2 Certes, les ténèbres couvrent la terre et une obscurité épaisse recouvre les peuples ; mais sur toi le SEIGNEUR se lève, sur toi sa gloire apparaît.
3 Des nations marcheront à ta lumière et des rois à la clarté de ton aurore.
Jérusalem attire tous les peuples du monde
4 Lève les yeux et regarde tout autour : tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi ; tes fils arrivent de loin, tes filles sont portées sur la hanche.
5 Lorsque tu le verras, tu seras radieuse, ton cœur bondira, il sera au large, quand l'abondance de la mer se tournera vers toi, quand les ressources des nations viendront vers toi.
6 Tu seras couverte d'une foule de chameaux, de dromadaires de Madiân et d'Epha ; ils viendront tous de Saba ; ils porteront de l'or et de l'encens et annonceront, comme une bonne nouvelle, les louanges du SEIGNEUR.
7Les troupeaux de Qédar se rassembleront tous chez toi ; les béliers de Nebayoth seront pour ton office ; ils seront offerts en holocauste sur mon autel et seront agréés, et je ferai resplendir la maison de ma splendeur.
8 Qui sont ceux-là qui volent comme un nuage, comme des colombes vers les fenêtres de leur colombier ?
9 Car les îles mettent leur espérance en moi, et les bateaux de Tarsis sont en tête, pour ramener de loin tes fils, avec leur argent et leur or, à cause du nom du SEIGNEUR, ton Dieu, du Saint d'Israël, qui te donne de la splendeur.
10 Des étrangers rebâtiront tes murailles, leurs rois te serviront ; car si, dans mon irritation, je t'ai frappée, dans ma faveur j'ai compassion de toi.
11 Tes portes seront constamment ouvertes, elles ne seront fermées ni le jour ni la nuit, afin de laisser entrer chez toiles ressources des nations, leurs rois avec leur suite.
Il
est permis d’espérer que le monde évoluera vers des jours
meilleurs, les lendemains qui chantent sont inscrits dans l’avenir qui attend
nos sociétés. Il nous appartient de le vouloir et de le réaliser. Dieu
s’engage à nous accompagner sur cette voie.
ll
n’est donc pas dit qu’une mauvaise nouvelle devrait être suivie par une
autre mauvaise nouvelle ni qu’une guerre ferait suite à une
autre guerre. Il n’est pas écrit non plus que la peste sera suivie du choléra.
Arrêtons d’imaginer que le monde est géré par une fatalité qui voudrait que
chaque jour nous réserve de nouveaux déboires et que les temps de bonheur ne
sont que passagers et aléatoires. Il y a des bonnes nouvelles annonçant
prospérité et jours de liesse, la Bible en est pleine et le prophète Esaïe nous
en réserve toute une collection. Elles ne sont pas adressées à d’autres
qu’à nous-mêmes, elles ne concernent pas les temps futurs. Elles nous sont
destinées et elles éclairent notre temps.
Avec
le prophète Esaïe, nous avons quelqu’un qui se lève pour nous dire que
l’histoire ne s’écrit pas seulement avec une plume trempée dans l’encre de
l’amertume et de la culpabilité. Nous ne sommes pas enfermés à toujours dans un
cycle de violences et de malentendus qui réserverait le succès et la fortune à
quelques privilégiés et qui donnerait aux masses laborieuses l’amertume des
fausses espérances.
Celui
qui annonce un avenir heureux, est donc Esaïe. Ses prophéties ont été
retenues, bien longtemps après lui comme annonciatrices de la venue du Christ.
On a lu à travers elles la volonté de Dieu de sauver tous les hommes ce qui en
a fait le prophète de l’espérance. Les quarante premiers chapitres du
livre qui lui est attribué nous le montre en présence de 4 souverains
successifs auxquels il apprendra à lire les promesses de Dieu malgré les
événements tragiques de leur règne et ils s’en sont plutôt bien portés.
Ce
n’est pas que la vie fut moins dramatique de son temps, mais il savait
dire comment faire évoluer l’histoire en s’appuyant sur Dieu. Dieu
ne transformait pas les situations tragiques d’une manière miraculeuse, mais
c’était le souverain qui était transformé par sa confiance en
Dieu. Il était de ce fait amené à faire les bons choix. Ce fut le roi
Ézéchias, qui fut un grand roi qui a sans doute le mieux retenu son
enseignement.
Plus
tard, deux ou trois générations après, la Bible nous rapporte qu’un
prophète du même nom qu’Ésaïe interviendra de la même façon
au milieu du peuple vaincu jeté sur les routes de l’exil et de la déportation
par le roi de Babylone qui décida de la destruction de Jérusalem.
Ses écrits sont conservés dans le même livre d’Esaïe et y sont consignés aux
chapitres 40 et suivants. Il fera à son tour la même lecture des
événements pour préserver la confiance de son peuple abattu et lui donner
le courage de préparer des jours meilleurs.
Plus
tard encore quand la fin de la déportation devint une réalité, c‘est encore la
même voix qui fera entendre les mêmes paroles d’espérance et qui transformera
en énergie la consternation des déportés contemplant le champ de ruines
qu’ils étaient venus relever.
C’est
dans ce contexte que nous venons de décrire que la prophétie que nous
avons lue tout à l’heure a pris forme. Non seulement le découragement
avait saisi les exilés à leur retour, mais les querelles internes
avaient rendu les choses encore plus difficiles. Il a fallu la foi, le génie et
la confiance du prophète pour mobiliser ce peuple qui se croyait trompé
par ceux qui les avaient entraînés sur les routes du retour.
Ceux
qui portaient la responsabilité de cette aventure étaient connus de tous. Deux
d’entre eux ont donné leur nom à deux livres de la Bible,
Esdras et Néhémie. Les prophètes Aggée et Zacharie racontent aussi cette
aventure, mais c’est encore sous la plume d ’Esaïe que nous trouvons les plus
fortes paroles d’espérance. Ce prophète, à la voix forte et puissante,
est resté anonyme et ses écrits nous sont parvenus dans les derniers chapitres
du prophète Esaïe avec une force telle qu’elle nous inspire encore
aujourd’hui. Il nous donne envie de prendre en main
notre destin pour ne pas subir les évènements qui nous démobilisent.
Par
la voix du prophète, la caravane qui les avait ramenés avec leurs maigres
bagages s’est transformée en une opulente cohorte prometteuse
d’abondance et de prospérité pour ce temps nouveau qui commençait.
Le
prophète les aurait-il manipulés ? Les aurait-il poussés à
lâcher la proie pour l’ombre ? Non. Il n’y avait pas de tromperie
dans ce discours. Le prophète leur apprenait à lire dans les événements qui se
produisaient un avenir que chacun pouvait imaginer en fonction de
l’énergie qu’il se proposait de déployer. C’est Dieu qui venait stimuler
l’énergie dans leurs membres fatigués et cette énergie était
d’autant plus efficace que l’espérance avait pris le relais de la déception.
Le
prophète témoignait simplement de la foi inébranlable qu'il avait en ce Dieu
qui malgré son découragement invitait ce peuple à écrire une nouvelle
page de son histoire. Il ne promettait aucun miracle, car le miracle
était en eux-mêmes. Il était dans la capacité que Dieu leur donnait de
croire en eux-mêmes. Cette promesse que nous entendons aujourd’hui, adressés à
des gens désorientés par les événements qu’ils vivaient il y a deux mille
cinq cents ans, est valable pour nous aussi. Notre histoire n’est pas la même,
les événements que nous traversons sont différents, mais la capacité que nous
avons de croire en nous-mêmes est intacte. C’est Dieu qui nous
l’inspire parce qu’il nous a créés ainsi, capables de voir
notre avenir s’inscrire dans une autre réalité que celle qui paraît évidente
aux yeux de ceux qui ne croient pas.
Sans
doute le lecteur à l’esprit critique s’attachera à ce qu’il y a d’irréaliste
dans ce passage. Jamais Israël n’a connu la prospérité suggérée par ce convoi
continu de caravanes apportant dans la ville sainte toutes ces richesses,
mais la vérité est au-delà de l’image qui est suggérée ici.
L’image
suggère ici la confiance en l’avenir, elle parle de joie elle parle d’une
réalité qui sera possible si chacun se mobilise au service de la construction
de l’avenir. Le prophète invite chaque membre du peuple à se lever comme un
seul homme pour rejoindre la caravane, car la bénédiction ne peut venir sur eux
sans leur participation. Nous comprenons ici que Dieu ne donne pas ses faveurs
à un peuple inactif qui se contenterait de ne rien faire et d’attendre en
maugréant. Au contraire, les choses ne pourront se faire que si chacun devient
actif sur la route que Dieu lui trace.
Quand,
sous l’impulsion de Dieu un peuple se lève et se met en marche, tout devient
possible, l’avenir s’ouvre et l’espérance renait. Certes, la nuit est encore
épaisse et voile la lumière qui cherche à poindre. En nous parlant
de la lumière qui cherche encore sa voie au travers des ténèbres, le
prophète suggère que la création est à nouveau en train de se faire
toutes les fois que des hommes se lèvent, et se mettent en route sous
l’impulsion de leur Dieu.
Pour
tous ceux qui espèrent en Dieu, un jour nouveau est toujours en train de se
préparer, et c’est en compagnie de Dieu que cela se produit. Ce jour nouveau
nul ne le connaît encore, car l’avenir n’est pas prédéterminé, il n’est pas
déjà tracé à l’avance. L’avenir se réalise dans un double mouvement.
Le
premier consiste à chercher à écouter Dieu avec confiance car il nous aide à
voir la lumière quand tout est encore opaque autour de nous. Cette lumière se
fait d’autant plus brillante que c’est Dieu qui nous l’envoie et qu’elle
éclaire ainsi notre foi.
Le
deuxième mouvement consiste à se mettre à l’œuvre en usant des
outils que la foi met à notre disposition. La foi charge notre regard de
charité pour les autres, d’égalité dans l’adversité et de fraternité pour tous.
La foi ne consiste pas à attendre que les événements se fassent malgré nous,
car les événements attendent que ce soient nous nous agissions pour qu’ils se
fassent.
En
fait, les bénédictions promises se réaliseront si nous nous attachons à prendre
Dieu au sérieux, Jésus dans son évangile a redit cela à sa manière en
nous recommandant d’aimer Dieu de tout notre cœur et nos prochains comme
nous-mêmes. Jésus ne citait pas le prophète, il rappelait seulement les
éléments essentiels de la loi de Moïse, et pourtant il faisait aussi écho à ces
anciennes prophéties qui promettaient une ère de bénédiction pour ceux
qui avaient à cœur de manifester leur foi en Dieu en collaborant avec
lui. Toute l’Écriture, de la Loi de Moïse aux Écrits des prophètes, nous
rappelle que l’avenir ne se construira d’une manière heureuse qu’en
collaboration étroite avec notre Dieu.
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