1 Rois
3/5-12 Le destin du roi Salomon
5 A Gabaon, pendant la nuit, le SEIGNEUR apparut en
rêve à Salomon. Dieu lui dit : Demande ce que tu veux, je te le donnerai.
6 Salomon répondit : Tu as agi avec une grande
fidélité envers ton serviteur David, mon père, parce qu'il marchait devant toi
en suivant la voie de la loyauté, de la justice et de la droiture de cœur
envers toi ; tu as gardé envers lui cette grande fidélité et tu lui as
donné un fils qui est assis sur son trône — voilà pourquoi il en est ainsi en
ce jour.
7 Maintenant, SEIGNEUR, mon Dieu, c'est toi qui
m'as fait roi, moi, ton serviteur, à la place de David, mon père ; je ne
suis qu'un petit garçon, je ne sais rien faire.
8 Je suis au milieu de ton peuple, celui que tu as
choisi, peuple nombreux, qui ne peut être ni évalué ni compté, à cause de son
grand nombre.
9 Donne-moi un cœur attentif pour gouverner ton
peuple, pour discerner le bon du mauvais ! Qui donc pourrait gouverner ton
peuple, ce peuple si important ?
10 Cette demande de Salomon plut au Seigneur.
11 Alors Dieu lui dit : Puisque c'est là ce que
tu demandes, puisque tu ne demandes pas pour toi une longue vie, que tu ne
demandes pas pour toi la richesse, que tu ne demandes pas la mort de tes
ennemis, puisque tu demandes pour toi de l'intelligence afin d'être attentif à
l'équité,
12 j'agirai selon ta parole. Je te donnerai un cœur
sage et intelligent, de telle sorte qu'il n'y aura jamais eu avant toi et qu'il
ne se lèvera jamais plus après toi personne de semblable à toi.
13 Je te donnerai, en outre, ce que tu n'as pas
demandé, aussi bien la richesse que la gloire, de telle sorte qu'il n'y aura
pendant tous tes jours aucun homme parmi les rois qui soit semblable à toi.
14 Et si tu suis mes voies, en observant mes
prescriptions et mes
N’est-il pas beau ce jeune homme, à peine
sorti de l’adolescence qui nous est présenté ici, ainsi qu’à son peuple.
Il vient d’échapper à une révolution de palais au cours de laquelle son propre
frère avait tenté de lui ravir la couronne, contrairement à la volonté de son
Père le prestigieux roi David, le fondateur de la dynastie. Il se tient là
modestement, face à ses pairs en ce haut lieu de Gabaon pour prendre en charge
le poids de la couronne royale.
L’histoire garde de Salomon l’image du plus prestigieux des rois
d’Israël. Il est aussi considéré comme le plus sage et le plus riche. On lui a attribué la rédaction de plusieurs
livres de sagesse et il est considéré
comme le constructeur du Temple de Dieu à Jérusalem. Il fut à la tête d’un immense empire et ses
vassaux, en signe de soumission
remplirent son harem de plus de sept cents épouses sans compter les concubines. La
prestigieuse reine de Saba lui rendit même visite. Elle conçut même de lui un
héritier dont les descendants régnèrent sur l’Ethiopie jusqu’à la fin du
vingtième siècle.
Sans doute la légende enjoliva-t-elle le prestige
de ce grand monarque car on ne prête qu’aux riches, et à part l’allusion à la
dynastie qui régna sur l’Éthiopie
pendant de si longues années, tous les autres faits évoqués ici sont mentionnés
dans la Bible. On est alors en droit de
se demander si la Bible a cautionné
des événements légendaires car on a du
mal à considérer comme vérités historiques
ces faits qui firent de Salomon un si grand roi en su peu de temps et
que la littérature de ses grands voisins tels que l’Égypte ne relate pas. On a
également du mal à considérer que ce grand empire s’est effondré si vite, comme château de carte pour laisser la place à
deux petits royaumes rivaux que les puissances voisines ne tarderont pas à
éliminer de la carte des nations.
La Bible s’appuierait-elle sur des éléments
historiquement contestables pour accréditer ses plus belles pages de la
littérature sapientiale et pour énoncer,
comme dans le texte d’aujourd’hui des éléments aussi importants pour la
construction de la foi d’Israël ?
En fait la Bible n’a pas fait que glorifier le grand roi. Elle a pris
soin de nous présenter les faits contestables de ce personnage. Si elle retient
qu’il fut un maître de sagesse, elle a
retenu aussi que celui qui est présenté
ici comme un favori de Dieu l’a
aussi profondément déçu. Il a
aussi toléré et même favorisé les cultes consacrés à des divinités étrangères,
vénérées par différentes de ses épouses, il s’est écarté de Dieu par
opportunisme et à étayé son empire sur des accords fallacieux qui saperont son autorité et prépareront
l’effondrement de sa puissance.
Les
rédacteurs du livre des rois, plusieurs siècles après les événements
relatés n’avaient aucune archive sûre, mais seulement des récits de traditions édifiées sur la légende
glorifiant le plus grand roi du passé. Même le Temple prestigieux qu’il aurait
construit n’existait plus à l’époque de la mise par écrit de ces textes.
Cependant l’évocation d’un passé
glorieux donnait du lustre à l’histoire passée d’Israël et confirmait que ce
peuple avait bénéficié jadis des faveurs de Dieu. Le retour à la grandeur du passé était donc toujours possible, si chacun savait respecter
le volonté de Dieu.
Des récits hostiles au grand roi apportaient
la critique nécessaire pour montrer ses erreurs et justifier la défaveur de
Dieu. La confirmation de toutes ces
légendes par des archives historiques était impossible puisque aucun autre
prince, autre que lui n’avait parlé de
ses exploits. Mais le but des rédacteurs n’était pas d’authentifier une vérité historique, mais d’affirmer la
fidélité de Dieu. Il était important d’insister sur la fidélité de Dieu à son
peuple, car c’est ainsi que ceux qui ont rédigé la geste du passé
espéraient relever l’espoir des Hébreux
et les aider ainsi à se reconstruire en tant que peuple.
C’est donc
les règles concernant les
rapports avec Dieu qu’il faut découvrir afin de les respecter à notre tour et
de comprendre, comment, même à travers des récits légendaires une vérité sur la fidélité de Dieu a pu être
établie et peut encore aujourd’hui nous
aider à construire notre foi.
Les textes s’appuient sur une vérité qui
reste déterminante. C’est la fidélité à l’Alliance avec Dieu qui prévaut
dans tous les éléments de notre
vie ! Mais il nous faut prendre garde au fait que le péché sommeille en
nous et tente à nous détourner de notre relation avec Dieu. Le péché prend bien
des aspects, c’est pourquoi il réussit souvent à nous séduire et à nous laisser croire que nous agissons
dans le camp de Dieu alors que nous agissons contre lui. La vanité, la
concupiscence, la lâcheté et même la peur, voila des éléments qui agiront sur le roi et le détourneront de Dieu.
Dans le passage que nous avons lu pour ce
jour, on discerne aisément quels sont les éléments qui permettront au roi de comprendre ce qui est incontournable dans l’Alliance avec Dieu et
qui lui permettra d’édifier sa sagesse. C’est la fidélité à Dieu qui lui
permettra de distinguer le bien du mal et d’agir de telle sorte que le plus
modeste y trouve son compte, ainsi règnera-t-il avec sagesse. Peu importe que l’élément rapporté ici se soit passé comme il
est dit, ce qui est important c’est que les éléments qui constituent l’alliance avec Dieu soient clairement énoncés.
La richesse et la puissance qu’il recevra par ailleurs ne seront que
secondaires par rapport au respect de la volonté de Dieu qu’il saura comprendre
avec sagesse.
Ce n’est donc pas réellement à un récit
historique que nous avons à faire ici, mais à l’affirmation d’une vérité
fondamentale sur Dieu et c’est cette vérité qui compte pour nous aussi bien que
pour le roi, fut-il le plus grand d’entre tous les rois. Nul n’échappe à l’œil
aguerri de Dieu qui sait voir en nous
l’authenticité de nos comportements. La fidélité à Dieu implique donc un
oubli de soi par rapport aux autres. Il
s’agit comme le dira la Bible plus loin de
se mettre en priorité au service de la veuve et de l’orphelin. C’est
évidemment un peu court comme prescription mais c’est suffisant pour orienter
tous le reste de sa vie dans le sens où Dieu le souhaite. Nous avons ici le début
de ce que les prophètes ont développé et qui sera plus tard, la base même de l’Évangile.
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