Marc 10/46-52 :Les chemins de la vie
46 Ils viennent à
Jéricho. Et comme il sortait de Jéricho, avec ses disciples et une foule
importante, un mendiant aveugle, Bartimée, fils de Timée, était assis au bord
du chemin. 47 Il entendit que c'était Jésus le Nazaréen et se mit à
crier : Fils de David, Jésus, aie compassion de moi ! 48 Beaucoup le
rabrouaient pour le faire taire ; mais il criait d'autant plus : Fils
de David, aie compassion de moi ! 49 Jésus s'arrêta et dit :
Appelez-le. Ils appelèrent l'aveugle en lui disant : Courage !
Lève-toi, il t'appelle ! 50 Il jeta son vêtement, se leva d'un bond et
vint vers Jésus. 51 Jésus lui demanda : Que veux-tu que je fasse pour toi ?
— Rabbouni, lui dit l'aveugle, que je retrouve la vue ! 52 Jésus lui
dit : Va, ta foi t'a sauvé. Aussitôt il retrouva la vue et se mit à le
suivre sur le chemin.
Il arrive que les chemins de la vie ressemblent
plus au parcours dans le désert que vécurent les hébreux qu’à un long fleuve
tranquille. Les Hébreux savaient que Dieu était présent à leurs côtés, mais ils
sollicitaient continuellement son intervention sans toujours grand succès, et
cela durait dirait depuis 40 ans. Quant à nous, sans vraiment nous en rendre
compte, nous suivons un parcours semblable. Nous savons que Dieu est présent
dans notre existence, mais nous ne le sentons pas toujours très efficace, les
jours se déroulent au hasard du temps, et quand celui-ci se montre hostile,
comme les Hébreux nous crions vers Dieu, puis les choses se calment, l’habitude
reprend ses droits. De même les Hébreux avançaient dans le désert et traçaient
leur chemin au milieu des cailloux vers des oasis plus ou moins accueillants
leurs pas oscillants entre espoir et résignation jusqu’au jour où Jéricho leur
opposa ses murailles imposantes.
La vérité de leur parcours avec Dieu
allait-elle s’achever là ? Il arrive pour nous aussi que des défis
semblables se posent à nous et mettent en cause la réalité de Dieu. Leur chemin
ne pouvait que s’arrêter là, à moins que la muraille ne s’écroule et
laisse entrevoir l’espérance que donne la terre promise. C’est parfois un
événement aussi provoquant qu’une muraille que l’on croit indestructible qui s’écroule sans qu’on y touche qui nous révèle
que Dieu agit pour nous et qu’il nous offre une vi pleine d’espérance. Cela se
passe parfois et notre vie s’en trouve changée. A nous de savoir lire la
présence de Dieu dans les événements que nous vivons. Et pourtant il ne semble pas forcément que Dieu ait fait grand-chose cette
fois-là, pas plus qu’une autre fois sans
doute, mais il a fait jaillir en nous
une foi qu’on ne soupçonnait pas et qui a tout changé, du tout au tout dans notre perspective de vie.
A Jéricho l’accumulation des difficultés de 40
ans de marche dans le désert avait dressé devant ce peuple incrédule une muraille d’incompréhension qui
les empêchait d’avancer. Ce fut pour eux le moment de vérité qui allait leur
permettre de comprendre qui était ce Dieu qui les avait guidés sans qu’ils
sachent vraiment qui il était.
C’est à ce moment précis de leur histoire, que
la foi des Hébreux s’est concrétisée en espérance de vie. Ils étaient placés
sous la conduite de Josué. Josué est le même nom que Jésus. En dépit de la
violence qu’on lui prête, il joue dans ce passage un rôle semblable à celui de
Jésus : celui de dire l’action de Dieu quand les hommes ne savent plus où Dieu se situe. C’est
ainsi qu’il conduisit son peuple à découvrir l’action de Dieu dans un mur qui
s’écroule sans que personne n’en ait ébranlé une seule pierre. C’est là où l’aventure nous a conduit et c’est
là, que nous aussi, nous allons nous interroger sur notre propre foi.
C’est
précisément à Jéricho - est-ce un hasard ? - que Jésus a ouvert les
yeux de Bartimée qui cherchait la lumière et appelait à l’aide à grands cris.
C’est aussi à Jéricho, qu’à califourchon sur sa branche de sycomore, que Zachée
a compris le sens de sa vie et que sa quête de Dieu a trouvé le chemin de la
foi. C’est aussi sur la route de Jéricho que Jésus a campé l’histoire d’un
Samaritain qui a secouru un homme qui est devenu son prochain. Il révèle
alors que c’est l’attention que l’on porte à son prochain qui donne du sens à notre vie. C’est en le respectant que l’on opère la volonté de
Dieu. C’est ce que fit à l’origine Rahab
la prostituée de Jéricho qui a sauvé la vie des espions de Josué sans se soucier sur le moment de sauver la sienne. Elle .mettait
ainsi en pratique un Evangile qui n’avait pas encore été révélé.
Chacun de nous prend maintenant sa place parmi
tous ces gens qui ont fréquenté de près ou de loin Jéricho, car c’est là que
pour eux comme pour nous Dieu va s’y révéler. N’oublions surtout pas Rahab, la
prostituée dont on vient de rappeler l’exploit. En sauvant les espions au mépris de sa propre vie, elle reçut
en récompense la vie sauve, ainsi que celle de sa famille lors du sac de la
ville
En dépit du contexte violent dans lequel cette
histoire nous est parvenue, Jéricho est devenu le lieu où la miséricorde divine
se révèle. Dieu y est perçu comme le pourvoyeur de vie des petits et des humbles.
C’est là que la vie de Zachée, de Barthimée, et de l’homme sauvé par le
samaritain a été transformée.
Avez-vous remarqué que 3 de ces personnages sont désignés par leur
nom. Comme pour nous dire que quand Dieu
se fait présent dans notre vie, nous prenons une personnalité devant lui. Seul le samaritain n’est pas nommé. Posez-vous
la question en vous demandant pourquoi il ne l’est pas en attendant que je vous donne mon interprétation dans quelques instants.
A Zachée qui découvre son indignité devant
Dieu, à Bartimée qui retrouve la vue malgré sa cécité, à tous ceux qui
cherchent où l’action de Dieu en eux peut les mener, c’est le Samaritain qui
indique la voie à suivre, car le sens de notre vie n’est pas en nous, il est
dans l’action que chacun va mener pour son prochain. Si dans tous les
personnages nommés tout à l’heure, seul le samaritain ne porte pas de nom c’est
que Dieu espère pouvoir lui donner le nôtre.
Maintenant, les biblistes, les exégètes et
autres théologiens vont me reprocher d’avoir fait des rapprochements
artificiels et de m’être joué de la saine théologie biblique. Ils auront
raison. Je suis parti d’un texte de l’Evangile de Marc proposé par la liste de
lectures bibliques pour ce jour et je l’ai à peine effleuré, il nous a rapporté
l’histoire de Bartimée. Je me suis attardé sur deux textes de l’Evangile de Luc,
l’un concernant Zachée, l’autre le
Samaritain. J’ai créé des rapports entre eux qui n’avaient pas lieu d’être et
qui n’étaient pas évidents. Je les ai introduits à la suite de Josué, ce
prototype de Jésus, dans l’histoire de la chute de Jéricho qui faisait obstacle
à l’avancée des Hébreux. J’ai
tourné toute cette histoire à l’avantage
d’une prostituée qui pour sauver la vie des espions a trahi son peuple et a
causé la mort de ses concitoyens. Par
tous ces artifices, j’ai voulu montrer que la présence de Jésus dans notre vie
grâce, à son évangile provoquait un bouleversement
semblable à celui qui se produisit à Jéricho, et qu’ainsi l’Evangile nous ouvre
les portes d’une vie différente dans
laquelle l’amour pour le prochain tient
la place principale.
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