34 Alors Pierre prit la parole : En vérité, dit-il, je
comprends que Dieu n'est pas partial, 35 mais qu'en toute nation celui qui le craint et pratique
la justice est agréé de lui. 36 Il a envoyé la Parole aux Israélites, en leur annonçant
la bonne nouvelle de la paix par Jésus-Christ : c'est lui qui est le
Seigneur de tous. 37 Vous, vous savez ce qui est arrivé dans toute
la Judée, après avoir commencé en Galilée, à la suite du baptême que Jean a
proclamé : 38 comment Dieu a conféré une onction d'Esprit
saint et de puissance à Jésus de Nazareth qui, là où il passait, faisait du
bien et guérissait tous ceux qui étaient opprimés par le diable ; car Dieu
était avec lui. 39 Nous sommes témoins de tout ce qu'il a fait
dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Celui qu'ils ont supprimé en le pendant
au bois, 40 Dieu l'a réveillé le troisième jour ; il
lui a donné de se manifester, 41 non à tout le peuple, mais aux témoins désignés d'avance
par Dieu, à nous qui avons mangé et bu avec lui après qu'il s'est relevé
d'entre les morts. 42 Et il nous a enjoint de proclamer au peuple
et d'attester que c'est lui que Dieu a institué juge des vivants et des morts. 43 Tous les prophètes lui rendent ce
témoignage : quiconque met sa foi en lui reçoit par son nom le pardon des
péchés.
Nous devrions être des gens heureux et
épanouis dans le monde où nous sommes.
Certes tous n’ont pas le même
sort et nous ne devrions pas négliger
les injustices qui sont faites au mal chanceux dans notre pays et dans
les autres. Mais si on se permet de
jeter un regard sur le passé, nous
constaterons que le sort de ceux qui
vivaient, ne serait-ce que deux
générations plus tôt, ne souffre pas la
comparaison avec la nôtre. Malgré les insatisfactions dont on ne cesse de faire état, nous sommes
bien forcés d’admettre que les
techniques de progrès ne cessent de battre des records d’ingéniosité et nous
espérons qu’en dépit de la surpopulation
de la planète, le génie humain réussira à nourrir tout le monde et à gommer les
dernières difficultés qui font encore de l’ombre au tableau de notre
insatisfaction.
Certains de la capacité humaine à surmonter
les obstacles, il est évident
semble-t-il que nous nous avançons vers
un avenir serein et sans nuage puisque les désastres causés par les guerres sont définitivement relégués au magasin des choses
dépassées. Pourtant un tel
discours est perçu comme relevant d’une utopie ridicule. Et
on se gausse à l’idée que quelques
illuminés pourraient tenir un tel
langage. Face à un tel discours, chacun s’empresse
d’énumérer les causes d’insatisfaction qui contrediraient les propos qui
viennent d’être suggérés. Il faut donc
se résigner au constat selon lequel l’homme, au faîte de sa réussite technique et à la veille de
mettre en place des prouesses médicales inespérées ne réussit pas à rendre ses
peuples heureux. Que leur manque-il donc ? S’ils le savaient ils sauraient
dans quel sens orienter leurs recherches, mais ils ne le savent pas.
En fait l’insatisfaction que tous ressentent
ne se formule pas de la même manière chez les uns et chez les autres. De ce constat nous comprenons que l’homme qui se comporte comme un champion de la
découverte et s’affiche comme un prince de l’invention, qui est
également un génie de la technique est
en fait insatisfait de lui-même. Son insatisfaction et sa morosité ne viennent pas de l’extérieur
de lui, mais lui sont intérieurs. Ce
phénomène sévit à tous les niveaux de la
société et n’épargne personne parce qu’on
ne peut retourner ses griefs contre personne.
On ne peut même pas accuser les autres
car chacun fait partie des autres
et partage la morosité collective.
Jadis, les hommes savaient donner des noms à
ce qui les perturbait et ils savaient la cause de leurs inquiétudes.
Ils accusaient les mauvais génies qui
peuplaient les forêts et qui se faisaient la guerre entre eux au détriment des hommes.
Ils pensaient aussi que les dieux dans les lieux où ils se trouvaient se
jouaient des humains et éprouvaient un malin plaisir à leur rendre la vie rude. Quand le génie
humain (encore lui) a compris que les
esprits de la forêt étaient inoffensifs
parce qu’inexistants et que le
Panthéon ou l’Olympe étaient sans
locataires parce qu’il n’y avait qu’un seul Dieu pour régenter l’univers, les humains
n’en sont pas moins restés inquiets.
Leur angoisse a seulement changé
d’aspect. Bien évidemment cela ne s’est
pas fait d’un seul coup, mais c’est dans ce sens là que s’est fait l’évolution de
la pensée, par un transfert et une modification des angoisses, et c’est Dieu
lui-même qui en fut le sujet.
Les humains ont alors pensé
que leurs malheurs et leurs inquiétudes avaient
pour origine leur mauvaise relation avec ce Dieu tout puissant qui, pour
régner en maître, était jaloux de ses prérogatives et faisait subir des
sévisses à l’humanité insoumise et désobéissante. C’est au
moment où cette crise s’est faite
insupportable qu’est née la Réforme comme une forme de révolte contre ce
Dieu insupportable, comme si Jésus
Christ n’avait rien changé auparavant au cours
des choses. Apparemment son action n’avait pas suffi et la crainte
n’avait pas disparu. Tous les hommes n’en avaient pas été libérés.
Il y avait donc, encore d’autres
comportements à dénoncer. Pourtant
depuis des siècles Jésus avait fait tout
le travail, mais on n’avait pas vraiment
compris ce qu’il était venu apporter.
Si
dans les temps modernes que nous traversons les croyances en Dieu se sont atténuées et ont rendu
Dieu inoffensif, croit-on, les
angoisses ont subsisté cependant. Ce n’est pas en s’écartant de Dieu que les
choses allaient changer pour ceux qui ne croyaient plus en lui. Ils auraient mieux fait d’écouter ce que Jésus avait dit à son sujet jadis, et d’essayer de comprendre quelles solutions il avait
tenté d’apporter à leurs peurs. Un retour aux sources s’impose donc. On découvrira
alors que Jésus demandait aux siens
d’inverser les valeurs pour que tout change et que les peurs se transforment en
espérance.
Souvenez-vous
des propos de Jésus quand il parlait
de Dieu, c’est à un Père bien veillant et miséricordieux qu’il nous
adressait et il donnait des tas d’exemples où ce Père était en décalage complet
avec l’image qu’on se faisait traditionnellement de Dieu. Il accueillait son
fils débauché sans repentir, absolvait une femme adultère sans aucune
réserve, promettait le salut à des païens aussi bien qu’à des samaritains ou à des
juifs. Avant tout le Dieu dont il parlait était infiniment
bon, et préférait faire aveu de
faiblesse plutôt que de faire violence contre qui que ce soit. Appelez le donc
Papa, et vous verrez que ça changera vos relations avec lui.
Ne pensez pas non plus que ce Dieu voulait
punir les hommes en leur envoyant toutes
sortes de maladies, mais c’est plutôt
lui qui cherchait à les guérir
quand ils étaient en souffrance. Jésus mêlant le geste à la parole imposait les
mains aux malades et ils étaient guéris. Si vous croyez encore que Dieu voulait imposer sa toute puissance aux hommes
en menaçant de les punir de leurs péchés par les effets
destructeurs des éléments
déchaînés, tournez les regards vers Jésus qui apaisait la tempête pour
sécuriser ses amis inquiets. Jésus était habité par l’esprit de Dieu qui
refusait d’agir contre les hommes pour les contraindre à l’obéissance. Au contraire, il leur communiquait l’énergie de son esprit qui
les rendait capables de voir les
choses autrement et d’agir autrement.
C’est en tenant des propos semblables que Pierre s’est adressé
aux païens stupéfaits. Ce discours nouveau les a étonné et les a séduits. C’est
alors qu’ils ont senti l’esprit les pénétrer
et qu’ils se sont mis à croire à ce Dieu qui se présentait d’une
manière toute nouvelle, qui les déculpabilisait et qui colorait l’avenir
d’espérance.
Il y a cependant un pas de plus à faire. Il ne suffit pas seulement de croire. Il faut encore donner du sens à sa vie
en se laissant guider par cet
esprit qui s’impose à nous de la part de Dieu et donne du sens à notre ’avenir.
Mais l’avenir, c’est quoi ?
Si l’esprit de Dieu nous habite tout entier,
il habite notre présent et aussi notre avenir si bien que la mort qui nous attend prend un tout autre aspect. Elle devient certes la
fin de quelque chose, mais elle devient aussi le début d’autre chose si bien
que la mention de la résurrection arrive ici comme une cerise sur le
gâteau pour apporter une conclusion
positive à notre propos.
Jésus
a été le témoin de ce Dieu qui nous invite à voir les choses autrement. Il a manifesté que le mot « divinité »
se confondait avec celui de « bonté » et aussi avec celui de « vie »,
c’est pourquoi le pardon des péchés a
pris une si grande place dans ses propos. Il est désormais important pour nous que
nous orientions notre vie pour
que tout cela devienne vérité en nous. C’est alors que l’espérance qui se
manifestera au travers de nos dires et
de nos faires sera le meilleur témoignage que
nous pourrons rendre à ce Dieu qui domine nos craintes, anéantit nos
peurs et nous ouvre à une vie véritable.
Ces
quelques illustrations de van Gogh me semblent aptes à illustrer ce qui vient
d’être écrit
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