samedi 8 mai 2021

 Dimanche 9 mai 2021

 

Lectures

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 15,9-17.

 

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour.


Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour.
Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. »
Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.
Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande.
Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.
Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.


Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. »
 

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Depuis notre plus tendre jeunesse, on nous a appris à croiser les chemins de Dieu. En tout cas ce fut le cas pour  ces jeunes gens qui comme moi ont suivi une éducation religieuse. C’est à l’Ecole du dimanche qu’on nous a enseigné  à discerner le bruit de son  pas quand il résonnait sur  les routes que nous fréquentions. C’est à l’écoute de ces grands héros  qu’étaient Moïse,  Abraham, Jacob ou  David que nous avons appris à rechercher la trace de Dieu. Le temps passant, nous avons fait nos expériences personnelles et nous avons pris l’habitude de baliser les chemins où on avait une chance de le rencontrer. A l’adolescence ce fut une autre histoire et nos voies se sont souvent séparées de la sienne. En fait, dès que nous sentions sa présence, nous détournions le regard pour le porter dans une autre direction. Tels sont les souvenirs que j’ai gardés  de cette époque lointaine où la pratique religieuse faisait encore partie  des habitudes que l’on cherchait à  inculquer aux enfants.

Mais le quotidien de la vie est une rude école. A force d’éviter ce qui pouvait être le regard de Dieu, on loupait  à tous les coups, un contact avec lui.  Dieu est  devenu alors plus lointain et nos soucis nous ont détournés de lui.

Nous avons fait d’autres investigations  à son sujet. Les philosophes nous y ont aidés. Nous avons  cru comprendre que Dieu se cachait  pour mieux se laisser trouver et qu’il nous faudrait travailler davantage sur nous-mêmes pour pouvoir faire un bout de chemin avec lui.

Nous avons aussi été tentés par l’idée de tout laisser tomber et de porter nos soucis dans une autre direction. La distance par rapport à lui s’est encore faite plus grande.

La vie a pris le dessus, le souci du lendemain et de notre avenir s’est  emparé  de nous et Dieu est resté de côté. Sans doute avons-nous espéré en secret qu’à l’occasion de notre passage dans un lieu de culte à l’occasion d’une fête familiale ou autre, Dieu en profiterait pour  se manifester, mais en sortant du lieu de prière,  nous n’avons pas manqué de penser que  l’officiant,  n’avait pas été à la hauteur de nos espérances, qu’il n’avait pas été convainquant et qu’il n’avait pas dit ce qu’il fallait pour nous toucher et nous amener à réfléchir autrement, si bien que nous n’avons pas vu les anges monter et descendre sur leur grande échelle, comme ils l’avaient fait pour Jacob et le ciel ne s’est pas ouvert.

Tel fut mon aventure spirituelle et celle de beaucoup de mes semblables !

En fait, si le courant n’est pas bien  passé entre Dieu et nous,  c’est que la vie nous a bloqué trop souvent les chemins d’accès à sa présence et que les soucis du moment ont fait  comme une sorte de barrage entre lui et nous.

Aujourd’hui, nous nous accusons volontiers de ne pas en faire assez pour que sa présence s’impose à nous. Mais nous pensons, sans oser l’avouer que Dieu doit aussi prendre  sa part de responsabilité.

Nous pensons même qu’il ne  sait pas lui-même se révéler à nous de la manière qui nous toucherait vraiment,  si bien que nous ne savions pas  nous rendre disponible à sa présence. A mesure que la conscience de Dieu s’éloignait de nous, le sentiment de culpabilité vis-à-vis de lui se faisait grandissant, et les églises en ont aussi rajouté.

En fait, maintenant que j’ai effleuré quelques thèmes que les prédicateurs utilisent parfois le dimanche dans leur sermon, il est temps que je laisse la parole à Dieu lui-même en pensant  que c’est maintenant à son tour  de parler pour que nous puissions entendre correctement ce qu’il a à nous dire, puisque selon le prologue de l’Evangile de Jean, c’est dans la parole que Dieu puise sa révélation. C’est en méditant de telles pensées que l’Evangéliste écrivit son Evangile que nous écoutons ce matin.

Il devait se demander comment les hommes avaient pu se méprendre sur Dieu depuis l’origine des temps, comme ils l’ont fait et comme je viens de le faire depuis quelques minutes. Comment moi-même et ses contemporains,  n’ont-ils rien compris au message de Jésus, au point de le tuer pour étouffer dans sa bouche le mot amour dont il illustrait tous ses propos ? Ce mot mille fois répété, mille fois commenté correspondait dans sa pensée à tous les barreaux de l’échelle sur lesquels montaient  les anges pour entraîner les hommes vers le ciel et sur lesquels ils descendaient à leur tour  pour permettre à Dieu de parvenir jusqu’aux hommes

Dans cet Evangile le mot amour donne une coloration particulière au comportement de Dieu. L’amour est cette attitude qu’il prend pour ne pas rester séquestré dans  le ciel où les hommes ont coutume de l’enfermer avec ses anges. En fait, son but est  de rejoindre  la  terre afin de se faire plus proche  possible de l’humanité.

Mais qui pourrait croire que ce simple mot, amour  pourrait  porter  en lui seul toute la Loi et les Prophètes ? Pourtant, ce mot, contient en lui-même toute la passion de Dieu pour l’homme. Cette passion le comble de joie qu’il tient à partager avec nous. Dieu se révèle dans ce  seul mot comme un passionné de l’homme.

C’est cet aspect de lui-même que Dieu   se plait à nous faire découvrir quand nos chemins se croisent. Au loin donc, tout sentiment de culpabilité ! Dieu est un passionné de l’humanité, il ne s’applique à exister que pour elle et c’est pour elle, nous suggère le récit de la création, qu’il aurait tout créé afin que les hommes se complaisent à  vivre en sa présence.

Pour Dieu, la passion  qu’il a pour les hommes découle normalement  de son  amour pour eux  si bien que même si le mot passion n’est pas dans l’Evangile,  il se déduit de l’amour auquel il se réfère, si bien que  les deux mots amour et passion vont ensemble. Ces  deux mots  nous  sont donc donnés  pour éclairer nos cheminements au cours de notre existence. Ces mots ils révèlent aux hommes le seul comportement qu’ils doivent avoir en toute circonstance. Il s’agit d’aimer passionnément ce monde où Dieu les pousse à agir pour le mieux-être de tous.

Ainsi notre comportement vis-à-vis de Dieu devrait-il être contenu dans cette seule prière : «  Seigneur, apprends-nous à aimer » nous devrions la faire  sans cesse  quand nous aurons compris  que là est la seule règle qui nous vient de Dieu pour vivre sur terre selon sa volonté, car c’est dans cette action  que se trouve le salut auquel  nous aspirons. Nous sommes ainsi amenés à considérer que chaque fois qu’une menace pèse sur l’humanité, il se trouvera toujours assez d’individus capables d’aimer  pour renverser le cours de la situation dans laquelle ils se trouvent.

Cela pourra prendre du temps, mais sous l’inspiration de Dieu qui ne cesse  de nous accompagner cela se produira.

Ce n’est donc pas le génie humain qui déterminera le cours de l’histoire, ni sa brillante intelligence mais la capacité  des hommes à aimer leurs semblables  et à coopérer ensemble pour gérer le monde que Dieu a créé pour eux. C’est donc en pratiquant l’amour dans toutes les acceptions du possible que s’écrit l’avenir.

C’est en mettant  en notre cœur cette capacité à aimer que Dieu nous a donné la clé de l’avenir. Certes  il se trouvera toujours quelques individus pour penser le contraire qui négligeront Dieu  et penseront que l’avenir est lié  à la manière dont les feront usage de leur brillante intelligence, mais la clé résidera toujours  dans leur capacité à aimer, sans quoi l’humanité ne pourrait exister  car l’amour est constitutif de la personnalité  humaine et l’avenir du monde ne peut se faire si nous n’usons pas de cette capacité. Le secret que nous révèle Dieu, c’est que notre capacité à aimer  est déterminante à tel point que Dieu a choisi le mot amour pour manifester sa propre existence, car Dieu est amour nous dit Jean.

Amen.

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