La nouvelle alliance
31 Les jours viennent
— déclaration du SEIGNEUR — où je conclurai avec la maison d'Israël
et la maison de Juda une alliance nouvelle, 32 non pas comme l'alliance que
j'ai conclue avec leurs pères, le jour où je les ai saisis par la main pour les
faire sortir d’Égypte, alliance qu'ils ont rompue, bien que je sois leur maître
— déclaration du SEIGNEUR. 33 Mais voici l'alliance que je conclurai avec
la maison d'Israël, après ces jours-là — déclaration du SEIGNEUR : Je
mettrai ma loi au dedans d'eux, je l'écrirai sur leur cœur ; je serai leur
Dieu, et eux, ils seront mon peuple. 34 Celui-ci n'instruira plus son prochain,
ni celui-là son frère, en disant : « Connaissez le
SEIGNEUR ! » Car tous me connaîtront, depuis le plus petit d'entre
eux jusqu'au plus grand — déclaration du SEIGNEUR. Je pardonnerai leur
faute, je ne me souviendrai plus de leur péché.
En dépit de ce que l’on dit sur le droit que
l’on a de tout dire, même les choses les
plus provocantes sur Dieu, ses saints et ses prophètes, c’est pour ma part un sentiment d’une exaltation inexprimable que
j’éprouve quand je pense à Dieu. Je me sens habité par une réalité qui me dépasse, qui me rend heureux et qui n’appelle pas d’autres commentaires. Mais en disant cela j’éprouve
aussi l’impression que je vais rejoindre les rangs de ceux que l’on
accuse d’être irrespectueux envers Dieu car je n’éprouve que peu d’intérêt pour tous les éléments que l’on ajoute au cours du culte sous la mention
de confession de foi et qui viennent nuancer les propos que je viens de
formuler. Ils ne me sont d’aucune
utilité pour exprimer mon amour pour Dieu. Ma foi est un émerveillement face à
Dieu dans lequel Jésus m’entraîne, et je
ne saurais rien ajouter.
Cette remarque pourrait être perçue comme un blasphème pour
ceux qui construisent leur foi
dans la tradition des religions révélées si je ne trouvais un écho de
tout cela dans les lignes que nous venons de lire, sous la plume du prophète
Jérémie. Il semble nous inviter à faire la part des choses et à concentrer
notre attention sur la bonté de Dieu sans tenir compte de ce qu’on peut dire
sur lui par ailleurs.
Pourtant, les religions, en tout cas pour le
peu de ce que j’en connais parlent d’un
Dieu qui est déçu par l’humanité qu’il a créée et qu’il cherche à remettre sur
la bonne voie. Pour les uns il
s’acharne à sauver les hommes au prix du
sang de son fils, pour les autres il les appelle à la raison en leur demandant
de se soumettre à une morale établie depuis la fondation du monde. En échange
de leur soumission il promettrait aux hommes un paradis illusoire. Pour
d’autres encore il serait perçu comme celui qui a tout prévu à l’avance et qui
aurait inscrit l’avenir dans un destin déjà programmé. Il envisagerait même que
l’humanité et l’univers pourraient
disparaître dans une catastrophe finale, dont lui seule connaîtrait la date et
l’heure, pour se régénérer dans un paradis, copie de notre monde actuel, le
péché en moins.
Beaucoup font un judicieux mélange des ces différentes
traditions, et nombreux les tournent en dérision. En fait, la plupart des,
occidentaux se satisfont aujourd’hui de leur vie quotidienne et relèguent Dieu
au magasin des accessoires inutiles. Ils
se réjouissent même de toutes les caricatures que l’on pourrait faire de Dieu car elles
justifieraient leur prise de distance par rapport à lui. Je viens à la fois de
dénoncer l’aspect inquiétant de Dieu auquel se réfèrent les religions établies
mais en même temps je n’ai pas omis de
dire que je trouve en lui bonheur, joie
et espérance.
C’est comme si j’essayais de
dire que la tradition religieuse prêtait à Dieu deux visages et que le plus connu, celui du Dieu sévère jaloux de sa création ne serait
que l’ombre de celui qui se
révéla un jour à Élie sur la montagne dans un souffle tiède et apaisant et sur le quel je voudrais
attirer votre attention, car c’est lui seul qui mérite notre adoration ( 1 Rois
19/13). Certes la Bible nous donne ce
double portrait de Dieu mais elle n’insiste sur le premier que pour mettre en évidence sa vraie
nature représentée par le second.
Il y a en effet, des traditions anciennes,
qui remontent du fin fond des âges. Elles étaient déjà formulées avant que Socrate, Platon et
bien d’autres se soient exprimés et elles voyaient Dieu sous un autre jour que
celui que les religions ont habituellement retenu. Pour ce qui nous
concerne, c’est de Jérémie qu’il s’agit aujourd’hui. Jérémie, mais aussi
Esaïe et Ézéchiel. Ils sont les premiers à avoir pris des libertés dans
la description qu’ils faisaient de Dieu.
Ils l’ont caricaturé au point d’attirer
la colère de leurs congénères sur eux.
Jérémie a bénéficié de la protection d’amis puissants et de la faiblesse
des rois sans quoi il y aurait laissé sa vie.
Il était un opposant politique et
se servait de sa conception de Dieu pour argumenter ses propos contre les
puissants.
Pour parler de Dieu, Jérémie n’hésitait pas à tourner en dérision le culte
et les liturgies de la religion officielle. Il critiquait aussi bien la valeur
des sacrifices que la circoncision, il
ridiculisait aussi les idoles des
religions païennes. Il se faisait l’ennemi de tous en prenant des
libertés avec le culte et le pouvoir. Il
agissait au nom d’un Dieu dont il
présente un portrait peu usuel dans les conclusions de son propos que
nous avons lu tout à l’heure et qui ressemble trait pour trait à celui que je dressais dans les mots
d’introduction de ce sermon : «Je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je
l’écrirai sur leur cœur… tous me connaîtront du plus petit jusqu’au plus
grand, je pardonnerai leur fautes et je ne me souviendrai plus de leur péché ».
Jérémie fait ici grand cas des voix
intérieures qui animent notre esprit. Pour lui, la sagesse de Dieu est inscrite
dans notre cœur comme une vérité
éternelle que nul ne peut révoquer. Il
affirme aussi, que si la conscience du péché nous trouble et nous empêche de
vivre, son pardon nous est acquis par
l’effet de sa bonté et de l’amour qu’il a pour nous, car déclare-t-il, il a
déjà oublié le péché dont le
souvenir nous perturbe. Jérémie se veut
le témoin d’une tendresse universelle qui enveloppe le monde et qui préside à
tous nos comportements.
Ce serait
bien si les choses allaient vraiment
ainsi. Ce serait bien si le monde vivait dans cet état de grâce
permanente et de générosité généralisée,
mais il n’en est rien. Le monde n’est pas cet univers de bonté auquel je fais allusion. Peut-on alors en déduire que si le monde
n’est pas ainsi, le portrait de Dieu, tel qu’on vient de le faire à la suite
des propos de Jérémie n’est pas véridique et que nous nous sommes fourvoyés en
appuyant cette thèse ?
Jérémie a eu la sagesse de mettre son propos
au futur, c’est en tout cas ainsi que les traducteurs l’ont rendu, comme pour
dire que ce qui n’est pas encore réalisé aujourd’hui, le sera demain. Il place l’humanité dans la perspective
d’une évolution positive. Pour lui, Dieu est bien partie prenante de cet esprit
d’amour qui habite le monde depuis l’origine des temps et il ne cesse de souffler sur le monde afin qu’il ait un
impact sur l’évolution des choses.
L’homme en particulier a vocation
d’en répercuter les effets dans toutes ses actions.
Sans doute, à court terme cela n’est pas
perceptible, le soleil continue à briller
sur les bons et sur les mauvais, mais qui pourra contester que la vision de
Dieu sur l’évolution des choses s’inscrit dans une dynamique positive ?
C’est de cette vision des choses que s’est emparé Jésus pour en faire jaillir
son admirable Évangile. Il a tellement
cru en cette vérité qu’il a joué sa vie pour lui donner de la réalité. C’est
pourquoi il nous a invités à prendre sa suite et à l’imiter.
Bien entendu tout n’est pas encore dit. La
vision d’un Dieu répressif et autoritaire est tenace. Elle continue à occuper
l’esprit de nombreux humains qui
trouvent qu’il est plus confortable de voir le monde évoluer sans vraiment s’en
mêler. Ils en font un argument de foi et prétendent ainsi faire confiance en
Dieu qui dans sa sagesse dirige le monde à son gré. Ils préfèrent raisonner
ainsi plutôt que de mettre leurs bras, leur esprit et leur intelligence au
service d’une vision positive d’un futur dynamique.
Tant pis si la défense de cet autre aspect
des choses est blasphématoire, elle a pour mérite de s’opposer à la passivité
des hommes qui prennent leur foi comme prétexte pour ne pas agir. Elle se donne pour être le reflet de l’Évangile de Jésus Christ et
elle tient la route aujourd’hui pour aider à discerner l’avenir du monde d’une
manière positive.
J'ai choisi d'illustrer ce sermon avec des peintures naïves trouvées sur Internet pour que vous laissiez votre esprit prendre la suite de ce Dieu qui ne vous veut que du bien.
J'ai choisi d'illustrer ce sermon avec des peintures naïves trouvées sur Internet pour que vous laissiez votre esprit prendre la suite de ce Dieu qui ne vous veut que du bien.
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