vendredi 10 avril 2015

Jean 17:11-19 Dieu et le monde - dimanche 17 mai 2015



Jean 17/11-19


11 Je ne suis plus dans le monde ; eux sont dans le monde, et moi, je viens à toi. Père saint, garde-les en ton nom, ce nom que tu m'as donné, pour qu'ils soient un comme nous. 12 Lorsque j'étais avec eux, moi, je les gardais en ton nom, ce nom que tu m'as donné. Je les ai préservés, et aucun d'eux ne s'est perdu, sinon celui qui est voué à la perdition, pour que l'Ecriture soit accomplie. 13 Maintenant, je viens à toi, et je parle ainsi dans le monde pour qu'ils aient en eux ma joie, complète. 14 Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a détestés, parce qu'ils ne sont pas du monde, comme moi, je ne suis pas du monde. 15 Je ne te demande pas de les enlever du monde, mais de les garder du Mauvais. 16 Ils ne sont pas du monde, comme moi, je ne suis pas du monde. 17 Consacre-les par la vérité : c'est ta parole qui est la vérité. 18 Comme tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. 19 Et moi, je me consacre moi-même pour eux, pour qu'eux aussi soient consacrés par la vérité.

Le monde dans lequel nous sommes nous enserre de toute part et nous sommes comme immergés en lui. Il évolue selon des règles qui ne sont pas celles de Dieu si bien que nous sommes tiraillés entre Dieu à qui nous cherchons à plaire et le monde aux règles duquel nous sommes soumis.  En constatant cela, nous ne pouvons pas ne pas nous  poser la question de savoir comment  s’opère la présence de Dieu au monde.
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La première remarque à faire, et le texte nous aide à le comprendre,  c’est que Dieu et le monde ne fonctionnent  pas comme deux forces antagonistes. Nous ne sommes pas dans un système dualiste. Il s’agit plutôt d’une  action de Dieu qui tenterait d’agir sur le monde sans le violenter. L’homme aurait  une action déterminante à jouer  dans cette relation qu’il nous reste à découvrir.

Si nous aspirons à être en bons termes avec Dieu dans une relation  qui relève de l’amour,  nous restons cependant  dominés par nos penchants naturels qui relèvent du monde et nous mettent en opposition avec Dieu.  En méditant cette magnifique prière, dite prière sacerdotale, nous constatons que Jésus a cherché à créer un courant d’unité entre Dieu et le monde, pour le mieux être des hommes, comme si l’un et l’autre évoluaient indépendamment de l’un par rapport à l’autre et qu’il fallait les faire entrer dans une vision commune de l’avenir.  L’action de Jésus a consisté à  chercher  à mêler leurs parcours  au moyen de l’action des hommes qui se rallient  à lui.


Tout se passe comme si le monde était une réalité neutre évoluant avec des règles et des lois immuables  qui lui sont propres auxquelles sont soumis tous ceux qui sont dans ce monde, minéraux ; végétaux et tous les êtres vivants. La règle principale qui régit tout cet ensemble est celle de la raison du plus fort, selon laquelle  celui  qui  détient la force domine  le plus faible. Ainsi,  si la poule mange le ver de terre, celle-ci sera à son tour mangée par le renard qui subira à son tour la loi de plus forts que lui. Cela se passe ainsi  depuis toujours.

Cependant, depuis son apparition sur terre, l’homme a refusé de se soumettre  à cette loi. Bien que faisant partie des espèces  sans vraies  défenses naturelles, il n’entend pas disparaître sous les attaques de prédateurs plus puissants que lui. Il bénéficie d’une prodigieuse intelligence qui lui permet d’échapper à cette loi immuable  et à mettre en cause l’équilibre qu’elle impose à tous ceux qui foulent le sol terrestre. Lentement il s’est imposé comme le dominant le plus redoutable. Mais s’il a détourné les lois du monde et leur a résisté, il les a cependant adaptées à son profit et a déterminé à l’intérieur de son espèce des dominants et des dominés. Il subit à son tour des règles qu’il avait cru écarter.

C’est alors que Dieu entre en jeu. Nous ne savons pas vraiment comment  cela s’est produit et nous n’imposerons à personne une théorie plutôt  qu’une autre. Toutes sortes d’approches ont cours et chacun défendra celle qui lui convient le mieux. Selon les uns, Dieu serait le créateur de toute chose, mais les règles de  fonctionnement lui auraient échappées, mettant sa toute puissance en cause et l’opposant au monde.  Selon  d’autres, Dieu  viendrait d’ailleurs, s’imposerait comme le « Tout autre » et  mettrait sa divinité en opposition aux règles du monde  dont  il essaierait d’infléchir l’évolution en lui imposant de nouvelles règles dans  un élan dynamique et créateur. D’autres encore insistent sur les effets du « big bang », mais là n’est pas la question.

En tout état de cause, la fatalité qui sert de règle à l’évolution du monde ne convient pas à Dieu. Les textes bibliques nous montrent qu’il résiste et cherche à s’impliquer d’une autre manière. Bien avant la venue de Jésus, la Bible a  fait état de cette prétention de Dieu à proposer de nouvelles règles d’évolution : « Le lion mangera de la paille et il ne se  fera plus aucune violence est-il écrit en Esaïe 65/25 et la vache et l’ours auront la même nourriture » 11/7. Bien que de telles réalités soient biologiquement impossibles, elles impliquent l’idée que la règle de domination des uns sur les autres ne doit plus faire loi dans le monde. Ainsi Dieu est-il présenté dans les Ecritures comme celui qui n’accepte pas les règles immuables de l’évolution des espèces  avec la violence pour seule  loi.

Avant de faire une révolution dans le monde de la biologie, contentons-nous de considérer l’espèce humaine.  Elle a pressenti depuis longtemps que la loi de la domination des espèces les plus faibles par les plus puissantes  ne pouvait s’imposer à elle.  Cependant , nous l’avons vu, tout en se libérant de l' emprise de cette loi, les humains l’ont pervertie  et  adaptée au profit des plus privilégiés parmi eux.

Si donc l’homme a compris qu’il fallait s’affranchir des règles du monde, il est quand même resté en partie sous leurs emprises. Sous l’impulsion de Dieu et par le ministère du Christ, il   doit  prendre conscience maintenant  du fait qu’il doit continuer à s’investir dans cette entreprise en se mettant en cause lui-même. Il doit contester  radicalement  ce principe de la Loi du plus fort.  Mais pour cela, il ne peut  pas y arriver seul, il faut qu’il soit aidé.

C’est à ce niveau que Jésus  se propose d’intervenir et le succès de son entreprise comblera Dieu de joie. Si l’homme entreprend de s’affranchir de ces règles qui appartiennent à ce monde et qu’il refuse de prendre en compte  les privilèges qui font que les uns se réservent le droit de dominer les autres, parce qu’ils sont plus beaux, plus intelligents  ou plus forts, Dieu à son tour accueillera les hommes dans sa joie. Il leur fera une place dans ses projets et avec lui ils entreprendront la création d’un monde nouveau. Ainsi les commandements de Jésus trouveront leur accomplissement et Dieu sera comblé. «  Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » s’imposera désormais comme une règle naturelle.

La vision de ce monde nouveau que Jésus a voulu donner aux hommes avant sa mort est celle d’un monde dynamique en pleine création où Dieu et hommes collaborent  à l’établissement d’une justice porteuse d’espérance pour  les hommes et pour le monde. Cette vision nous entraine à sa suite dans un mouvement sans  fin. Ainsi se réalise ce que Jésus nous a dit du monde au début de l’Évangile : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui, ne périsse pas mais  qu’il  ait la vie éternelle. Jean 3/16

Illustrations: Douanier Rousseau

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