mardi 20 décembre 2016

Esaïe 49:3-6 : l'histoire ne s'écrit pas sans Dieu. dimanche 15 janvier 2017



Esaïe 49 : 3-6

1 Iles, écoutez-moi ! Peuples lointains, prêtez attention ! Le SEIGNEUR m'a appelé depuis le ventre maternel, il a évoqué mon nom depuis les entrailles de ma mère.
2  Il a rendu ma bouche semblable à une épée acérée, il m'a couvert de l'ombre de sa main ; il a fait de moi une flèche aiguë, il m'a caché dans son carquois.

3 Et il m'a dit : Tu es mon serviteur, Israël, c'est en toi que je montre ma splendeur.
4 Mais moi, j'ai dit : C'est pour rien que je me suis fatigué, c'est pour le chaos, la futilité, que j'ai épuisé ma force ; assurément, mon droit est auprès du SEIGNEUR et ma récompense auprès de mon Dieu.
5 Maintenant le SEIGNEUR parle, lui qui me façonne depuis le ventre de ma mère pour que je sois son serviteur, pour ramener à lui Jacob, pour qu'Israël soit rassemblé auprès de lui ; je suis glorifié aux yeux du SEIGNEUR, car mon Dieu a été ma force.
6 Il a dit : C'est peu de chose que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et pour ramener les restes d'Israël : j'ai fait de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne  jusqu'aux extrémités de la terre.



Esaïe est un personnage impressionnant dont la  voix a porté jusqu’à nous, tout à la fois  des imprécations redoutables contre son peuple et des paroles apaisantes  pour nous, évoquant une vision paradisiaque d’un monde futur. On devine en lui une fore de caractère hors du commun et une foi qui résiste à tous les doutes. Il est difficile de situer ce prophète aux multiples visages qui selon les savants modernes correspond au moins  à trois personnages différents.

Le premier, celui qui a donné son nom à l’ensemble du Livre  vivait à cette époque troublée où le Royaume du Nord allait être dévasté par les armées de Ninive et sa population déportée. Les rescapés qui ont pu s’exiler se sont réfugiés  dans le Royaume du Sud, la terre de Juda, qui fut  enrichie du  talent des nouveaux arrivants. La parole du prophète aura une influence certaine dans le monde politique,  si bien qu’on  situe aisément son ministère  dans l’entourage des souverains dont il fut au service de quatre d’entre eux.


Après les 40 premiers chapitres, c’est un autre personnage qui occupe la place, il vit au moment de l’exil du Royaume de Juda, quelques cent ans plus tard. Porteur de paroles d’espérance, il prépare les exilés à un retour vers la terre de  leurs ancêtres.  Enfin les  10 derniers chapitres sont attribués à un troisième personnage qui  vivait lui, au retour de l’exil. Tous trois ont eu une parole forte qui nous stimule encore aujourd’hui. Mais  en considération du texte qui nous intéresse, c’est sur le deuxième personnage que nous concentrerons notre attention.

Nous avons constaté qu’il fait une longue digression sur sa vocation prophétique  dont le message  a marqué le comportement de ceux qui partageaient avec lui l’exil à Babylone. Le  regard qu’il porte sur lui-même n’est pas sans susciter notre étonnement tant il est sûr d’être né pour être prophète et que Dieu a formulé des projets pour lui bien avant sa naissance.  Mais les choses se passent rarement comme prévu, il est plus ou moins écouté par ceux qui partagent sa situation et qui ne croient pas forcément en la valeur prophétique de ses propos. Il a l’impression de prêcher dans le désert, mais jamais il ne remet en cause sa vocation face à l’adversité.

Bien peu d’hommes  à part Paul partagent une telle certitude, même parmi les  plus remarquables. La plupart éprouveront le doute face à l’échec et mettront en cause leur propre vocation, certains même iront jusqu’à renoncer à elle, tel Jonas qui préféra courir le risque de périr en mer plutôt que d’affronter les dangers du désert que Dieu lui  demandait de traverser pour proclamer sa parole à Ninive.

La certitude du prophète nous apparaît comme de l’arrogance et de la prétention ! En effet, comment peut-on être si sûr de soi quand les événements nous contredisent  et ne semblent pas forcément  aller dans le sens où Dieu voudrait que s’écrive l’histoire. Les chants sur le serviteur souffrant semblent attester du fait qu’on s’en soit  pris à sa personne et que peut être il n’est pas passé très loin du lynchage et de la mort : 
«  j’ai livré mon dos à ceux qui me frappaient et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe  et je n’ai pas dérobé mon visage aux outrages et aux tracas  50/6»

Il est bien conscient d’adresser ses messages à un peuple au cou raide qui accepte mal le tournent que Dieu veut donner à l’histoire. Il entrevoit l’avenir en faisant confiance au nouvel envahisseur de Babylone, un roi païen, Cyrus qu’il espère voir organiser le retour dans leur ancienne partie.  Il est certain que  ses propos ne sont pas accueillis favorablement  par tous  et que la plupart ne se réjouissent pas à l’idée d’un retour éventuel dans un pays en ruine.

On a sans doute déjà porté la main sur lui, nous venons de le voir,  et bien peu  de ses compagnons d’exil s’enthousiasment  à l’idée  d’un retour possible. C’est donc dans ce contexte que le prophète exprime sa foi en sa vocation  avec une certitude inébranlable. Il sait que Dieu ne cesse d’échafauder des projets de salut, et il le dit, même quand les éléments sont contraires. Il n’hésite pas  à profiter du contexte politique fragile pour  y introduire l’espérance qu’il reçoit de Dieu. L’histoire lui donnera raison.

L’homme a beau paraître arrogant, il est cependant sûr que la confiance qu’il a mise en Dieu est bien placée. Nous devons prendre leçon du message. S’il est prétentieux de croire que le prophète se croit destiné dès le sein maternel à se mettre au service de Dieu, rien ne nous dit qu’il est le seul dans ce cas là  et que tel n’est pas  le sort que Dieu nous réserve à tous. Chaque croyant  ne devrait-il pas se retrouver lui-même dans ces propos? Il  il  doit être tenu pour acquis  que Dieu jette un œil bienveillant  sur chacun de nous dès notre premier balbutiement. Dieu donnera sa force et son énergie à quiconque acceptera de faire de la cause de Dieu sa propre cause.


Cela n’est pourtant pas une garantie de  succès  et la promesse que le doute ne nous visitera pas. Cela ne veut pas dire que nous ne connaîtrons pas les échecs,  et nous épargnera une mort cruelle, mais cela veut dire que Dieu sera toujours fidèle malgré nos infidélités. La vie dans laquelle nous entrons dès notre premier cri de bébé lui est précieuse, et compte tenu du moment, il lui donnera toutes les chances de s’épanouir.

Mais le dynamisme que Dieu met en nous se heurte aussi à des éléments contraires qui peuvent mettre en cause notre vie et notre foi. Dieu veut être celui qui inspire et oriente les hommes tout au cours de l’histoire, mais il n’est pas celui qui fait l’histoire. Il y participe si les hommes le suivent,  mais  ils lui attribuent souvent un autre rôle : celui de les épargner du mal en contrepartie de leur fidélité. C’est de là que nait la confusion et la doute. Bien que ce soit Dieu qui inspire, ce sont les hommes qui agissent. Trop souvent les hommes agissent sans avoir pris soin de consulter Dieu, c’est alors que l’histoire dérape et prend une autre tournure que celle que Dieu avait prévue.

Quand cinq cents ans plus tard le  tour de Jésus arrivera, il prendra la suite du prophète. Il était bien conscient de tout le contenu de ce passé tourmenté et agité. Il savait qu’il portait le projet de Dieu mais que les hommes se mettraient en travers. Esaïe avait été son précurseur et son histoire personnelle avait été prophétique de ce qui allait se passer au sujet de Jésus. Jésus pour sa part, n’a pas tenu compte de l’hostilité des hommes au projet de Dieu. Il s’est jeté dans l’aventure  sans se soucier  du barrage que lui opposeraient les notables  et les dignitaires du peuple. Il accepta d’affronter la mort pour que l’humanité trouve le sens que Dieu voulait donner à l’existence humaine. Dieu donnait ainsi son sens définitif à l’histoire en invitant les hommes à agir désormais par des actes suscités uniquement  par l’amour.

Ainsi, aujourd’hui il nous est proposé de découvrir que les tournants de l’histoire, ne sont pas provoqués par les  exploits des hommes mais par les gestes d’amour, d’altruisme et  de négation de soi que les hommes ont accompli au nom d’une vérité plus grande qu’eux et qui les dépasse. En effet,  qu’est-ce que l’histoire retiendra, des conquêtes de Gengis Kan ou de celles de Napoléon, dont il ne reste plus rien, alors que  la déclaration des droits de l’homme  régit encore aujourd’hui nos comportements ? Attachez-vous à faire ce constat sur bien d’autres points de l’histoire pour constater que ça marche. Les moments déterminants de l’histoire ne sont pas ceux qui retiennent l’attention, mais ceux dans lesquels l’amour a laissé une empreinte.  C’est en observant ce phénomène que les historiens doivent sans doute rendre compte de l’action de Dieu dans  l’histoire du monde.

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