vendredi 13 octobre 2017

Exode 22/20-26 Dieu est-il un Dieu interventionniste? dimanche 29 octobre 2017



Exode 22/20- 26 

20Tu n'exploiteras pas l'immigré, tu ne l'opprimeras pas : vous avez été des immigrés en Égypte.
21Vous n'affligerez jamais la veuve ni l'orphelin.
22Si tu les affliges et qu'ils crient vers moi, j'entendrai leurs cris ;
23je me mettrai en colère, et je vous tuerai par l'épée : vos femmes seront veuves, et vos enfants orphelins.
24Si tu prêtes de l'argent à quelqu'un de mon peuple, au pauvre qui est chez toi, tu ne te comporteras pas à son égard comme un prêteur sur gages : tu n'exigeras pas de lui un intérêt.
25Si tu prends en gage le manteau de ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du soleil ;
26car sa seule couverture, c'est le manteau qu'il a sur la peau : dans quoi coucherait-il ? S'il crie vers moi, je l'entendrai, car je suis clément.

 Voir aussi le fils prodigue Luc 15 :11-32





Le Livre de l’Exode mériterait qu’on s’y attache davantage, car placé en deuxième position des livres de la Bible, son message est perçu par ceux qui nous l’ont transmis comme essentiel pour nous dire la révélation de Dieu. Il nous le présente comme un Dieu qui  libère les hommes de leurs oppresseurs. ( Nous en éclairerons la lecture du fragment proposé pour ce jour par la parabole du fils prodigue dont nous garderons les péripéties présentes à  l’esprit.) En fait ce n’est pas Dieu qui libère vraiment,  comme ce n’est pas le Père du fils prodigue qui rend son fils libre,  mais il lui en offre la possibilité. Ainsi Dieu  pousse les hommes à se libérer eux-mêmes et il les accompagne dans cette entreprise.

Sous son impulsion, les hommes deviennent les instruments de leur propre destin  et sous l’inspiration de Dieu ce destin leur devient favorable.  Ainsi, ceux qui nous ont transmis ces récits ont cherché à nous dire que l’esprit des hommes était habité par le désir de ne pas vivre captifs des autres quels qu’ils soient, et que Dieu se trouvait sur le chemin de ceux qui veulent  œuvrer à réaliser par eux-mêmes leur propre histoire. Dieu  n’est  sans doute pas un Dieu interventionniste qui  agirait avec puissance dans le cours des événements, il  se contenterait d’intervenir  auprès des hommes par la puissance de son esprit qui sans cesse les pousse à se prendre eux-mêmes en charge et à construire leur avenir.

Bien évidemment, les Hébreux qui sont les héros  de cette histoire vont refuser cette image de Dieu, ils vont même le provoquer pour qu’il intervienne et Dieu, pour que l’histoire ait du  sens accepte d’être perçu comme tel. Il affirme sa puissance devant le pharaon.  Il écarte la mer  pour rendre possible le passage des fugitif vers une terre de liberté, il couvre les buissons de substance nourrissante pour que le peuple en fuite ne meure pas de faim, il cache des sources sous les rochers pour qu’il n’ait plus soif.  Cette image de Dieu qui intervient quand on le supplie cache  l’autre image de Dieu, celui qui inspire, qui donne espoir et montre la route à suivre


Ainsi, deux images de Dieu rivalisent-elles sous nos yeux alors que nous parcourons ce livre. Il est bien évident que c’est l’image de Dieu qui intervient qui a la faveur des auteurs de ce récit mais que notre raison récuse. Ces deux images de Dieu correspondent aussi aux aspirations profondes de l’humanité.  En effet,  si les humains aspirent à être pris par la main pour avancer, s’ils aspirent à être protégés quand ils se sentent  menacés et s’’ils espèrent  que Dieu fera face pour eux  aux adversités,  leurs pensées profondes  s’opposent  aussi à ce Dieu auquel ils aspirent mais qui  les place sous la dépendance de ses interventions, comme par magie.

Il y a donc un autre aspect du divin auquel nous aspirons. Il correspond  à ce moment où quittant l’enfance, nous cherchons à rejeter la tutelle de nos parents pour  se laisser habiter par des idées nouvelles  et  prendre en charge notre vie nous-mêmes.  Apparemment c’est cet aspect de Dieu qui  nous pousse à  devenir responsables de nous-mêmes, qui prend le pas sur cet autre aspect de Dieu dans cette histoire.  Mais ces forces qui émanent de Dieu rivalisent entre elles et nous préférons que Dieu réalise nos désirs de vie plutôt que de les réaliser nous-mêmes sous son inspiration. Malgré le désir d’indépendance que Dieu nous inspire, malgré le désir d’assumer nous-mêmes nos responsabilités,  nous n’osons pas le mettre en pratique  et   nous cherchons  quand même à nous réfugier  sous la protection de ce Dieu que nous aimerions voir agir à notre place.

C’est dans  cette double tension vis-à-vis de Dieu que nous nous réfugions aujourd’hui. Nous refusons ce Dieu interventionniste au nom de nos philosophies contemporaines et au nom de la science qui a lentement  édulcoré  cette image de Dieu.  Mais nous refusons aussi l’autre image de Dieu, car nous voulons être maîtres de notre destin en contestant le fait que Dieu puisse nous inspirer ce que nous devrions faire ou penser. Nous pensons  qu’il peut y avoir des idées nouvelles qui font l’économie de Dieu. Nous voila dans la situation du fils prodigue qui veut faire sa route tout seul et qui se croyant capable de diriger sa vie  tout seul se prive de son père et se trouve très vite en situation d’échec. Il se précipite alors dans les bras paternels  espérant que celui-ci interviendra, comme quand il était  un petit enfant.

Les peuples et les individus en passent tous par là et Jésus a bien vu la situation quand il raconte cette parabole célèbre du fils prodigue. La parabole s’achève sur un question ouverte et on ne sait pas comment elle peut finir.   Mais le livre de l’Exode ne s’arrête pas sur une interrogation comme la parabole, au contraire il s’achève sur l’espérance d’une marche en avant en compagnie de l’Eternel dans le respect  de sa volonté.

Mais en quoi consiste la volonté de Dieu ? Elle réside dans la découverte d’un  secret concernant le mieux vivre ensemble  dont dépend la réussite de toute entreprise humaine.  Ce secret, chacun devra le découvrir  mais aura du mal à l’accepter. Il  réside dans la manière dont chaque individu et chaque peuple se comportera vis  à vis de l’autre.  L’autre, le prochain le frère, doit avoir priorité dans toutes nos actions.

C’est ce que  le frère du fils prodigue n’a pas compris quand  il reste à la porte du jardin pour bouder au lieu d’accueillir son frère.  Cette découverte de la valeur de l’autre doit triompher de notre égoïsme et contient le secret de la vie, car  l’amour qui lui donne sa valeur est la définition même que Jésus donne à Dieu. Ce Dieu cesse alors d’être le  Dieu interventionniste pour devenir celui  qui nous pousse à vivre en compagnie des autres car c’est la seule manière d’accomplir heureusement son destin

Encore une remarque avant de clore cet entretien.  Si dans le commentaire qui est fait de la loi dans les versets qui ont été lus pour soutenir ce sermon les écrivains bibliques  ont laissé planer l’idée de mort contre ceux qui ne la respecteraient pas, il ne s’agit pas d’une mort due à la condamnation des transgresseurs par Dieu, bien que cela soit suggéré, mais il s’agit là de la conséquence  inéluctable du manque d’amour à l’égard de l’autre, du prochain, ou  du frère. En fait ce n’est pas Dieu qui punit mais c’est la conséquence de nos comportements  discriminatoires à l’égard des autres que  l’on voudrait faire endosser à Dieu mais qui découle  tout naturellement du mauvais  comportement que nous pourrions avoir avec les autres. 








Aucun commentaire: