jeudi 30 octobre 2014

Marc 1:1-8 Commencement de la Bonne nouvelle Dimanche 7 décembre 2014



Marc : 1- 1-8


1 Commencement de la bonne nouvelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu.
2 Selon ce qui est écrit dans le Prophète Esaïe :
J'envoie devant toi mon messager
pour frayer ton chemin ;
3 c'est celui qui crie dans le désert :
« Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers »,
4 survint Jean, celui qui baptisait dans le désert et proclamait un baptême de changement radical, pour le pardon des péchés. 5 Toute la Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui et recevaient de lui le baptême, dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés. 6 Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins. Il se nourrissait de criquets et de miel sauvage.
7 Il proclamait : Il vient derrière moi, celui qui est plus puissant que moi, et ce serait encore trop d'honneur pour moi que de me baisser pour délier la lanière de ses sandales. 8 Moi, je vous ai baptisés d'eau ; lui vous baptisera dans l'Esprit saint.

Quand l’étale d’un libraire, vous parcourez un livre que  vous découvrez pour la première fois, comment procédez-vous ? Il n’y a certainement pas de bonne méthode ni de technique appropriée, chacun suit son propre instinct. Je ne peux donc que parler de ma pratique personnelle en supposant qu’elle rejoint celle de la plupart d’entre vous.

Si c’est un roman qui me tombe dans les mains,  je regarderai d’abord en dernière page de couverture le petit texte qu’a écrit l’éditeur et qui a pour but d’inciter le lecteur à lire le livre. Je regarde ensuite les appréciations que l’éditeur a trouvées dans la  presse pour venter  l’ouvrage, mais je ne lis ni la table des matières, ni le dernier chapitre pour ne pas enlever son intérêt à l’ouvrage.

Par contre si le livre défend une thèse historique, philosophique, politique ou théologique, je procède différemment. C’est à la conclusion que je me rends d’abord avant de lire la préface qui n’est généralement pas de la plume de l’auteur mais qui est écrite de la main de quelqu’un de célèbre qui recommande la lecture. Sans doute procédez-vous d’une manière semblable.

Et les Évangiles, comment les abordez-vous ?  Même s’ils sont édités dans la Bible, ce sont des ouvrages indépendants les uns des autres et doivent être abordés comme des ouvrages distincts à part entière. Procéderons-nous de la même manière que ce que nous venons de dire ? Non bien sûr car nous savons déjà des tas de choses sur les Évangiles.  Nous savons comment  ils se terminent  et nous croyons en connaître le début. Pas de surprise donc, nous pensons  avancer en terrain connu.  Nous butinons dans les textes et nous nous arrêtons sur l’une ou l’autre des péricopes  qui retient particulièrement  notre attention car on peut lire les chapitres indépendamment de l’ordre dans lequel ils nous sont proposés.

C’est l’Évangile de Marc que nous ouvrons ce matin. Nous croyons tout savoir à son sujet. La fin, on la connaît ! Pas si sûr ! En y regardant de près, en lisant les notes  qui y figurent en bas de page, on découvre que l’éditeur, le premier, celui de l’an 70 de notre ère, dont on ne sait rien, a éprouvé le besoin de rajouter  8 versets supplémentaires au  dernier chapitre  qui  était sensé se terminer  au verset 8 du chapitre 16. Il a voulu ainsi  adoucir la conclusion trop rapide et inquiétante que l’auteur,  Marc a proposé. L’a-t-il voulu ainsi, ou la fin a-t-elle été perdue, nul ne le sait. La plupart des éditions modernes de la Bible font apparaître ce particularisme de l’Évangile de Marc par des notes appropriées  (1)  En effet le texte de Marc s’arrête sur le récit de la fuite des femmes effrayées qui quittent les abords du  tombeau vide sans  ne  rien dire à personne de l’événement. Au lecteur d’y  trouver son compte.  C’est à cause de cette conclusion surprenante que très vite, on a rajouté une autre finale plus conforme aux autres évangiles.

Poursuivons notre découverte de l’Évangile et aventurons-nous vers d’autres surprises. Le début, on le connaît ! Pas si sûr ! Il ne parle pas du récit de l’enfance. Il s’ouvre directement sur le récit de Jean Baptiste. Nous sommes tentés de passer vite, car il ne mentionne pas les détails intéressants,  que fournissent les autres évangiles. En fait ces quelques  huit versets que nous avons lus servent plutôt de préface à tout l’Évangile.  Comme les préfaces des livres connus sont généralement écrites par d’autres auteurs pour nous inciter à lire le livre nous n’y accordons que peu d’intérêt puisque nous avons déjà entrepris sa lecture, et nous passons vite. Nous avons tort!

Cette préface est de la même main que l’auteur de l’Évangile. Elle est donc de la plume de Marc. Nous avons là en 8 versets un chef d’œuvre de concision qui nous donne tout ce qu’il nous faut savoir pour apprécier à sa juste valeur la bonne nouvelle qu’il va nous relater.

Contrairement au dernier verset du dernier chapitre ( Marc 16 verset 8)  qui nous parle de la peur des femmes, les notes introductives, ici  s’ouvrent  sur une promesse dont la réalisation nous projette en plein ciel dans un projet de changement radical de notre conception de Dieu : «  Il vous baptisera d’Esprit  saint ! » Dit-il.  Cela veut dire  que notre relation à Dieu ne sera plus conditionnée par la pratique rigoureuse des consignes de la Loi, mais par une révolution provoquée en nous  par l’irruption du Saint Esprit dans notre vie intérieure. C’est totalement différent de ce qui était enseigné jusqu’à maintenant.

C’est sans doute, parce qu’elles constatent en voyant le tombeau vide, que cette transformation radicale, est déjà en train de se produire en elles que les femmes éprouvent de la crainte. Ainsi la vraie conclusion de cet évangile n’est pas dans la crainte des femmes, ni dans les 8 versets rajoutés, mais dans les versets d’introduction, au tout début de l’Évangile, par l’annonce de l’effusion de l’Esprit sur tous ceux qui croient. Le récit de la résurrection  et de l’apparition du ressuscité passent au second plan car ils sont la conséquence de ce moment rapporté ici au tout début de l’Évangile.

Reprenons donc sereinement le contenu de ces 8 premiers versets qui pour nous parler de la « bonne nouvelle » commencent par le récit du ministère de Jean baptiste. Mais ce n’est pas le personnage qui est important, c’est pourquoi Marc reste sobre à son sujet et  n’en parle presque pas. Ce qui est important, ce n’est pas ce qu’il a fait  c’est l’itinéraire spirituel qu’il nous invite à faire. C’est d’abord  la voix du prophète Esaïe qui retentit par sa bouche. En effet,  c’est la reprise du message des prophètes qui  prédomine dans l’enseignement de Jésus. Ce message donnait priorité au culte en esprit, face aux exigences de la Loi. Ainsi s’ouvrait  une ère nouvelle  que Jésus était venu inaugurer. 

L’enseignement des prophètes avait pour but de  libérer les croyants du carcan de leur péché. Il leur proposait de revenir à Dieu par une pratique  de la justice et du respect du prochain et  de  s’inquiéter du sort de la veuve et de l’orphelin  plutôt que  de s’attacher à  une pratique du culte du Temple. (2)

Jean Baptise, par son enseignement et par son vêtement replongeait ses lecteurs dans cette atmosphère. Il portait une tunique en poil de chameau qui était le même vêtement que portait Élie, le prince des prophètes qui fut enlevé au ciel et échappa ainsi à la mort. Jean Baptiste annonçait  par son comportement  qu’avec la venue de Jésus, une nouvelle page était en train de se  tourner. Les choses ne seront plus comme avant, une relation nouvelle avec Dieu allait s’établir et rien, ni le péché ni la mort, ne viendraient désormais altérer ces temps nouveaux  qui viennent d’être annoncés par les toutes premières lignes de l’Évangile, avant que le récit soit pratiquement commencé. Ainsi  les 8 premiers versets contiennent-ils déjà tout le message de l’Évangile et méritent-ils que l’on s’arrêtent sur eux.

(1)  Cette information n’est pas une vue de l’esprit, ni une invention de ma part. Eusèbe et Jérôme l’avaient déjà constatée. En effet, les versets rajoutés sont d’un style différent de celui du reste de l’ouvrage. Ce court passage utilise 20 mots qui ne sont utilisés nulle part ailleurs dans cet Évangile. Ce simple constat suffit à démontrer que ces 8 versets ne sont pas  de la même main que  le reste de l’évangile.

(2)   Jérémie 6/20

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