jeudi 18 janvier 2018

Marc 1/21-28 : Dieu créateur dimanche 28 janvier 2018



Marc 1 : 21-28

21 Ils entrèrent à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, Jésus se rendit à la synagogue, et là, il enseignait.
22 On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes.
23 Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier :
24 « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. »
25 Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. »
26 L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui.
27 Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. »
28 Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée.


Le début de l’Évangile de Marc nous dit comment ici, tout a commencé. Dans un décor tout à fait banal,  dans  une   obscure synagogue  d’une petite ville de  Galilée, Jésus va prononcer quelques simples paroles   qui vont remettre en cause d’une manière radicale toutes les idées reçues jusqu’alors sur Dieu et  sur l’origine du monde.  Pourtant le lecteur que nous sommes ne comprend pas ce qu’il y a de révolutionnaire dans l’événement  qui est ici décrit.   Il nous est déjà acquis que Jésus  allait tout remettre en cause, ça on le savait ! Mais il semblerait qu’il y a quelque chose d’utopique à essayer de nous faire comprendre cela, à partir d’un événement aussi ténu que celui qui est rapporté ici. Si on veut y comprendre quelque chose,  Il va nous falloir faire un l’effort, pour oublier ce que nous savons et nous  laisser guider vers Dieu par Jésus lui-même.  Même si l’événement  semble banal  apriori,  il va remettre définitivement en cause nos  conceptions   habituelles sur Dieu.

Si le décor est banal, le personnage dont il est question ici, l’est aussi. C’est  un homme apparemment dérangé dans sa tête. Il n’est sans doute pas un fou,  il est quelqu’un qui n’est pas fini, comme on disait dans mon village, un simple d’esprit qui interpelle en termes grandiloquents Jésus qui est ici un simple prédicateur de passage. Une seule parole de sa part suffit cependant  à remettre les choses en place et à guérir le provocateur. Il n’en faut pas moins pour que le rédacteur de l’Évangile tire une conclusion en forme de question  qui concerne tout l’Évangile.     «  Est-ce là une nouvelle  doctrine donnée avec autorité » ? La question vaut affirmation ! C’est une nouvelle doctrine dont l’origine n’est pas dite, mais  il nous est facile de déduire que   c’est de Dieu qu’elle  reçoit son origine, le terme autorité utilisé ici dit bien sa provenance.


La nouvelle va désormais accompagner tous les déplacements de Jésus et se répandre comme une tache d‘huile pour mettre en cause la  religion officielle et accréditer quelque chose de radicalement nouveau, comme le suggère ce même Évangile de Marc  dans ses derniers versets. Il  s’achève en effet,  sur la description symbolique du voile du Temple qui se déchire de bas en haut et sur l’affirmation donnée par un païen : « cet homme était vraiment le Fils de Dieu » (Marc 15/38-39). L’essentiel a été dit. Cette nouvelle doctrine  a anéanti le privilège du temple  ainsi que le fondement de la religion juive,  et elle accrédite l’autorité de Jésus qui se trouve reconnu comme fils de Dieu par un païen  issu des nations. Le judaïsme est dépassé, l’univers s’élargit au monde entier.

Quelle est donc cette nouvelle doctrine que l’on a eu du mal à discerner pour l’instant ? C’est une simple parole qui a donné autorité à Jésus et  qui remet en cause l’ordre normal des choses. On est en présence d’un homme qui est victime d’un mal qui ne lui vient pas de Dieu, puisque Jésus détruit  son mal  en une seule parole. Pour ne pas qu’il y ait confusion on a bien précisé que Jésus agissait en tant que saint de Dieu. Le mal ne peut donc venir de Dieu. Les maladies, voire même les catastrophes, n’ont donc pas Dieu pour origine, sans quoi Dieu ne cautionnerait pas le fait qu’on les domine  en son nom.  Dieu ne se sert donc pas de nos maux pour nous punir de nos fautes passées  connues ou inconnues, comme on le  croyait habituellement. Il n’intervient pas par le mal pour produire du bien en nous. Si ce n’est pas Dieu qui envoie nos épreuves,  qui est-ce ? On ne sait pas, mais il est clair  aussi qu’elles ne sont pas sous le contrôle de Dieu, mais par l’action de Jésus elles y entrent.

En intervenant, Jésus prive l’esprit  impur de parole : «  tais-toi » lui dit-il. Le fait que Jésus l’invite à se taire  laisse entendre le pouvoir  que la parole  va prendre non seulement dans ce récit, mais dans beaucoup d’autres. C’est par une parole que  l’action  du mal est détruite et que l’homme possédé redevient normal.  La parole de Jésus devient créatrice et l’action de l’esprit impur est anéantie. Par la parole de Jésus, Dieu reprend le pouvoir sur cet homme et l’esprit impur le perd. L’homme entre alors dans l’univers des gens normaux ?


Vous avez sans doute remarqué que nous  étions entrés dans le cadre de la création, tel que le récit des origines nous la raconte. Il y est dit, qu’au commencement Dieu se trouva confronté par le chaos. Il le soumit  à sa discrétion par sa parole. C’est ainsi que la Bible en son tout début nous raconte la création.  On aurait tort de penser que ça s’est arrêté là.  Mais ce ne fut qu’un début et la création a continué depuis l’hors  à se faire, car il y a encore dans le monde de nombreux endroits où le chaos n’est pas encore maîtrisé et continue à défier Dieu, jusqu’à ce que Dieu en prenne possession avec l’aide de l’homme  qu’il s’est choisi pour collaborateur. C’est la scène à laquelle nous venons d’assister. Ce n’était pas l’expression d’une nouvelle doctrine, c’était la réalité de Dieu.  Mais depuis belle lurette, on a oublié que Dieu avait voulu depuis l’origine  que les choses en soient ainsi.  Etait-ce à cause du péché ?  Les théologiens  de tous les temps se sont engagés dans cette brèche. Explication facile ! Trop facile ! Or Jésus n’utilise pas ici ni le mot « péché » qu’il ne prononce pas, il ne fait même pas allusion à  l’idée ! Il nous provoque ainsi dans nos certitudes théologiques. Ce ne serait cependant pas une raison suffisante pour ne pas  tenir compte des effets du péché sur nous et sur notre relation à Dieu.

Il ressort de cette première approche que la nouvelle doctrine dont il est fait état ici correspond à cette capacité que les humains ont de collaborer avec Dieu pour que le processus de  création continue, et c’est pour cela que Dieu leur a réservé  un sort particulier dans l’ordre de la création. Son rôle est de permettre à la nature, pas encore totalement maîtrisée par Dieu de se trouver en harmonie avec lui.

Bien évidemment l’homme a du mal à entrer dans cette manière de voir les choses. Le péché, auquel nous avons fait une brève allusion, consiste à remettre ce principe en cause et à rendre difficile toute collaboration entre l’homme et Dieu. C’est dans ce domaine que Jésus va jouer un rôle particulier, celui de rétablir l’idée qu’une collaboration est  possible entre les hommes et Dieu. C’est ce qu’on appelle le salut. C’est le grand défi que Jésus propose à l’humanité. Plusieurs doctrines ont été élaborées pour soutenir cette idée. Mais au lieu de chercher à voir ce qui les harmonise les hommes se plaisent  à les opposer et à rendre, encore aujourd’hui, le projet de Dieu difficile à comprendre.


C’est maintenant que l’on peut parler  du rôle des scribes  qui jouent un rôle négatif dans ce récit qui fait une brève allusion à leur action en son  tout début. Il  y est dit simplement  qu’ils n’avaient pas d’autorité, c'est-à-dire que leur enseignement ne permettait pas de voir réellement comment Dieu et les humains pouvaient collaborer.  Ils se s’appuyaient que sur leurs théories qui contrairement à ce qu’ils croyaient et enseignaient ne relevaient pas de l’autorité de Dieu. Ils privaient ainsi le monde de l’action bénéfique de Dieu qui ne pouvait pas exercer pleinement sa fonction de créateur.  Ce qui semble important dans tout cela c’est que Dieu cherche la collaboration des hommes et que l’amour qu’il a pour eux est susceptible d’annuler l’action du péché qui fait obstacle à la compréhension de la volonté de Dieu.

Apparemment tout a été dit et se trouve confirmé par le développement  qui s’en suivra dans le cours de l’Évangile. La résurrection de Jésus  détruit tous les obstacles qui pourraient encore nous séparer de Dieu et nous permettent  désormais de collaborer avec lui pour que se poursuive l’œuvre de la création  entreprise par lui dès l’origine des temps pour se poursuivre jusqu’en éternité.

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