12 Rendez grâce au Père qui vous a rendus capables d'accéder à la part
d'héritage des saints dans la lumière. 13 Il nous a délivrés de l'autorité des ténèbres pour nous transporter dans
le royaume de son Fils bien-aimé, 14 en qui nous avons la rédemption, le pardon des péchés. 15 Il est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute création ; 16 car c'est en lui que tout a été
créé dans les cieux et sur la terre, le visible et l'invisible, trônes,
seigneuries, principats, autorités ; tout a été créé par lui et pour
lui ; 17 lui, il est avant tout, et c'est en lui que tout se tient ; 18 lui, il est la tête du corps — qui est l'Eglise. Il est le commencement,
le premier-né d'entre les morts, afin d'être en tout le premier.19 Car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute plénitude 20 et, par lui, de tout réconcilier avec lui-même, aussi bien ce qui est sur
la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang
de sa croix.
Tout croyant a pour but de participer à la
plénitude de Dieu et de vivre avec lui des moments exaltants en partageant la
foi de tous ceux qui l’ont côtoyé de très près, notamment Abraham et Moïse qui ont eu le privilège de
parler bouche à bouche avec lui pour le premier et de mourir dans ses bras pour
le second. Nous aimerions nous trouver aux côtés d’Élie, le plus grand des
prophètes qui a eu le privilège de sentir la tiédeur du souffle de Dieu quand
il se cacha dans un creux de rocher. Nous
aimerions aussi partager les expériences des apôtres qui ont vu le Christ ressuscité. Nous envions le
privilège de tous ces grands témoins dont les Ecritures nous racontent les
moments intimes qu’ils passèrent avec Dieu. Nous sommes frustrés en constatant
que de tels moments n’existent plus
La Bible enjolive les événements du passé
pensons-nous, c’est ainsi que par avance nous nous écartons d’une possible
intimité plus grande avec Dieu. Il n’en
est rien nous suggère l’apôtre Paul dans ces lignes sur lesquelles nous
appuyons ce sermon. Nul, selon lui, n’est exclu de la possibilité de passer des
moments privilégiés ou d’intimité avec Dieu qui toujours reste à portée de
notre voix et accessible à notre prière. Cette possibilité nous est donnée
grâce au relais incontournable que Dieu nous a donné en Jésus Christ. Encore
faut-il faire bon usage de la réalité qui l’habite, car il n’est pas un
sous-dieu, ni un substitut de Dieu qui nous parlerait à la place de Dieu et
d’une manière plus appropriée qu’il ne pourrait le faire lui-même. Jésus est celui qui a su se laisser
habiter par Dieu pour nous le présenter
en vérité tel qu’il cherche à se
révéler. Jésus a su écarter de lui tous
les éléments que les traditions avaient
accumulés sur son nom et qui en masquaient la réalité. Jésus
s’est approché au plus près de lui pour nous révéler à la fois sa
proximité et aussi son inaccessibilité.
Si
nous prêtons attention à l’enseignement de Jésus rapporté par les Évangiles, et que nous entreprenons avec lui la construction du Royaume dont il
parle, toutes choses deviendront possibles
et nous approcherons de très près le reflet de la volonté divine. A
mesure que la construction de ce Royaume voulu par Dieu se précise, c’est la
réalité de Dieu qui prend forme. C’est alors qu’il se fait si proche de
nous que nous pouvons partager ce qu’il
y a de sublime à son contact. Mais nous
constatons que ce Royaume n’existe pas ! Au contraire nous avons plus l’impression de voir la réalité de Dieu s’écarter de nous
que de se rapprocher. Nous considérons que la construction d’un tel
royaume est une fiction et relève d’une utopie irréalisable. Si bien que la réalité de Dieu n’envahit pas nos pensées, elle
s’écarte tellement de nous que nous avons peine à imaginer ce qu’elle peut
être ?
Paul n’ignorait pas que les hommes avaient
tendance à habiller Dieu de tous les oripeaux
que chacun a tendance à imaginer. Le Panthéon des images de Dieu produites par
les hommes est tellement plein de leurs représentations que les hommes n’y
croient plus. C’est pourquoi Paul nous
propose de déclasser toutes ces images de Dieu, non pas pour en créer de
nouvelles, mais pour nous inviter à réfléchir autrement. Il nous invite à emprunter les pas de Jésus et à suivre ses
instructions en espérant qu’à sa suite
nous croiserons cette nouvelle réalité de Dieu qu’il appelle son Père
et qui n’a besoin d’aucune représentation pour nous faire partager sa divinité.
Ce n’est pas un visage que Jésus donnait à
Dieu, c’est, une qualité qu’il lui attribuait. Elle a la faculté de changer la réalité
du monde si on la pratique :
c’est l’amour. Jésus ne l’avait pas découvert
par sa seule réflexion. Jésus avait découvert que cette notion d’amour
divin était cachée depuis toujours dans les Ecritures. Les prophètes avaient
tenté de la révéler, mais les hommes l’avaient masquée au point de la rendre invisible.
Ils avaient préféré faire de Dieu un être
de colère et de vengeance habité par la
jalousie. Ce dieu là, leur ressemblait davantage et était plus à leur portée. On s’est plu à le
dépeindre à la tête des armées célestes pourfendant les infidèles et noyant
dans les eaux ceux qui s’opposaient à sa volonté. On nous a rendu sensible à sa notions de justice, et c’est pour la
sauvegarder qu’il aurait fait déborder la mer pour noyer les populations dans un déluge destructeur ou qu’il
aurait contraint le pharaon à s’embourber dans la vase de la mer de
joncs puis à
se noyer dans les eaux de la Mer Rouge.
Mais cette violence n’était qu’une apparence,
car ce n’est pas sur elle que semblent
insister les Ecritures. C’est en fait sur un
tout autre aspect de Dieu qu’elles suggèrent aux fidèles de porter leur
attention. C’est sur ses gestes de
miséricorde qu’elles insistent pour mieux en
nier l’aspect despotique que l’on
prête à Dieu. C’est Caïn qui le premier a bénéficié de sa clémence. Il fut
sauvé de la mort méritée, ainsi que Noé et Jonas et bien d’autres. Jésus
méditant les Ecritures s’est écrié que Dieu était amour et que c’est en
pratiquant l’amour qu’on pouvait le rencontrer. Tout le reste n’est que littérature. Paul nous invite à retrouver Dieu dans ce
principe d’amour dans lequel Jésus nous a transmis la réalité de Dieu.
Fort de ce principe, Paul nous amène à
rejoindre toute la création elle-même pour nous dire que le rôle que Dieu y a
joué consiste à y avoir injecté le principe de l’amour comme élément déterminent de son
action. Les textes qui nous le transmettent ne s’y trompent pas. Ils nous
présentent comment la grâce et l’harmonie
accompagnent la présence de Dieu au moment où se crée le monde. C’est d’abord la nuit et le jour qui se
succèdent, puis les astres qui entreprennent
un immense ballet cosmique où la
lune et le soleil jouent à cache-cache. Puis c’est le tour de la mer où batifolent les monstres marins d’entrer en
scène. Elle baigne la terre qui verdit
en se couvrant d’un gazon nourrissant que broutent les animaux qui le
parcourent paisiblement et que le ’hommes créés en même temps qu’eux ont charge
de conduire vers le progrès.
Ce n’est ni la volonté ni la faute de Dieu si
les choses ont mal tournées quand les hommes s’en sont mêlés, mais Jésus nous
enseigne que malgré cet échec apparent,
toute cette beauté et cette harmonie perdues sont récupérables si les hommes,
chargés de leur maintien et de leur sauvegarde
y injectent assez d’amour .
Que la société humaine s’organise selon les principes que Jésus lui donne, et le
monde renouvelé changera et la réalité de Dieu oubliée depuis longtemps
redeviendra facteur d’unité. Paul suggère
que telle est la fonction de l’Église qui a charge d’organiser la
société des croyants.
Mais cela ne se passe pas comme cela. Le
monde est totalement différent de ce que l’on vient de dire ! Cela est
vrai, mais il n’empêche que la volonté de Dieu se révèle dans l’enseignement de
Jésus. Les hommes n’ont pas d’autre choix
que de se comporter comme Jésus le leur a dit. Si ce n’est pas encore
réalisé en ce moment, cela reste de l’ordre du réalisable. Ainsi la foi qu’il a mis en nous nous invite à croire que ce qu’il
nous a promis pourra se réaliser si nous
croyons vraiment que la volonté de Dieu s’accomplit en lui.
Illustrations: Jacques Chéry, peintre haïtien
Illustrations: Jacques Chéry, peintre haïtien
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