29 En sortant de la synagogue, ils se rendirent, avec Jacques et Jean, chez
Simon et André. 30 La belle-mère de Simon était couchée elle avait de la fièvre
; aussitôt on lui parle d’elle. 31 Il s’approcha et la fit lever en lui
saisissant la main ; la fièvre la quitta, et elle se mit à les servir. 32 Le
soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous les malades et les
démoniaques. 33 Toute la ville était rassemblée devant la porte. 34 Il guérit
beaucoup de malades qui souffraient de divers maux et chassa beaucoup de démons
; il ne laissait pas les démons parler, parce qu’ils le connaissaient.
35 Au matin, alors qu’il faisait encore très sombre, il se leva et sortit
pour aller dans un lieu désert où il se mit à prier. 36 Simon et ceux qui
étaient avec lui s’empressèrent de le rechercher. 37 Quand ils l’eurent trouvé,
ils lui disent : Tous te cherchent. 38 Il leur répond : Allons ailleurs, dans les
bourgades voisines, afin que là aussi je proclame le message ; car c’est pour
cela que je suis sorti. 39 Et il se rendit dans toute la Galilée, proclamant le
message dans leurs synagogues et chassant les démons.
En sortant de la synagogue, Jésus ne fit pas comme
nous quand nous quittons le temple, il ne va pas acheter le gâteau du dimanche,
ni prendre l’apéritif, ni s’assoir
devant le repas du dimanche, il s’occupe des gens qui ont besoin de lui en l’occurrence, sa belle-mère, puis les solliciteurs à sa porte et la nuit
venue, il prie pour conjurer les démons.
Il identifie son activité à celle que le
psaume 51 attribue à Dieu : « il ne sommeille ni ne veille
celui qui garde Israël. »
En effet, le récit commence en racontant la guérison de la belle-mère de Pierre. Elle
est atteinte de fièvre, Jésus la guérit, il n’y a rien de spectaculaire dans
cette guérison et on ne comprendrait pas pourquoi ce petit miracle serait
rapporté si ce n’était pour faire ressortir un élément qui transparaît au
travers des termes utilisés. L’Évangéliste utilise des mots qui sont
habituellement réservés à la description de la résurrection. Il est dit qu’elle
était couchée et non pas qu’elle était au lit. Elle était étendue, comme le
sont les morts. Et il n’est pas dit qu’il la guérit, mais qu’il la fit se
lever, et l’expression « faire se lever » désigne habituellement dans l’Évangile l’action de ressusciter ! Évangile se place ainsi sous le signe de la
résurrection. On ne pourra comprendre la suite, si on n’a pas compris cela en
premier lieu.
Quand Jésus intervient dans l’existence de quelqu’un c’est pour le faire
passer d’une situation de mort à une situation de vie, c’est cela la
résurrection. Sans que les choses soient dites, il nous est donc donné de
percevoir que toutes les relations que Jésus établit avec les humains sont
placées dans cette dimension de la résurrection qui devient la réalité profonde
de son ministère. Elle prend alors son
sens véritable qui ne désigne pas seulement le fait de survivre à notre propre
mort mais qui est le fait de vivre dès maintenant la réalité de la présence de
Jésus à nos côtés. C’est cela qui est désormais l’aspect essentiel du message
de Jésus.
Est ressuscité celui qui se sent libéré
de tout ce qui l’entraîne dans la mort. Nous avons ici toute une série
d’actions libératrices de Jésus. Ces actions ont lieu en pleine nuit et la
foule est nombreuse. Toute la ville est là, est-il dit, c’est dire que tout un
chacun est concerné. Il faut comprendre que la notion de nuit à ici une
fonction symbolique. La nuit n’est pas seulement l’absence de jour, c’est aussi
l’absence d’espérance, La nuit est
remplie de peur. La nuit signifie l’incapacité que l’on a de voir la
situation à venir, la nuit n’est pas seulement physique, elle est spirituelle.
Elle désigne cette situation qui fait que tous les fantasmes, tous les démons
s’en donnent à cœur joie et se comportent comme si Dieu n’avait aucun pouvoir
sur eux.
La nuit est perçue comme un moment
où Dieu semble suspendre sa vigilance et laisse la place libre aux forces hostiles.
C’est dans ce monde redoutable pour l’homme où Dieu semble être absent que
Jésus intervient, comme pour dire qu’il n’y a pas de domaine réservé où Dieu ne
puisse agir. L’Évangile de Marc nous dit que Jésus est venu imposer la
résurrection dans le domaine de la mort et rétablir une relation avec Dieu qui
paraissait interrompue.
Qui fait obstacle à ces relations? Ce sont bien entendu les démons et la
maladie. Dans le contexte de l’Évangile, les démons ne sont pas personnalisés,
ils sont mis au même rang que la maladie dont l’absence de guérison nous fait
douter de Dieu. Nous traversons parfois des événements si terribles que notre
raison ne peut les surmonter sans mettre Dieu en cause. Ils sont à mettre au
rang des démons auxquels Jésus livre un combat sans merci.
Nous doutons de Dieu, quand nous avons le sentiment que le poids du destin
est si lourd que nous pensons que Dieu doit être impuissant à nous aider
à les surmonter. Pire, s’il n’est pas impuissant, c’est qu’il laisse
faire ou qu’il n’a rien à faire d’une créature aussi insignifiante que nous. Ce
sentiment d’indifférence ou de total abandon est insupportable car nous n’avons
pas la force de faire face à notre destin tout seul. Nous nous sentons enfermés
dans une nuit épaisse condamnés à subir un destin que nous ne maîtrisons pas.
C’est dans cette nuit épaisse que Jésus se tient. C’est là que les
disciples le trouvent alors qu’il fait encore noir. Ils lui disent l’angoisse
des hommes et Jésus répond qu’il est là pour les soulager. Jésus était sorti
dans la nuit pour prier, c’est dire que pendant que les hommes dormaient, Jésus
lui veillait alors, semble-t-il que les forces hostiles étaient à l’affût.
A ceux qui le cherchent et qui l’interpellent Jésus dit : « allons ailleurs
». Cet «ailleurs» n’est pas là où ils espèrent. Ils espèrent l’efficacité immédiate de Jésus, mais c’est
ailleurs, pour lui que ça se passe. Eux, ils s’attendent à l’efficacité
immédiate de Jésus par un miracle. Le
miracle, pour eux est de l’ordre du
confort immédiat comme le ferait un médicament qui à peine administré
supprimerait la douleur. La position de Jésus n’est pas tout à fait celle la.
Elle est ailleurs.
Les hommes souhaitent qu’en intervenant Jésus corrige les anomalies dont ils
sont victimes. Ce n’est pas exactement ce qui se produit. Malgré nos prières,
nos angoisses subsistent, les maladies perdurent et parfois nous emportent.
Dieu ne veut pas passer son temps à corriger ce qui ne va pas dans le monde. Il
se refuse à être le Dieu-Providence qui répond aux nécessités des hommes en
manque. Jésus oriente leurs regards vers un ailleurs où ils n’ont pas encore
tourné les yeux. Cet ailleurs, nous l’avons déjà désigné au commencement de ce
propos, c’est l’événement de la résurrection.
La résurrection s’est manifestée au moment où Dieu, dans la personne de
Jésus a décidé de prendre à son compte toutes les malédictions des hommes pour
les porter et les assumer dans sa mort.
Grâce à elle nous dépassons nos propres souffrances, en sachant que Dieu a
mis en nous assez d’énergie pour que nous les surmontions et pour faire qu’elles ne soient plus des
obstacles à
notre foi et à notre espérance. La résurrection est puissance de Dieu en nous.
notre foi et à notre espérance. La résurrection est puissance de Dieu en nous.
Dieu ne détruit pas, comme par l’effet d’une potion magique tous nos
blocages, mais il met assez d’énergie en nous pour que nous les dépassions car
Dieu croit en l’homme et à sa capacité de dépassement. C’est ainsi qu’il
poursuit en nous son œuvre de
création. Il fait le pari que si nous lui faisons confiance nous surmonterons
par nous-mêmes toutes les épreuves qui
nous font souffrir. Cela ne l’empêche
cependant pas de mettre régulièrement sur notre route des signes effectifs de
sa puissance. Les miracles que Jésus opère et qu’il continue encore à faire,
sont des sortes de repères qu’il met sur notre route, c’est pourquoi il
se permet de faire quand même des miracles. Ils agissent sur nous comme le pain
et le vin de la cène qui ne nourrissent pas physiquement mais qui nous disent
la présence réelle de Dieu dans notre existence.
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