1 Samuel : 3/3-19
Le jeune Samuel était au service de l'Eternel
devant Eli. La parole de l'Eternel était rare à cette époque, les visions
n'étaient pas fréquentes.
2 Un jour, Eli, dont la vue commençait à faiblir et qui ne pouvait plus bien voir, était couché à sa place habituelle. 3 La lampe de Dieu n'était pas encore éteinte et
2 Un jour, Eli, dont la vue commençait à faiblir et qui ne pouvait plus bien voir, était couché à sa place habituelle. 3 La lampe de Dieu n'était pas encore éteinte et
Samuel était couché
dans le temple de l'Eternel, où se trouvait l'arche de Dieu.
4 Alors l'Eternel appela Samuel. Il répondit: «Me voici», 5 courut vers Eli et dit: «Me voici, car tu m'as appelé.» Eli répondit: «Je n'ai pas appelé, retourne te coucher.» Et Samuel alla se coucher. 6 L'Eternel appela de nouveau Samuel. Samuel se leva, alla vers Eli et dit: «Me voici, car tu m'as appelé.» Eli répondit: «Je n'ai pas appelé, mon fils, retourne te coucher.» 7 Samuel ne connaissait pas encore l'Eternel, la parole de l'Eternel ne lui avait pas encore été révélée. 8 L'Eternel appela de nouveau Samuel, pour la troisième fois. Samuel se leva, alla vers Eli et dit: «Me voici, car tu m'as appelé.» Eli comprit alors que c'était l'Eternel qui appelait l'enfant, 9 et il dit à Samuel: «Va te coucher et, si l'on t'appelle, dis: 'Parle, Eternel, car ton serviteur écoute.'» Et Samuel alla se coucher à sa place.
10 L'Eternel vint se tenir près de lui et appela comme les autres fois: «Samuel, Samuel!» Samuel répondit: «Parle, car ton serviteur écoute.»
11 Alors l'Eternel dit à Samuel: «Je vais faire en Israël une chose telle que toute personne qui l'apprendra en restera abasourdie.
12 Ce jour-là j'accomplirai vis-à-vis d'Eli tout ce que j'ai prononcé contre sa famille; je le commencerai et je le finirai.
13 Je le lui ai déclaré, je veux punir sa famille pour toujours. En effet, il avait connaissance du crime par lequel ses fils se sont maudits et il ne leur a pas fait de reproches.
14 C'est pourquoi je jure à la famille d'Eli que jamais son crime ne sera expié, ni par des sacrifices ni par des offrandes.»
15 Samuel resta couché jusqu'au matin, puis il ouvrit les portes de la maison de l'Eternel. Il avait peur de raconter la vision à Eli, 16 mais Eli l'appela et dit: «Samuel, mon fils!» Il répondit: «Me voici!» 17 Eli dit: «Quelle est la parole que l'Eternel t'a adressée? Ne m'en cache rien. Que Dieu te traite avec la plus grande sévérité, si tu me caches quoi que ce soit de tout ce qu'il t'a dit!»
18 Samuel lui raconta tout, sans rien lui cacher, et Eli dit: «C'est l'Eternel, qu'il fasse ce qui lui semblera bon!» 19 Samuel grandissait. L'Eternel était avec lui et ne laissa aucune de ses paroles rester sans effet.
4 Alors l'Eternel appela Samuel. Il répondit: «Me voici», 5 courut vers Eli et dit: «Me voici, car tu m'as appelé.» Eli répondit: «Je n'ai pas appelé, retourne te coucher.» Et Samuel alla se coucher. 6 L'Eternel appela de nouveau Samuel. Samuel se leva, alla vers Eli et dit: «Me voici, car tu m'as appelé.» Eli répondit: «Je n'ai pas appelé, mon fils, retourne te coucher.» 7 Samuel ne connaissait pas encore l'Eternel, la parole de l'Eternel ne lui avait pas encore été révélée. 8 L'Eternel appela de nouveau Samuel, pour la troisième fois. Samuel se leva, alla vers Eli et dit: «Me voici, car tu m'as appelé.» Eli comprit alors que c'était l'Eternel qui appelait l'enfant, 9 et il dit à Samuel: «Va te coucher et, si l'on t'appelle, dis: 'Parle, Eternel, car ton serviteur écoute.'» Et Samuel alla se coucher à sa place.
10 L'Eternel vint se tenir près de lui et appela comme les autres fois: «Samuel, Samuel!» Samuel répondit: «Parle, car ton serviteur écoute.»
11 Alors l'Eternel dit à Samuel: «Je vais faire en Israël une chose telle que toute personne qui l'apprendra en restera abasourdie.
12 Ce jour-là j'accomplirai vis-à-vis d'Eli tout ce que j'ai prononcé contre sa famille; je le commencerai et je le finirai.
13 Je le lui ai déclaré, je veux punir sa famille pour toujours. En effet, il avait connaissance du crime par lequel ses fils se sont maudits et il ne leur a pas fait de reproches.
14 C'est pourquoi je jure à la famille d'Eli que jamais son crime ne sera expié, ni par des sacrifices ni par des offrandes.»
15 Samuel resta couché jusqu'au matin, puis il ouvrit les portes de la maison de l'Eternel. Il avait peur de raconter la vision à Eli, 16 mais Eli l'appela et dit: «Samuel, mon fils!» Il répondit: «Me voici!» 17 Eli dit: «Quelle est la parole que l'Eternel t'a adressée? Ne m'en cache rien. Que Dieu te traite avec la plus grande sévérité, si tu me caches quoi que ce soit de tout ce qu'il t'a dit!»
18 Samuel lui raconta tout, sans rien lui cacher, et Eli dit: «C'est l'Eternel, qu'il fasse ce qui lui semblera bon!» 19 Samuel grandissait. L'Eternel était avec lui et ne laissa aucune de ses paroles rester sans effet.
Pourquoi Dieu ne parle-t-il pas plus
clairement ? Pourquoi ne vient-il
pas se présenter à la porte de notre chambre comme il le fit pour Samuel afin
de nous dire distinctement ce qu’il attend de nous ? Pourquoi ne se
tient-il pas en pleine nuit à la porte de
notre tente, comme il le fit pour Abraham, pour
nous révéler l’itinéraire à
suivre pour quitter la demeure de notre père et obéir à ses suggestions.
Certainement comme Samuel, ou comme Abraham nous obtempérerions et Dieu serait satisfait de nous comme il le fut pour
ces deux héros dont on parle ? Mais
ce qui s’est passé pour eux ne se passe pas pour nous de la même façon. Quand nous croyons que Dieu nous pousse à
faire quelque chose, nous ne sommes jamais sûrs d’avoir vraiment
entendu ce que Dieu désirait nous faire comprendre!.
Mais pour nos deux personnage, ça ne s’est peut
être pas passé exactement comme le récit nous l’a transmis. Il se
peut que ce fut leur foi qui ait rendu
leurs oreilles attentives à autre choses
qu’à des paroles clairement formulées, et que la volonté de Dieu se soit
clairement fait entendre à eux autrement que par voix orale. Sommes-nous alors
des gens de si peu de foi pour que nous ne soyons pas capables de saisir la
volonté de Dieu sans que celle-ci ne se soit exprimée à haute et intelligible
voix?
Ces questions préliminaires en appellent une
autre : Pourquoi Dieu, quand il s’adresse à nous, nous distinguerait-il parmi les autres pour
accomplir la tâche qu’il nous réserve ? D’autres humains, ne seraient-ils
pas plus compétents que nous pour le faire? Curieusement, Abraham dont nous
venons de parler, ou Samuel, ou bien d’autres encore n’ont-ils pas cherché à savoir ce qui avait motivé le choix de Dieu quand il s’est adressé
à eux ; pourtant la question : « pourquoi moi ? » reste
appropriée.
Jérémie cependant à osé interpeler Dieu à ce
sujet. Avec pertinence, il a su dire sa
propre incompétence. La seule raison
qu’il crut percevoir de Dieu c’est que Dieu lui-même savait ce qu’il faisait et
n’avait pas de comptes à lui rendre. Jérémie se soumit donc à l’arbitraire de
Dieu et subit son sort avec
résignation en affrontant les défis de
l’histoire.
Quant à nous, si nous voulons entendre ce que Dieu nous demande, il faut
bien que nous répondions à cette question : pourquoi moi ? Ensuite il
faudra vérifier que l’on a bien entendu la réponse de Dieu.
C’est
avec l’histoire de Samuel que nous tenterons de formuler des réponses. Par une nuit particulièrement agitée où il
essaye de mettre de l’ordre dans ses idées, le jeune Samuel va réaliser
qu’il doit jouer un rôle
particulier pour que la situation
provoquée par les fils d’Elie évolue. Il
réalisera alors le souhait de sa mère qui l’avait placé au sanctuaire de Silo
pour servir l’Eternel dès son enfance, mais il ne réalise pas encore qu’il en
viendra à se substituer au prêtre Elie alors que lui, Samuel n’est pas de famille sacerdotale. A cette époque on adorait Dieu dans différents sanctuaires car le Temple de Jérusalem n’était pas encore
construit. Le prêtre Elie, qui n’est pas
le prophète du même nom,
appartient à la famille
sacerdotale et se trouve en charge du
sanctuaire de Silo, le plus important à l’époque, puisqu’il abrite la fameuse arche de l’Alliance.
Elie semble être un brave homme mais il est
dépassé dans son autorité paternelle et va
se trouver frappé d’indignité à cause du comportement inadmissible de ses garnements de fils qui bien que prêtres eux-mêmes,
détournent à leur profit le produit des
sacrifices. Trop vieux pour avoir une influence quelconque sur ces chenapans et atteint de cécité, le vieux prêtre est impuissant pour agir.
Bien que Samuel ne soit encore qu’un jeune homme, chargé de l’entretien du sanctuaire comme
pourrait l’être un sacristain, il voit
tout, il comprend tout, mais il doit
garder le silence. Personne ne serait assez naïf pour croire que les choses aussi
mal engagées allaient durer longtemps.
C’est dans ce contexte que le récit fait
résonner la voix de Dieu ! Comment ?
Le récit nous est présenté pour que le lecteur comprenne que Dieu se
sert de Samuel pour que les choses évoluent et surtout pour qu’Elie comprenne
que ça ne peut plus durer. Mais il nous faut être perspicace pour comprendre où
se situe l’action de Dieu dans tout ça. Pas besoin d’être un grand clerc pour comprendre
que Samuel soit troublé par cette situation. L’enfant pense à tout cela
et n’en dort pas. Sa piété et son intelligence sont continuellement en éveil.
Le lecteur attentif comprend que la voix
de Dieu se confond ici avec la voix de la conscience de l’enfant.
Puisqu’Eli n’intervient pas dans une telle
situation, il faut bien que quelqu’un aide le prêtre à comprendre ce qui va se
passer, et Samuel a bien saisi que s’il
n’agit pas, personne ne le fera. Tout ce
qui est raconté ici tient compte de tous les éléments que nous venons de
mentionner mais ils nous sont rapportés sur le ton du merveilleux, propre aux
récits de l’époque. Tout ce qui se passe ici
est le fruit de la prière d’un enfant
qui accablé par la situation, se place devant Dieu. L’enfant inspiré fait le
bilan de la situation et prend devant
Dieu la décision qui s’impose, de dire
les choses franchement à Eli.
Si on considère que cette approche du texte
est une voie possible que Dieu donne à sa parole pour se faire entendre et la
rendre crédible pour le lecteur contemporain, on fera la même analyse pour le récit d’Abraham que nous avons évoqué au
début de ce propos. Nous comprendrons
que le patriarche accablé par son souci personnel de savoir sa femme
stérile, en perde le sommeil et se
soit tourné vers Dieu pour lui dire son
angoisse.
Ne suffirait-il pas d’un peu d’audace et
d’esprit d’entreprise pour que les difficultés du moment prennent un autre
aspect. Abraham était bloqué dans une
situation qui n’évoluait pas. La routine quotidienne ne débouchait sur rien,
les difficultés discutées dans le clan
familial n’apportaient aucune solution. Le clan, sans héritier était condamné à
la disparition. Abraham dans ses transes nocturnes méditait.
Si
Dieu donnait au couple l’audace de sortir du carcan familial et d’aller voir
ailleurs, la vie reprendrait ses droits,
peut-être que la semence du patriarche
porterait du fruit dans le sein de sa femme ? Abraham
opta pour l’audace et fit confiance à Dieu pour le guider.
Dieu donne aux hommes l’audace
d’entreprendre. Est-ce en agissant ainsi
qu’ils entendent la réponse de Dieu qui leur
ouvre un autre avenir que celui qu’ils avaient construit
jusqu’alors ? Est-ce ainsi que Dieu a parlé à Abraham ? Sans
doute ai-je forcé les textes pour les amener
là où je voulais aller, mais cette explication ne rend-elle pas cohérente la
manière dont Dieu parle en nous, en éclairant
notre méditation personnelle par sa présence en nous.
Les deux questions que nous nous posions au
début de notre réflexion trouvent ici une réponse : Pourquoi moi ?
Dieu s’intéresse à chacun de nous et donne
une réponse, pas toujours entendue à ceux qui la lui demandent. Quiconque
affronte la vie avec audace reçoit de Dieu cette énergie dont tous ont besoin
pour se mettre personnellement en cause
et décider de se mettre à son service. C’est alors que rempli d’audace,
chacun comprend que sa vocation particulière est de se mettre au service de
Dieu. Quelle que soit la forme qu’il donnera à ce service, Dieu lui donnera sa
caution et Jérémie, vous vous en souvenez, qui oppose l’argument de son jeune âge, le
voit balayé conjointement par lui-même et par Dieu parce que c’est un au faux
argument de sa part pour ne pas se servir de l’audace qu’il puise en Dieu.
Pour la deuxième question qui consiste à se
demander comment Dieu parle, il me semble que l’on trouvera une esquisse de réponse dans l’approche du texte que nous
avons fait de l’histoire de Samuel.
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