jeudi 17 août 2017

Matthieu 16/13-20: Tu es le fils du Dieu vivant... dimanche 27 août 2017 reprise du 21 août 2011



Texte : Matthieu 16/13-20
Jésus posa cette question à ses disciples : Au dire des gens qui suis-je, moi le fils de l’homme ? Ils répondirent : Les uns disent Jean Baptiste ; d’autres, Élie ; d’autres Jérémie, ou l’un des prophètes. Mais vous, leur dit-il, qui dites-vous : Simon Pierre répondit
 : tu es le Christ, le fils . du Dieu vivant
Jésus reprit la parole et lui dit : Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car ce n’est pas la chair et le sang qui te l’ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux Et moi, je te dis que tu es Pierre et que sur cette pierre, je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. 

La Bible est la seule autorité qui nous sert de référence .

Qui dites-vous que je suis ?
Ce n’est qu’une simple question posée par Jésus à Pierre et aux autres. Depuis des siècles elle provoque chicanes et contestations entre les différentes fractions du monde chrétien. Les Eglises n’arrivent pas à tomber d’accord sur la signification profonde du dialogue qui s’est amorcé entre les deux interlocuteurs. Ce faisant, nous passons certainement à côté de ce qui est important. Ce qui est important ici, c’est que Pierre donne une bonne réponse, en tout cas une réponse qui convienne à Jésus. « Qui dites-vous que Je suis? Tu es le Christ le Fils du Dieu vivant »

C’est à cause de cette bonne réponse que Jésus tire des conclusions qui troublent les églises depuis lors. « Tu es Roc et sur cette roche je bâtirai mon Église, et les puissances de la mort n’auront point de force contre elle. Je te donnerai les clés du Royaume des cieux et tout ce que tu lieras sur terre sera lié au ciel... » 

Les conclusions que Jésus tire de la bonne réponse de Pierre, sont les conséquences de cette réponse et ne s’adressent pas tellement à Pierre en tant que personnage distinct, mais s’adressent à quiconque fera la même bonne réponse que lui. Ce sera le cas des 12 apôtres présents ce jour là autour de Jésus, et ce sera le cas de quiconque après eux fera la même réponse, vous ou moi ou bien d’autres. 

Il serait donc un peu rapide de dire, dans le contexte de cet évangile, que Pierre est mis à part d’une manière spéciale. La suite le montre puisque Jésus, dans les quelques lignes qui suivent l’identifie à Satan. Les paroles de Jésus concernent quiconque fera sienne la bonne réponse de Pierre. « Tu es le Christ »! Il s’agit donc pour nous d’inscrire Jésus dans notre relation à Dieu avec ce titre de Christ. 

Mais quand nous affirmons que Jésus est le Christ, savons-nous vraiment à quoi nous nous engageons? Nous avons tellement l’habitude d’entendre cette expression qu’elle est devenue comme un automatisme, une réponse toute faite dont nous pesons mal la signification. Pourtant elle est lourde de sens.

En attribuant à Jésus le titre de Christ, nous lui conférons tous les pouvoirs, des pouvoirs semblables à ceux accordés jadis à l’empereur romain. C’est à dire que nous lui reconnaissons le droit de vie et de mort sur nous. Le droit  d'orienter  notre existence. Nous lui reconnaissons le droit de disposer de notre personne. 

Au point où nous en sommes dans notre réflexion, il faut que nous nous interrogions pour savoir si notre vie est bien mise à la disposition de ce Christ que nous confessons et si nos choix de vie sont bien en accord avec lui. S’il est pour nous le Christ, c’est que nous lui donnons la possibilité de s’immiscer dans les recoins les plus intimes et les plus secrets de notre âme, c’est que nous accordons à l’Evangile autorité sur nos décisions.  

Cette dernière affirmation peut bien sûr provoquer des réactions de protestation en nous. Ainsi présenté, l’Evangile nous apparaît comme contraignant, puisque c'est en nous référant à lui que nous décidons des choix de notre vie, alors que nous nous plaisons à dire qu’il est libérateur. Nous affirmons habituellement qu’il est un moyen de référence mais qu’il n’est nullement une nouvelle loi que nous ajouterions à l’ancienne. Nous nous reconnaissons la liberté d’interpréter l’Évangile. Personne ne dit le contraire, pourtant Pierre va plus loin dans sa réponse il n’affirme pas seulement que Jésus est le Christ, il ajoute : « tu es le fils du Dieu vivant. » Pierre ne se situe plus au niveau des idées, il entre dans une relation vivante avec son Seigneur. 

En parlant de relation vivante avec Jésus, Pierre exprime la nécessité de dépasser l’Évangile. Cela veut dire qu’il affirme non seulement que Dieu est vivant mais que notre vie se déroule en relation avec lui, c’est à dire qu’il a une action concrète sur nous. Cela veut dire aussi que son action est porteuse de vie . Cela veut dire que le Dieu auquel nous nous référons se lie à nous par un contrat de vie. Il se lie à nous dans un processus de vie dont Jésus est la seule référence. C’est en ce sens que Jésus est fils de Dieu. Le Fils, c’est celui qui manifeste la réalité du Père. Si nous faisons nôtres les paroles de Pierre, nous affirmons que par l’action de Jésus en nous, Dieu se permet d’intervenir continuellement dans nos vies. 

Mais une telle affirmation est-elle rassurante pour autant? Elle rend la présence de Dieu si proche que nous en ressentons quelque chose d’inquiétant. A cause même d’une si grande proximité nous éprouvons le besoin de prendre un peu de recul. Mais peut-on reculer quand Dieu nous introduit aussi personnellement dans ses projets? 

En fait, Dieu sait très bien qui nous sommes, et Pierre qui nous a introduit dans cette réflexion nous aide, à son corps défendant. Après avoir fait cette très belle confession de foi que nous faisons nôtre : « tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant », il va lui même se laisser aller à des initiatives personnelles à propos des quelles Jésus le rappellera à l’ordre durement en lui disant « arrière de moi, Satan.» Par cette intervention, nous découvrons que nous ne pouvons entrer dans le projet de Dieu que si Dieu lui-même nous y aide et en assume la responsabilité avec nous. 

Il n’est pas en notre pouvoir de répondre par nos propres forces à l’exigence de la proximité de Dieu. C’est Dieu qui la veut et c’est Dieu qui l’accomplit avec nous et en nous. En effet, dès que Pierre va revenir à la réalité de ce monde, dès qu’il va se mettre à agir et à réagir, il va prendre l’initiative de contrecarrer les projets de Dieu au nom de sa logique humaine. Jésus réagit promptement. Pierre n’a pas encore compris que ses initiatives personnelles ne peuvent se faire que sous l’inspiration de Dieu. C’est lui qui lui donne force et énergie par son esprit. Ce qui est valable pour Pierre l’est à plus forte raison pour chacun de nous. La vie que Dieu met en nous ne se vit vraiment que si Dieu la vit avec nous. 

Dieu nous demande donc cet élan du cœur qui fait que nous lui faisons entière confiance pour prendre en charge nos propres vies. Ces vies, inspirées par Dieu ne sont pas pour autant passives. Pour être vraiment vivantes elles sont faites de réflexions, de décisions et d’actions, et chacune de ces étapes doit être le reflet de Dieu qui vit en nous. C'est dire alors la place que doit prendre la prière dans nos relations avec Dieu. C’est lui qui accompagne nos projets de vie, il est présent dans les choix que nos faisons il est de partout dans ce que nous vivons. 

Est-il besoin de dire qu’entre notre volonté de nous laisser envahir par lui et la réalité de notre existence il y a un immense fossé qui ne peut être comblé que par une accumulation de pardons qui consolident toujours les liens de vie qui nous unissent à Dieu. Le ciment qui rendra notre vie féconde sera fait de pardons donnés et de pardons reçus, et par voie de conséquence d’amour qui nous vient de Dieu mais qui ne prend de réalité que si nous le partageons en le donnant aux autres. 

Les conséquences de tout cela, résident dans cette vocation qui nous est faite d’entraîner les hommes à notre suite vers le Royaume du Seigneur par une action constructive au jour le jour. Il s’agit alors de créer avec les hommes des liens qui visent à les rapprocher de Dieu. C’est sur la fidélité à notre foi que s’édifiera l’Église, et que l’Église deviendra un rempart contre les œuvres de mort. Jésus confie l’Église à Pierre qui confesse sa foi, comme il l'a dit dit, mais aussi, il confie son Église  à chacun de ceux qui confessent leur foi comme Pierre dans les mêmes termes que lui. Pierre n’est donc pas un homme qui est mis à part pour devenir l’unique chef  de toute l’Église, c’est un exemple qui est donné ici par Jésus, afin qu’on le répète à des millions, voire à des milliards d’exemplaires.

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