’arbres qui viennent d’être taillés, car c’est la saison,  c’est en les agitant devant les pas de l’âne que la nature  est  associées par les participants à cette visite de Jésus. Vous vous rendez bien comptes ici que les hommes ont associé à la fête qu’ils rendent  à Dieu la nature qui se rend aussi disponible à cet hommage.

Comment ne pas étendre cette  réflexion à la réflexion que nous menons actuellement sur la sauvegarde de la nature en songeant que l’Evangile nous suggère d’associer la nature à la joie qu’il convient d’exprimer quand nous réalisons que Dieu nous visite. Dieu ne nous invite pas seulement à la préserver, ni à   la sauvegarder, mais à la rendre participante au triomphe de Dieu quand il lui plait de visiter le monde.

Tout notre comportement humain ici est mis en cause. Il nous est clairement dit ici que nous ne savons pas accueillir Dieu et qu’il nous faut user de bonne volonté pour le faire correctement et joyeusement   Car nous ne savons pas lui offrir la  joie qu’il souhaite pour nous. La question qui se pose de nos jours : c’est que faire pour que le monde ne nous entraîne pas dans la perdition que nous avons provoquée. La réponse donnée ici est de participer à la joie de Dieu pour notre plus grand bonheur. Il ne nous est pas seulement dit de profiter de la présence de Dieu mais d’en rajouter une couche. Il nous est dit par  ceux qui ont rapporté cet événement et qui nous en ont transmis le récit à leur façon, que si Jésus ne parle pas, c’est qu’il nous laisse la parole pour  le faire à sa place  en manifestant la joie qui doit nous habiter pour que nous participions avec bonheur à la transformation du monde.

Maintenant que tout a été dit, pourquoi irions-nous chercher Dieu dans un temple fait de mains d’hommes ?  Jésus s’y rend à la fin du récit et rien ne s’y passe  puisque Dieu  n’y est pas car il a décidé que sa place était au milieu des hommes pour se réjouir avec eux  et qu’ils deviennent  son peuple dont le petit âne inutile devient ici le symbole.

Nous sommes invités à voir que l’impossible peut devenir possible et que l’irréel peut devenir vérité car en Dieu tout est possible

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