Actes :1 :12-14 :
1Cher Théophile, J'ai parlé, dans mon
premier livre, de tout ce que Jésus a commencé de faire et d'enseigner2jusqu'au jour où il fut enlevé après avoir
donné ses ordres, par l'Esprit saint, aux apôtres qu'il avait choisis. 3C'est à eux aussi qu'avec beaucoup de
preuves il se présenta vivant après avoir souffert ; il leur apparut
pendant quarante jours, parlant du règne de Dieu. 4Comme il se trouvait avec eux, il leur
enjoignit de ne pas s'éloigner de Jérusalem, mais d'attendre ce que le Père
avait promis — ce dont, leur dit-il, vous m'avez entendu parler : 5Jean a baptisé d'eau, mais vous, c'est un
baptême dans l'Esprit saint que vous recevrez d'ici peu de jours. 6Ceux qui s'étaient réunis lui
demandaient : Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu vas rétablir le
Royaume pour Israël ? 7Il leur répondit : Il ne vous appartient
pas de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre
autorité. 8Mais vous recevrez de la puissance quand
l'Esprit saint viendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans
toute la Judée et en Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. 9Après avoir dit cela, pendant qu'ils
regardaient, il fut élevé et une nuée le déroba à leurs yeux. 10Et comme ils fixaient le ciel, pendant
qu'il s'en allait, deux hommes en habits blancs se présentèrent à eux 11et dirent : Hommes de Galilée,
pourquoi restez-vous là à scruter le ciel ? Ce Jésus, qui a été enlevé au
ciel du milieu de vous, viendra de la même manière que vous l'avez vu aller au
ciel.
12Alors ils retournèrent à Jérusalem, depuis
le mont dit des Oliviers, qui est près de Jérusalem, dans le rayon des
déplacements autorisés le jour du sabbat. 13Quand ils furent rentrés, ils montèrent
dans la chambre à l'étage où ils se tenaient d'ordinaire ; il y avait
Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu,
Jacques, fils d'Alphée, Simon le Zélote et Judas, fils de Jacques. 14Tous, d'un commun accord, étaient assidus à
la prière, avec des femmes, Marie, mère de Jésus, et les frères de celui-ci.
J'ai préféré publier tout le récit de l'Ascension.
Après l’événement de l’Ascension, il était normal que les amis de Jésus se
retrouvent entre eux pour faire le point sur ce qu’ils avaient vécu et qu’ils
réalisent ce qui les attendait. Était-ce
le début du ministère de l’Église ou était-ce la fin du ministère terrestre de
Jésus ? Les deux hypothèses se bousculaient dans l’esprit du rédacteur qui
cherchait à rendre compte de la situation. Sans doute avait-il déjà saisi la
portée de l’événement dans le premier tome de son œuvre qui est l’Évangile de
Luc, car, vous le savez sans doute, le Livre
des Actes fait suite à l’Évangile
de Luc et provient sans doute de la même plume. C’est ce qui est il dit en
Actes 1/1.
En effet dans l’Évangile, Luc avait dit que
peu après la résurrection et l’apparition de Jésus aux onze, il s’était séparé
d’eux en s’élevant vers le ciel. Mais après cet événement, le temps avait
passé. L’Église s’était organisée. Vingt ou trente années s’étaient écoulées,
une horrible guerre qui n’est racontée ni dans les Évangile ni dans le Livre
des Actes avait ravagée le Moyen Orient. Cela avait entrainé l’exode de nombreux croyants, chrétiens ou juifs dont les communautés s’étaient organisées
comme elles le pouvaient.
Maintenant, sous toute réserve, L’Église
était en paix. Luc avait écrit son Évangile, le Livre des Actes était encore à faire. Pour mettre de l’ordre dans
tout cela, les responsables de L’Église n’étaient pas restés inactifs, administrateurs et théologiens ils ne chômaient pas. Si les Évangiles
étaient en train de prendre corps, il
fallait mettre de l’ordre et de la cohérence dans de ce qui avait été vécu par les uns et par
les autres depuis que Jérusalem n’était plus le centre de la vie spirituelle
des Églises. Pour mettre de l’ordre dans tout cela, ils avaient songé au fait
que le nombre symbolique de quarante
avait été utilisé pour rendre compte des
grands moments de la révélation.
Il avait désigné le nombre d’années de
pérégrination des Hébreux dans le désert
avant l’entrée en Terre Sainte. Quarante était aussi le nombre des jours passés
par Moïse avant de descendre du Sinaï avec les Tables de la Loi. Ne serait-il pas opportun d’utiliser ce même
nombre pour marquer le temps de préparation des chrétiens avant de prendre en
main la responsabilité de l’Église ? C’est sans doute ce qui fut retenu pour donner de la cohérence
aux événements qui avaient suivi la résurrection. La date de 40 jours fut retenue pour marquer
ce moment de préparation entre la résurrection
de Jésus et le début de la prise de conscience des croyants, que la responsabilité de la suite
leur incombait désormais. Ce chiffre
marquerait désormais le temps de préparation nécessaire, comme un temps
intermédiaire pour que les hommes assurent le destin de la révélation de Jésus
sans lui.
Il n’y avait plus qu’à attendre que le Saint
Esprit donne le coup d’envoi pour que tout se mette en marche. Mais le nombre
de 40 n’est pas le seul élément retenu dans cette aventure. Il y a la présence des deux hommes
en blanc (des anges ?), il y a
aussi le ciel vers lequel Jésus
s’élève pour disparaître enveloppé par la nuée.
La
nuée avait déjà servi dans les Ecritures à signaler la présence de Dieu. Elle
était présente au moment où Moïse reçut la Loi. Elle servait non seulement à
indiquer la présence de Dieu, mais aussi à la dissimuler aux yeux des hommes. Elle joua
le même rôle au moment de la transfiguration (Luc 9/34) en présence de deux
personnages qui sont Moïse et Élie. Dans
le récit de l’ascension, ils n’ont pas de nom. Les Ecritures nous parlent aussi
de deux êtres chargés de garder l’entrée du Jardin d’Éden ainsi que le trône de Dieu dans le Saint des saints du
Temple. Ils sont aussi présents dans le tombeau au moment de la résurrection (Luc
24/4) et attestent de la présence de la réalité divine dans l’événement.
Si le ciel absorbe Jésus et le rend
invisible, c’est sur terre que la réalité divine s’accomplira désormais. C’est ce que leur rappellent les êtres célestes en
leur indiquant que c’est sur terre que
se situe leur mission et que c’est là que se tiendra désormais le Seigneur pour les accompagner.
Que s’est-il passé en réalité ? Nul ne le
sait vraiment car les mots humains ont du mal à rendre compte d’une réalité divine. Mais Luc ne réussit
pas mal dans cette entreprise. Ce que
nous découvrons ici, c’est que dans un raccourci remarquable, l’auteur de ce
texte a rassemblé tous les éléments nécessaires pour dire à la fois que Jésus
ne sera plus physiquement visible, mais
qu’il reste vivant au milieu des siens et que tout cela est l’œuvre de Dieu qui mandate les croyants
pour parcourir le monde afin de donner suite à la mission entreprise par Jésus.
Etait-il possible de faire mieux, plus précis et plus bref ?
L’auteur
a choisi de ne pas s’étendre sur
l’événement, bien qu’il en ait dit l’essentiel, car c’est ce qui va se passer
par la suite qui sera déterminent pour l’Église qui est en train de se mettre
en mouvement. Au lieu de s’interroger
sur la réalité de ce qui est décrit ici et de s’appesantir sur son aspect
merveilleux, il est encore plus important de s’intéresser au procédé littéraire
qui rend compte à la fois de la portée
théologique de l’Ascension qui est présentée comme la suite logique de la
résurrection et l’annonce prophétique de la mission de l’Église. Ainsi il est
dit ici que avant même que l’Église ait reçu son ordre de mission, celui-ci était déjà formulé par
Jésus comme son dernier message aux siens.
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