mardi 10 octobre 2017

Esaïe 45/1-6 Dieu dans l'histoire dimanche 22 0ctobre 2017



Esaïe 45 :1-6
 

Chapitre 45

1 Voici ce que dit le SEIGNEUR à l'homme qui a reçu son onction, — à Cyrus, que j'ai saisi par la main droite, pour terrasser devant lui des nations, pour détacher la ceinture des rois, pour ouvrir devant lui les deux battants, et que les portes des villes ne soient plus fermées :

2 Je marcherai moi-même devant toi, j'aplanirai les pentes, je briserai les battants de bronze et je casserai les verrous de fer.

3 Je te donnerai des trésors enfouis, des richesses cachées, afin que tu saches que c'est moi, le SEIGNEUR (YHWH), qui t'appelle par ton nom, et que je suis le Dieu d'Israël.

4 A cause de Jacob, mon serviteur, d'Israël, celui que j'ai choisi, je t'ai appelé par ton nom ; je t'ai paré d'un titre, sans que tu me connaisses.

5 Je suis le SEIGNEUR (YHWH), et il n'y en a pas d'autre, à part moi il n'y a pas de Dieu ; je t'ai préparé au combat, sans que tu me connaisses,

6 afin que l'on sache, du soleil levant au couchant, qu'en dehors de moi il n'y a que néant : je suis le SEIGNEUR (YHWH), et il n'y en a pas d'autre.




Sans le savoir, Cyrus est entré dans le projet de Dieu.  Ce roi  païen est devenu à son insu un des héros de l’histoire d’Israël  et il a été perçu par le prophète Esaïe comme un instrument dans la main de Dieu  pour que s’accomplisse le destin du peuple juif. Par le truchement du prophète il a été inscrit sur  la liste de ceux que Dieu auraient  mis à part pour que l’histoire d’Israël s’accomplisse  heureusement. Il  serait  ainsi  entré dans le  projet  divin sans s’en apercevoir. Il y a même fort à parier que cette révélation d’Esaïe n’a jamais  été portée à sa connaissance. Si le prophète le revêt ici du titre de Messie, le roi des Perses n’en a sans doute  jamais  rien su.

Après ces quelques paroles d’introduction, il n’est pas inutile que nous nous interrogions sur la manière dont Dieu intervient dans l’histoire  et comment il se servirait des puissants, bien malgré eux pour que s’accomplisse l’histoire.  N’a-t-il pas été dit que pour libérer les Hébreux  captifs en terre D’Égypte, Dieu endurcit le cœur de pharaon  et qu’il fut ainsi manipulé par Dieu?  Ici, on nous laisse entendre que Cyrus bénéficia de la sympathie de Dieu afin d’entrer dans son projet libérateur des Hébreux captifs à Babylone. Dieu l’aurait-il manipulé à son tour comme il le fit du pharaon ?

Ceux qui ont raconté l’histoire d’Israël telle qu’on la trouve dans les Livres historiques de la Bible, ont tenté de chercher  des constantes  pour découvrir comment  Dieu se servait du caractère et de l’action des rois pour  provoquer des événements conformes à sa volonté divine. Il est habituellement admis  que Dieu utilisait la puissance des armées des ennemis d’Israël pour punir  le peuple   de ses mauvais comportements ou de son manque de foi. Si Israël se montrait docile à la volonté de Dieu, s’il obéissait à ses commandements, si  ses dirigeants respectaient les consignes de la loi de Moïse, si les solennités liturgiques manifestaient un respect de la Loi divine, tout allait bien.  Dans le cas contraire, ce qui était fréquent, les ennemis d’Israël auraient été utilisés par Dieu, comme le bâton dont il se serait servi pour corriger son peuple. On retrouve ce principe dans les nombreux enseignements des prophètes, mais s’ils l’enseignaient, y croyaient-ils vraiment ?


Certains événements ont démenti de telles assertions, en particulier l’épisode concernant le roi Josias. Il a été considéré comme un roi pieux parmi les rois pieux. On lui a attribué la réforme du culte et la promulgation du Deutéronome, mais le sort lui fut contraire. Il périt sur l’intervention du pharaon Nékao. Sa mort sonna le glas de l’indépendance d’Israël et  déclencha le mouvement qui entraîna sa perte et l’exil. Compte tenu de cet exemple, il ne parait pas possible de retenir la thèse selon laquelle Dieu écrirait l’histoire en réagissant d’une manière positive ou négative face aux comportements  du peuple d’Israël et des autres, car en rien Josias n'avait démérité. Cet  exemple suffit à démontrer que Dieu n’écrit pas l’histoire en faisant châtier les uns par les autres suivant son bon vouloir.

Ce qui semble plus vraisemblable, c’est que Dieu fasse connaître sa volonté  par l’enseignement des prophètes et des patriarches. Ils nous ont appris que  la volonté de Dieu était liée au respect de  l’amour du prochain à  la libération de l’opprimé et au secours de la veuve et de l’orphelin. C’est l’histoire de la sortie d’Égypte qui leur sert de norme en la matière. Mais la question reste de savoir comment Dieu s’y prend pour faire  respecter sa volonté  pour le mieux être des peuples. Nous avons du mal à retenir l’hypothèse selon laquelle Dieu endurcit le cœur du pharaon afin que celui-ci ne tiene pas compte des souffrances des Hébreux,  qu'il les chasse  d’Égypte et finisse par trouver la mort dans les eaux de la Mer Rouge. Cela ne semble pas compatible avec l’image que nous avons retenue de Dieu ni celle de l’enseignement que nous donnera Jésus Christ plus tard.

Nous allons essayer de comprendre comment Dieu fonctionne vis-à-vis des peuples en nous penchant sur l’histoire de Cyrus. Israël était alors un peuple en exil,  à des centaines de kilomètres de sa terre d’origine. Il était un peuple réduit en esclavage et opprimé par la main pesante des souverains successifs de Babylone. En devenant vainqueur de Babylone, le roi des perses Cyrus  proposa un autre destin à Israël.

 Pour des raisons propres à la politique qu’il appliquait à l’égard des peuples soumis, il décida du retour d’Israël sur sa terre d’origine. Ce projet correspondait bien à ce que nous supposons  du désir de Dieu. Mais si cela correspondait au désir de Dieu, cela ne voulait pas dire pour autant qu’il se servait de Cyrus  pour  faire sa volonté, ni même qu’il avait inspiré un projet libérateur à Cyrus.

 Cela voulait simplement dire que la politique de Cyrus allait dans le sens du désir de Dieu. Cela ne voulait pas dire  que Dieu était intervenu d’une manière ou d’une autre pour que l’histoire prenne le cours qu’elle avait pris même si Le prophète Esaïe a laissé entendre que l’action de Dieu allait dans ce sens et que Cyrus était un instrument dans sa main. Pour que ce fût le cas, il aurait fallu que Cyrus lui-même témoigne du fait qu’il avait compris la volonté de Dieu et que Dieu lui ait parlé dans ce sens. Ce ne fut pas le cas.

Que dire alors ?  Dieu est-il vraiment un Dieu libérateur et intervient-il d’une manière ou d’une autre pour que l’histoire aille dans le sens où il le désire ?  Il serait faux de dire que Dieu instrumentalise les hommes et qu’il les manipule pour que leuurs actions aillent dans le sens où il le désire. Mais on peut dire par contre que c’est l’Esprit de Dieu qui souffle sur le monde et sur ceux qui le  dirigent, et que de ce fait, ils  agissent dans le sens où l’esprit de Dieu les inspire. 

Dans de telles situations  on peut alors dire que Dieu prend à son compte les projets libérateurs des hommes pour les faire siens.  On peut même dire, comme ce fut le cas pour Cyrus que Dieu se reconnait dans un projet libérateur, même quand  le but du projet  n’est pas  la libération de ce peuple,  mais que malgré tout il va dans ce sens. C’est sans doute la lecture qu’Ésaïe a fait de cet événement.

Il n’est pas pour autant exclu que les dirigeants tournent leur coeur vers Dieu  qu'ils soient inspirés par sa loi et qu’ils cherchent le bien des peuples par obéissance à  cette loi. Mais dans l’histoire du monde ce fut rarement le cas. Il n’empêche cependant que la volonté de Dieu consiste à œuvrer  pour le mieux être de l’humanité. C'est pour cela que son esprit souffle sur le monde un esprit d'amour et de liberté. Pour cela, les croyants se  mobilisent et agissent.  Dieu  laisse  librement venir à lui tous les hommes qui ont compris sa nature divine et qui  se laissent influencer par son amour et  le désir de lui plaire.

Dieu diffuse ce désir de liberté sur les hommes, et ce sont les peuples influencés par Dieu qui font  pression sur leurs dirigeants  de telle sorte que ceux-ci sont contraints par l'action de leurs peuples de suivre leur instigation pour ne pas être chassés du pouvoir par eux. C'est là ce que préconise la théologie  dite de la libération en  affirmant que Dieu joue un rôle dans l'histoire en provoquant la libération des peuples. C'est ainsi me semble-t-il que Dieu agit sur l'histoire, toujours pour le bien des peuples et jamais pour les punir. Il se sert de chacune et  de chacun de nous pour mener cette action.

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