lundi 27 octobre 2014

Marc 13:34-37 veillez dimanche 30 novembre 2014





Marc 13/ 34 Il en sera comme d'un homme qui, partant en voyage, laisse sa maison, donne autorité à ses esclaves, à chacun sa tâche, et commande au gardien de la porte de veiller. 
35 Veillez donc, car vous ne savez pas quand viendra le maître de maison : le soir, ou au milieu de la nuit, ou au chant du coq, ou au matin ; 36 craignez qu'il n'arrive à l'improviste et ne vous trouve endormis. 37 Ce que je vous dis, je le dis à tous : Veillez.


Écoutez : N’est-ce pas le pas d’un homme que l’on entend sur la route ? Il marche, indifférent aux paysages changeants qu’il traverse. Il trouve que tout est terne et monotone. Il n'entend pas le chant des oiseaux qui accompagnent ses pas et il maudit le vacarme qu’ils font et qui l’empêche de penser. Parfois son pied butte sur un des rares cailloux qui par hasard se trouve sur l’asphalte bien lisse ! Comment pourrait-il avancer sur ce mauvais chemin maugrée-t-il ? Où va-t-il ainsi, ce grincheux à l’humeur morose ? Il ne sait pas. Bien évidemment ce pèlerin est un des multiples aspects de nous-mêmes que nous offrons à nos vis-à-vis quand l’humeur du jour nous porte à la morosité.

Ce marcheur résigné pense qu’il a été placé par hasard sur ce chemin  qui ne mène nulle part, pour y accomplir son destin. Il n’a pas de véritable compagnon de route et cache son désarroi dans une indifférence affichée. Insensible à tout ce qui l’entoure, il s’appesantit sur son propre sort et ne songe qu’à se plaindre. Mais cette indifférence aux événements cache son angoisse, car en fin de compte il a peur..

De quoi a-t-il peur ? Qui l’effraye ainsi ? Il ne saurait dire la nature du malaise qui l’étreint. Si d’aventure un compagnon de route règle ses pas sur les siens, c’est leurs angoisses qu’ils mettent en commun, et au lieu de s’exorciser mutuellement, leurs craintes ne font que s’accroître en se nourrissant mutuellement.


Ce phénomène de peur inavouée qui se cache derrière un marasme ostensible, n’est pas habituel. Il est exceptionnel. Mais périodiquement il s’empare de  notre esprit et nous met en communion avec tous ceux qui éprouvent les mêmes symptômes. Il arrive  aussi que  ce soit tout un peuple qui soit traversé de moments où un tel état de déréliction se généralise et n’épargne aucune couche sociale. Chacun pense la chose naturelle si bien qu’aucun ne s’interroge vraiment sur son origine. Une explication trop facile ne serait sans doute pas la bonne : c’est la crise, dit-on ! Comme si ce mot recouvrait à lui seul toutes les terreurs humaines, comme si l’expérience chrétienne n’avait laissé aucune trace dans ce peuple.

Une autre explication facile que l’on entend souvent, est celle du manque de repères et de la perte du sens. Ceux qui éprouvent ce sentiment n’arrivent pas à trouver hors d’eux-mêmes, ou au fond d’eux-mêmes une explication plausible. Leurs références à Dieu se sont altérées, au point qu’ils ne font plus confiance à celui en qui ils croyaient  il y a peu encore. Ils ont commencé, sans même en être conscients à se séparer de ce Dieu dont ils ne supportent plus les attributs autoritaires, velléitaires, coléreux et intolérants. Ils ne croient plus en celui en qui ils voyaient comme un divin compagnon de route. Leur parcours se fait désormais solitaire. C’est alors un silence consternant qui fait écho à la voix de ce Dieu qui jadis déplaçait des foules de fidèles par milliers.

Le vide ne se satisfait jamais du vide et bien vite ce sont d’autres formes de Dieu qui prennent la place de celui que l’on ne connaît plus. Ces autres formes de  divinités sont différentes de ce Dieu désormais oublié. Comme toujours les hommes se construisent des idoles pour répondre à leurs manques et ils espèrent qu’elles donneront du sens à ce qui n’en a plus. C’est ainsi qu’ils conjurent leurs peurs. Ils ont agi ainsi de tout temps. Si les idoles ont changé de visage au cours des siècles, elles recouvrent toujours la même réalité, elles sont construites par les hommes pour répondre aux angoisses du moment, même s’ils savent pertinemment que ces angoisses, c’est eux qui les ont provoquées. Aujourd’hui elles portent le nom de consommation ou d’évasion, autrefois c’était celui d’ industrialisation, de collectivisme et bien plus avant dans le temps encore, c’était Zeus, Marduk et Jéhovah qui arbitraient leurs frayeurs

Régulièrement, comme si c’était un exutoire, des rumeurs venues des fins fonds du monde se répandent et contrarient la quiétude artificielle que se sont chèrement acquise les humains. On se souviendra des peurs de l’an mille qui n’avaient d’autres fondement que le changement de millénaire. Le Moyens âge terrorisé par l’idée de l’enfer a trouvé son apaisement dans la Réforme. Aujourd’hui, ce sont les formes violentes qu’empruntent les religions qui nous inquiètent .

Curieusement, la rumeur se répand, pour dire  alors que celui  qui gèrent le monde a besoin du concours de mercenaires agressifs et violents pour imposer sa loi. Il est facile alors d’écrire ou de dire que tel est le destin du monde puisque Dieu le veut ainsi. Si telle est la clé de l’énigme, tout cela ne correspond en rien à l’image de Dieu telle que Jésus Christ nous la donne.

Le Dieu  qui accompagnait  Jésus Christ cherche à nous libérer de toutes nos peurs et non à les provoquer. Il agit avec amour et compassion. Il est lent à la colère et prompt à la miséricorde. Comment aurait-il pu décider  de se cacher derrière la violence des hommes en quête de réponse à leurs marasmes ?

Dans ce long passage de l’Évangile de Marc dont nous n’avons retenu qu’un extrait, Jésus ne cache pas que des événements terribles peuvent se produire et se sont sans doute déjà produits, mais il n’accuse pas Dieu son Père de les provoquer, au contraire Jésus cherche à nous mobiliser pour que les jours où des événements dramatiques se produisent, nous ne soyons pas démunis et désemparés, car l’histoire des hommes est régulièrement traversée par des catastrophes.

Si Jésus nous mobilise pour faire face au danger, c’est qu’il est possible de le surmonter et qu’il ne vient pas de Dieu. Les colères que l’on attribue au Dieu, révélées dans l’Ancien testament ne furent racontées  comme elles le furent  que pour dissimuler  ses excès de tendresse que les hommes ne comprenaient pas. Ainsi, dans le récit où Caïn tua son frère Abel, il nous  est dit que Dieu chercha à sauver le meurtrier et à le protéger de sa propre violence.  Quand le déluge menaça de recouvrir la planète entière, c’est pour sauver l’humanité que Dieu envoya Noé.  Quand le peuple d’Israël méditait à Babylone sur les conséquences de ses actions qui l’emmenèrent en exil, c’est alors que les prophètes annoncèrent  son retour et rendirent évident  les preuves de la mansuétude de Dieu.   

Si plus avant dans le même Évangile, Jésus fait état d’événements annonciateurs de catastrophes prochaines, ce n’est pas pour  alarmer, les hommes mais pour qu’ils mettent leur sagesse en éveil pour interpréter ce qui se passe et prendre les dispositions  que son esprit leur révèle.


Certains lecteurs de l’Évangile prétendent que dans de telles circonstances, la foi ne nous dicte qu’une seule attitude possible : celle de l’attente patiente dans la prière ! Mais tel ne semble pas être l’avis de Jésus. S’il n’exclut pas la prière, il la préconise même, il donne priorité à l’action de veiller. Pour lui l’attitude du croyant est d’abord dans l’agir et non pas dans le subir.

La sagesse consiste donc à savoir que Jésus nous entraîne à l’action, car c’est dans l’action que la vie se manifeste et prend ses droits. Dieu ne cherche pas à rassembler un peuple qui subit, mais qui agit, car ce sont les hommes d’action inspirés par Dieu qui ont en eux les solutions de l’avenir.

C’est par la prière qu’ils comprennent ce que Dieu leur suggère de faire. Car les mains des croyants sont les mains avec lesquelles Dieu agit. Dieu ne nous envoie pas son esprit pour que nous restions inactifs en attendant une délivrance miraculeuse. Veillez donc nous dit Jésus afin de devenir les moteurs de ce monde, car c’est ainsi que Dieu se plait à  nous accompagner et qu’il nous aidera à conjurer nos peurs.


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