Exode 17 :8-13
8
A Rephidim, Amalec vint faire la
guerre à Israël. 9 Alors Moïse dit à Josué : Choisis-nous des hommes,
sors et combats Amalec ; demain je me tiendrai sur le sommet de la
colline, le bâton de Dieu à la main. 10
Josué fit ce que Moïse lui avait dit
pour combattre Amalec. Moïse, Aaron et Hour montèrent au sommet de la colline. 11 Lorsque
Moïse élevait sa main, Israël était le plus fort ; lorsqu'il reposait sa
main, Amalec était le plus fort. 12
Comme les mains de Moïse se faisaient
lourdes, ils prirent une pierre qu'ils placèrent sous lui, et il s'assit
dessus. Aaron et Hour soutenaient ses mains, l'un d'un côté, l'autre de
l'autre ; ainsi ses mains restèrent fermes jusqu'au coucher du soleil. 13 Josué
vainquit Amalec et son peuple au fil de l'épée.
Notre vie n’a jamais été un long fleuve
tranquille. Nous rencontrons tous sur notre chemin des obstacles imprévus qui
nous remettent régulièrement en cause et notre foi interpellée à du mal à
résister. Pourquoi Dieu permet-il ces attaques imméritées. Notre vie de foi
honnête ne semble nous servir d’aucune protection. Sans le dire nous adressons
à Dieu cette prière secrète : « Qu’ai-je fais Seigneur pour
qu’une telle chose m’arrive ? » Seul le silence de Dieu répond à notre
question ! Mais les silences de Dieu sont parfois éloquents pour qui sait
écouter. Ainsi aujourd’hui allons-nous essayer de percer le mutisme de Dieu
avec l’histoire de l’affrontement que
subit Israël face à Abimelec.
Encore un texte qui nous parle de
guerre et où Dieu se fait complice de la violence allons-nous penser.
Mais où est Dieu dans ce récit ? Son nom n’est même pas prononcé, l’action
se passe sans lui. La sagesse nous
suggère donc de rejoindre Dieu là où il se trouve et non pas là où il n’est
pas.
Jésus
a passé sa courte vie à baliser pour nous le chemin qui nous mène à la
découverte du Dieu véritable qui est bien différent de celui auquel la culture ambiante nous a
habitué. Jésus le voyait sous les traits d’un Père aimant plus que sous les
traits d’un potentat céleste tout puissant. Il s’est appliqué à bousculer les
images transmises par la tradition. A la toute puissance de Dieu il a opposé
l’amour, à la rigidité de la loi il a opposé la liberté. A la lecture magique
des textes sacrés il a opposé une réflexion personnelle. Il nous a libérés du
monde de la mort pour nous offrir la résurrection.
Mais Jésus n’a pas inventé de toute pièce
l’Evangile qui nous ouvre au salut, il l’a recueilli en partie dans ces mêmes Ecritures
que nous a transmis la tradition
biblique. Dieu s’y révèle à son peuple depuis des millénaires par la voix des
prophètes. Jésus a trouvé l’Evangile qu’il nous a enseigné, dissimulé dans
les textes sacrés comme des pépites d’or
qu’il a fallu séparer des graviers. Il l’a rassemblé dans un enseignement qui
nous étonne encore. C’est ainsi que sont nés les textes évangéliques du Nouveau
Testament soigneusement mis par écrit par les premiers chrétiens pour devenir
ce joyau de sagesse qui nous fait vivre. Ainsi la parole de Dieu n’a eu vraiment d’effet qu’au moment où
Jésus lui a donné sa voix. Le petit
texte contenant le récit de la victoire
de Josué sur Amalec est une de ces pépites enfouie dans la gangue des textes
anciens. Comme des chercheurs d’or, il va nous falloir user de patience pour en
découvrir la pertinence.
Alors que le peuple Hébreu, en fuite hors
d’Egypte tente de traverser le désert à la suite de Moïse, Amaleq vint
combattre Israël et s’opposa à son passage. Les difficultés n’avaient pas été épargnées aux fugitifs,
faim, soif avaient été leur lot, et
maintenant voila que le tenant du lieu leur refusait le passage. Le conflit
ressemble tellement à celui de l’actualité qu’il est inutile de le commenter.
Inutile aussi d’en tirer une leçon immédiate pour aujourd’hui car la situation
n’est pas la même. Amaleq qui entre en scène va faire figure d’ennemi
traditionnel du peuple d’Israël.
Continuellement il opposera ses armées
aux combattants hébreux et ce n’est que David qui le vaincra définitivement. Il
est donc plutôt l’incarnation du mal récurent qui s’oppose à Israël.
A travers ce récit nous verrons aussi
l’histoire de notre propre vie, traversée d’événements hostiles qui tombent sur nous au moment où on
ne s’y attend pas et qui opposent à notre existence des défis réguliers qui
nous provoquent à tout bout de champ
sans que nous ayons pu voir venir la
menace. Il y a toujours un Amaleq dans notre vie qui nous empêche d’en jouir
pleinement, mais silencieusement Dieu reste attentif
Face à la difficulté, Moïse monte sur la
colline, le bâton de Dieu à la main, ce bâton avait servi à manifester la
puissance de Dieu devant le pharaon et à faire jaillir l’eau du rocher. Il est
accompagné par Aaron, son frère, le grand prêtre et Hur qui les assistent. Il se présente ainsi à tous, sur un lieu élevé, les bras tendus vers le ciel dans la
position traditionnelle de la prière. Pour compenser la fatigue qui l’assaille on
calle Moïse dans sa position par un rocher
et ses deux compagnons soutiennent ses bras pour qu’ils ne s’abaissent
pas. Nous avons dans ce tableau
impressionnant assez d’éléments symboliques pour évoquer le temple qui sera
construit bien plus tard, sur un rocher,
sur la montagne de Sion. Dans le lieu saint du temple on avait déposé les
tables de la Loi. La prière y était célébrée jour et nuit par les
descendants d’Aaron. Cette simple
constatation nous autorise à voir
dans cette évocation la place que doit prendre Dieu dans notre vie, alors que depuis le début du récit, le
nom de Dieu n’a pas été mentionné et ne
le sera qu’incidemment à la fin.
Nous comprenons bien vite que la victoire sur
le mal ne s’accomplit pas par les armes traditionnelles mais par la fidélité à l’Eternel qui est
exigeante. Quand la prière cesse et que Moïse
baisse les bras, les armées reculent, quand Moïse épuisé lève à nouveau les bras, les
combattants qui de la plaine le
voient reprennent de la vigueur. Moïse n’arrive pas tout seul à accomplir sa
tâche, l’aide de ses compagnons lui est
indispensable. Il a beau être un homme providentiel, il a beau être mis à part
par Dieu, il ne peut rien tout seul, même dans une attitude de prière où il ne
prononce pas un seul mot.
Jusqu’ici, le nom de Dieu n’a pas été pas
mentionné, car Dieu occupe tout l’espace.
Il n’y a pas des moments dans notre existence où il est plus présent que
d’autres. Il est présent en totalité et il n’agit pas seulement parce que notre
prière serait plus efficace à certains moments qu’à d’autres, notre prière
constante maintient un lien permanent
avec lui. Notre prière n’a pas besoin de
mots pour être perçue par Dieu, il s’agit seulement d’être conscient du fait qu’à chaque instants de notre vie,
Dieu est présent. Le récit semble nous dire ici que quand les difficultés
surviennent, il faut laisser Dieu envahir notre vie et combattre avec lui
contre l’adversité. Nous ne savons pas quelle issue aura chaque nouveau défi,
mais nous savons que Dieu restera présent, même si les événements semblent
l’enfermer dans le silence. Notre prière n’a pas besoin de mots formulés, sa
réponse ne se fait pas sentir par des
événements perceptibles, mais il suffit que par la foi nous soyons
assurés de sa présence pour que nous ne perdions pas pied.
La prière ne nous dispense pas de l’action,
pendant que Moïse se tient sur la montagne les bras levés, Josué dans la
plaine mène le combat. Si on reste passif à attendre de voir le résultat de l’action de Dieu, nous
risquons d’attendre longtemps. Dieu n’apporte pas des solutions toutes faites à
nos problèmes. Il ne s’agit pas de s’assoir sur un rocher et de tendre les
mains vers le ciel pour que le miracle se produise. Par contre Dieu participe
volontiers à notre action et nous inspire pour que nous puissions trouver les
bonnes solutions. Mais ce travail est parfois contraignant, il demande l’oubli
de soi et une constance dans la prière. Ce n’est pas Dieu qui agit, c’est nous. Quant
à Dieu, il contribue par sa présence
constante à maintenir en nous l’espérance qui est l’instrument nécessaire dont
nous avons besoin, pour mener heureusement notre vie.
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