lundi 18 septembre 2017

Matthieu 21/28-32 La parabole des deux fils - dimanche1 octobre 2017



Mathieu 21/28-32
 
La parabole des deux fils
28 Qu'en pensez-vous ? Un homme avait deux fils ; il s'adressa au premier et dit : Mon enfant, va travailler dans la vigne aujourd'hui.
29 Celui-ci répondit : « Je ne veux pas. » Plus tard, il fut pris de remords, et il y alla.
30 L'homme s'adressa alors au second et lui dit la même chose. Celui-ci répondit : « Bien sûr, maître. » Mais il n'y alla pas.
31 Lequel des deux a fait la volonté du père ? Ils répondirent : Le premier. Jésus leur dit : Amen, je vous le dis, les collecteurs des taxes et les prostituées vous devancent dans le royaume de Dieu.
32 Car Jean est venu à vous par la voie de la justice, et vous ne l'avez pas cru. Ce sont les collecteurs des taxes et les prostituées qui l'ont cru, et vous qui avez vu cela, vous n'avez pas eu de remords par la suite : vous ne l'avez pas cru davantage.


 La vie des humains est bien compliquée  et leurs comportements ne répondent pas  à une logique de valeur universelle.  L’histoire racontée ici par Jésus nous pose un défi en face duquel nous avons du mal à nous situer.   Nous n’avons pas toujours la même réaction, les uns et les autres face aux problèmes que nous pose la vie. Ici deux frères réagissent totalement différemment  face à la même situation. On ne sait pas pourquoi ils ont réagi comme ils l’ont fait.  Nous ne savons rien de l’un ou de l’autre ni de leur relation au père.  Celui-ci pourrait-être un brave homme soucieux de  gérer correctement son domaine, il pouvait être aussi un tyran domestique dont chaque fils aurait essayé de contourner les sautes d’humeur. L’un des garçons est  peut être infirme, malade ou trop jeunes pour  faire un tel travail tandis que l’autre  serait peut être un fieffé paresseux soucieux de ses intérêts. Je laisse à chacun de vous le soin de trouver des excuses pour  les déculpabiliser ou au contraire pour les enfoncer dans leur mensonge, car tous deux ont menti.

En fait, le problème n’est pas là et Jésus pointe ici du doigt la complexité de notre nature humaine car nous ne réagissons pas spontanément aux propositions de la vie.  Nous avons besoin de réfléchir  avant de répondre à une interpellation du destin et de décider la bonne attitude à  suivre.  Notre perception immédiate d’une proposition  n’est pas forcément celle que nous retiendrons par la suite, et c’est le cas des deux garçons dont la spontanéité est suspecte.

Si tel  est notre comportement dans les affaires de la vie, qu’en est-il alors de notre relation à Dieu, car il semble que ce soit là le propos sous-jacent de cette petite histoire. Nous nous en servirons de prétexte pour nous interroger sur la manière dont nous communiquons avec Dieu.

En fait Dieu ne semble pas nous parler en termes  clairs et précis  comme le suggère généralement  la Bible. En effet, tout au long des récits que nous rencontrons dans l’Écriture nous lisons cette formule : «  Dieu dit » et la personne concernée réagit  en fonction d’un ordre précis. Si Jonas décide de ne pas obéir  et de prendre un autre chemin que celui sur lequel Dieu l’envoie ou si  Abraham au contraire suit son injonction à partir suivi de  sa femme et ses troupeaux, c'est que l'un et l'autre, sans que cela soit dit, ont forcément réfléchi avant de prendre une décision. Pourtant le lecteur que nous sommes se sent perplexe et regrette naïvement cette époque bien heureuse où  semble-t-il Dieu parlait bouche à bouche et cœur à cœur avec les hommes. Bien que nous pensions que  les grands témoins de Dieu  avaient un contact immédiat avec lui et savaient entendre sa parole sans questionnement, il n'en était pas ainsi !

Reprenez donc les textes avec un peu d’attention et vous verrez dans le comportement des patriarches ou des prophètes, même les plus grands que leur vie a été marquée par des moments d’incompréhension où ils n’ont pas saisi ce que Dieu leur demandait,  comme ce fut le cas pour Abraham par exemple qui ne comprit pas que Dieu ne lui demandait pas de tuer son fils, mais de le lui consacrer. Le livre de Jérémie est rempli de remarques du prophète faisant état de son désarroi et de son incompréhension en face de ce qu’il comprenait de la volonté de Dieu.

Par commodité, ceux  qui ont transmis les textes de la Bible ont évité de rapporter les états d’âme de ceux à qui Dieu parlait, ils n’ont pas rapporté la totalité de leurs réflexions  ou de leurs atermoiements, ils ont dit simplement : « Dieu leur parla ». Mais ce raccourci ne les dispensait pas  de tout le débat intérieur qu’ils ont eu pour comprendre ce que Dieu leur demandait.

Quand Dieu parle, c’est d’abord un dialogue qui s’établit entre lui et nous. C’est par la voix d’un autre humain qu’il nous interpelle, c’est par un événement qui provoque une réaction en nous que nous croyons entendre un écho de  sa voix et nous y répondons par un questionnement  intérieur par lequel nous cherchons la bonne voix de Dieu. C’est par ce dialogue entre Dieu et nous, sans qu’aucune parole ne soit vraiment prononcée  que se fait la perception de la volonté divine. C’est par le dialogue avec les autres qu’il se prolonge, c’est par un éclairage avec les Ecritures qu’il se poursuit.

Ainsi, quand Dieu parle, il fait appel à l’intelligence humaine pour se faire comprendre, et c'est par ce moyen qu'agit le saint Esprit. En face de chaque situation nouvelle, notre intelligence se met en mouvement. Elle, pèse le pour et le contre et s’appuie sur l’expérience millénaire des nombreux témoins de Dieu que la Bible nous a transmise et dont Jésus a porté témoignage.  Leur foi en Dieu  nous a appris que Dieu agissait toujours par amour et  qu’il ne voulait que le mieux être des hommes. Son seul but est donc de vivre en harmonie avec eux. Toute nos intuitions intérieures qui n’iraient pas dans ce sens ne viendraient  donc  pas de Dieu et ne seraient pas le reflet de sa parole.

Nous avons en effet, tendance à enfermer Dieu dans des schémas préétablis  en dehors desquels nous nous refusons généralement  à l’entendre. Les contemporains de Jésus étaient tellement   engoncés dans ces concepts qu’ils n’ont pas su reconnaître la parole de Dieu dans les propos de Jean Baptiste qui dénonçaient l’archaïsme de leurs pensées. En s’opposant à lui, ils   affirmaient  que Dieu ne pouvaient pas accueillir les pécheurs si bien que les incroyants, les gens sans éducation qui ne nourrissaient en eux aucun préjugé culturel étaient plus aptes que les croyants et les vrais pratiquants à entendre la parole de Dieu par sa bouche, à la comprendre et à la transmettre.

Il est curieux de constater que c’est encore le cas dans les débats de société quand on oppose la parole de Dieu  aux propositions que suggèrent  les problèmes éthiques actuels, si bien que l’Église se faisant, risque de fermer ses portes à des hommes et  des femmes, non pas à cause de la parole de Dieu mais à cause de leur non-conformité à des traditions anciennes et respectables, mais  trop rigides pour accepter que Dieu adapte la bonne nouvelle de l’Evangile à l’évolution des mœurs.

Dans son commentaire de la parabole qu’il a raconté sur les deux fils  Jésus a   dénoncé notre manière de penser selon laquelle les projets de Dieu seraient établis à l’avance d’une façon immuable et que ses décisions seraient arrêtée de toute éternité. Il nous apprend que Dieu actualise sa parole en fonction de chaque situation nouvelle que nous vivons. A chaque situation nouvelle il nous demande d’exercer notre sagacité pour que sa parole y prenne corps parfois en opposition avec les traditions si bien qu’il met  Moïse en porte à faux par rapport à Jean Baptiste

Dieu œuvre toujours en fonction du bien des hommes, même  si les situations présentes ont évoluée par rapport au passé et que le mieux être des hommes prend un aspect nouveau. L’attitude des  deux frères de la parabole relève de cette problématique. Ils contestent par leur comportement l’ordre que leur donne leur père, et ils s’en  sortent, l’un et l’autre  par une dérobade qui les amène à confondre le oui et le non. Ils s’avèrent donc incapables d’être cohérents avec eux-mêmes. Le mensonge et la fausseté font partie de leur être intime. Cela les rends incapables d'être dans une relation de vérité avec leur père. Si quelque part, on cherchait à identifier Dieu avec le Père, ni l’un ni l’autre ne pourrait se trouver en état d’entendre sa voix  et d’y répondre car ils ont utilisé le mensonge pour se tirer d'affaire si bien que Dieu ne pourrait trouver son compte.  En masquant leur réponse,  ils  portent atteinte à leur père, aussi incompréhensible soit-il  et ne peuvent  pas  dans ces conditions se trouver en accord avec Dieu ni avec les hommes..

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