Matthieu 13/24-44
La parabole de la mauvaise herbe
24 Il leur proposa cette autre parabole : Il
en va du règne des cieux comme d'un homme qui avait semé de la bonne semence
dans son champ. 25 Pendant que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de la mauvaise
herbe au milieu du blé et s'en alla. 26 Lorsque l'herbe eut poussé et produit
du fruit, la mauvaise herbe parut aussi. 27 Les esclaves du maître de maison
vinrent lui dire : Seigneur, n'as-tu pas semé de la bonne semence dans ton
champ ? D'où vient donc qu'il y ait de la mauvaise herbe ? 28 Il leur répondit
: C'est un ennemi qui a fait cela. Les esclaves lui dirent : Veux-tu que nous
allions l'arracher ? 29 Non, dit-il, de peur qu'en arrachant la mauvaise herbe,
vous ne déraciniez le blé en même temps. 30 Laissez croître ensemble l'un et
l'autre jusqu'à la moisson ; au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs
: Arrachez d'abord la mauvaise herbe et liez-la en gerbes pour la brûler, puis
recueillez le blé dans ma grange.
La parabole de la graine de moutarde
31 Il leur proposa cette autre parabole :
Voici à quoi le règne des cieux est semblable : une graine de moutarde qu'un
homme a prise et semée dans son champ. 32C'est la plus petite de toutes les
semences ; mais, quand elle a poussé, elle est plus grande que les plantes
potagères et elle devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent
habiter dans ses branches. La parabole du levain 33 Il leur dit cette
autre parabole : Voici à quoi le règne des cieux est semblable : du levain
qu'une femme a pris et introduit dans trois séas de farine, jusqu'à ce que tout
ait levé. L'enseignement par les paraboles 34 Tout cela, Jésus le dit
aux foules en paraboles ; il ne leur disait rien sans parabole, 35 afin que
s'accomplisse ce qui avait été dit par l'entremise du prophète : Je prendrai la
parole pour dire des paraboles, je proclamerai des choses cachées depuis la
fondation du monde.
Jésus explique la parabole de la mauvaise
herbe
36 Alors il laissa les foules et entra dans la
maison. Ses disciples vinrent lui dire : Explique-nous la parabole de la
mauvaise herbe dans le champ. 37 Il leur répondit : Celui qui sème la bonne
semence, c'est le Fils de l'homme ; 38 le champ, c'est le monde, la bonne
semence, ce sont les fils du Royaume ; la mauvaise herbe, ce sont les fils du
Mauvais ; 39 l'ennemi qui l'a semée, c'est le diable ; la moisson, c'est la fin
du monde ; les moissonneurs, ce sont les anges. 40 Ainsi, tout comme on arrache
la mauvaise herbe pour la jeter au feu, de même en sera-t-il à la fin du monde.
41 Le Fils de l'homme enverra ses anges, qui arracheront de son royaume toutes
les causes de chute et ceux qui font le mal, 42 et ils les jetteront dans la
fournaise ardente ; c'est là qu'il y aura des pleurs et des grincements de
dents. 43 Alors les justes brilleront comme le soleil dans le royaume de leur
Père. Que celui qui a des oreilles entende !
La parabole du trésor caché
La parabole du trésor caché
44 Voici à quoi le règne des cieux est
semblable : un trésor caché dans un champ ; l'homme qui l'a trouvé le cache et,
dans sa joie, il va vendre tout ce qu'il a pour acheter ce champ-là.
Comment ne pas se sentir frustré quand on voit
tout ce mal autour de nous et qu’on se sent incapable d’agir pour améliorer les
choses. A force de regarder le monde au travers des médias habituels, nous
avons nettement l’impression que le mal gagne du terrain et qu’il occupe tout
l’espace. Prudemment les sociétés modernes ayant observé le phénomène ont
cherché à se prémunir contre ce danger qui va croissant Elles ont inventé un
indicateur de tendance qui leur permet de repérer les lieux où les nuages
annonciateurs d’un surcroît de mal et de violence s’amoncellent.
Cela s’appelle les « Droits de l’homme ». A côté
de cet indicateurs, on a mis en place des organismes, officiels ou non, qui réagissent
au danger et signalent à l’opinion public ceux qui contreviennent aux règles
édictées. C’est Amnesty International et l’A.C.A.T., ce sont les O.N.G., c’est
l’ONU. Ces organismes préviennent, tentent de guérir les maux et se précipitent
au secourir les victimes. Ainsi l’homme moderne se croit à l’ abri des
provocations du mal que les nations ou les dirigeants peuvent faire aux
individus.
Quand le mal a pour origine la nature et qu’il
provoque les hommes dans leur santé, ceux-ci se retournent vers les hommes de
science dont ils ont observé les progrès spectaculaires, mais les derniers
événements les rendent très méfiants et on ne leur accorde plus beaucoup de
crédit. On ne croit plus aux solutions que proposent les spécialistes pour
venir à bout des fléaux naturels, ni même pour éradiquer les maladies que l’on
dit encore incurables.
Malheur à l’homme qui se confie en l’homme
avertissait Jérémie. Il ne faut pas être fin prophète pour observer que le mal
sous forme de corruption s’insinue dans les sociétés les plus respectables et
pollue ainsi nos refuges de sagesse et d’espoir. Nous découvrons que les
critères d’appréciation du bien et du mal changent selon que l’on est d’un côté
ou de l’autre d’une frontière. Curieusement, la morale des pays nantis se rit
de celle des pays pauvres et veut leur donner des leçons, si bien que les pays
riches continuent à s’enrichir malgré leur générosité apparente érigée au rang
de doctrine, et les pays pauvres restent pauvres malgré les vertus de leurs
habitants.
Ce simple survol de la situation de nos sociétés
modernes nous amène à constater que le bien et le mal sont deux compagnons
inséparables qui bien qu’ennemis semblent ne pas pouvoir se passer l’un de
l’autre. La parabole qui sert de support à mon propos nous montre que les
racines de l’ivraie sont étroitement emmêlées dans celles du froment. Jésus
avait une vision réaliste du monde, mais cette vision ainsi décrite est plutôt
démoralisante, puisqu’elle ne nous donne aucune solution. Si on veut éradiquer
le mal on risque du même coup d’entraîner la disparition du bien et de faire un
mal plus grand encore.
Faut-il alors baisser les bras, fuir ce monde et
nous enfermer dans la piété et la prière comme certains le préconisent? Peut-on
pieusement regarder le monde s’effondrer dans une tourmente effroyable que le
cinéma d’avant garde nous décrit avec réalisme et attendre que ça se passe pour
partager le salut éternel avec les élus? Non nous dit le Seigneur. Et il y a
une bonne raison à cela. Nous sommes imprégnés nous aussi par le mal. S’il est
solidement enraciné dans le monde, il est aussi solidement enraciné en nous. Un
ennemi l’y a mis. Et Dieu ne peut pas nous laisser croire que nous pouvons nous
attaquer à cet ennemi et le vaincre, puisqu’il est aussi en nous. Mais qui donc
est-il?
Certains croient parfois que Dieu a fait la part
des choses et qu’il a fini par s’accommoder de cet ennemi dont il se servirait
pour provoquer les hommes et les ramener à la raison : « Il est un mal que le
ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de la terre: la peste puisqu’il
faut l’appeler par son nom... ». Ainsi philosophait Jean de La Fontaine et avec
lui beaucoup pensent que du bien peut sortir du mal. Certains sont enclins à
croire que Dieu utiliserait le mal, comme le font les éducateurs qui se servent
du martinet ou de la fessée. Pourtant l’Écriture se porte en faux contre tout
cela. Le mal y est clairement décrit comme un ennemi de Dieu. Dieu ne pactise
pas avec lui. Dieu ne mange pas avec le diable, même avec une grande cuillère,
il en fait son adversaire personnel et ne confie à personne d’autre que
lui-même le soin de le combattre.
Ce que l’on constate, dès la première page de la
Bible, c’est que Dieu lui même semble en être victime. Il est conscient du fait
que le mal ou le diable ou quel que soit son nom s’est emparé d’une partie du
monde et des hommes. C’est pour remédier à cela que Dieu décide de passer avec
les humains un contrat de collaboration et faire triompher la vie là où le mal
propose la mort. Dieu n’attaque pas pour autant le mal de front et ne nous
demande pas de le faire. Au contraire il demande à l’homme de se mettre au
service de Dieu en faisant le bien. Dieu sait que le bien triomphera du mal,
car le mal porte en lui sa propre défaite et le bien porte en lui sa propre
victoire.
Nous utilisons nos propres critères de justice,
pour organiser le monde, sans vraiment savoir si nous sommes vraiment capables
de reconnaître ce qui est « bien » ou ce qui est mal, car le mal et le bien
sont étroitement imbriqués l’un dans l’autre. Ce qui est bien sous un aspect
peut devenir mauvais vu sous un autre angle. Le mal semble dépendant du bien de
la même façon que l’ombre est dépendante de la lumière et en est la
conséquence. Nous prenons donc conscience qu’il y a aussi du mal en nous et que
notre foi en Dieu ne peut l’éradiquer.
Il est bon alors de se tourner vers l’Écriture et
d’entendre Jésus nous dire de ne pas nous attaquer au mal, car c’est le travail
de Dieu! Quant au bien, puisqu’il nous est impossible à coup sûr de faire le
bon choix Il nous propose de nous y prendre autrement.
Dieu en se révélant aux hommes passe avec eux un
contrat de vie. Dieu se révèle à nous comme celui qui fait vivre, même quand la
mort semble avoir anéanti tout espoir. Il fait vivre même ce qui a perdu
l’illusion d’exister. Ce contrat de vie que nous passons avec lui, est lié à la
résurrection de Jésus. Il consiste à faire vivre ou à aider à vivre tout ce qui
à vocation à vivre. Il consiste donc à faire des actes qui portent la vie en
eux. Nous n’avons pas alors à nous poser la question de savoir si c’est bien ou
si c’est mal. Jésus semble dire que tout ce qui provoque la vie est bon, même
si celui pour lequel on agit nous paraît mauvais ou perdu, même si nos critères
de morale le condamnent. Il nous est alors demandé d’imiter Dieu et d’être
porteur de vie. C’est à partir de ce raisonnement simple que sont appelé à agir
les aumôniers de prison, par exemple. Comment être présent auprès de ceux que
le société réprouve si nous ne sommes pas persuadés que Dieu a pour eux des
projets de vie. Nous ne trahirons jamais Dieu si par notre action, nous
favorisons tout ce qui fait vivre.
Certes, la morale des hommes ou la morale sociale
verra d’un mauvais œil un tel enseignement, car en donnant des gages de vie au
méchant, nous semblons compromettre l’avenir de la société. Est-ce aussi sûr?
Il est clair pourtant que Dieu nous demande d’agir de telle sorte que la vie se
dégage de nos actions et que le mieux être des hommes doit être l’aboutissement
de ce que nous faisons, quels que soient les hommes, même si ceux qui sont «
sages » ou plus savants que nous ou mieux informés que nous ou mieux placés que
nous pensent le contraire.
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