19 Car
il arrive, le jour, ardent comme une fournaise. Tous les arrogants et tous ceux
qui agissent en méchants seront comme du chaume ; ce jour qui vient les
embrasera, dit le SEIGNEUR (YHWH) des Armées, il ne leur laissera ni racine ni
rameau. 20 Mais pour vous qui craignez mon nom se lèvera
le soleil de la justice, et la guérison sera sous ses ailes ; vous
sortirez et vous sauterez comme des
veaux à l'étable.
Que faire d'une telle prophétie? Elle fut exprimée, voila bien longtemps après le retour d'exil, après la déportation vers les années 450 av Jésus Christ. Nous allons essayer d'en tirer quelques réflexions pour aujourd'hui.
Que faire d'une telle prophétie? Elle fut exprimée, voila bien longtemps après le retour d'exil, après la déportation vers les années 450 av Jésus Christ. Nous allons essayer d'en tirer quelques réflexions pour aujourd'hui.
Que je prie ou que je ne prie pas, quelle différence ? Si je vais
à l’Église le dimanche ou si je n’y vais pas, qu’est ce que cela change ?
Rien ne se passe vraiment dans ma vie qui ne la rende moins terne et ne lui donne plus d’éclat. Si des moments plus
porteurs d’émotions que d’autres se produisent dans mon existence, ce n’est sans
doute pas l’œuvre de Dieu. Ce n’est certainement pas lui non plus, qui produit les accidents
dont je suis victime, ce n’est pas lui
non plus qui est l’auteur de mes succès. Mais puisque Dieu est bon et
compatissant selon les Ecritures, et qu’il est lent à la colère, il est inutile de
me tourmenter outre mesure, car je pense quand même qu’il se soucie de moi,
même si je ne le lui demande pas. Les
choses ont toujours été ainsi et le resteront encore longtemps.
Ne croyez pas que je cherche à, vous provoquer,
je ne parle ni en mon nom, ni au vôtre. Je ne fais qu’émettre les propos que
tiennent beaucoup de nos contemporains. Ne voyant pas Dieu
agir, ils prennent leurs distances par rapport à lui. Ils ne sont pas vraiment incroyants, mais ils croient en Dieu sans y croire. Ils
font partie de cette masse dont Dieu se détournerait volontiers, s’il était
comme ils le pensent. C’est comme ça que
les prophètes ont expliqué les grands déboires du peuple d’Israël et qu’ils ont
justifié le fait que Dieu ne soit pas intervenu lors du siège de Jérusalem et de la destruction du temple. Il se serait détourné d’eux à cause
de leur manque de fidélité, si bien qu’il n’aurait rien fait pour qu’ils n’aillent pas en
l’exil.
Pourtant
après leur retour, la leçon n’avait
toujours pas porté ses fruits, ils ont recommencé comme avant. L’histoire se
répéterait-elle ? S’ils ne
s’attendaient pas à un châtiment pour leur
manque de foi. Ils ne trouvaient plus dans la pratique du culte la source d’un dynamisme porteur
d’avenir. Aujourd’hui, le peuple
désabusé auquel nous appartenons ne pense-t-il pas de même ? Nous
agissons et pensons comme si Dieu n’éprouvait
aucun intérêt à ce que nous soyons son peuple ? N’est-ce pas là l’origine
du french baching dont fait état la presse autour de nous ?
Telle pourrait-être la réflexion de l’ange qui
nous parle dans ce texte au nom de Dieu et
dont je m’amuse à paraphraser les propos en essayant de les actualiser. Mais de quel ange parlez-vous se demandent
ceux qui ont suivi jusqu’à maintenant? Ils se demandent même si je n’aurais pas
l’outrecuidance, en tant que simple prédicateur du jour, de me comparer à un ange ? Non certes, mais je ne
résiste pas au plaisir de faire un peu d’érudition. Il s’agit du prophète
Malachie lui-même, dont le nom est construit sur le radical « Malach »
qui signifie « ange » en hébreux et qui en se donnant ce nom ne
fait pas preuve de modestie ! Mais
je ne pense pas que vous connaissiez vraiment ce prophète. Il est le
dernier des prophètes mentionnés dans la Bible, mais il n’est pas le dernier
chronologiquement. Il vivait au moment du retour de l’exil et il adressait la
parole de Dieu à un peuple blasé qui ne trouvait pas son compte dans la politique
d’occupation de son pays par
les Perses.
Certes, ils étaient revenus d’exil, mais leur pays restait un état sous contrôle. Le
temple avait été reconstruit mais il
était moins beau qu’avant. Ils avaient conservé la liberté de culte, mais la
liturgie était moins somptueuse, la
présence des étrangers sur leurs terres leur
compliquait la vie et ils ne savaient que penser de la présence des juifs au sang mêlé parmi eux.
Dieu lui-même semblait victime de leur passivité et devait se contenter de la médiocrité du culte
qu’ils lui rendaient. L’ange Malachie se propose donc de secouer leur apathie. La morosité était
dominante et personne ne voyait vraiment aucun avantage, à améliorer le quotidien
d’une vie qui était triste comme avant
l’exil, sans enthousiasme, comme du temps des rois, sans vraiment de joie de vivre. Si vous y voyez une comparaison appuyée avec
notre vie actuelle, vous ne vous y trompez pas ! Telle est bien mon
intention.
Fallait-il en rester là, se contenter d’un léger mieux dans leur vie,
et remercier Dieu de cet état de
médiocrité auquel ils étaient
soumis ? Ceux qui revenaient d’exil et qui se prenaient pour des gens
purs, déploraient le fait qu’on ne leur réserve pas un sort meilleur que celui auquel ils croyaient avoir droit. Purs et impurs, pas de différence. Ils étaient attristés du fait que Dieu ne semblait pas tenir particulièrement
compte de leur statut de victimes de la
déportation, leur pratique du culte s’en ressentait. Un chevreau aveugle ou une
vache boiteuse étaient bien suffisants pour offrir un sacrifice. Le prophète avait beau leur dire que Dieu se
sentait frustré par de tels comportements, cela ne changeait rien aux choses et
la pratique du culte s’affadissait.
Sans qu’on le dise vraiment nous partageons
souvent le même ressentiment. Nous
aimerions que la faveur de Dieu se
manifeste plus clairement en réponse à
notre pratique religieuse. Bien
que nous déclarions que c’est la foi qui sauve
et non les œuvres,
nous pensons quand même que Dieu pourrait tenir compte de notre manière
d’exprimer notre foi. Or il n’en est rien.
Nous pensons pourtant que si un jour nous nous sommes ouverts à la foi, c’est que Dieu
avait jeté un regard particulier sur nous et qu’il avait permis que nous surmontions tous les obstacles de notre
vie pour dépasser les effets du péché. Nous espérons inconsciemment que Dieu
tiendra compte du fait que nous
répondons par la foi aux effets de sa
grâce. Sans le dire à personne, nous agissons et pensons comme si Dieu avait
créé le monde, les yeux fixés sur nous afin de nous sauver et qu’il l’aurait
oublié.
Quand nous nous appesantissons sur nous-mêmes
et que nous nous interrogeons sur le
sens de notre vie, nous reprochons à Dieu de nous avoir faits comme nous
sommes : Pas assez beaux, pas assez intelligents, pas assez grands, pas
assez forts, homme plutôt que femme etc. Si Dieu l’avait voulu et nous aimait
comme il le prétend, il nous aurait fait
autrement. Nous lui reprochons ce que
nous considérons, en secret et sans le dire vraiment, comme une injustice. Cela fait partie de notre désenchantement face à
ce monde. Dieu veut-il qu’il en soit ainsi ?
Se met-il en retrait pour nous contraindre à agir ? En fait c’est lui qui
a créé les lois de la nature et qu’il les a
soumises au hasard de la génétique et de l’hérédité, et nous en subissons les effets comme le
font toutes les autres créatures. Ce
n’est donc pas lui qu’il faut accuser de ce que nous pourrions considérer comme
des injustices dans notre vie. Et pourtant, nous le faisons.
Alors Dieu, joue-t-il quand même un rôle dans
tout cela ? Oui, car Dieu ne nous laisse pas nous débattre seuls et sans
espoir contre les imperfections de ce monde. Il met en nous la faculté de
réagir face à des situations que nous jugeons injustes et il nous rend capables
de les surmonter. Il se propose de rester
en relation avec nous grâce aux effets de son esprit qu’il répand sur nous et c’est par la prière que nous lui
adressons qu’il devient accessible. Dieu a voulu qu’un tel message d’espérance soit
porté par Jésus qui dispense son esprit en faveur de tous les hommes, c’est ainsi qu’il éclaire
notre avenir. Il met en nous un autre regard que celui de la résignation et de la fatalité.
Il nous permet de voir ce qui est beau quand les autres ne le voient pas, il
nous permet de voir Dieu à l’action dans le monde là où les autres ne s’en aperçoivent
pas. Il nous permet d’inscrire l’espérance dans notre vision des choses.
Le monde ne fonctionne donc pas comme un
théâtre de marionnettes dont Dieu
tirerait les ficelles. Nous sommes des produits de l’histoire, nés selon les
règles d’un monde encore en voie d’achèvement et Dieu met en nous cet élan dont
nous avons besoin pour que notre existence d’hommes évolue le mieux possible
vers la perfection à laquelle nous aspirons. Dieu nous a permis de comprendre cela en poussant Jésus à s’investir totalement
dans une vision nouvelle de l’humanité. Il a parachevé le message des prophètes et a permis aux hommes de comprendre qu’ils
étaient totalement immergés dans la
bonté de Dieu et qu’ils étaient invités à la mettre en pratique à leur
tour dans tous leurs comportements.
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