4 mais lorsque les temps
furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme et sous la loi, 5 afin de racheter ceux qui étaient sous
la loi, pour que nous recevions l'adoption filiale. 6 Et parce que vous êtes des fils, Dieu a
envoyé dans notre cœur l'Esprit de son Fils, qui crie : « Abba !
Père ! » 7Ainsi tu n'es plus esclave, mais
fils ; et si tu es fils, tu es aussi héritier, du fait de Dieu.
Bousculant les tabous millénaires, notre
époque qui se plait à ignorer la réalité de Dieu, agit pourtant, comme si nous
étions tous, sans la savoir, des enfants de Dieu. Déjà vous qui écoutez ces
propos, vous ne retenez pas votre
sourire, car il parait inconvenant dans
notre pays de parler de Dieu et de dire
que beaucoup de nos contemporains, qui ne croient plus en lui, se comportent
comme s’ils étaient ses enfants. S’il arrive que son nom soit prononcé dans un
lieu public, notre pensée qui est bien formatée, provoque dans notre cerveau l’apparition
automatique de mots tels que : « incongru, illuminé ou
intégriste ». Ces mots servent habituellement à qualifier les marginaux provocants que l’on cherche à écarter le plus rapidement
possible de la sphère publique. Ces
réactions nous laissent comprendre que Dieu devrait se sentir en exil dans
notre société où on ne peut évoquer son nom que dans des lieux réservés à cela.
Ceux qui fréquentent les lieux où il est
convenable de parler de Dieu se trouvent bien souvent en plein désert. Pour ne
pas donner l’illusion que ces lieux sont complètement vides on a recours à des
regroupements de fidèles lors des
célébrations. Les ministres du culte, jadis repérables à leur costume ont pris un habit
civil et pour ne pas détruire les églises désertées souvent classées, on les
transforme en musées, salles de concerts ou salles des fêtes. Il
semblerait donc que Dieu soit en totale
perte de vitesse dans ce monde de l’Europe occidentale, et cela n’est sans
doute pas sans effet sur le psychisme de ceux qui se sont écartés de lui par la
force des choses.
Pourtant la réalité n’est pas conforme aux
apparences. Les législateurs, aussi bien que de nombreuses associations se sont
emparés de l’une des caractéristiques qui relève des attributs de Dieu et en
ont fait la promotion. Il s’agit de l’amour, de la possibilité de s’aimer et du
droit à le faire. Ce fut une des conquêtes de la deuxième moitié du vingtième siècle. Le
slogan de l’époque était « faites l’amour et pas la guerre »
Certains ont pensé qu’une telle attitude était offensante. Elle l’était pour la morale en vigueur à
l’époque, mais l’était-elle pour Dieu ? Certainement il y eu des excès
et tout n’était pas bon, mais on redécouvrait le fondement d’une vérité
biblique à savoir que « Dieu est
amour » et que tout ce qui concerne l’amour le concerne.
L’idée a fait son chemin, et aujourd’hui il
n’est pas outrecuidant de parler d’amour et de le revendiquer pour tous ceux
que la société écarte du droit de s’aimer ou en a écartés. On présente le fait de s’aimer comme un droit
face aux sociétés où cela est contesté. On voudrait que les mariages arrangées
ne le soient plus on manifeste pour que la mutilation sexuelle des femmes soit
interdites et que ceux qui la pratiquent ou la préconisent soient jugés et condamnés. On revendique le droit à
s’aimer pour les gens de même sexe. Ainsi sans le savoir la société civile s’empare-t-elle de ce qui devrait être le
fondement de la foi en Dieu pour construire une société nouvelle plus juste et
plus épanouie.
Ce qui est surprenant, c’est que la réaction
contre ces idées est menée par des gens qui se réclament de principes qui
défendent le droit de Dieu qui serait bafoué par cette banalisation de l’amour,
comme si en voulant permettre aux humains de s’aimer mieux, on offensait Dieu,
quel que soit le nom qu’on lui donne.
Sans crier gare, Dieu s’est donc introduit
dans une société d’où on l’avait exclu. Le principe qui le caractérise a été utilisé comme cheval de bataille pour
défendre des droits qui permettraient le
progrès de l’humanité, même si le mot amour a parfois été utilisé au profit de causes qui lui étaient étrangères et même hostiles.
Après avoir émis ces quelques réflexions, j’entends Paul dire
dans le texte qui sert de support à ces propos, des choses tout aussi
provocantes que les idées que je viens
d’émettre. Il prétend qu’il n’y a
plus aucune barrière pour
distinguer les enfants de Dieu de ceux qui ne le sont pas, car tous sont
enfants de Dieu et tous sont au bénéfice de son Esprit. C’est par l’Esprit de
Dieu qui repose sur tous les individus qu’ils ont tous accès au privilège
d’être ses fils et ses filles. Il n’y a plus de lieu réservé à Dieu où il
puisse se manifester car il lui est possible de le faire en tous lieux.
Il est sorti des espaces où on le tenait enfermé pour se répandre et en toute liberté sur les hommes avides de
connaître leur Dieu et de lui rendre un culte en esprit.
Mais l’histoire serait trop belle si elle
s’arrêtait là. Certes, Dieu est amour, et les hommes devenus enfants de Dieu
sont invités à le partager. L’Esprit de
Dieu témoigne dans ce sens. Mais il dit
aussi que pour exprimer la volonté de
Dieu, l’amour doit respecter un certain nombre de critères sur lesquels les Ecritures se sont exprimés depuis
longtemps et sur le respect desquels Jésus a concentré tout le poids de son
Evangile. Fautes de les respecter,
l’amour perdrait son droit à l’être, le nom de Dieu serait bafoué et l’humanité
évoluerait dans le mauvais sens, car il est assez facile de passer de l’amour
du prochain à l’exploitation bienveillante du prochain. Il est toujours facile de tirer profit de
l’autre au nom de l’amour que l’on est sensé lui porter.
Ainsi l’amour doit il nous inviter à nous
intéresser à ceux que nous n’aimons pas, à ceux qui ne pensent pas comme nous.
L’amour réclame de celui qui veut le
promouvoir qu’il soit son serviteur. Ainsi « le moi d’abord » qui est
le principe actuel d’évolution de la société doit-il disparaître de notre mode
de penser. Tout cela laisse entendre
qu’on n’est pas encore arrivé au bout du chemin car le principe d’altruisme qui
se dégage de la notion d’amour est encore fortement altéré par l’égoïsme qui
habite la plupart des humains.
On n’a pas besoin de prononcer le nom de
Dieu, ni de croire en lui pour aimer les autres, car les réserves que nous
venons de faire relèvent d’un principe général,
mais il semble que sans le secours de Dieu lui-même et de son esprit,
les humains auront tendance à laisser
leur intérêt personnel prendre le
dessus sur tout autre principe. En fait l’amour étant l’expression même du
mouvement de Dieu vers les hommes, il sera difficile de le pratiquer lucidement
sans un retour à Dieu lui-même qui l’inspire.
Si notre société est en train de réhabiliter la notion
d’amour elle n’a fait que la moitié du chemin car seul
semble-t-il un libre retour vers Dieu la
libérera de son égoïsme et de son instinct de domination. Nous en verrons peut-être
les signes quand un jour il sera possible de prononcer le nom de Dieu sans
qu’une telle chose soit considérée comme suspecte.
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