PENTECÔTE Actes 2/1-13 La venue de l'Esprit saint reprise de 1971
1
Lorsque arriva le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble en un même
lieu. 2 Tout à coup, il vint du ciel un bruit comme celui d'un violent coup de
vent, qui remplit toute la maison où ils étaient assis. 3 Des langues leur
apparurent, qui semblaient de feu et qui se séparaient les unes des autres ; il
s'en posa sur chacun d'eux. 4 Ils furent tous remplis d'Esprit saint et se
mirent à parler en d'autres langues, selon ce que l'Esprit leur donnait
d'énoncer.5 Or des Juifs pieux de toutes les nations qui sont sous le ciel
habitaient Jérusalem. 6 Au bruit qui se produisit, la multitude accourut et fut
bouleversée, parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue. 7
Etonnés, stupéfaits, ils disaient : Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous
Galiléens ? 8 Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue
maternelle ? 9 Parthes, Mèdes, Elamites, habitants de Mésopotamie, de Judée, de
Cappadoce, du Pont, d'Asie, 10 de Phrygie, de Pamphylie, d'Egypte, de Libye
cyrénaïque, citoyens romains, 11 Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes, nous
les entendons dire dans notre langue les œuvres grandioses de Dieu ! 12 Tous
étaient stupéfaits et perplexes ; ils se disaient les uns aux autres :
Qu'est-ce que cela veut dire ? 13 Mais d'autres se moquaient en disant : Ils
sont pleins de vin doux !
Au premier temps de l’Église, la grande menace qui planait sur les
chrétiens était d’être pris pour des fantaisistes provocants, à l’image de ce que
furent les hippies dans les années soixante dix qui préconisaient la paix
universelle et l’abolition des règles contraignantes de la société. Ils
réclamaient aussi l’amour libre et le non respect des règles religieuses.
La suite va justifier cette menace. Une seule phrase a suffi pour
les caractériser : « ils sont pleins de vin doux » Cette phrase a été utilisée
dans le Livre des Actes, vous venez de l’entendre, pour exprimer l’ impression
que la première communauté chrétienne a laissée auprès des témoins de sa
naissance. Elle fut perçue comme un mouvement contestataire de la société, de
la morale, de la politique et de la religion qui a vite inquiété les autorités
de cette époque. Sans doute ce récit résume-t-il l’impression de stupeur qui a
accompagné ce mouvement.
Cette impression générale dépasse certainement le cadre
simplificateur de la fête de Pentecôte dans lequel Luc a rapporté l’événement.
Comme toujours le récit est réducteur, mais il donne une juste impression des
conditions dans lesquelles la naissance de cette nouvelle religion a été
accueillie.
Pentecôte, était une fête de pèlerinage traditionnel dans le
judaïsme du 1 er siècle. Elle se déroulait, comme son nom l’indique 50 jours
après Pâques. Elle drainait à Jérusalem des populations nombreuses. C’est au
cours de cette fête populaire et religieuse, savamment organisée qu’est décrite
la naissance de l’Église. Le christianisme devrait donc avoir la fête pour
caractéristique, puisque c’est au cours d’une fête qu’on a pris acte de sa
réalité. Si ça ne se remarque plus aujourd’hui, c’est que les choses sont à
reprendre, car, le christianisme est bien décrit comme un mouvement qui jaillit
au cours d’une fête populaire, j’y insiste.
Toute la symbolique de cette religion va se faire à partir des deux
célébrations des fêtes juives de Pâques et de Pentecôte. Si vous vous en
souvenez, Pâques est la fête de la Liberté, on y commémorait la libération de
l’esclavage en Égypte. Pour les Chrétiens cette libération est devenue la
libération de la mort. Elle commémore la sortie de la tombe de Jésus. Malgré la
promesse que portait en elle la résurrection, les Chrétiens apeurés étaient
restés cloîtrés chez eux dans la crainte de représailles à la suite de la
condamnation à mort de leur maître. Ils savaient, bien sûr, que Jésus était
vivant, mais ils ne savaient toujours pas ce que sa résurrection signifiait
concrètement pour eux. Il leur faudra un long temps de maturation pour le
comprendre et pour changer de position, et ce sera dans le cadre de la fête
suivante, Pentecôte, que cela sera raconté, 50 jours plus tard.
Luc utilise tous les symboles de cette fête de Pentecôte pour dire
ce qui se passe. Ce n’est pas forcément un récit purement historique, c’est
plutôt un récit pédagogique. Le bruit, la fête, le feu, la glossolalie, la
foule la joie, tout est rassemblé là pour dire l’indicible. Et pourtant la
conclusion est stupéfiante : les premiers chrétiens sont perçus comme des
excités enivrés.
Il a fallu une longue maturation dans le cœur des fidèles de Jésus
pour que le Saint esprit fasse son travail. Pourtant, tout d’un coup comme un
fruit qui se décroche de l’arbre à maturité, comme un feu tombant sur eux sans
brûler personne, comme un coup de tonnerre dans un ciel d’azur, la vérité
s’impose à eux. Quelle que soit la manière dont cela se manifeste en eux,
quelle que soit la langue qu’ils utilisent pour le dire, la même vérité
s’impose à eux. Mais de quelle vérité s’agit-il ? On nous en parle comme
faisant partie des merveilles de Dieu propres à ravir les foules, mais de
quelles merveilles s’agit-il ?
Ces merveilles, elles sont depuis cinquante jours à portée de leur
intelligence, et ils ne comprennent toujours pas ce qui a changé ou ce qui doit
changer. Il faut que le saint Esprit y mette vraiment du sien pour les amener à
comprendre. Rassurez-vous donc si cela prend aussi du temps pour que vous
aussi, vous y compreniez quelque chose, vous ne serez donc pas les seuls.
Pour en savoir plus, regardons d’un peu plus près ce texte. Le
récit de l’événement ne couvre que 3 versets. C’est un peu bref si l’on songe à
la portée qu’il va prendre par la suite ou si on imagine le nombre de volumes
que l’on écrira à ce sujet. Luc consacrera encore 8 versets à décrire les
foules concernées par le message. Il mentionne 14 peuples. A priori cette
énumération des différentes nations ne nous apprend rien. Cette mention lui
sert seulement a amplifier la portée de l’événement et à insister sur l’aspect
merveilleux qu’il veut donner au récit. Le nombre de nations mentionnées
correspond à celui des langues dans lesquelles l’esprit leur donnait de
s’exprimer; et le lecteur de s’extasier, tant il est vrai qu’en matière
biblique, on cherche toujours l’explication de l’événement rapporté, dans le
miracle qui le concerne. Ce qui est la bonne méthode pour passer à côté la
vérité du texte, car la vrai explication est ailleurs que dans le miracle.
Réflexion faite, on constatera que la plupart de ces peuples
parlaient grec si bien que je ne pense pas que le prodige figure dans les
langues. On a aussi cherché les symboles dans les chiffres exprimant leur
nombre, 14 nations, cela faisait 2 fois 7, mais ça ne nous avance pas beaucoup.
Il paraît plus vraisemblable qu’il s’agisse plutôt de l ‘énumération des
peuples qui constituaient le monde civilisé de l’époque (à remarquer que les
Gaulois, dont beaucoup parmi vous sont les descendants, n’y figuraient pas, la
modestie nous oblige à constater que nous sommes des pièces rapportées venues
de loin !
Par contre, il nous est dit par 3 fois que ces foules entendent. Et
qui dit entendre, dit aussi comprendre. Ils comprennent les merveilles de Dieu,
car tel est le destin de l’Église naissante : parler des merveilles de Dieu aux
nations. Et ça, ils ne l’avaient pas encore compris, tous maintenant, ont droit
à connaître les merveilles de Dieu qui pour le moment sont perçues comme des
délires d’ivrognes. Mais Jésus lui-même ne fut -il pas accusé d'ivrognerie?
(Luc 7/34)
Quand il était parmi eux, Jésus s’était appliqué à dire qu’il
fallait que tous se convertissent à la « bonne nouvelle » qu’il était venu
apporter. Il expliquait que cela signifiait qu’ils devaient voir les choses
autrement. C’est à Pâques qu’ils furent sensés avoir compris que la mort
n’était pas la fin de toute chose, ils auraient du découvrir que Dieu bousculait
les limites de la vie et que chacun devenait compagnon de Dieu jusqu’à la fin
des temps sans autre condition que celle de croire. C’était ça la merveille
qu’il fallait comprendre. Il n’y avait désormais plus aucune barrière humaine
pour limiter l’espace réservé à Dieu, il n’y avait plus de convention sociale
pour codifier nos relations avec lui. Il fallait désormais le vivre et le dire.
Quand le pouvoir civil comprendra que ces propos sur Dieu
bousculaient l’équilibre de la société et que la pax romana était compromise,
il déclenchera des persécutions pour tenter d’éradiquer le ver qui était dans
le fruit et qui désormais, y restera.
Ce ver, coïncide avec ce qu’on appelle « merveille de Dieu ». Cette
merveille nous enseigne que Dieu n’est pas ce que les hommes disent de lui. Il
ne se cache pas derrière des lois, fussent-elles celles de Moïse, mais il
permet aux hommes de vivre en pleine liberté avec lui. Une nouvelle relation
d’amour avec lui, dont aucune règle n’a été écrite à l’avance est possible. Dieu
parle désormais au cœur des hommes et se fait entendre par eux. C’est cette
découverte qui fait tant de bruit à Pentecôte dans le silence du cœur de chacun
et qui les brûle du sentiment étrange que produit l’amour en plénitude.
Mais si chaque homme a la liberté d’écouter Dieu, il ne prend pas
forcément le temps de l’entendre, car le Dieu qui s’offre aux hommes en toute
liberté ne peut être reconnu par les hommes, que s’ils acceptent de l’entendre,
et ça prend du temps.
Ce qu’il faut entendre, ou comprendre, c’est qu’il y a un code qui
permet d’être en liberté avec Dieu. Le code de la liberté a pour clé le mot
amour et le mot vie. Cela implique que l’amour sera toujours premier dans nos
relations avec les autres. C’est alors que rien désormais ne s’opposera à ce
que chacun ait une relation directe et personnelle avec Dieu. Même la mort n’y
pourra plus rien.
Sont-ce là des propos d’ivrognes ou est-ce là l’expression ultime
de la sagesse divine ?
Illustrations Sacramentaire Drogon Metz 845
voir http:www.artbible.net
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire